dimanche 15 décembre 2013

Pics de pollution et exposition chronique : quels risques pour la santé ? Le Monde.fr | 14.12.2013

L'Ile-de-France a connu, cette semaine, cinq jours d'alerte de pollution aux particules fines. Maux de gorge, yeux qui piquent, crises d'asthme… Les « petits » symptômes dus à ces pics de pollution se multiplient. « Dans beaucoup de zones urbaines, il suffit que la météo soit un peu particulière pour que la goutte d'eau fasse déborder le vase », remarque Patrice Halimi, chirurgien-pédiatre et secrétaire général de l'Association santé environnement France (ASEF). A court terme, cela entraîne une hausse des problèmes respiratoires et cardio-vasculaires. « Quand on augmente de 10 points le taux de particules PM 10[particules au diamètre inférieur à 10 microns] il y a 1 % d'hospitalisations pour raisons pulmonaires en plus, assure-t-il. Et le risque de faire des accidents vasculaires cérébraux (AVC) est multiplié par 2,3, même si le risque reste très faible chez la personne lambda. »

Pas de quoi surcharger l'activité aux urgences. L'Assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP) « n'a pas constaté de modifications majeures dans son activité, qui reste toujours soutenue à cette période de l'année ». Impossible donc de déceler la part des visites liées aux particules fines. En revanche, certaines personnes encourent davantage de risques. Les enfants sont particulièrement exposés durant cette période, eux qui sont à hauteur des pots d'échappement des voitures« Ils sont plus fragiles que les adultes, respirent plus vite et ont en plus des poumons encore immatures », énumère Jocelyne Just, chef du service asthme et allergies à l'hôpital Trousseau (12e arrondissement). « A Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) – qui est particulièrement touché par la pollution –, nous avons beaucoup plus d'enfants qui font des crises d'asthme, le retour est chaque fois unanime », confirme M. Halimi. Les personnes âgées, qui se défendent moins bien contre les agressions extérieures, et les femmes enceintes sont elles aussi plus en danger.

Mais les professionnels de la santé insistent sur un point : ces pics de pollution sont bien moins dangereux que l'exposition quotidienne. « Ce n'est que la partie émergée de l'iceberg », prévient le secrétaire général de l'ASEF. « Le problème en région parisienne, c'est que l'on respire tous les jours des niveaux trop élevés », précise Mathilde Pascal, épidémiologiste à l'Institut national de veille sanitaire (InVS). Les effets à moyen et long terme sont nombreux : infarctus, AVC, infections respiratoires et même cancers des voies aériennes (bronches).
Entre 2007 et 2010, l'InVS a participé à l'élaboration d'une étude à l'échelle européenne. Neuf villes françaises étaient concernées (Paris, BordeauxRouen,Le HavreLilleLyonMarseilleStrasbourg et Toulouse). Elle révèle notamment que si le taux de pollution aux particules fines recommandé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) était respecté, 2 900 décès seraient retardés chaque année.

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