lundi 30 septembre 2013

Les Français ont inhalé moins de particules en 2012 grâce à la météo

Paris - Les Français ont inhalé moins de particules, notamment émises par les moteurs diesel, en 2012 qu'en 2011 mais cette baisse s'expliquerait plutôt par la météo car il n'y a «pas de tendance à la baisse» depuis 2000, selon un bilan de la qualité de l'air publié jeudi.
«La réduction drastique de la pollution atmosphérique est un objectif impérieux et urgent compte tenu de l'impact important des particules sur la santé (maladies cardio-vasculaires, cancers) et du contexte règlementaire», rappelle d'ailleurs le ministère de l'Ecologie dans ce bilan annuel.
En 2012, 16 agglomérations de plus de 100.000 habitants ont dépassé la valeur limite européenne pour les PM10 -- petites particules qui pénètrent profondément dans les poumons--, soit 50 microgrammes par m3 d'air en moyenne journalière à ne pas dépasser plus de 35 jours par an. Elles étaient 24 en 2011.
Les régions les plus touchées par cette pollution, émise majoritairement en ville par la circulation automobile mais aussi par le chauffage au bois, l'industrie et l'agriculture, sont Provence-Alpes-Côte d'Azur, Nord Pas-de-Calais, Ile-de-France et Rhône-Alpes.
L'an dernier, 360.000 personnes ont été exposées à des concentrations supérieures à un autre seuil fixé par l'Union européenne, qui est une moyenne annuelle de 40 microgrammes par m3. Il s'agit de gens vivant «dans des sites de proximité automobile situés à Nice, Paris et Fort-de-France».
«Ce chiffre est en baisse significative» par rapport à 2011, dit le ministère. Il était alors estimé à 12 millions.
Mais «cette diminution est à prendre avec précaution car elle dépend très fortement des conditions climatiques de l'année», dont de nombreux facteurs peuvent influer sur les concentrations de polluants dans l'air, précise le ministère.
En effet, malgré cette évolution entre 2011 et 2012,«on ne constate pas de tendance à baisse depuis le début des années 2000» pour les particules comme pour l'ozone, ajoute-t-il.
En France, les pouvoirs publics mettent en avant le chiffre de 42.000 «morts prématurées» par an attribuables aux particules, qui peuvent provoquer des affections respiratoires et une surmortalité chez les personnes souffrant de maladies respiratoires et cardiovasculaires.
Elles sont émises notamment par les moteurs diesel, qui représentent 60% du parc automobile. Pour cette raison, les écologistes avaient exigé une hausse de la taxation de ce carburant, jugé cancérogène par l'OMS, mais le gouvernement a finalement décidé de ne pas procéder à cette augmentation en 2014.
Les dépassements récurrents dans une quinzaine d'agglomérations des normes européennes devraient valoir à la France, visée par un recours devant la Cour de justice de l’Union européenne, de lourdes sanctions financières.
Pour rassurer Bruxelles, le gouvernement a présenté une série de mesures «d'urgence», dont l'une vise à bannir des routes les véhicules les plus polluants lors des pics de pollutions.
Concernant les autres polluants, le seuil d'information pour l'ozone a été dépassé durant 27 jours en 2012, notamment lors de la deuxième quinzaine du mois de juillet en raison d'un anticyclone.
Pour le dioxyde d'azote (NO2), «une diminution légère mais continue des concentrations» est constatée depuis une dizaine d'années, mais 10% des sites de mesures ont affiché en 2012 des concentrations annuelles supérieures à la valeur limite de 40 microgrammes par m3.
Le monoxyde d'azote est émis pour 60% par les automobiles, surtout les moteurs diesel. Il est oxydé par l'ozone et se transforme en dioxyde d'azote, gaz irritant qui pénètre les voies respiratoires.

Ile-de-France: créer des emplois gâce aux déchets de chantier

Paris - La Région Ile-de-France a affirmé jeudi sa volonté d'utiliser l'augmentation des déchets de chantier pour développer leur recyclage et en faire un levier d'emplois non délocalisables.
En Ile-de-France, le secteur du BTP a généré en 2010 à lui seul 27 millions de tonnes de déchets (terres, bétons, bois, plâtres, PVC, etc.) dont seules 6 tonnes sont recyclées. Le secteur représente 17.600 emplois salariés.
L'avant-projet du Plan régional de prévention et de gestion des déchets issus des chantiers du bâtiment et des travaux publics (Predec) a été adopté à l'unanimité lors de la séance plénière du Conseil régional d'Ile-de-France.
«Il n'y avait pas d'obligation légale de le soumettre aux élus à ce stade mais il s'agissait de montrer l'adhésion de l'ensemble de groupes politiques sur cette question», a déclaré à l'AFP Corinne Rufet, vice-présidente EELV en charge de l'environnement.
En effet, l'épais document fera l'objet d'une enquête publique d'avril à octobre 2014, puis d'un vote des élus en novembre 2014 pour son adoption finale.
Il comporte un objectif de recyclage de 80% des déchets à l'horizon 2020, un taux d'autant plus ambitieux que la production de déchets va fortement augmenter dans la région avec les travaux du nouveau Grand Paris -- combinant le futur métro automatique et les prolongations de métros et de RER du plan de mobilisation -- et les construction de logements, pour résorber la pénurie actuelle.
Les projections font état d'une hausse de 15 à 20% de la production de déchets sur la période 2014-2020, qui pourrait atteindre +50% entre 2020 et 2026 au plus fort des creusements de tunnels.
«Il y a un potentiel de création d'emplois», a dit Mme Rufet. En effet, 100.000 tonnes de déchets inertes (terres non polluées) contribuent à 3 emplois si elles sont enfouies contre 9 si elles sont recyclées. Pour 10.000 tonnes de déchets dits non inertes (bois, isolants, vitrages, ferraille, béton, etc.) le rapport passe de 1 emploi pour l'enfouissement à 31 emplois pour le tri de collectes sélectives.
Par ailleurs, les installations de stockage des déchets sont très inégalement réparties sur le territoire: la Seine-et-Marne stocke à elle seule près de 80% des déchets de chantier.
Le Predec entend «résorber cette fracture territoriale» et propose un moratoire de trois ans sur toute nouvelle installation de stockage dans ce département, ainsi que de nouvelles règles de répartition des déchets en fonction d'un principe de proximité. Il s'agit aussi de réduire le trafic de camions à travers l'Ile-de-France.
Le groupe UMP, qui a voté le pré-projet, a toutefois apporté des bémols: le moratoire de trois ans pour la Seine-et-Marne «est insuffisant pour inverser la tendance». Par ailleurs, tout en soutenant aussi l'ambition de développer le transport fluvial des matériaux, l'opposition a rappelé que le projet de canal Seine-Nord (suspendu par le gouvernement socialiste qui a lancé une mission d'expertise en avril) avait pâti de l'opposition du groupe EELV au conseil régional, collectivité appelée à y contribuer

Une bactérie venue d'Asie menace les oranges de Floride

ENVIRONNEMENT - Cette affection appelée «Citrus Huanglongbing» ou «greening» rend les fruits amers et les fait tomber de l'arbre avant qu'ils ne mûrissent...

La production d'agrumes en Floride, deuxième producteur mondial de jus d'orange après le Brésil, est menacée par une maladie de ces arbres fruitiers provoquée par une bactérie venue d'Asie qui mobilise la science pour trouver un remède. Cette affection appelée «Citrus Huanglongbing» ou «greening» rend les fruits amers et les fait tomber de l'arbre avant qu'ils ne mûrissent.
Le microbe, transmis par un petit insecte, «Asian citrus psyllid», prive progressivement les agrumiers de nutriments. Et la maladie, qui touche surtout les orangers, peut rester latente cinq ans avant de se manifester quand il est trop tard, explique à l'AFP Greg Carlton, chef du bureau d'éradication et de contrôle des nuisibles du département de l'Agriculture de Floride.

20% des fruits tombés prématurément sur le sol

Depuis son apparition en 2006, ce fléau s'est répandu dans l'ensemble de la région de production de l'Etat, soit quelque 200.000 hectares et «nous voyons de plus en plus de ces insectes et d'arbres malades», poursuit-il, précisant qu'en 2012 environ 20% des fruits sont tombés prématurément sur le sol. «Cette maladie affecte vraiment notre production d'agrumes», souligne cet expert.
Avant que cette bactérie ne dévaste ses cultures, la Floride produisait plus de 200 millions de caisses d'agrumes par an ou environ huit millions de tonnes et pour cette saison, la récolte devrait se situer autour de 133 millions de caisses, soit une baisse d'un tiers, indique-t-il. Les coûts de production ont aussi plus que doublé ces cinq dernières années pour combattre ce parasite, passant d'environ 800 dollars par acre (0,4 hectare) à 1.900 dollars/acre.
«Si nous ne trouvons pas un remède, ce pathogène va décimer l'industrie des agrumes de Floride ....et nous finirons par payer cinq dollars pour une orange qui sera aussi importée», prévient le sénateur démocrate de l'Etat, Bill Nelson. Il a aidé à obtenir 11 millions de dollars du gouvernement fédéral pour financer des recherches contre cette maladie. L'industrie des agrumes génère neuf milliards de dollars et près de 76.000 emplois en Floride, ce qui en fait un moteur économique important de cet Etat.

«Nous avons foi en la science»

La maladie a déjà coûté 4,5 milliards de dollars et 8.200 emplois, souligne Michael Sparks, directeur général de Florida Citrus Mutual (FCM), le groupement professionnel représentant les producteurs, citant une étude effectuée par l'Université de Floride. «Nous avons été durement touchés mais nous avons foi en la science pour sauver notre industrie», dit-il à l'AFP, précisant qu'au cours des sept dernières années, le FCM a dépensé près de 70 millions de dollars pour la recherche.
«Notre production totale continue à baisser mais nous avons procédé à d'importants changements dans nos cultures qui devraient permettre de préserver un grand nombre d'arbres fruitiers jusqu'à ce qu'une solution soit trouvée», poursuit-il, optimiste. Outre le fait d'avoir coupé un grand nombre d'arbres atteints, les producteurs traitent plus fréquemment les cultures avec des insecticides, ajoute le responsable du groupement professionnel.
Ils utilisent également des nutriments pour fortifier les arbres et les jeunes agrumiers poussent dans des serres avant d'être transplantés. Mais la Floride ne sera pas seule à subir de lourdes pertes. Les insectes porteurs de la bactérie responsable du «greening» des agrumes ont été trouvés au Texas et en Californie qui finiront probablement par connaître le même sort avec leurs orangers, pamplemoussiers et citronniers, poursuit Michael Sparks.

Problème international

Le problème du «greening» est aussi un problème international qui affecte notamment le Brésil, premier producteur mondial d'oranges, note-t-il, expliquant que les producteurs américains partagent leurs efforts de recherche pour trouver une parade avec leurs homologues brésiliens et d'ailleurs.
Le biologiste moléculaire Abhaya Dandekar de l'Université de Californie à Davis explique que la bactérie affecte le système immunitaire des agrumiers ainsi que leur métabolisme mais n'est pas porteuse de toxine. «La recherche se concentre surtout sur la génétique pour développer des arbres génétiquement modifiés, capables de résister à la bactérie», a-t-il dit à l'AFP.

L'empreinte carbone des transports désormais affichée

ECOLOGIE - La Fédération nationale des transports routiers (FNTR) déplore cette mesure...

Elle figurera sur internet lors d'une réservation pour un trajet en train ou en avion, sera indiquée dans les bus ou précisée sur les factures des transporteurs: l'affichage de l'empreinte carbone devient obligatoire mardi pour les transports de marchandises ou de personnes.
Cette nouvelle législation, issue du Grenelle de l'environnement, s'appliquera tant aux entreprises de transport routier ou maritime qu'aux opérateurs ferroviaires et aux compagnie aériennes. Jusqu'aux taxis et déménageurs...
Par exemple, lors de l'achat de son billet d'avion, le client d'Air France visualisera un lien vers le calculateur CO2, mis en place par la compagnie depuis plusieurs années. Type d'avion, distance, mais aussi conditions effectives du vol (vent, ...), permettront de connaître l'équivalent de gaz carbonique produit lors de ce vol pour chaque passager.
La SNCF avait elle aussi mis en ligne, depuis 2006, un «éco-comparateur». Lors d'une réservation, qu'elle soit réalisée en ligne, sur une borne automatique, au guichet, le passager aura une indication de la quantité émise sur le trajet qu'il souhaite effectuer.

Des informations détaillées en 2016

Le CO2 émis par le train de sa gare de départ à sa gare d'arrivée, et pour l'ensemble des passagers, sera également affiché sur les fiches horaires de chaque ligne.
Dans les bus de sa filiale de transports urbains Keolis, des affiches indiqueront la quantité de CO2 qu'émet le véhicule par kilomètre. C'est également l'affichage choisi par la compagnie essonnienne de bus Tice. En effet, les entreprises n'ont, dans un premier temps, aucune obligation de se lancer dans de longs et complexes calculs: jusqu'au 1er juillet 2016, seul un affichage au kilomètre, par type de transport, est obligatoire.
Ensuite, les entreprises de plus de cinquante salariés devront donner des informations plus détaillées et personnalisées.
Les émissions de CO2 liées à la production de l’énergie sont également prises en compte dans ce calcul.

Aller au-delà des émissions de CO2

La Fédération nationale des transports routiers (FNTR) déplore cette mesure. «C'est une charge de travail supplémentaire pour l'entreprise. C'est lourd dans un secteur essentiellement composé de TPE et PME», a souligné Nicolas Paulissen, délégué général de la fédération, regrettant également l'arrivée de cette mesure en même temps que l'écotaxe poids lourds, repoussée à janvier 2014.
Parce qu'un camion charge et décharge au fur et à mesure de son trajet, calculer l'empreinte pour chaque client peut rapidement devenir un casse-tête.
«Ce n'est pas qu'une simple formule à calquer sur une feuille Excel pour coller au plus près de la réalité. Et un artisan-transporteur qui passe la journée dans son camion n'a pas forcément le temps ni l'envie, le soir», de se lancer dans ces calculs, ajoute Olivier Arrigault, délégué régional de la FNTR dans le Nord-Pas-de-Calais.

«Un premier pas»

La fédération a pourtant développé et mis à disposition de ses adhérents un calculateur d'émissions de CO2, pour «aller au-delà de l'information» sur la quantité émise, et «qu'il y ait une recherche d'optimisation, des économies de CO2 et des économies financières», a-t-il ajouté.
Pour les ministères de l’Écologie et des Transports aussi, cette mesure «constitue un premier pas vers une meilleure prise en compte des émissions de gaz à effet de serre dans les choix des voyageurs et des chargeurs».
Il s'agit «de les guider progressivement vers les solutions les plus respectueuses de l'environnement», avaient-ils indiqué mardi dans un communiqué.
Les ministères ont précisé que le calcul des émissions est commun à tous les modes de transports (ferroviaire ou guidé, routier, fluvial, maritime, aérien), garantissant «un traitement équitable entre les transports utilisant des carburants et les transports utilisant l’énergie électrique».

Risques liés aux boissons "énergisantes" : verdict ce mardi

Les boissons dites "énergisantes", contenant caféine, ginseng, taurine ou vitamines, sont sous surveillance renforcée en raison d'"effets indésirables suspectés" notamment cardiaques et l'agence sanitaire Anses présente mardi 1er septembre ses conclusions sur les risques liés à leur consommation.
La surveillance de ces boissons arrivées sur le marché français en 2008, avait permis à l'Agence nationale de sécurité sanitaire Anses de recenser en juin 2012 une trentaine de cas suspects dont des accidents cardiaques mortels. Elle a depuis reçu de nombreux signalements grâce à son appel aux professionnels de santé lancé dans la foulée.
Ces boissons (BDE), type Red Bull, Monster, ou Burn, dont environ 40 millions de litres sont consommés chaque année en France, sont réservées à l'adulte et déconseillées aux femmes enceintes et aux sportifs, selon les autorités sanitaires. Mais elles sont aujourd'hui très souvent consommées comme des sodas.
Selon une vaste enquête européenne réalisée en 2012 à la demande de l'Efsa, l'autorité européenne de sécurité des aliments, 30% de la population adulte consomme ces boissons; parmi eux, 12% consomment jusqu'à 4,5 litres par mois. Plus de la moitié des consommateurs prennent en même temps de l'alcool (56% des adultes et 53% des adolescents). 68% des 10-18 ans en ont consommé dans l'année et 12% d'entre eux en consomment 7 litres par mois. Plus surprenant et inquiétant, 18% des enfants âgés de 3 à 10 ans en avaient bu dans l'année, d'après cette enquête faite dans 16 pays auprès de 52.000 personnes.
Besoin d'énergie (y compris pour faire du sport) et/ou besoin de rester éveillé longtemps ainsi qu'un goût apprécié motivent cette consommation.
Pourtant, les BDE ne doivent pas être confondues avec les boissons énergétiques destinées aux sportifs, car elles ne correspondent absolument pas aux caractéristiques nécessaires à l'effort ou à la récupération, estiment des experts de l'Anses dans la revue Médecine & Nutrition en pointant, entre autres, l'action diurétique de la caféine.
Pour certaines agences sanitaires, comme celle du Québec (INSPQ), les risques pour la santé des BDE découleraient essentiellement d'une consommation excessive de caféine associée à de l'alcool ou des drogues.

Effets indésirables

 
En juin 2012, l'Anses indiquait avoir reçu plusieurs signalements d'effets indésirables suspectés d'être liés à la consommation de boissons énergisantes, dont deux cas mortels. En l'occurrence, deux décès par crises cardiaques "en cours" d'investigation.
Elle faisait notamment état de 24 cas recensés via les centres anti-poison et l'InVS (institut de veille sanitaire), dont treize pour lesquels "un lien de causalité possible ou probable a pu être établi".
Les effets rapportés sont d'ordre cardiaque (tachychardie ou trouble du rythme), neurologique (crises d'épilepsie, tremblements, vertiges...), psychiatrique (angoisses, agitation, confusion).
Par ailleurs, "trois cas d'accidents vasculaires cérébraux et deux cas d'arrêt cardiaque - dont un mortel - ont été signalés pour lesquels le lien avec la consommation de boisson énergisante n'a pu être clairement établi", indiquait l'Anses en 2012. L'agence qui avait pris le relais de la surveillance de l'InVS en 2009 signalait également six nouveaux cas d'effets indésirables (dont 4 chez des moins de 30 ans).
Les "boissons énergisantes" (BDE), contiennent divers ingrédients supposés "stimulants" avec le plus souvent de la caféine, mais aussi de la taurine, du ginseng, du guarana, des vitamines B, du sucre ou des édulcorants.
L'excès de caféine prise avec l'alcool favorise la déshydratation et pourrait entraîner des accidents cardiaques, notamment lors d'exercices physiques intenses.
Marisol Touraine, ministre de la Santé, s'était dite favorable à une taxe sur ces boissons pour lutter contre la consommation des jeunes qui les mélangent fréquemment avec l'alcool. Mais cette taxe inscrite dans le projet de budget de la Sécurité sociale pour 2013 avait été censurée par le Conseil constitutionnel en décembre 2012, au motif qu'aucun "critère objectif et rationnel" ne la justifiait.

Une méthode révolutionnaire pour découvrir des antibiotiques a été développée

Des biologistes américains ont développé une nouvelle méthode permettant d'identifier et de caractériser de nouveaux antibiotiques. Des travaux novateurs, qui pourraient permettre la mise au point de traitements permettant de lutter plus efficacement contre les bactéries résistantes aux antibiotiques actuels.
"Autopsier" des cellules bactériennes après leur mort pour comprendre comment elles ont été tuées, et identifier ainsi les molécules capables de les combattre le plus efficacement ? Des biologistes de l'Université de Californie (San Diego, États-Unis) ont mis au point un procédé permettant de le faire. Une prouesse bienvenue, à l’heure où l'antibiorésistance (le phénomène de résistance aux antibiotiques) est devenue aujourd’hui un problème majeur (cette semaine encore, une étude a révélé que les bactéries antibiorésistantes tuent 23 000 Américains chaque année - lire sur le site de Science et Avenir « Les résistances aux antibiotiques tuent 23.000 américains par an »).
Quelle est la nature exacte des travaux menés par le biologiste américain Joe Pogliano et ses collègues de l'université de Californie (San Diego, États-Unis) ? Ces scientifiques américains ont mis au point un procédé appelé Bacterial Cytological Profiling (BCP), qui permet d'identifier en quelque sorte la "cause de décès" d'une bactérie.  
Pour mieux comprendre la portée de cette innovation, il faut d’abord rappeler que les antibiotiques ont des modes d'action sur les bactéries qui peuvent varier grandement selon les molécules utilisées (c'est pourquoi on parle d'ailleurs de « famille d'antibiotiques ») : certaines molécules bloquent la synthèse de la paroi cellulaire des bactéries, d'autres perturbent la réplication de l'ADN des bactéries, d'autres encore bloquent les mécanismes qui permettent à la bactérie de produire de l'énergie…
Or, selon la nature des bactéries pour lequel un traitement est recherché, les scientifiques peuvent être amenés à rechercher des molécules antibiotiques bloquant précisément tel ou tel mécanisme dans le fonctionnement de la bactérie visée, plutôt que tel autre. Par conséquent, pour les chercheurs qui travaillent à la mise au point de nouveaux antibiotiques, il est donc extrêmement important d'identifier, pour une molécule antibiotique dont il a préalablement été prouvé qu'elle était capable de détruire la bactérie visée, quel est le mécanisme exact que la molécule antibiotique vient bloquer ou altérer au sein de la bactérie.
Problème : les procédés actuellement utilisés par les scientifiques ne permettent souvent pas d’identifier rapidement et facilement le mode d’action précis de telle ou telle molécule antibiotique sur la bactérie visée.
Et c’est précisément là où le procédé BCP prend tout son sens. En effet, grâce à ce dernier, il suffit d’exposer la bactérie visée à la molécule que l’on souhaite tester. Puis, une fois la bactérie détruite, le procédé BCP permet d’identifier en quelques heures seulement, et ce via une manipulation unique, comment la molécule antibiotique a endommagé la bactérie : en bloquant la synthèse de la paroi cellulaire, la réplication de l’ADN, la synthèse des protéines, la production d'énergie…
Pour prouver la validité du procédé BCP, Joe Pogliano et ses collègues ont fourni une preuve de concept. En effet, en utilisant le procédé BCP, ils ont réussi à montrer que le Spirohexol, un antibiotique efficace contre le staphylocoque doré résistant à la pénicilline, parvenait à tuer cette redoutable bactérie en détruisant sa capacité à fabriquer de l’énergie via un mécanisme chimique appelé force motrice protonique (ce mécanisme permet à la bactérie de fabriquer de l’énergie par transfert de protons à travers sa membrane).
Cette découverte a fait l’objet d’un article intitulé « Bacterial cytological profiling rapidly identifies the cellular pathways targeted by antibacterial molecules », publié le 17 septembre 2013 dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences.

dimanche 29 septembre 2013

OGM : le Conseil d'État annule l'interdiction du maïs modifié de Monsanto


L'arrêté de 2012 interdisant la culture du MON810, créé et commercialisé par le groupe américain Monsanto, est retoqué.

C'est un énième rebondissement dans l'histoire du maïs génétiquement modifié MON810. Le Conseil d'État a annulé ce jeudi l'arrêté de mars 2012 qui interdisait la mise en culture du maïs génétiquement modifié commercialisé par le semencier Monsanto. Une décision qui semble aller à l'encontre de la position actuelle du gouvernement, qualifiée récemment par le nouveau ministre de l'Écologie, Philippe Martin, comme «d'une hostilité absolue à l'égard de ce qui est génétiquement modifié».
Le maïs MON810 est génétiquement modifié pour sécréter un insecticide. Une caractéristique qui le rend plus résistant mais pourrait présenter une certaine toxicité notamment pour les abeilles. Cette semence génétiquement modifiée avait ainsi déjà fait l'objet de deux arrêtés ministériels, en 2007 et 2008, suspendant puis interdisant sa culture. Saisie par le groupe Monsanto, la Cour de justice de l'Union européenne avait en 2011 levé l'interdiction.
Se basant sur un rapport de l'Agence européenne de sécurité des aliments rendu en décembre 2011, le ministère de l'Agriculture, avait de nouveau suspendu la culture du maïs MON810 en mars 2012. Cet arrêté avait alors été contesté par l'Association générale des producteurs de maïs, et beaucoup plus tardivement par le groupe Monsanto.
Dans sa décision, le Conseil d'État souligne que le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, a commis «plusieurs erreurs manifestes d'appréciation» lors de la promulgation de son arrêté suspensif du 16 mars 2012. Le Conseil d'État rappelle qu'une telle décision ne peut être prise par un État membre qu'en cas d'urgence et en présence d'une situation susceptible de présenter un risque important pour la santé humaine, la santé animale ou l'environnement. Or le Conseil d'État a jugé que le dossier qui lui a été transmis ne faisait pas état d'éléments nouveaux, reposant sur des données scientifiques fiables, permettant de conclure à l'existence d'un tel risque.
Les réactions des organisations environnementales, paysannes, biologiques et apicoles ne se sont pas fait attendre. Dans un communiqué de presse, huit de ces associations, dont l'Union nationale de l'apiculture française, ont fait savoir qu'elles attendaient de la part du gouvernement des «mesures d'interdiction définitive des cultures d'OGM», arguant que huit pays européens ont déjà pris de telles dispositions et que 80% des Français seraient hostiles aux OGM.
Pour leur part, les ministres de l'Écologie et de l'Agriculture ont rappelé l'engagement pris par le gouvernement lors de la Conférence environnementale de septembre 2012, à savoir «maintenir le moratoire sur la mise en culture de semences d'OGM, afin de prévenir les risques environnementaux et économiques pour les autres cultures et l'apiculture». Stéphane Le Foll a tenu à préciser jeudi matin sur l'antenne d'Europe 1 que «le Conseil d'État n'est pas le décideur, ce n'est pas lui qui dit si on peut ou pas interdire les OGM».
Les services des ministères de l'Écologie et de l'Agriculture devraient travailler de concert ces prochains mois pour «créer un nouveau cadre réglementaire permettant le respect de ces objectifs. Une décision est attendue avant les prochains semis, qui auront lieu entre avril et juin 2014.
Soulignant «l'opposition croissante de l'opinion publique», le groupe Monsanto avait fait savoir mi-juillet qu'il retirait toutes ses demandes d'autorisation de culture de semences d'OGM dans l'Union européenne, à l'exception de celle du maïs MON810.


http://www.lefigaro.fr/environnement/2013/08/01/01029-20130801ARTFIG00439-ogm-le-conseil-d-etat-annule-l-interdiction-du-mais-modifie-de-monsanto.php

À partir d'aujourd'hui, l'humanité puise dans ses réserves pour vivre

Ce mardi, la planète vient de consommer toutes les ressources naturelles qu'elle peut produire en un an, selon l'organisation non gouvernementale Global Footprint Network. Jusqu'au 31 décembre, les humains vont donc vivre «à crédit», en puisant dans les stocks disponibles

La «dette écologique» continue de se creuser. En seulement huit mois, l'humanité a consommé toutes les ressources naturelles qu'elle peut générer en une année. Ce mardi 20 août correspond ainsi au «Global Overshoot Day» ou «jour du dépassement planétaire» selon l'organisation non gouvernementale Global Footprint Network (GFN), basée aux États-Unis et présente en Europe et au Japon, qui calcule tous les ans ce jour. Jusqu'au 31 décembre, les humains vont donc vivre «à crédit», en puisant dans les stocks disponibles.
GFN et le think thank New Economics Foundation déterminent annuellement ce jour qui a pour but d'«évaluer l'impact des activités humaines sur les écosystèmes de la planète». Il sert ainsi à mesurer «l'écart entre ce que la nature peut régénérer et ce qui est requis pour alimenter l'activité humaine». Celle-ci étant notamment à l'origine de la diminution de la couverture forestière ou de celle des réserves d'eau douce.

Ce jour tombe de plus en plus tôt tous les ans

Selon l'ONG créée en 2003, notre «dette écologique» n'a jamais cessé de grossir. Dans les années 1980, le «jour du dépassement planétaire» avait lieu en novembre, puis en octobre dans les années 1990 et en septembre dans les années 2000. En 2012, ce jour qui tombe donc de plus en plus tôt chaque année avait eu lieu le 23 août.
Cette plus grande précocité est, pour GFN, le signe du niveau de vie de moins en moins soutenable de terriens de plus en plus nombreux -7,1 milliards d'habitants en 2013, en 2050 la planète devrait en compter 9,6.
Il faudrait ainsi aujourd'hui 1,5 planète pour assurer de façon durable les besoins des habitants de la Terre pendant un an, souligne de son côté le Fonds mondial pour la nature (WWF), associé à l'opération. Si chaque habitant de la planète vivait comme un résident moyen des États-Unis, ce sont mêmes 4 Terres qui seraient aujourd'hui nécessaires. Si chacun adoptait le niveau de vie d'un Chinois, ce serait moins mais notre seule planète n'y suffirait déjà plus (1,2 Terre).

«Seuil critique atteint depuis trente ans»

«L'humanité vit au-dessus de ses moyens, juge GFN. Le seuil critique a été atteint depuis environ trente ans et la consommation des hommes dépasse désormais ce que la nature est en capacité de lui fournir en termes de recyclage de CO2 libéré et de production de nouvelles matières premières.» Globalement, «nous sommes sur une trajectoire où nous allons avoir besoin des ressources de deux planètes bien avant le milieu du XXIe siècle», redoutent même les deux associations.
«Aujourd'hui, plus de 80% de la population mondiale vit dans des pays qui utilisent plus que ce que leurs propres écosystèmes peuvent renouveler», avertit GFN. S'ils ne dépendaient que de leurs territoires nationaux, les Japonais auraient ainsi besoin de sept Japons pour une consommation «durable», les Suisses ou les Italiens de 4 pays et la France de 1,6 pays.

Climat : les ravageurs gagnent du terrain

Insectes, bactéries, champignons ou vers, les nuisibles progressent en moyenne de 3 km par an en direction des pôles et menacent la sécurité alimentaire mondiale. On les retrouve dans des régions où ils n'auraient pas pu survivre il y a cinquante ans.

Environ 3 kilomètres par an en direction des pôles Nord ou Sud: les insectes ravageurs se déplacent, gagnent du terrain et menacent l'agriculture mondiale. Si le transport de marchandises est la cause principale de cette migration, elle est très largement encouragée par le réchauffement climatique qui favorise l'acclimatation des insectes à des latitudes nouvelles où ils n'auraient pas pu survivre auparavant. Ce constat est dressé dans la revue Nature Climate Change par une équipe de chercheurs de l'université d'Exeter (Grande-Bretagne) qui s'est ainsi penchée sur l'évolution de la répartition de quelque 612 insectes nuisibles de par le monde.
L'étude montre ainsi une relation étroite entre la hausse des températures enregistrées ces cinquante dernières années et l'expansion des bestioles. Tous les ravageurs sont concernés, insistent les chercheurs, qu'il s'agisse d'insectes, de champignons, de bactéries, de virus ou encore de nématodes (des petits vers). Mais tous n'avancent pas à la même vitesse. Certains papillons peuvent parcourir jusqu'à 20 kilomètres par an quand des bactéries bougent à peine.

«Nous devons protéger nos frontières»

Les chercheurs citent notamment le dendroctone du pin qui a survécu aux hivers moins rigoureux en Amérique du Nord, détruisant ainsi les forêts de ces régions ou encore la pyriculariose du riz. Ce champignon installé dans plus de 80 pays avec des conséquences désastreuses sur l'agriculture et la santé de certains écosystèmes s'attaque désormais au blé. Cette nouvelle maladie réduit sérieusement les rendements de la céréale au Brésil, soulignent les scientifiques. «Le réchauffement a permis au doryphore de remonter au nord de l'Europe, en Norvège et en Finlande, où les conditions hivernales auraient dû le tuer», précise également à BBC news Dan Bebber, l'un des auteurs de l'étude.
«Si les ravageurs continuent de se développer en direction des pôles alors que la terre se réchauffe, les effets combinés d'une population mondiale en augmentation et des pertes de cultures de plus en plus importantes menaceront sérieusement la sécurité alimentaire mondiale», poursuit le scientifique. On considère actuellement que 10 % à 16 % des cultures mondiales sont perdues à cause des parasites. Les chercheurs soulignent la nécessité d'un meilleur suivi de ces évolutions. «Nous devons protéger nos frontières, instaurer des quarantaines pour les plantes afin d'éviter que les pathogènes envahissent les systèmes agricoles», ajoute-t-il.

Eau douce et eau de mer sur la table de la conférence environnementale

Des cygnes évoluent le 29 juillet 2013 sur l'étang de Bolmon près de Marignanne, pollué par de la bauxite
Désormais très critiquée, la politique de l'eau fait l'objet d'une des cinq tables rondes de la 2ème conférence environnementale qui se tient à Paris.


Tous les clignotants sont au rouge. La question de la politique de l'eau qui va être abordée vendredi 20 septembre dans le cadre de la 2e conférence environnementale est très attendue. Il faut dire qu'après le rapport cinglant de la cour des comptes mettant en cause l'Onema (la police de l'eau) et les différentes condamnations de Bruxelles qui s'amoncellent, le rapport remis début juillet au premier ministre par le député PS Michel Lesage, enfonce une nouvelle fois le clou. «les défis et les nouveaux enjeux liés à l'eau sont considérables», assure le député qui ajoute: «le modèle français de l'eau a permis des avancées mais il a aujourd'hui atteint ses limites».
La France est notamment très en retard en ce qui concerne le respect de la directive-cadre qui impose à tous les pays européens un bon état écologique de leurs eaux. «Suite au Grenelle de l'environnement, 66% des masses d'eau devaient être en bon état en 2015. Or aujourd'hui, c'est vrai pour à peine la moitié», rappelle Gilles Huet, le président de l'association Eaux et rivières de Bretagne.
Les engagements du Grenelle (plan Ecophyto) prévoyaient de diviser par deux l'utilisation des produits phytosanitaire d'ici 2018. Dans les faits, les traitements pour rendre l'eau potable ont un coût toujours plus élevé. Selon le magazine UFC-Que Choisir, la dépollution des eaux dépasse le milliard d'euros et est financée par les consommateurs entre 80 et 90%, selon les régions. Le même magazine rappelait il y a peu que la France avait pris un retard important dans le renouvellement des réseaux d'eaux potables alors qu'en moyenne, sur le territoire, les pertes représentent 25%.
Les nitrates sont un autre sujet de préocupation. La France devrait prochainement être condamnée à payer une forte amende pour le non respect de la directive européenne sur le sujet. Du coup l'annonce récente par le premier ministre d'un assouplissement des procédures permettant aux agriculteurs d'ouvrir des porcheries fait bondir les associations environnementales. Il n'y aura plus besoin de diligenter une enquête d'utilité publique, et une étude d'impact sur l'environnement, pour les porcheries de moins de 2.000 bêtes, une simple déclaration à la préfecture suffira. Jusqu'à présent le nombre était de 450. Un nouveau plan d'action est également attendu pour limiter l'épandage du lisier, mais les éleveurs ont obtenu un délai supplémentaire jusqu'en 2016 pour mettre leurs exploitations en conformité.
Il y a certes des raisons économiques à ces mesures mais alors pourquoi mettre en avant une table-ronde sur la politique de l'eau, s'étonnent les associations? Ce n'est pas encore la défiance «mais nous sommes très interrogatifs», souligne encore Gilles Huet. Et ce n'est pas l'annonce possible d'une réforme de la composition des comités de bassin avec la création éventuelle d'un collège représentant les usages domestiques et associatifs qui les contentera. De leurs côtés, 70 parlementaires de gauche ont signé derrière Michel Lesage un appel au gouvernement «pour une réforme de la politique de l'eau en France».

Le chalutage des grands fond sur la table des discussions

La France possède le deuxième domaine maritime mondial et joue donc un rôle de premier plan dans la sauvegarde de la biodiversité des mers et des océans menacée par les activités humaines (pêche intensive, exploration pour l'industrie pharmaceutique ou pétrolière, pollution). La question de la haute mer, zone hors des eaux territoriales nationales où aucune règlementation ne s'applique, sera notamment discutée. L'un des sujets phares qui sera discuté porte également sur le chalutage des grands fonds. «Cette pratique est l'une des plus destructrices pour les écosystèmes et la ressource halieutique», rappelle le WWF. Une pratique que les autorités françaises, jusqu'à présent, ont refusé de condamner à l'heure où une réglementation européenne est en discussion pour l'interdire.

50 % au moins de la hausse des températures est d’origine humaine

 - 
C'est l'un des enseignements du 5e rapport du GIEC. Sans ambiguïté, il pointe la responsabilité de l’homme dans la hausse des températures mondiales.
NUITS BLANCHES À STOCKHOLM. Une semaine de (presque) nuits blanches, 13.000 mots étudiés à la loupe, une unanimité acquise à 5 heures ce vendredi matin : le « résumé aux décideurs » présenté aujourd’hui à Stockholm à l'issu du 5e GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) est le fruit d’un consensus autant scientifique que politique. Le texte est en effet avalisé par les représentants des 195 États membres de l’ONU. Les conclusions adoptées les engagent donc à agir.

Que dit le rapport ?


Voici les principales certitudes d’un document qui comprend 18 têtes de chapitres.
- Le réchauffement du système climatique n’est plus contestable et depuis les années 50. Beaucoup de changements observés sont sans précédents depuis des décennies, voire au-delà du millénaire : réchauffement des océans, fonte des glaces, montée du niveau des mers.
- Chacune des trois dernières décennies ont été toujours plus chaudes au niveau mondial. Dans l’hémisphère nord, 1983/2012 est la période de 30 ans la plus chaude depuis 1400 ans.
- Ce sont les océans qui absorbent la plupart de l’énergie qui s’accumule actuellement dans l’atmosphère. Ils ont récupéré 93% de cette énergie et il n’y a plus de doute que la température de surface a augmenté entre 1971 et 2010.
- Les glaciers et banquises du monde entier fondent à un rythme accéléré. La banquise arctique rétrécit de 3,9% supplémentaires chaque été depuis les premières observations satellites en 1979.
- La montée du niveau des mers s’accélère également. Entre 1901 et 2010, les océans ont pris 19 centimètres.
- Les concentrations atmosphériques de CO2, méthane et oxydes nitreux provenant de l’activité humaine ont toutes augmenté du fait de l’activité humaine. Elles atteignent un niveau inconnu depuis au moins les 800.000 dernières années.
- Les océans ont absorbé 30 % de ces gaz à effet de serre, provoquant une acidification des eaux.
- Pour la première fois, le GIEC fait la part entre l’influence humaine sur le climat et les phénomènes naturels que sont le rayonnement solaire, l’influence des nuages et des aérosols ainsi que les éruptions volcaniques. Au moins 50 % de la hausse globale des températures est bien d’origine humaine. 

Que faudrait-il faire désormais ?


QUATRE SCÉNARIOS. C’est une des grandes nouveautés du rapport. Le GIEC publie quatre scénarios basés sur une hausse de l’énergie stockée dans l’atmosphère en watts par m2 (W/m2). Aujourd’hui, la moyenne mondiale de l’irradiation totale solaire est de 1.361 W/m2. Sur les tendances actuelles d’émissions de gaz à effet de serre, chaque m2 de terre recevra 8 watts supplémentaires provoquant une hausse des températures comprises entre 3,6 °C et 4,8 °C. Le GIEC élabore deux scénarios intermédiaires à respectivement 6 et 4,5 W/m2, tenant compte de la mise en œuvre de technologies propres. Seul le quatrième scénario à 3 W/m2 permet d’obtenir une limitation à 2 °C. Mais il implique des changements importants dans les modes de vie et de consommation: quasi abandon de la voiture individuelle, fin de l’étalement urbain, relocalisation des productions, retour à une agriculture de proximité...
INVERSION. Ce faisant, le GIEC inverse la logique qui prédominait auparavant. Les économistes construisaient en effet des hypothèses de réduction des émissions de gaz à effet de serre basées sur les politiques publiques menées et l’émergence de technologies sobres en carbone. Charge aux climatologues d’en mesurer l’impact via leurs modèles. Avec ces quatre scénarios, le GIEC impose un plafond à ne pas dépasser et c’est désormais aux économistes de mesurer les efforts à accomplir dans les secteurs, de l’industrie, de l’habitat. 

Où en sont les négociations ?


Les rencontres annuelles menées dans le cadre de la Convention climat signée à Rio de Janeiro en 1992 font du surplace. Depuis maintenant 20 ans, les négociations butent sur le « partage du fardeau». Pour les pays en voie de développement, c’est aux États riches responsables historiques du réchauffement climatique de faire l’essentiel des efforts, les pays émergents devant en priorité faire reculer la pauvreté. Les pays riches en revanche font valoir que les pays en voie de développement sont aujourd’hui les principaux émetteurs de gaz à effet de serre et exigent donc d’eux des engagements précis.
CALENDES GRECQUES. Depuis l’échec de Copenhague en 2009, on repousse au lendemain ce qui devrait être fait dès aujourd’hui. En 2011 à Durban, un calendrier a été adopté pour limiter la hausse des températures à 2 °C, soit une teneur en CO2 de 450 ppm. En 2015 au Bourget en banlieue de Paris, les États devront s’être entendu sur des engagements mondiaux et partagés de réduction des émissions à partir de 2020.







jeudi 26 septembre 2013

L'élevage pourrait réduire de 30 % ses émissions de gaz à effet de serre

Par 

Il représente à lui seul près d'un sixième des émissions mondiales de gaz à effet de serre. L'élevage, en rejetant 7,1 gigatonnes d'équivalent CO2 par an dans l'atmosphère, soit 15 % de toutes les émissions d'origine anthropique, essuie de nombreuses critiques, notamment d'institutions internationales et d'ONG qui appellent à réduire la consommation de viande.

Mais selon un nouveau rapport de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) publié jeudi 26 septembre, il est possible de réduire de 30 % ces rejets, en utilisant plus largement les meilleures pratiques ettechnologies existantes.
PRODUCTION DE FOURRAGE ET DIGESTION DES BOVINS
L'étude, la plus exhaustive réalisée sur le sujet à ce jour selon l'agence, a analysé tous les stades du cycle de vie de l'élevage : la production et le transport d'aliments pour les animaux, l'utilisation de l'énergie à la ferme, les émissions dues à la digestion et à la fermentation du fumier, ainsi que le transport, la réfrigération et le conditionnement des produits animaux après l'abattage.
Principales sources d'émissions : la production et la transformation de fourrage (45 %) – notamment en raison des engrais utilisés dans les cultures –, la digestion du bétail (39 %) – les pets et rots des vaches émettent du méthane, un gaz 25 fois plus puissant que le CO2 – et la décomposition du fumier (10 %). Le reste est imputable à la transformation et au transport des produits animaux.
Par types d'élevages, les rejets proviennent très majoritairement des bovins (production de viande et lait), qui représentent 65 % des émissions. Ils sont suivis par les cochons (9 %), les volailles et la production d'œufs (8 %) et les bisons (8 %). Au total, ces bêtes émettent à 44 % du méthane (CH4), à 29 % du protoxyde d'azote (N2O) et à 27 % du dioxyde de carbone (CO2).
GESTION DU FUMIER
La FAO recommande aux éleveurs d'utiliser un foin qui se digère mieux, avec plus de fibres.
Comment réduire ces émissions ? Selon la FAO, une baisse de 18 à 30 % serait accessible si les éleveurs adoptaient des pratiques existantes moins émettrices mais actuellement peu répandues – utilisées par seulement 10 % des producteurs. Il s'agit de meilleures pratiques en matière d'alimentation des animaux (du foin qui se digère mieux, avec plus de fibres), de santé (la génétique pourrait être mise à contribution pour croiser des espèces afin qu'elles émettent moins de gaz) et d'élevage (gestion du pâturage). La FAO recommande également une meilleure gestion du fumier (temps de stockage moins long par exemple), ainsi que le développement de technologies actuellement peu utilisées (générateurs de biogaz grâce à la méthanisation, dispositifs d'économie d'énergie).
"Ces gains d'efficacité peuvent être obtenus en améliorant les pratiques existantes, et il n'est pas nécessaire pour autant de bouleverser les systèmes de production. Mais nous avons besoin de meilleures politiques, et surtout, d'une action commune", estime en Wang, sous-directeur général de la FAO en charge de l'agriculture et de la protection des consommateurs.
Avec la demande croissante pour les produits issus de l'industrie agro-alimentaire, notamment de la part des pays en voie de développement, poursuit-il, "il est impératif que ce secteur commence à travailler dès à présent sur la réduction de ces émissions de gaz, afin de contribuer à compenser les hausses d'émissions mondiales que comportera la croissance future de la production animale".
POTENTIEL D'AMÉLIORATION DANS LES PAYS DU SUD
Le plus gros potentiel de progrès réside dans la filière des ruminants d'Asie du Sud, d'Amérique latine et d'Afrique sub-saharienne.
Si des réductions importantes d'émissions peuvent être obtenues dans toutes les espèces, dans tous les systèmes et dans toutes les régions, selon le rapport de la FAO, le plus gros potentiel de progrès réside dans la filière des ruminants d'Asie du Sud, d'Amérique latine et d'Afrique sub-saharienne, dont la productivité pourrait être dans le même temps augmentée.
Dans les pays développés – où l'intensité des émissions est relativement faible, mais où le volume total élevé en raison d'une forte production –, même de légères diminutions de l'intensité pourraient produire des gains importants. C'est le cas, par exemple, des élevages laitiers d'Europe et d'Amérique du Nord.