Washington - Comme nombre de républicains qui pourraient se
lancer dans la course à la Maison-Blanche, le sénateur Marco Rubio le
dit sans détours : il ne croit pas que l'homme soit responsable du
réchauffement climatique et doive par conséquent modifier son mode de
vie.
La question du climat est éminemment partisane aux
Etats-Unis, les démocrates étant perçus comme le parti des énergies
renouvelables et les républicains celui des énergies fossiles. Selon une
enquête Gallup réalisée en mars, 63% des sympathisants républicains se
disent «seulement un peu inquiets» ou «pas du tout inquiets» du
réchauffement climatique. A l'inverse, 56% des démocrates sont «très
inquiets».
Dans le camp républicain, certains nient que la Terre
se réchauffe, d'autres contestent l'impact des activités humaines dans
les changements climatiques en cours, d'autres encore refusent de se
prononcer sur les éléments mis au jour par la communauté scientifique.
Au-delà
de ces différents positionnements, le consensus est assez général sur
la politique anti-carbone à adopter: aucune. La plupart des
conservateurs rejettent toute loi de lutte contre les émissions de gaz à
effet de serre, affirmant que cette dernière briderait la croissance
économique et refusant l'idée de s'en prendre aux industries
pétrolières, gazières et du charbon.
«Je n'accepte pas la notion,
avancée par certains, notamment par des scientifiques, que nous
pourrions agir de manière à avoir un impact réel sur le climat», a
déclaré ce week-end Marco Rubio, 42 ans, sénateur républicain de
Floride, dans un entretien à la chaîne ABC.
«Je ne crois pas que
l'activité humaine provoque ces changements climatiques spectaculaires,
de la façon dont les scientifiques le décrivent», a-t-il poursuivi. «Et
je ne pense pas que les lois qu'ils proposent que nous adoptions
auraient un quelconque impact, à part le fait qu'elles détruiraient
notre économie».
Marco Rubio a, dans la même interview, confirmé
qu'il était prêt à succéder à Barack Obama, à l'élection de novembre
2016 --rejoignant le peloton de candidats officieux du côté républicain.
- «Mantra religieuse» -
«Vous
allez me parler de 100 ans de données pour une Terre de 4,6 milliards
d'années? Pour moi, les conclusions qu'on tire de cela ne peuvent pas
être conclusives», affirmait de son côté fin avril le sénateur
républicain Rand Paul, 51 ans, populaire chez les électeurs
républicains, également en lice pour la Maison Blanche.
Un autre
homme en haut des sondages, Jeb Bush, 61 ans, se fait plus discret sur
la question depuis qu'il envisage sérieusement une candidature. Mais en
2011, il soulignait que «les scientifiques (n'étaient) pas unanimes sur
la question de l'origine humaine».
«Il faut que nous soyons très prudents avant de modifier fondamentalement notre mode de vie», avertissait-il.
Et
John Boehner, président de la Chambre des représentants non candidat à
la Maison-Blanche, de résumer l'argument politique: «je suis frappé par
le fait que toutes les propositions démocrates relatives au changement
climatique détruiraient des emplois aux Etats-Unis», a-t-il déclaré
récemment, après la publication d'un rapport de la Maison-Blanche.
Dans
un sondage Pew d'octobre 2013, la moitié des républicains estimaient
qu'il n'existait pas de «preuve solide» que la Terre se réchauffe (46%,
contre 46% qui estime qu'il en existe). La proportion monte à 70% chez
les sympathisants du Tea Party, la faction la plus courtisée lors des
primaires.
Des personnalités jugées plus modérées font exception.
L'un d'eux, le gouverneur du New Jersey Chris Christie, a réaffirmé en
octobre dernier que selon lui «le changement climatique est réel, et
l'activité humaine joue un rôle».
Mais il a soustrait en 2011 son Etat d'un système de marché régional de quotas d'émissions.
Pour
Jon Huntsman, ancien gouverneur républicain de l'Utah et candidat à la
primaire présidentielle de 2012, le parti républicain oscille entre
«déni» et «extrémisme».
«Le dialogue à l'intérieur du parti sur le
changement climatique est devenu si obtus qu'il a été réduit à la
question de croire ou ne pas croire, comme s'il s'agissait d'une mantra
religieuse», a-t-il critiqué dans une tribune dans le New York Times.
«Les républicains doivent revenir à nos racines de catalyseurs d'innovation et de solutions».
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