jeudi 19 décembre 2013

Le projet de « pipeline de la paix » Mer Rouge - Mer Morte adopté 12/12/2013 (Par Sandra BESSON)

Le projet de pipeline de la paix qui reliera la Mer Rouge et la Mer Morte, et qui implique la Jordanie, la Palestine et Israël, a été adopté cette semaine.
Dans une manifestation rare de coopération régionale, les représentants d’Israël, de Jordanie et des Autorités Palestiniennes ont signé un accord lundi pour construire un projet de gestion de l’eau entre la Mer Rouge et la Mer Morte, qui devrait être bénéfique pour les trois parties.

Le projet répond à deux problèmes : les pénuries d’eau douce dans la région, notamment en Jordanie, et la contraction rapide de la Mer Morte. Une nouvelle usine de dessalement devrait être construite à Aqaba en Jordanie, pour transformer l’eau salée de la Mer Rouge en eau douce pour utiliser dans le sud d’Israël et le sud de la Jordanie – chacun obtenant 30 à 50 milliards de litres par an. Le processus produit environ la même quantité de saumure que de déchets ; la saumure sera transférée dans la Mer Morte pour aider à faire remonter le niveau de cette étendue d’eau.
Dans le cadre de cet accord, Israël fournira aussi Amman, la capitale de la Jordanie, avec 30 à 50 milliards de litres d’eau douce transférés de la Mer de Galilée vers le nord d’Israël, et les Palestiniens espèrent être capables d’acheter jusqu’à 30 milliards de litres d’eau douce d’Israël à des taux préférentiels.

Le projet répond à deux problèmes : les pénuries d’eau douce dans la région, notamment en Jordanie, et la contraction rapide de la Mer Morte 

L’accord a été signé au siège de la Banque Mondiale à Washington.
Le niveau d’eau de la Mer Morte, un ancien lac salé dont les rives sont l’endroit sec le plus bas sur la surface de la planète, diminue de presque un mètre par an, principalement parce qu’une grande partie de l’eau dans le fleuve Jourdain –son principal fournisseur d’eau- a été détournée par Israël, la Jordanie et la Syrie pour l’irrigation ou leur usage national.

Les industries de potache des deux côtés du lac ont aussi eu un impact dévastateur.

Les responsables israéliens affirment que de nombreuses compagnies privées internationales solliciteront bientôt des propositions pour construire et exploiter une usine de dessalement à Aqaba, qui sera exploitée sur une base commerciale, en vendant de l’eau potable à la Jordanie et à Israël.

Un pipeline de saumure qui conduit à la Mer Morte, qui devrait coûter au moins 240 millions de dollars, sera financé par des pays donateurs et des organisations, la Banque Mondiale fournissant un prêt de complément.

Le pipeline traversera le territoire jordanien, parce que le processus de planification en Jordanie est plus rapide et moins susceptible d’être ralenti par les objections des écologistes et d’autres opposants, d’après des responsables israéliens. Ils ont déclaré qu’ils avaient ajouté que l’effet de la saumure supplémentaire sur la Mer Morte serait observé avec attention.

Le projet a été discuté et étudié dans ces différentes formes depuis plus de 20 ans. Interviewé par la Radio de l’Armée Israélienne lundi, Silvan Shalom, le ministre israélien responsable des projets d’eau et de la coopération régionale, a qualifié l’accord « d’historique ».

Mais les critiques affirment qu’il est bien moins ambitieux qu’une ancienne proposition pour un canal qui exploiterait aussi la différence d’altitude entre la Mer Rouge et la Mer Noire, pour générer de l’hydroélectricité.

Les tensions régionales se font ressentir sur le secteur de l’eau. Shaddad Attili, directeur de l’Autorité Palestinienne pour l’Eau, a déclaré que l’accord était essentiellement entre Israël et la Jordanie, l’Autorité Palestinienne étant impliquée parce qu’elle partage une partie de la côte de la Mer Morte. « Nous donnons notre soutien à la Jordanie » a-t-il ajouté.

L’organisation Friends of the Earth Middle East, une organisation écologiste militante, a exprimé ses inquiétudes quant à l’impact environnemental du rejet de la saumure dans la Mer Morte. Le directeur jordanien de l’organisation, Mungeth Mehyar, a déclaré dans un communiqué : Ce qui est signé aujourd’hui est un projet conventionnel de dessalement, bien que ce soit avec une perspective régionale ».

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