"Mettez un tigre dans votre moteur",
disait naguère la publicité d'un pétrolier. Le groupe de grande
distribution Les Mousquetaires revisite le slogan : plus de grand félin,
mais des veaux, vaches, cochons, moutons et autres volailles, dont les
"coproduits" seront transformés en biocarburants.
La valorisation des sous-produits de la filière animale en biocarburants fait appel à des procédés connus. Ce sont les mêmes que ceux mis en oeuvre pour les huiles d'origine végétale, même si des traitements spécifiques sont nécessaires. Des usines existent déjà dans plusieurs pays, notamment aux Etats-Unis, en Finlande et en Allemagne, où Saria possède trois établissements. En France n'ont été menées jusqu'ici que des expériences limitées, comme celle d'une coopérative agricole de Dordogne, qui fait du carburant avec de la graisse de canard.
Le projet du Havre est d'une tout autre ampleur. Les graisses animales et huiles usagées - actuellement brûlées dans des chaudières industrielles - seront collectées à la source auprès des équarrisseurs, bouchers ou restaurateurs, explique Christophe Bonno, directeur du pôle industriel des Mousquetaires. Elles seront transformées en huile sur des sites décentralisés, puis acheminées par camions-citernes jusqu'au Havre, pour y être converties en biodiesel. Celui-ci sera alors expédié par bateau vers des dépôts pétroliers, pour être incorporé, à hauteur de 7 %, comme le prévoit la réglementation, au gazole finalement vendu dans les enseignes du groupe (Intermarché, Netto et Roady).
"L'intérêt de cette filière, par rapport aux biocarburants d'origine végétale, est de ne pas entrer en compétition avec les cultures alimentaires", explique Michel Ortega, président du pôle industriel du groupement. Un avantage qui prend toute sa valeur alors que la Commission européenne veut limiter la part des biocarburants de première génération, issus des cultures céréalières et des plantes oléagineuses.
"GISEMENT" FRANÇAIS
Ce n'est pas le seul atout. La directive européenne de 2009 sur les énergies renouvelables attribue au "biogazole d'huile végétale usagée ou d'huile animale" un taux de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 83 %, par rapport aux carburants d'origine fossile. Un score bien meilleur que celui obtenu par les dérivés du colza, du soja, du tournesol ou de la palme. Certes, la combustion des différents types de biodiesel rejette, quelle qu'en soit la matière première, la même quantité de CO2. Mais, dans le cas des déchets d'origine animale, l'essentiel des émissions est comptabilisé au titre de l'élevage (production des cultures fourragères, engrais, engins agricoles) et de la filière viande.
Les huiles animales ne sont pas pour autant une panacée. Le "gisement" français des coproduits convertibles en carburant (d'autres, à plus forte valeur ajoutée, sont destinés à la fabrication de savons et de produits cosmétiques) est évalué à 130 000 tonnes par an. Soit un peu plus de 5 % seulement des ressources qui seraient nécessaires aux plus de 2 millions de tonnes de biodiesel consommées chaque année en France.
"La filière des graisses animales est intéressante, mais, comme alternative aux carburants fossiles, elle reste relativement marginale", estime Pierre Porot, qui dirige le programme biocarburants à l'IFP Energies nouvelles. Cet organisme public concentre donc ses recherches sur les biocarburants de deuxième génération plus classiques, extraits des résidus agricoles et forestiers. Les plantes n'ont pas dit leur dernier mot.
Le projet a été présenté, jeudi 8 novembre, au Havre (Seine-Maritime), où le groupement fait construire, en partenariat avec la société Saria, la première usine française de cette filière émergente. Située dans la zone portuaire, sur 4 000 m2, l'unité doit être mise en service fin 2013, sous le nom d'ecoMotion-France. Avec un effectif de vingt-cinq personnes, elle devrait produire 75 000 tonnes par an de biodiesel, élaboré à partir de graisses animales non alimentaires et d'huiles de friture usagées. Coût de l'installation : 40 millions d'euros, pour un chiffre d'affaires escompté à 80 millions d'euros.
EXPÉRIENCES LIMITÉESLa valorisation des sous-produits de la filière animale en biocarburants fait appel à des procédés connus. Ce sont les mêmes que ceux mis en oeuvre pour les huiles d'origine végétale, même si des traitements spécifiques sont nécessaires. Des usines existent déjà dans plusieurs pays, notamment aux Etats-Unis, en Finlande et en Allemagne, où Saria possède trois établissements. En France n'ont été menées jusqu'ici que des expériences limitées, comme celle d'une coopérative agricole de Dordogne, qui fait du carburant avec de la graisse de canard.
Le projet du Havre est d'une tout autre ampleur. Les graisses animales et huiles usagées - actuellement brûlées dans des chaudières industrielles - seront collectées à la source auprès des équarrisseurs, bouchers ou restaurateurs, explique Christophe Bonno, directeur du pôle industriel des Mousquetaires. Elles seront transformées en huile sur des sites décentralisés, puis acheminées par camions-citernes jusqu'au Havre, pour y être converties en biodiesel. Celui-ci sera alors expédié par bateau vers des dépôts pétroliers, pour être incorporé, à hauteur de 7 %, comme le prévoit la réglementation, au gazole finalement vendu dans les enseignes du groupe (Intermarché, Netto et Roady).
"L'intérêt de cette filière, par rapport aux biocarburants d'origine végétale, est de ne pas entrer en compétition avec les cultures alimentaires", explique Michel Ortega, président du pôle industriel du groupement. Un avantage qui prend toute sa valeur alors que la Commission européenne veut limiter la part des biocarburants de première génération, issus des cultures céréalières et des plantes oléagineuses.
"GISEMENT" FRANÇAIS
Ce n'est pas le seul atout. La directive européenne de 2009 sur les énergies renouvelables attribue au "biogazole d'huile végétale usagée ou d'huile animale" un taux de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 83 %, par rapport aux carburants d'origine fossile. Un score bien meilleur que celui obtenu par les dérivés du colza, du soja, du tournesol ou de la palme. Certes, la combustion des différents types de biodiesel rejette, quelle qu'en soit la matière première, la même quantité de CO2. Mais, dans le cas des déchets d'origine animale, l'essentiel des émissions est comptabilisé au titre de l'élevage (production des cultures fourragères, engrais, engins agricoles) et de la filière viande.
Les huiles animales ne sont pas pour autant une panacée. Le "gisement" français des coproduits convertibles en carburant (d'autres, à plus forte valeur ajoutée, sont destinés à la fabrication de savons et de produits cosmétiques) est évalué à 130 000 tonnes par an. Soit un peu plus de 5 % seulement des ressources qui seraient nécessaires aux plus de 2 millions de tonnes de biodiesel consommées chaque année en France.
"La filière des graisses animales est intéressante, mais, comme alternative aux carburants fossiles, elle reste relativement marginale", estime Pierre Porot, qui dirige le programme biocarburants à l'IFP Energies nouvelles. Cet organisme public concentre donc ses recherches sur les biocarburants de deuxième génération plus classiques, extraits des résidus agricoles et forestiers. Les plantes n'ont pas dit leur dernier mot.
Pierre Le Hir
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