Lorsque
l’explosion de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon a envoyé 400
000 tonnes de méthane dans le Golfe du Mexique en Avril 2010, de
nombreux scientifiques ont craint que ce gaz toxique ne s’attarde dans
la région. Les chercheurs avaient donc été agréablement surpris de
découvrir que des bactéries mangeant le méthane avaient consommé presque
la totalité du gaz en août dernier.
Mais de nouvelles preuves suggèrent un scénario différent. Une recherche publiée dans le journal Nature Geoscience
montre que bien que ces bactéries aient mangé une grande partie du gaz,
elles ont considérablement ralenti leur rythme après quelques mois. En
fait, les bactéries n’auraient consommé que la moitié du méthane,
d’après l’auteur Samantha Hoye, une biogéochimiste microbienne et
océanographe à l’Université de Georgia à Athens aux Etats-Unis.
L’équipe
a analysé plus de 1000 échantillons d’eau prélevés sur plus de 105 000
km² pendant dix expéditions dans le golfe du Mexique entre Mars et
Décembre 2010.
Les bactéries n’auraient consommé que la moitié du méthane |
L’analyse
avait montré qu’environ deux semaines après l’explosion, les taux
d’oxydation du méthane – un indicateur de la quantité de méthane que les
bactéries consommaient- ont commencé à augmenter, et ont continué à
augmenter jusqu’à début Juin. Mais plus tard ce mois, la frénésie a
ralenti, avec des taux divisés par deux.
«
Nous avons une explosion et une descente » a déclaré Samantha Joye. Ce
déclin a eu lieu malgré les quantités importantes de méthane restant.
L’équipe
suggère que l’explosion pourrait avoir été provoquée par l’oxydation
rapide d’un type de bactéries qui a proliféré après l’accident. La
descente pourrait avoir été liée à une diminution de la population de
bactéries mangeant le méthane, résultant par exemple de la consommation
par d’autres organismes ou d’un besoin pour ces « super-oxydants » de
concentrations très élevées de méthane.
Samantha
Joye a déclaré que des recherches précédentes -suggérant que les
bactéries mangeuses de méthane avaient oxydé tout le méthane- manquaient
de données suffisantes. « Je ne pense pas que les chercheurs ont mal
interprété leurs données » a-t-elle déclaré. « c’est juste qu’ils
avaient un ensemble de données incomplet. Notre article souligne la
nécessité absolue de faire ces mesures à long terme ».
Mais
David Valentine, un géochimiste microbien de l’Université de Californie
à Santa Barbara, et l’un des auteurs d’un autre travail, n’est pas
convaincu. David Valentine pense encore que les bactéries ont consommé
presque tout le méthane. Il pense que le méthane que l’équipe de
Samantha Joye a trouvé faisait partie des 1% de méthane déversé qui
s’est retrouvé dans les eaux peu profondes et non dans le nuage de
fumée. « Des quantités élevées de méthane ont été signalées à des
profondeurs peu importantes pendant le déversement actif des
concentrations similaires à celles signalées dans ce travail » a-t-il
indiqué.
Samantha
Joye a réplique que tout le méthane de Deepwater Horizon trouvé à la
surface suite à l’explosion n’aurait pas persisté pendant des mois ; il
se serait échappé dans l’atmosphère.
John
Kessler, un océanographe américain, et principal auteur d’une étude
précédente, pense que la nouvelle étude ne capture pas la réalité dans
son ensemble. Ilnote que le nuage de méthane était vaste et hétérogène.
Les taux d’oxydation du méthane auraient atteint un pic à des moments
différents selon les endroits. Les précédents résultats –selon lesquels
l’oxydation avait lieu à des taux sans précédent et avait enlevé la
plupart du méthane- sont basés d’après lui sur une vision plus intégrée
de l’oxydation du méthane sur la totalité du volume du nuage.
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