samedi 17 mai 2014

Etats-Unis: les républicains ne croient pas à la lutte contre le réchauffement

Washington - Comme nombre de républicains qui pourraient se lancer dans la course à la Maison-Blanche, le sénateur Marco Rubio le dit sans détours : il ne croit pas que l'homme soit responsable du réchauffement climatique et doive par conséquent modifier son mode de vie.
La question du climat est éminemment partisane aux Etats-Unis, les démocrates étant perçus comme le parti des énergies renouvelables et les républicains celui des énergies fossiles. Selon une enquête Gallup réalisée en mars, 63% des sympathisants républicains se disent «seulement un peu inquiets» ou «pas du tout inquiets» du réchauffement climatique. A l'inverse, 56% des démocrates sont «très inquiets».
Dans le camp républicain, certains nient que la Terre se réchauffe, d'autres contestent l'impact des activités humaines dans les changements climatiques en cours, d'autres encore refusent de se prononcer sur les éléments mis au jour par la communauté scientifique.
Au-delà de ces différents positionnements, le consensus est assez général sur la politique anti-carbone à adopter: aucune. La plupart des conservateurs rejettent toute loi de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, affirmant que cette dernière briderait la croissance économique et refusant l'idée de s'en prendre aux industries pétrolières, gazières et du charbon.
«Je n'accepte pas la notion, avancée par certains, notamment par des scientifiques, que nous pourrions agir de manière à avoir un impact réel sur le climat», a déclaré ce week-end Marco Rubio, 42 ans, sénateur républicain de Floride, dans un entretien à la chaîne ABC.
«Je ne crois pas que l'activité humaine provoque ces changements climatiques spectaculaires, de la façon dont les scientifiques le décrivent», a-t-il poursuivi. «Et je ne pense pas que les lois qu'ils proposent que nous adoptions auraient un quelconque impact, à part le fait qu'elles détruiraient notre économie».
Marco Rubio a, dans la même interview, confirmé qu'il était prêt à succéder à Barack Obama, à l'élection de novembre 2016 --rejoignant le peloton de candidats officieux du côté républicain.
- «Mantra religieuse» -
«Vous allez me parler de 100 ans de données pour une Terre de 4,6 milliards d'années? Pour moi, les conclusions qu'on tire de cela ne peuvent pas être conclusives», affirmait de son côté fin avril le sénateur républicain Rand Paul, 51 ans, populaire chez les électeurs républicains, également en lice pour la Maison Blanche.
Un autre homme en haut des sondages, Jeb Bush, 61 ans, se fait plus discret sur la question depuis qu'il envisage sérieusement une candidature. Mais en 2011, il soulignait que «les scientifiques (n'étaient) pas unanimes sur la question de l'origine humaine».
«Il faut que nous soyons très prudents avant de modifier fondamentalement notre mode de vie», avertissait-il.
Et John Boehner, président de la Chambre des représentants non candidat à la Maison-Blanche, de résumer l'argument politique: «je suis frappé par le fait que toutes les propositions démocrates relatives au changement climatique détruiraient des emplois aux Etats-Unis», a-t-il déclaré récemment, après la publication d'un rapport de la Maison-Blanche.
Dans un sondage Pew d'octobre 2013, la moitié des républicains estimaient qu'il n'existait pas de «preuve solide» que la Terre se réchauffe (46%, contre 46% qui estime qu'il en existe). La proportion monte à 70% chez les sympathisants du Tea Party, la faction la plus courtisée lors des primaires.
Des personnalités jugées plus modérées font exception. L'un d'eux, le gouverneur du New Jersey Chris Christie, a réaffirmé en octobre dernier que selon lui «le changement climatique est réel, et l'activité humaine joue un rôle».
Mais il a soustrait en 2011 son Etat d'un système de marché régional de quotas d'émissions.
Pour Jon Huntsman, ancien gouverneur républicain de l'Utah et candidat à la primaire présidentielle de 2012, le parti républicain oscille entre «déni» et «extrémisme».
«Le dialogue à l'intérieur du parti sur le changement climatique est devenu si obtus qu'il a été réduit à la question de croire ou ne pas croire, comme s'il s'agissait d'une mantra religieuse», a-t-il critiqué dans une tribune dans le New York Times.
«Les républicains doivent revenir à nos racines de catalyseurs d'innovation et de solutions».

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