samedi 17 mai 2014

Quel rôle ont joué les bactéries dans l’absorption du méthane après la marée noire du Golfe du Mexique ? (Par Sandra BESSON)

Le rôle des bactéries dans l’absorption du méthane généré par la marée noire du Golfe du Mexique en 2010 reste incertain.

Lorsque l’explosion de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon a envoyé 400 000 tonnes de méthane dans le Golfe du Mexique en Avril 2010, de nombreux scientifiques ont craint que ce gaz toxique ne s’attarde dans la région. Les chercheurs avaient donc été agréablement surpris de découvrir que des bactéries mangeant le méthane avaient consommé presque la totalité du gaz en août dernier.

Mais de nouvelles preuves suggèrent un scénario différent. Une recherche publiée dans le journal Nature Geoscience montre que bien que ces bactéries aient mangé une grande partie du gaz, elles ont considérablement ralenti leur rythme après quelques mois. En fait, les bactéries n’auraient consommé que la moitié du méthane, d’après l’auteur Samantha Hoye, une biogéochimiste microbienne et océanographe à l’Université de Georgia à Athens aux Etats-Unis.




L’équipe a analysé plus de 1000 échantillons d’eau prélevés sur plus de 105 000 km² pendant dix expéditions dans le golfe du Mexique entre Mars et Décembre 2010. 


 Les bactéries n’auraient consommé que la moitié du méthane


L’analyse avait montré qu’environ deux semaines après l’explosion, les taux d’oxydation du méthane – un indicateur de la quantité de méthane que les bactéries consommaient- ont commencé à augmenter, et ont continué à augmenter jusqu’à début Juin. Mais plus tard ce mois, la frénésie a ralenti, avec des taux divisés par deux.

« Nous avons une explosion et une descente » a déclaré Samantha Joye. Ce déclin a eu lieu malgré les quantités importantes de méthane restant.

L’équipe suggère que l’explosion pourrait avoir été provoquée par l’oxydation rapide d’un type de bactéries qui a proliféré après l’accident. La descente pourrait avoir été liée à une diminution de la population de bactéries mangeant le méthane, résultant par exemple de la consommation par d’autres organismes ou d’un besoin pour ces « super-oxydants » de concentrations très élevées de méthane.

Samantha Joye a déclaré que des recherches précédentes -suggérant que les bactéries mangeuses de méthane avaient oxydé tout le méthane- manquaient de données suffisantes. « Je ne pense pas que les chercheurs ont mal interprété leurs données » a-t-elle déclaré. « c’est juste qu’ils avaient un ensemble de données incomplet. Notre article souligne la nécessité absolue de faire ces mesures à long terme ».

Mais David Valentine, un géochimiste microbien de l’Université de Californie à Santa Barbara, et l’un des auteurs d’un autre travail, n’est pas convaincu. David Valentine pense encore que les bactéries ont consommé presque tout le méthane. Il pense que le méthane que l’équipe de Samantha Joye a trouvé faisait partie des 1% de méthane déversé qui s’est retrouvé dans les eaux peu profondes et non dans le nuage de fumée. « Des quantités élevées de méthane ont été signalées à des profondeurs peu importantes pendant le déversement actif des concentrations similaires à celles signalées dans ce travail » a-t-il indiqué.

Samantha Joye a réplique que tout le méthane de Deepwater Horizon trouvé à la surface suite à l’explosion n’aurait pas persisté pendant des mois ; il se serait échappé dans l’atmosphère.

John Kessler, un océanographe américain, et principal auteur d’une étude précédente, pense que la nouvelle étude ne capture pas la réalité dans son ensemble. Ilnote que le nuage de méthane était vaste et hétérogène. Les taux d’oxydation du méthane auraient atteint un pic à des moments différents selon les endroits. Les précédents résultats –selon lesquels l’oxydation avait lieu à des taux sans précédent et avait enlevé la plupart du méthane- sont basés d’après lui sur une vision plus intégrée de l’oxydation du méthane sur la totalité du volume du nuage.

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