samedi 24 mai 2014

Proposition de loi constitutionnelle visant à modifier la Charte de l'environnement pour exprimer plus clairement que le principe de précaution est aussi un principe d'innovation

Objet du texte

Cette proposition de loi constitutionnelle a été déposée au Sénat le 3 décembre 2013 par Jean BIZET (UMP - Manche) et plusieurs de ses collègues.

Craignant qu'une mauvaise compréhension du principe de précaution renforce les réticences envers la science, la méfiance à l'égard de l'innovation et du progrès technologique, et soit un frein aux activités de recherche et au développement économique, les auteurs du texte souhaitent "exprimer plus clairement que le principe de précaution est aussi un principe d'innovation, puisque [selon eux] sa bonne application repose, en fait, sur le développement des connaissances scientifiques et de l'innovation et, bien loin d'encourager l'obscurantisme, rend indispensables la diffusion des résultats de la recherche, la transparence et le débat".

Ils proposent en conséquence de modifier les articles 5, 7 et 8 de la Charte de l'environnement.

dimanche 18 mai 2014

L’OMS appelle à plus d'attention en faveur de la santé des adolescents

14 mai 2014 -- La dépression est la principale cause de maladie et de handicap chez les garçons et les filles âgés de 10 à 19 ans révèle un rapport de l'OMS sur la santé des adolescents dans le monde. Les trois principales causes de décès dans cette tranche d’âge sont les accidents de la route, le VIH/sida et le suicide. On estime qu’à l’échelle planétaire, 1,3 million d’adolescents sont décédés en 2012. Ce rapport recommande aux pays plusieurs mesures pour mieux répondre aux besoins des adolescents tant en matière de santé physique que mentale.

INSERM

http://www.inserm.fr/thematiques/sante-publique/expertises-collectives


samedi 17 mai 2014

La thématique Santé publique

La thématique Santé publique inclut à la fois l’ensemble des disciplines scientifiques qui concourent à la recherche clinique et en santé publique et des axes de recherche transversaux et prioritaires par rapport aux questions contemporaines de santé.

44402 - Dossier médical du patient et stéthoscope, centre d'investigation clinique 9202 Robert-Debré
La thématique Santé publique inclut à la fois l’ensemble des disciplines scientifiques qui concourent à la recherche clinique et en santé publique (épidémiologie, biostatistique, économie et sociologie appliquées au domaine de la santé, toxicologie environnementale, méthodologie de la recherche clinique) et des axes de recherche transversaux et prioritaires par rapport aux questions contemporaines de santé : développement de la recherche clinique dans des domaines peu ou pas couverts par la recherche pharmaceutique, relations santé-environnement-travail, handicaps et incapacités, analyse et évaluation du fonctionnement du système de santé, santé publique dans les pays en développement.

 Au sein de l’Union européenne, la France jouit d’une situation plutôt enviable du point de vue de la santé de sa population. 

Elle se place en quatrième position pour l’espérance de vie à la naissance (78 ans en moyenne) et en première position pour l’espérance de vie à 65 ans (16 ans pour les hommes, 20 ans pour les femmes). La France a le taux le plus faible de mortalité cardiovasculaire. La mortalité est également très faible en dessous de 15 ans, et la mortalité infantile en particulier a été diminuée de moitié au cours des sept dernières années.
Sur le long terme, des tendances positives sont observées : déclin régulier de la mortalité liée aux maladies cardiovasculaires, aux chutes chez les personnes âgées, au sida (grâce aux trithérapies), au syndrome de mort subite du nourrisson. La qualité de vie des personnes les plus âgées a été améliorée par la généralisation de certaines interventions, comme la chirurgie de la cataracte ou la pose de prothèses auditives. Ces progrès ne sont pas étrangers au fait qu’un effort financier significatif est consenti pour la santé (10 % du PNB).
À côté de ces résultats positifs, des faiblesses évidentes apparaissent dans notre situation sanitaire. Ainsi, le nombre de décès prématurés évitables (avant 65 ans) est élevé par rapport à nos voisins, en lien notamment avec les niveaux de consommations de tabac et d’alcool dans la population générale. Cette mortalité prématurée diminue l’espérance de vie globale et repose la question de l’insuffisance de prévention primaire dans notre pays. Malgré des choix sociaux et politiques orientés sur l’égal accès aux soins, les inégalités de santé au sein de la population sont encore manifestes entre sexes, régions et professions. Ainsi, l’espérance de vie des femmes (82,7 ans) reste plus élevée que celle des hommes (75,2 ans), bien que l’on observe un rapprochement tendanciel. Les inégalités socio-économiques sont importantes : à 35 ans, un ouvrier non qualifié a trente-huit ans d’espérance de vie en moyenne contre quarante-quatre ans pour un cadre. Les disparités régionales sont également prononcées, puisqu’un habitant de la région Midi-Pyrénées a une espérance de vie de 76 ans contre 71 ans pour un habitant du Nord-Pas-de-Calais.
Ces phénomènes s’expliquent par divers facteurs, au nombre desquels on compte certaines orientations de la politique de la santé publique. Depuis la Seconde Guerre mondiale, le soin est considéré comme le pilier quasi exclusif de notre système de santé. Or, il apparaît que les démarches de prévention - représentant seulement 7 % de nos dépenses de santé - pourraient jouer un rôle fondamental pour améliorer nos indicateurs de santé, à côté des démarches classiques de soin. D’ailleurs, les inégalités de santé que l’on observe reposent plus sur des inégalités d’accès à la prévention que sur des inégalités d’accès aux soins.

  L’une des vocations de la recherche en santé publique est d’apporter aux décideurs et acteurs du système de santé (ministère de la santé, autorités de santé, gestionnaires du système de soin, régimes d’assurance-maladie, professionnels, associations de malades,…) tous les éléments factuels et théoriques de nature à faciliter leurs choix.

 Cela nécessite la mise en œuvre de travaux de recherche de diverses natures permettant d’analyser les déterminants de la santé, à travers trois niveaux d’analyse :

  • les dimensions individuelles (influence des caractéristiques personnelles généralement inscrites dans le substrat biologique et des comportements des individus sur leur santé) ;
  • les dimensions environnementales (influence des produits industriels rares ou de consommation courante, des produits alimentaires, de la pollution, des médicaments, etc.) ;
  • les dimensions organisationnelles et institutionnelles (relevant directement du système de soins lui-même, de ses choix stratégiques et de son usage par la population).
Certaines de ces analyses nécessitent la mise en œuvre d’études portant sur une population nombreuse (statistiquement représentative de ce que l’on veut analyser), appelées études de cohorte. À titre d’exemple, la cohorte ELFE, représentative au plan national, rassemblera 20 000 enfants nés en 2010 qui seront suivis de la naissance à l’âge adulte, dans une approche pluridisciplinaire. Elle constituera donc à terme une source irremplaçable de données permettant de comprendre le développement de l’enfant dans son milieu, avec le souci d’étudier les différents facteurs en interaction tout au long du parcours jusqu’à l’âge adulte (facteurs biologiques, familiaux, sociaux, environnementaux, scolaires, comportementaux, sanitaires, nutritionnels) et de comprendre l’impact des situations traversées durant l’enfance sur la santé, le développement physique, psychologique, social et professionnel des personnes.
On conçoit aisément toute l’importance des enquêtes épidémiologiques et des analyses de santé publique de ce type. Sans elles, nous serions privés de l’information essentielle à nos choix de vie et de société, une information d’autant plus indispensable que nous évoluons dans un environnement complexe en mutation rapide. Il a, par exemple, fallu attendre 1956 pour que soit mis au jour pour la première fois le lien statistique entre tabagisme et cancer du poumon grâce à un protocole d’enquête épidémiologique portant sur un très grand nombre de sujets, alors que la consommation de tabac avait commencé quelques siècles plus tôt en Europe ! Les citoyens expriment aujourd’hui une préoccupation forte pour leur santé, pour la compréhension de tous ses déterminants et pour l’efficacité des choix publics en ce domaine.

Quelle stratégie scientifique privilégier ?

L’analyse du potentiel de recherche conduite ces derniers mois par l’institut Santé publique met en relief un certain nombre d’atouts de la recherche clinique et en santé publique françaises : pluridisciplinarité en développement dans beaucoup d’équipes, proximité de l’interface entre production des connaissances et intervention qui place la recherche clinique et la recherche en santé publique au cœur des décisions cliniques et de l’élaboration des politiques de santé, réelles qualités d’expertise présentes dans les équipes.
En contrepoint, l’analyse souligne également des faiblesses aujourd’hui bien identifiées car elles sont vécues au quotidien par l’ensemble des chercheurs du champ mais aussi par les utilisateurs de la recherche en santé publique : le relatif émiettement des forces qui nuit à la visibilité nationale et internationale des recherches mais aussi à la capacité de mobilisation des équipes sur des risques sanitaires émergents, des interactions encore insuffisantes entre approches fondamentales, cliniques, en sciences humaines et sociales et en santé publique nécessaires pourtant à une compréhension intégrée des différents facteurs qui interviennent dans l’état de santé de la population.
44769 - Examen écho-Doppler de l'artère brachiale pour l'étude de la fonction endothéliale
Examen écho-Doppler de l'artère brachiale pour l'étude de la fonction endothéliale. Laboratoire de pathologies cardiovasculaires du centre d'investigation clinique 9501, hôpital Jeanne d'Arc, Nancy.
C’est en regard de ces constats que l’institut Santé publique a placé comme première priorité de son action le soutien au développement de ce que l’on appelle aujourd’hui "les grandes infrastructures de recherche" dans le champ de la clinique et de la recherche en santé publique. Il s’agit concrètement de grands dispositifs d’études observationnelles comme la cohorte ELFE déjà citée et qui sont l’équivalent - en recherche clinique et en santé publique - de ce que sont les grands télescopes en astronomie, à savoir : des observatoires de longue durée de l’évolution de la santé d’une population donnée avec le recueil de tous les facteurs susceptibles d’expliquer cette évolution. Ces infrastructures constituent une puissante incitation au regroupement des équipes de recherche autour d’elles. En effet, elles génèrent une très grande quantité de données de qualité qui appellent des analyses variées et approfondies qu’un seul groupe de recherche ne peut mener à bien. Elles représentent également une incitation au développement d’approches interdisciplinaires, notamment entre fondamentalistes, cliniciens, épidémiologistes et équipes en sciences humaines et sociales compte tenu du caractère multidimensionnel des données collectées au fil du temps.
Sur le plan thématique, l’institut Santé publique souhaite faciliter le développement de recherches dans des domaines où les connaissances doivent être augmentées et élargies en regard des enjeux sanitaires sous-jacents. C’est le cas des relations entre la santé et l’environnement en lien avec la multiplication des produits industriels dans notre environnement quotidien et de la dégradation globale de nos écosystèmes. C’est le cas également du champ du handicap et des incapacités dont l’importance ne peut que croître avec le vieillissement de la population et l’accroissement des maladies chroniques génératrices de handicaps divers.
Par ailleurs, il n’existe pas suffisamment de recherches réalisées en France sur le fonctionnement et la gestion du système de santé, les politiques publiques, sans oublier le domaine de la prévention par comparaison avec l’état de l’art à l’étranger. L’institut Santé publique a donc la responsabilité de stimuler le développement de travaux de recherche dans ces différents domaines en veillant à favoriser des approches interdisciplinaires des sujets abordés.

Fonctionnement du système de santé

Ce domaine de recherche (baptisé Health Services Research dans les pays anglo-saxons) met en relation le fonctionnement des services de santé et la production de santé.Il concerne les besoins, la demande et l’offre sanitaire, ainsi que les structures, les acteurs, les procédures et l’évaluation du système de santé, dans les domaines de la prévention, du diagnostic et de la prise en charge des pathologies.
Au niveau global, cet axe de recherche concerne l’organisation du système de santé et la définition de la stratégie (politiques de santé, programmes, conditions d’élaboration et de mise en œuvre, etc.). Au niveau local, il s’agit de comprendre les modes d’organisation du système de santé et d’accès pour les usagers, les modalités d’arbitrage, la question du comportement des acteurs. L’un des objectifs de ce courant de recherche est d’apporter des éléments d’appréciation utiles aux responsables de la planification sanitaire dans l’allocation des ressources.

Politiques publiques et santé

L’ensemble des politiques publiques, même si elles ne concernent pas directement les thématiques sanitaires, peuvent avoir des effets directs ou indirects sur la santé. On doit donc s’interroger sur la façon dont les politiques publiques, les modes d’organisation sociale et les institutions qui en découlent sont susceptibles d’avoir un impact (positif ou négatif) sur les populations. On peut également, à partir de connaissances sur l’état de santé de la population, s’interroger sur la façon dont les politiques publiques existantes sont adéquates ou non.

Prévention et politiques de prévention

Compte tenu du niveau encore élevé de la mortalité prématurée évitable en France (décès avant 65 ans), l’institut Santé publique souhaite favoriser des recherches cliniques et en santé publique dans deux domaines où les risques pour la santé sont étroitement reliés à des comportements individuels et collectifs : le domaine de la prévention des conduites d’abus et de dépendance aux drogues (tabac, alcool, cannabis principalement) ; celui de la nutrition et de l’éducation nutritionnelle en regard de l’augmentation continue de la prévalence du surpoids et de l’obésité dans la population française et de ses conséquences prévisibles sur la morbidité et la mortalité.

 


securite prevention Sécurité - Prévention - Accidents du travail - Risques Le Lâcher de moustiques OGM autorisé et bientôt commercialisé au Brésil (Par Jean-Charles BATENBAUM)

La Commission brésilienne en charge des OGM, la CTNBio, a autorisé, le 10 avril dernier, la dissémination commerciale dans l’environnement du moustique Aedes aegypti transgénique (OX513A) de l’entreprise britannique Oxitec.

La Commission brésilienne en charge des OGM, la CTNBio, a autorisé, le 10 avril dernier, la dissémination commerciale dans l’environnement du moustique Aedes aegypti transgénique (OX513A) de l’entreprise britannique Oxitec.
Il s’agit d’un moustique transgénique stérile, qui est censé permettre de lutter contre la dengue, une maladie qui fait encore de nombreuses victimes dans les pays tropicaux. Mais c’est aussi et surtout le premier animal transgénique qui est autorisé en vue d’être disséminé à grande échelle dans l’environnement.

D’autres stratégies ont été proposées et sont sur le point d’être commercialisées. Ainsi, Oxitec, une entreprise britannique en étroite relation avec Syngenta, propose des moustiques transgéniques stériles qui permettraient de « contrôler » la population des moustiques vecteurs. Des essais en champs ont été réalisé par Oxitec : 6000 moustiques GM lâchés en Malaisie en 2010, trois millions de moustiques GM dans les îles Caïmans et plusieurs essais au Brésil. Curieusement, les essais prévus en Floride (États-Unis) n’ont jamais eu lieu. Au Brésil, la première autorisation commerciale pour ces moustiques GM vient donc d’être accordée, peut-on lire dans un communiqué de presse.
Le Lâcher de moustiques OGM autorisé et bientôt commercialisé au Brésil

Contrairement au Haut conseil sur les biotechnologies en France, la CTNBio au Brésil ne se contente pas d’évaluer les demandes d’autorisation, mais est décisionnaire. Pour que cette autorisation soit effective, elle doit être publiée au Journal officiel et à l’instar du catalogue des variétés pour les plantes génétiquement modifiées, ce moustique GM doit être enregistré par l’Anvisa, l’agence nationale de surveillance sanitaire. Mais d’après Gabriel B. Fernandes, de l’AS-PTA, une ONG qui défend l’agriculture familiale au Brésil, cette agence ne peut qu’exécuter les décisions de la CTNBio.
Cette décision inquiète de nombreuses organisations, écologistes, agricoles, sociales, etc. selon elles, aucun plan de suivi post-commercial n’est fourni par l’entreprise, et les soi-disant « résultats probants » des essais en champs n’ont pas été publiés. Par ailleurs, la procédure d’autorisation n’est pas respectée : le public n’a pas été correctement consulté.
Les ONG mentionnent encore dans leur critique qu’Oxitec n’a pas pris en compte le fait que la technique, si elle est partiellement ou temporairement efficace, peut engendrer des effets graves sur l’immunité humaine. Deux cas ont été envisagés par les ONG critiques vis-à-vis de ce projet.
Voici, selon eux, ce qui pourrait se produire :
·         Premier cas : si le lâcher de moustiques GM est efficace temporairement, alors l’immunité humaine contre la dengue peut baisser et entraîner des dégâts au moment d’un retour de la dengue (ce qu’on appelle l’effet rebond). Ce risque à long terme ne semble pas trop poser de problème car l’efficacité de ces lâchers est loin d’être prouvée...
·         Second cas : si l’efficacité n’est que partielle, le risque est encore plus grand. Tout d’abord, il faut savoir qu’il existe cinq sérotypes de la dengue, certains mortels, d’autre moins. Or, dans les zones où la dengue est endémique, plusieurs sérotypes se côtoient. La recherche académique soutient qu’une personne infectée par un sérotype, puis, ultérieurement, par un second, a un risque plus grand de contracter une forme la plus grave de la maladie, potentiellement létale, de la dengue : la dengue hémorragique. De plus, dans les zones où les risques de transmissions sont élevés, et donc là où les personnes sont piquées très souvent, une succession rapide de deux piqûres par deux sérotypes différents peut favoriser le développement d’une immunité croisée. Ainsi, pour Helene Wallace, de GM Watch, réduire seulement partiellement la fréquence de piqûres de moustiques peut réduire cette acquisition d’immunité croisée. Or, l’approche transgénique n’est pas efficace à 100%, soutient-elle. Donc lâcher des moustiques GM ne permettra pas d’éliminer la population des moustiques vecteurs, mais simplement réduire, de fait, le nombre de morsures... entraînant de facto une baisse de l’immunité croisée. « Ce risque n’a pas été pris en compte dans les évaluations faites par Oxitec, bien qu’il soit mentionné dans les projets d’évaluation des risques dans les demandes d’essais en Floride ». Mais, ajoute H. Wallace, si en Floride il n’existe pas de dengue endémique, il n’en va pas de même au Brésil... où paradoxalement ces impacts n’ont pas été étudiés. Impossible donc d’estimer les risques.
« Comme pour la faim dans le monde, l’éradication des grandes épidémies ne se fera pas à l’aide d’une simple technique. Ce sont des politiques agricoles, pour l’une, et sanitaires, pour l’autre, qui auront des réels impacts. Certes, mais pourquoi ne pas cumuler les deux stratégies, répondront les partisans des modifications génétiques... D’une part, car les ressources utilisées par les pouvoirs publics pour l’achat et la gestion de plusieurs milliers, voire millions de moustiques GM, ne pourront pas être mises dans d’autres secteurs », estiment les ONG. Affaire à suivre…

L'alimentation des futures mères impacte les gènes de l'enfant (Par Jean-Charles BATENBAUM)

L'alimentation des futures mères impacte les gènes de l'enfant
Une nouvelle étude publiée dans le magazine Nature Communications, démontre que la santé de l'enfant commence avant sa conception, notamment par une alimentation saine de sa mère, et que l’alimentation des futures mamans influencerait fortement les gènes de l’enfant.

Une nouvelle étude publiée dans le magazine Nature Communications, démontre que la santé de l'enfant commence avant sa conception, notamment par une alimentation saine de sa mère, et que l’alimentation des futures mamans influencerait fortement les gènes de l’enfant.
L'étude souligne que l'alimentation d'une mère dans la période qui précède sa grossesse peut faire « taire » certains gènes, ce qui peut avoir un impact sur la santé de l'enfant tout au long de sa vie.

Pour arriver à ces conclusions, les chercheurs du London School of Hygiene & Tropical Medicine ont réalisé des prélèvements sanguins sur 167 femmes enceintes vivant dans une région rurale de la Gambie afin d'évaluer les concentrations de différents éléments nutritifs. Plusieurs mois plus tard, ils ont prélevé du sang et des follicules pileux de leurs nourrissons (âgés de 2 à 8 mois). Environ la moitié de celles-ci (84 femmes) ont conçu leur enfant en pleine saison des pluies, alors que c'était la saison sèche pour les 83 autres.
L'alimentation des futures mères impacte les gènes de l'enfant

Les résultats de l'expérience ont confirmé que l'alimentation des futures mères a exercé une influence sur l'expression des gènes chez leurs enfants, notamment à travers le processus de méthylation, qui agit pour "éteindre" durablement certains gènes jouant un rôle déterminant dans la différenciation des cellules et le développement embryonnaire, peut-on lire dans un communiqué de presse.
« Nos recherches portent à croire que le mécanisme de la méthylation peut être perturbé par des carences nutritives et que cela peut mener à des maladies. Notre but ultime est de définir une alimentation optimale pour les futures mères afin de les prévenir contre des anomalies dans le processus de méthylation. La prise de l'acide folique avant la conception aide déjà à lutter contre les malformations chez les embryons. Désormais, nos recherches soulignent le besoin d'un ensemble d'éléments nutritifs, qui pourraient venir de l'alimentation ou bien des suppléments », explique Andrew Prentice, coauteur de l'étude. Affaire à suivre…

Pollution atmosphérique : l’Inde a les villes les plus polluées (Par Sandra BESSON)

Pollution atmosphérique : l’Inde a les villes les plus polluées
L’Inde compte les villes les plus polluées au monde en termes de pollution atmosphérique d’après une étude menée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

Une initiative menée par l’Organisation Mondiale de la Santé pour mesurer la pollution dans les villes dans le monde a montré que New Delhi admettait avoir l’air le plus pollué, tandis que les mesures de Pékin, comme son ciel, étaient loin d’être claires.

L’étude de 1600 villes a montré que la pollution atmosphérique s’était aggravée depuis une étude de moindre grande échelle réalisée en 2011, notamment dans les pays pauvres, plaçant les urbains en situation de risque plus élevé de cancer, d’accident cardio-vasculaire et de maladie cardiaque.





La pollution atmosphérique a tué environ 7 millions de personnes en 2012, en faisant le risque de santé environnemental le plus important au niveau mondial, d’après ce qu’indique l’OMS.

La pollution atmosphérique a tué environ 7 millions de personnes en 2012


Treize des 20 villes les plus polluées se trouvent en Asie, avec New Delhi, Patna, Gwalior et Raipur au sommet du classement. La capitale indienne enregistre une moyenne annuelle de 153 microgrammes de particules fines, appelées PM2,5 par mètre cube.

Pékin, connue pour le smog qui a incité certains habitants anglophones à surnommer la ville « Greyjing », se classe à la 77ème place avec une lecture de 56 pour les PM2,5, soit un taux équivalent à un tiers du taux de pollution de New Delhi.

Les experts de l’OMS ont déclaré que les données de la Chine dataient de 2010, l’année la plus récente de données rendues disponibles par la Chine. Mais le gouvernement de Pékin a commencé à publier des données toutes les heures pour cette pollution en Janvier 2012. Un an après avoir commencé à publier les données, la qualité de l’air de Pékin a atteint « le pire de son histoire » d’après Greenpeace, avec une mesure de PM2,5 atteignant 900 à certaines occasions.

Le gouvernement de Pékin a déclaré le mois dernier que les concentrations de PM2,5 stagnaient à une moyenne quotidienne de 89,5 microgrammes par mètre cube en 2013, soit 156 % plus élevé que les standards nationaux. De telles mesures placeraient Pékin à la 17ème place du classement de l’OMS. L’OMS a déclaré qu’il n’y avait pas de niveau sain pour la pollution PM2,5.

A l’autre bout de l’échelle, 32 villes signalent une mesure de PM2,5 inférieure à 5. Les trois-quarts de ces villes sont canadiennes, y compris Vancouver, l’une d’elle se trouve en Islande, et les sept autres sont américaines.

Des experts de l’OMS insistent pour dire que l’étude n’avait pas l’intention de nommer les villes les plus pauvres pour les humilier, dans la mesure où les villes impliquées avaient volontairement donné des informations pour tenter de contribuer à leur dépollution.

Maria Neira, Directrice pour la Santé Publique, les Déterminants Environnementaux et Sociaux de la Santé de l’OMS, a déclaré que le but était de « défier » les villes. Elle pense que l’étude les aidera à devenir plus ouvertes quant à la qualité de leur air, qui est souvent pollué par la combustion du charbon, les industries polluantes et le trafic automobile.

Elle a rejeté toutes les suggestions selon lesquelles la Chine pourrait tricher et a déclaré que le pays faisait de plus en plus d’efforts pour réunir des données concernant la pollution atmosphérique fiables.

« Nous discutons beaucoup le fait que la Chine s’atèle au problème de la pollution atmosphérique. Notre directrice générale (Margaret Chan) était récemment là bas et elle a déclaré que la Chine était l’un des pays ayant l’un des problèmes de pollution atmosphérique les plus graves au niveau mondial. Nous continuerons les discussions sur ce sujet pour nous assurer que les mesures cohérentes soient en place pour réduire la pollution atmosphérique ».

Quel rôle ont joué les bactéries dans l’absorption du méthane après la marée noire du Golfe du Mexique ? (Par Sandra BESSON)

Le rôle des bactéries dans l’absorption du méthane généré par la marée noire du Golfe du Mexique en 2010 reste incertain.

Lorsque l’explosion de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon a envoyé 400 000 tonnes de méthane dans le Golfe du Mexique en Avril 2010, de nombreux scientifiques ont craint que ce gaz toxique ne s’attarde dans la région. Les chercheurs avaient donc été agréablement surpris de découvrir que des bactéries mangeant le méthane avaient consommé presque la totalité du gaz en août dernier.

Mais de nouvelles preuves suggèrent un scénario différent. Une recherche publiée dans le journal Nature Geoscience montre que bien que ces bactéries aient mangé une grande partie du gaz, elles ont considérablement ralenti leur rythme après quelques mois. En fait, les bactéries n’auraient consommé que la moitié du méthane, d’après l’auteur Samantha Hoye, une biogéochimiste microbienne et océanographe à l’Université de Georgia à Athens aux Etats-Unis.




L’équipe a analysé plus de 1000 échantillons d’eau prélevés sur plus de 105 000 km² pendant dix expéditions dans le golfe du Mexique entre Mars et Décembre 2010. 


 Les bactéries n’auraient consommé que la moitié du méthane


L’analyse avait montré qu’environ deux semaines après l’explosion, les taux d’oxydation du méthane – un indicateur de la quantité de méthane que les bactéries consommaient- ont commencé à augmenter, et ont continué à augmenter jusqu’à début Juin. Mais plus tard ce mois, la frénésie a ralenti, avec des taux divisés par deux.

« Nous avons une explosion et une descente » a déclaré Samantha Joye. Ce déclin a eu lieu malgré les quantités importantes de méthane restant.

L’équipe suggère que l’explosion pourrait avoir été provoquée par l’oxydation rapide d’un type de bactéries qui a proliféré après l’accident. La descente pourrait avoir été liée à une diminution de la population de bactéries mangeant le méthane, résultant par exemple de la consommation par d’autres organismes ou d’un besoin pour ces « super-oxydants » de concentrations très élevées de méthane.

Samantha Joye a déclaré que des recherches précédentes -suggérant que les bactéries mangeuses de méthane avaient oxydé tout le méthane- manquaient de données suffisantes. « Je ne pense pas que les chercheurs ont mal interprété leurs données » a-t-elle déclaré. « c’est juste qu’ils avaient un ensemble de données incomplet. Notre article souligne la nécessité absolue de faire ces mesures à long terme ».

Mais David Valentine, un géochimiste microbien de l’Université de Californie à Santa Barbara, et l’un des auteurs d’un autre travail, n’est pas convaincu. David Valentine pense encore que les bactéries ont consommé presque tout le méthane. Il pense que le méthane que l’équipe de Samantha Joye a trouvé faisait partie des 1% de méthane déversé qui s’est retrouvé dans les eaux peu profondes et non dans le nuage de fumée. « Des quantités élevées de méthane ont été signalées à des profondeurs peu importantes pendant le déversement actif des concentrations similaires à celles signalées dans ce travail » a-t-il indiqué.

Samantha Joye a réplique que tout le méthane de Deepwater Horizon trouvé à la surface suite à l’explosion n’aurait pas persisté pendant des mois ; il se serait échappé dans l’atmosphère.

John Kessler, un océanographe américain, et principal auteur d’une étude précédente, pense que la nouvelle étude ne capture pas la réalité dans son ensemble. Ilnote que le nuage de méthane était vaste et hétérogène. Les taux d’oxydation du méthane auraient atteint un pic à des moments différents selon les endroits. Les précédents résultats –selon lesquels l’oxydation avait lieu à des taux sans précédent et avait enlevé la plupart du méthane- sont basés d’après lui sur une vision plus intégrée de l’oxydation du méthane sur la totalité du volume du nuage.

Des pesticides soupçonnés d’une épidémie de maladies aux Etats-Unis (Par Sandra BESSON)

Des pesticides seraient responsables d’une épidémie de maladies dans une région agricole de l’Etat de Washington, où des vaporisations de ces produits chimiques auraient pu exposer par erreur des populations humaines.

Des pesticides pourraient être associés à une montée des cas de maladies impliquant des difficultés respiratoires et des éruptions cutanées dans l’Etat de Washington, d’après ce qu’ont indiqué des responsables de la santé lundi.

La porte-parole du département de la santé de l’Etat de Washington, Kelly Stowe, a déclaré que ces maladies pouvaient être associées à 15 incidents distincts de vaporisation de pesticides sur des orchidées cultivées. Près de 60 personnes sont tombées malades dans la région agricole depuis le mois de Mars, y compris des ouvriers agricoles, des voisins des champs d’orchidées et une équipe d’ouvriers travaillant près des cultures.



Au moins huit personnes ont demandé un traitement médical d’urgence pour des symptômes incluant des nausées, des vomissements, et des maux de tête, d’après ce qu’a indiqué Kelly Stowe.

Nous sommes inquiets de cette montée des expositions potentielles


La majorité des pesticides utilisés pour les orchidées cultivées sont strictement réglementés par les agences environnementales et agricoles fédérales et d’Etat, qui interdisent les applications causant une exposition aux hommes, directement ou indirectement, lorsque les pesticides touchent aussi des cibles non visées, d’après ce qu’a indiqué Kathy Lofy, du Département de Santé de l’Etat de Washington.

« Nous sommes inquiets de cette montée des expositions potentielles et la protection des gens contre les expositions non nécessaires à ces produits chimiques est une responsabilité qui doit être prise très au sérieux » a déclaré Kathy Lofy.

L’Etat donne environ 24 000 licences pour l’application de pesticides, et tous les licenciés doivent se former pour appliquer des produits chimiques de manière sécurisée, a indiqué Joel Kangiser, gestionnaire de programme pour les pesticides du département agricole de Washington.

Il a déclaré que la plupart des incidents faisant l’objet d’une enquête impliquaient des applications à vaporisation d’air, pour lesquelles un ventilateur rapide est utilisé pour conduire l’air à travers une solution de pesticides, créant une brumisation.

La Norvège parie sur le réchauffement climatique pour exploiter le pétrole et le gaz de l'Arctique (Par Sandra BESSON)

La Norvège parie sur le réchauffement climatique pour exploiter l'Arctique
La Norvège mise sur le réchauffement climatique pour exploiter le pétrole et le gaz de la région Arctique, qui se libère peu à peu de ses glaces et rend plus accessibles ses ressources.
La Norvège veut laisser les compagnies de pétrole et de gaz forer dans les mers Arctiques qui étaient gelées jusqu’à encore récemment, même si certains experts climatiques disent qu’il est trop tôt pour penser que le réchauffement climatique éloignera définitivement la glace de cette région.

La Russie montre également un intérêt nouveau pour l’Arctique, malgré les coûts élevés dans une région où les gouvernements luttent pour mettre en place des règles de sécurité après l’explosion de BP en 2010 dans le Golfe du Mexique, la pire marée noire au large de l’histoire des Etats-Unis.


De nombreuses compagnies, y compris ConocoPhillips et Idemitsu, applaudissent un plan conçu par la Norvège visant à ouvrir la Mer de Barents au sud-est – qui se trouve à environ 1800 km du Pôle Nord- à l’exploration alors que le changement climatique fait fondre l’Arctique.

 En dehors de la Russie, il y a plus de prudence à propos de l’Arctique

« Pour que la Norvège continue à être un fournisseur fiable sur le long terme de pétrole et de gaz, il est important d’explorer et d’exploiter » les ressources importantes de la mer de Barents, a déclaré le ministre norvégien du pétrole et de l’énergie Kåre Fostervold.

Les écologistes et certains scientifiques disent que le sud-est de Barents, la première nouvelle zone ouverte au large de la Norvège depuis 1994, est risqué même s’il est dépourvu de glace toute l’année depuis dix ans.

L’Institut Polaire Norvégien déconseille au gouvernement conservateur d’ouvrir certains blocs, disant que la mer de glace envahissait des parties de la zone en hiver dans les années 1980, et qu’elle pourrait revenir malgré le changement climatique.

« En accord avec les standards internationaux, nous avons choisi 30 ans » pour point de référence pour évaluer les tendances du réchauffement climatique, a déclaré Jan Gunnar Winther, directeur de l’Institut.

Les groupes de défense de l’environnement tels que Greenpeace et le WWF affirment qu’une marée noire près de la glace pourrait être presque impossible à nettoyer et pourrait gravement affecter les populations de poissons dans la zone.

La Norvège, septième exportateur mondial de pétrole, qui pompe environ 1,5 millions de barils de pétrole par jour, prendra une décision finale à la fin de l’année pour décider quels blocs elle ouvrira à l’exploration.

La dispute entre de nombreux pays européens et Moscou à propos de l’Ukraine pourrait rendre le gaz de la Norvège attractif comme une alternative aux approvisionnements russes. Cependant, Kåre Fostervold a déclaré qu’il faudrait attendre le milieu des années 2020 au plus tôt pour exploiter de gros gisements.

La Norvège estime que la Mer de Barents, une vaste zone où Statoil exploite déjà le gisement de gaz Snoehvit, contient 3,8 millions de barils de pétrole et 1,06 trillion de mètres cubes de gaz.

Dans le cadre des règles fixées par le parlement de la Norvège pour la limite nord de l’industrie pétrolière, le forage ne sera pas autorisé dans les zones située à moins de 50 kilomètres du bord de toute mer de glace.

La mer de glace Arctique a rétréci pour atteindre son niveau le plus bas de son histoire à l’été 2012, une tendance associée par un groupe d’experts climatiques de l’ONU aux émissions de gaz à effet de serre provenant de la combustion de carburants fossiles.

La mer de Barents, également maintenue au chaud par la queue du Gulf Stream, est exceptionnellement accessible pour une partie de l’Arctique. La glace d’hiver bloque les mers au large du Groenland et au nord de l’Alaska, du Canada et de la Russie, et décourage la plupart des pays.

« En dehors de la Russie, il y a plus de prudence à propos de l’Arctique » a déclaré Heather Conley, du Centre pour les Etudes Stratégiques et Internationales des Etats-Unis, ajoutant que les coûts élevés et le boom des gaz de schiste aux Etats-Unis avaient aussi diminué l’intérêt pour ces régions froides et éloignées.

Le Président russe Vladimir Poutine a déclaré le mois dernier que la Russie devrait augmenter sa présence en Arctique.

Les colonies d’abeilles continuent à décliner aux Etats-Unis (Par Sandra BESSON)

Les colonies d’abeilles, qui jouent un rôle essentiel dans la pollinisation des cultures, continuent à disparaitre à un rythme inquiétant aux Etats-Unis.

Les abeilles, essentielles pour la pollinisation de plusieurs cultures américaines, meurent toujours à un rythme inquiétant, bien que moins d’entre elles aient été perdues au cours de l’hiver dernier d’après un rapport du gouvernement américain publié jeudi.

Les pertes totales de colonies d’abeilles étaient de 23,2% au niveau national pour l’hiver 2013-2014, d’après le rapport annuel publié par le Département américain de l’Agriculture (USDA) et le « Bee Informed Partnership », un groupe de participants à l’industrie du miel.


Le taux de mortalité de l’hiver le plus récent, allant d’octobre 2013 à avril 2014, était légèrement meilleur que la perte de 30,5% signalée pour l’hiver 2012-2013, mais pire que les 21,9% enregistrés en 2011-2012. Des études précédentes avaient montré que les pertes totales pour la colonie avoisinaient les 296% au cours des huit dernières années.

Les preuves étant de plus en plus nombreuses, les fabricants de pesticides ne peuvent plus continuer à ignorer la crise 


Au cours des dernières années, les populations d’abeilles sont mortes à un taux que le gouvernement américain juge « économiquement insoutenable ». Les abeilles à miel pollinisent les plantes qui produisent environ un quart de la nourriture consommée par les américains, y compris des pommes, des amandes, des pastèques, et des haricots, d’après les rapports du gouvernement.

Les scientifiques, les groupes de consommateurs et les apiculteurs affirment que le taux dévastateur de mortalité chez les abeilles est causé au moins en partie par l’utilisation croissante de pesticides vendus par les compagnies agrochimiques pour stimuler les récoltes de produits de base tels que le maïs.

Ils font référence à une étude publiée le 9 Mai par l’Ecole d’Harvard de Santé Publique qui a découvert que deux néonicotinoïdes très utilisés – une classe d’insecticides- semblent affecter de manière significative les colonies d’abeilles pendant l’hiver, notamment pendant les hivers froids.

« Les preuves étant de plus en plus nombreuses, les fabricants de pesticides ne peuvent plus continuer à ignorer la crise » a déclaré Michele Simon, une avocate en santé publique spécialisée dans les problèmes de nourriture.

Monsanto Co, DuPont Syngenta AG, Bayer AG et d’autres compagnies agrochimiques disent que les abeilles sont tuées par d’autres facteurs, tels que les mites. Bayer et Syngenta remettent les pesticides en question, tandis que Monsanto et DuPont les utilisent comme protection pour les graines qu’ils vendent.

BeeLogics, une compagnie pour la santé des abeilles filiale de Monsanto, est l’un des collaborateurs dans le partenariat avec l’USDA qui a publié le rapport jeudi. Le rapport semble faire porter une grande partie de la responsabilité de la mort des abeilles sur les mites varroa, un parasite asiatique repéré pour la première fois aux Etats-Unis en 1987. « Les fluctuations annuelles des taux de pertes comme ceux-là ne font que démontrer à quel point la question de la santé des abeilles est devenue compliquée » a déclaré Jeff Pettis un chercheur du service de recherche agricole de l’USDA.

Jeff Pettis affirme que les virus, les parasites, les problèmes de nutrition et les pesticides sont tous des facteurs.

L’an dernier, l’Union Européenne a déclaré qu’elle interdirait les néonicotinoïdes utilisés pour le maïs et d’autres cultures, ainsi que pour les jardins des particuliers. Des contraintes similaires aux Etats-Unis pourraient coûter aux fabricants plusieurs millions de dollars.

Les résultats de l’étude sont basés sur des informations données par les apiculteurs américains. Près de 7200 apiculteurs gérant 564 522 colonies en Octobre 2013 ont répondu à l’enquête. Ces apiculteurs représentent 217% des 2,6 millions de colonies du pays.

En Janvier l’Agence pour la Protection de l’Environnement a déclaré qu’elle financerait plus de 450 000 dollars dans des projets de recherche pour réduire l’utilisation des pesticides qui pourraient affecter les abeilles.

climat rechauffement Climat - Réchauffement - Effet de serre - Températures Diminution des émissions de gaz à effet de serre des nations industrialisées en 2012 (Par Sandra BESSON)

Les émissions de gaz à effet de serre des nations industrialisées ont enregistré une baisse de 1,3% entre 2011 et 2012, notamment grâce à un fort déclin des émissions produites par les Etats-Unis.

Les émissions de gaz à effet de serre des nations industrialisées ont diminué de 1,3% en 2012, conduites notamment par un déclin des émissionsaux Etats-Unis, qui ont atteint leur niveau le plus bas en presque vingt ans du fait du passage du charbon au gaz naturel, d’après ce que montrent des statistiques officielles.

Les émissions de plus de 40 nations étaient 10% inférieures au niveau de 1990 en 2012, d’après les données de l’Organisation des Nations Unies (ONU), qui sont la principale jauge des efforts faits pour lutter contre le changement climatique.
Cependant, les émissions augmentant partout ailleurs, les experts estiment que le taux de déclin est encore trop lent pour limiter l’augmentation des températures moyennes mondiales à 2°C par rapport au niveau préindustriel, un plafond fixé par près de 200 nations pour éviter les sécheresses, les canicules et l’augmentation du niveau des mers.
Les émissions mondiales sont passées à 49 milliards de tonnes en 2010 contre 38 milliards en 1990



En 2012, « la success story est le déclin des émissions aux Etats-Unis » a déclaré Glen Peters, du Centre pour la Recherche Internationale sur le Climat et l’Environnement à Oslo. « L’Europe est un mélange entre une lente croissance du PIB compensée par un passage au charbon dans certains pays ».

Les émissions totales des nations industrialisées sont passées de 17,5 à 17,3 milliards de tonnes entre 2011 et 2012, contre 19,2 milliards en 1990, l’année de référence pour la convention de l’ONU sur le changement climatique.

Les émissions américaines ont diminué de 3,4% en 2012 pour passer à 6,5 milliards de tonnes, le niveau le plus bas depuis 1994, d’après ce qu’a indiqué l’Agence pour la Protection de l’Environnement (EPA) le 15 Avril. La chute était associée à des prix très faibles du gaz naturel, aidés par un boom des gaz de schiste et une transition du charbon au gaz naturel, un hiver doux et une meilleure efficience des transports.

Dans l’Union Européenne, les émissions ont diminué de 1,3% en 2012 pour passer à 4,5 milliards de tonnes et étaient 19,2% moins importantes que les taux de 1990, d’après les données de l’Agence Européenne pour l’Environnement.

Les émissions des transports routiers ont diminué dans certaines nations de l’Union Européenne telles que l’Italie, l’Espagne et la Grèce, affectées par le déclin économique. Les émissions ont à nouveau augmenté en Allemagne et en Grande-Bretagne, avec plus de charbon utilisé pour produire de l’électricité.

Parmi les autres nations majeures, les émissions ont diminué au Canada en 2012 mais ont augmenté en Russie, au Japon et en Australie.

Le déclin total des émissions dans les nations industrialisées n’est cependant pas suffisant pour compenser une augmentation des émissions mondiales, conduite par les économies émergentes telles que la Chine, l’Inde, le Brésil, et l’Afrique du sud, qui utilisent plus d’énergie alors que leur population devient de plus en plus riche.

Les émissions mondiales sont passées à 49 milliards de tonnes en 2010 contre 38 milliards en 1990, d’après le Groupe Intergouvernemental d’experts des Nations Unies sur l’Evolution du Climat (GIEC).

Les gouvernements se sont mis d’accord pour établir un nouveau pacte pour ralentir le changement climatique d’ici la fin de l’année 2015 pour succéder au Protocole de Kyoto, qui n’engage que certaines nations développées à réduire leurs émissions jusqu’à 2020.

Le GIEC affirme qu’il y a au moins 95% de chances pour que les activités humaines, et non les variations naturelles du climat, soient la cause principale du réchauffement enregistré depuis le milieu du 20ème siècle.

Corinne Le Quere, professeur de changement climatique à l’Université d’East Anglia en Angleterre, a déclaré que des mesures bien plus strictes étaient nécessaires pour atteindre l’objectif visant à limiter le réchauffement climatique à 2°C, avec des réductions mondiales d’environ 3% par an.

La Champagne se mobilise pour une viticulture plus écologique

Reims - L'interprofession du champagne a présenté lundi un nouveau document incitant à une viticulture plus écologique avec une certification spécifique, au plus haut niveau du label Haute Valeur Environnementale (HVE).
Le référentiel technique destiné aux 20.000 déclarants de récolte que compte le vignoble champenois comporte 125 mesures dont 90% sont à valider pour obtenir la certification «viticulture durable de Champagne».
Parmi les mesures incontournables figurent l'obligation pour les viticulteurs de limiter à 30% le poids des intrants (engrais, insecticides, désherbants, carburants...) dans leur chiffre d'affaires, de conserver et entretenir les talus, les haies et les fossés, ou encore de favoriser l'enherbement et freiner l'usage des herbicides.
«Nous voulons montrer aux amateurs de champagne que ce produit d'exception est hautement respectueux de son terroir en accompagnant les viticulteurs vers une démarche écologique qui va au-delà des recommandations actuellement en vigueur», a expliqué à l'AFP Thibaut Le Mailloux, le porte-parole du Comité interprofessionnel du vin de champagne (CIVC).
Selon lui, cette certification «viticulture durable» prend en compte des critères spécifiques à la Champagne comme la préservation des paysages, le recyclage des matériels, le traitement des effluents viti-vinicoles et le bilan carbone des exploitations.
«Un viticulteur certifié obtiendra simultanément le label HVE», a-t-il précisé.
«La Champagne était déjà à la pointe en 2001 avec le premier référentiel que nous avons actualisé avec l'ambition à terme d'obtenir une viticulture 100% écologique», a ajouté M. Le Mailloux.
«C'est dans notre vignoble que s'est le plus développé la technique de la confusion sexuelle (usage de phéromones pour perturber l'accouplement des insectes nuisibles ndlr) qui permet de lutter contre les ravageurs sans produit phytosanitaire», a-t-il rappelé.
Selon les chiffre du CIVC, depuis une dizaine d'années la Champagne a réduit de 15% l’empreinte carbone de chaque bouteille et divisé par deux l'usage des produits de protection de la vigne

Etats-Unis: les républicains ne croient pas à la lutte contre le réchauffement

Washington - Comme nombre de républicains qui pourraient se lancer dans la course à la Maison-Blanche, le sénateur Marco Rubio le dit sans détours : il ne croit pas que l'homme soit responsable du réchauffement climatique et doive par conséquent modifier son mode de vie.
La question du climat est éminemment partisane aux Etats-Unis, les démocrates étant perçus comme le parti des énergies renouvelables et les républicains celui des énergies fossiles. Selon une enquête Gallup réalisée en mars, 63% des sympathisants républicains se disent «seulement un peu inquiets» ou «pas du tout inquiets» du réchauffement climatique. A l'inverse, 56% des démocrates sont «très inquiets».
Dans le camp républicain, certains nient que la Terre se réchauffe, d'autres contestent l'impact des activités humaines dans les changements climatiques en cours, d'autres encore refusent de se prononcer sur les éléments mis au jour par la communauté scientifique.
Au-delà de ces différents positionnements, le consensus est assez général sur la politique anti-carbone à adopter: aucune. La plupart des conservateurs rejettent toute loi de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, affirmant que cette dernière briderait la croissance économique et refusant l'idée de s'en prendre aux industries pétrolières, gazières et du charbon.
«Je n'accepte pas la notion, avancée par certains, notamment par des scientifiques, que nous pourrions agir de manière à avoir un impact réel sur le climat», a déclaré ce week-end Marco Rubio, 42 ans, sénateur républicain de Floride, dans un entretien à la chaîne ABC.
«Je ne crois pas que l'activité humaine provoque ces changements climatiques spectaculaires, de la façon dont les scientifiques le décrivent», a-t-il poursuivi. «Et je ne pense pas que les lois qu'ils proposent que nous adoptions auraient un quelconque impact, à part le fait qu'elles détruiraient notre économie».
Marco Rubio a, dans la même interview, confirmé qu'il était prêt à succéder à Barack Obama, à l'élection de novembre 2016 --rejoignant le peloton de candidats officieux du côté républicain.
- «Mantra religieuse» -
«Vous allez me parler de 100 ans de données pour une Terre de 4,6 milliards d'années? Pour moi, les conclusions qu'on tire de cela ne peuvent pas être conclusives», affirmait de son côté fin avril le sénateur républicain Rand Paul, 51 ans, populaire chez les électeurs républicains, également en lice pour la Maison Blanche.
Un autre homme en haut des sondages, Jeb Bush, 61 ans, se fait plus discret sur la question depuis qu'il envisage sérieusement une candidature. Mais en 2011, il soulignait que «les scientifiques (n'étaient) pas unanimes sur la question de l'origine humaine».
«Il faut que nous soyons très prudents avant de modifier fondamentalement notre mode de vie», avertissait-il.
Et John Boehner, président de la Chambre des représentants non candidat à la Maison-Blanche, de résumer l'argument politique: «je suis frappé par le fait que toutes les propositions démocrates relatives au changement climatique détruiraient des emplois aux Etats-Unis», a-t-il déclaré récemment, après la publication d'un rapport de la Maison-Blanche.
Dans un sondage Pew d'octobre 2013, la moitié des républicains estimaient qu'il n'existait pas de «preuve solide» que la Terre se réchauffe (46%, contre 46% qui estime qu'il en existe). La proportion monte à 70% chez les sympathisants du Tea Party, la faction la plus courtisée lors des primaires.
Des personnalités jugées plus modérées font exception. L'un d'eux, le gouverneur du New Jersey Chris Christie, a réaffirmé en octobre dernier que selon lui «le changement climatique est réel, et l'activité humaine joue un rôle».
Mais il a soustrait en 2011 son Etat d'un système de marché régional de quotas d'émissions.
Pour Jon Huntsman, ancien gouverneur républicain de l'Utah et candidat à la primaire présidentielle de 2012, le parti républicain oscille entre «déni» et «extrémisme».
«Le dialogue à l'intérieur du parti sur le changement climatique est devenu si obtus qu'il a été réduit à la question de croire ou ne pas croire, comme s'il s'agissait d'une mantra religieuse», a-t-il critiqué dans une tribune dans le New York Times.
«Les républicains doivent revenir à nos racines de catalyseurs d'innovation et de solutions».

Le coût de la conversion énergétique, estimé à 44.000 milliards de dollars, ne cesse d'augmenter


Le coût de la conversion énergétique, estimé à 44.000 milliards de dollars, ne cesse d'augmenter

Séoul - L'Agence internationale de l'énergie (AIE) chiffre à 44.000 milliards de dollars les investissements nécessaires d'ici à 2050 pour limiter le réchauffement et développer les énergies «propres», un coût qui ne cesse d'augmenter à force d'atermoiements, selon sa directrice générale.
«Nous devons agir mais nous ne prenons pas le bon chemin pour le moment», a déploré Maria van der Hoeven à Séoul lors de la présentation du rapport bisannuel de l'AIE sur le sujet.
«L'utilisation croissante du charbon au niveau mondial masque les progrès dans le déploiement des énergies renouvelables (...). Il est temps de changer de cap», a-t-elle ajouté.
L'AIE, organisation qui représente les pays importateurs de pétrole, prône un développement accéléré des énergies renouvelables et d'autres technologies permettant de réduire les émissions de CO2 dans l'énergie.
L'agence part du postulat que les coûts engagés sont plus que compensés sur le long terme par les économies réalisées en combustibles fossiles comme le pétrole. Mais le coût de la transition ne cesse d'augmenter, prévient Mme Van der Hoeven.
L'AIE chiffre désormais à 44.000 milliards de dollars (32.000 milliards d'euros) les investissements cumulés nécessaires d'ici à 2050 pour limiter le réchauffement à long terme de la planète à 2 degrés Celsius. Ce coût était estimé à 36.000 milliards de dollars en 2012.
Mais les économies que cela pourrait dégager augmentent elles, aussi. Elles sont estimées à 115.000 milliards de dollars d'ici la même date, contre 100.000 milliards en 2012, selon ses calculs.
«Ces hausses reflètent partiellement ce que l'AIE dit depuis longtemps: plus on attend, plus la conversion de notre approvisionnement énergétique est cher», a souligné Maria van der Hoeven.

Madagascar: une pluie de pesticides pour lutter contre l'invasion de criquets


Amparihibe (Madagascar) - Une gigantesque nuée obscurcit le ciel bleu d'Amparihibe, village des Hauts Plateaux de Madagascar. Mais une pluie de pesticides va éliminer en moins de 24 heures les 6 milliards de criquets de cet essaim géant ravageur de récoltes, qui s'étend sur 800 hectares.
L'Agence des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) n'a pas encore gagné la guerre contre les criquets qui occupent les deux tiers du pays et menacent de malnutrition 13 millions de paysans, même si elle a déjà éliminé une centaine d'essaims ces dernières semaines.
«Le but, c'est de casser l'invasion pour revenir à une période de rémission, c'est-à-dire à un stade où les criquets sont solitaires, et ne se transforment pas en essaims», explique l'acridologue Tsitohaina Andriamaroahina, responsable de la mission.
Pour mener à bien l'offensive de la FAO, trois bases aériennes itinérantes suivent les essaims. Trois hélicoptères et un avion patrouillent tous les jours.
«Quand on vole pour faire la prospection, il y a plusieurs choses à regarder: la direction du vent, la fumée, la position du soleil. C'est en fonction de ça qu'on sait où se trouve l'essaim», explique Hasibelo Rakotovao.
Des colonnes de fumée sont visibles un peu partout dans cette région située à 200 kilomètres à l'ouest de la capitale Antananarivo. Ce sont les feux allumés par les paysans pour tenter de disperser les criquets.
Une fois les insectes repérés, une équipe technique se rapproche le lendemain, avant le lever du jour, avec un camion chargé de pesticides. L'hélicoptère arrive sur zone plus tard, car il a interdiction de voler la nuit. On fixe alors une cuve sous l'appareil.
Il faut faire vite, car l'épandage ne peut avoir lieu qu'à l'aube, lorsque les criquets sont au sol et immobiles, leurs ailes étant alourdies par la rosée du matin. Le pesticide --qui selon les promoteurs de l'opération n'est dangereux que pour les insectes-- agit alors directement sur leur système nerveux.
Mobilisant 90 personnes, l'opération conjointe de la FAO et du Centre national anti-acridien malgache a déjà déversé 500.000 litres de pesticides sur un million d'hectares.

- Sauver les cultures de riz -

Cette opération de grande envergure, la plus vaste depuis quinze ans, est la seule solution pour éradiquer le fléau. A cause de l'inaction du gouvernement, les essaims se sont multipliés de manière incontrôlable ces dernières années, jusqu'à atteindre le stade de l'invasion. Madagascar sort en effet tout juste de cinq années d'une grave crise politique provoquée par le renversement du président Marc Ravalomanana en 2009, qui a privé le pays de l'aide internationale.
«On s'entraide entre voisins mais on n'est pas assez nombreux. On a des criquets jusqu'aux genoux, on ne peut pas faire face. (...) On est obligés d'allumer des feux de brousse car on n'a pas d'autre moyen de chasser ces criquets», soupire Marie Louise Rasoamampionona, une cultivatrice de 50 ans.
Les paysans se plaignent déjà de manquer de riz.
«Les criquets font beaucoup souffrir les paysans, parce que le riz, c’est toute notre vie. Et si cela est détruit, on est perdus, qu'est ce que les paysans vont manger?
Si on mange seulement du manioc, cela ne nous donne pas assez de forces et on ne peut pas travailler, le riz est essentiel pour nous autres agriculteurs», explique Ranaivo, cultivateur à Amparihibe où tous les habitants sont paysans.
La FAO a encore besoin de 10 millions d'euros pour mener à son terme l'opération, estimée à 32 millions, d'ici 2016.Et malgré ses bons résultats, Madagascar n'est pas à l'abri d'une autre invasion acridienne. En cause, le manque de sensibilisation et la déforestation.
«Quand on pratique la déforestation, ça laisse de la savane et ça amène les criquets, les surfaces colonisables augmentent. La déforestation a de très lourdes conséquences», rappelle Tsitohaina Andriamaroahina, le responsable de la mission anti-criquets.
A Madagascar, environ 200.000 hectares de forêts disparaissent tous les ans. 90% de la forêt primaire a déjà disparu.

Comment le réchauffement va changer l'accès à l'eau sur la planète

Paris - Moins d'eau dans des régions déjà arides, davantage dans des zones arrosées, débit changeant de certains fleuves, pollutions de toutes sortes... Dans plusieurs régions du globe, le réchauffement du climat est en train de modifier notre accès à l'eau douce.
Ajoutant à la pression démographique, le réchauffement attendu au 21e siècle devrait rendre l'eau «significativement» moins disponible en surface et dans les sous-sols autour de la Méditerranée, dans la Péninsule arabique, en Asie centrale ou en Californie, soulignent les experts du climat du Giec dans leur dernier état des lieux, publié en mars.
Paradoxalement, au nord de l'Europe, on craint davantage d'inondations en raison de pluies plus intenses.
Trop ou pas assez, il va falloir anticiper ces changements alors que 800 millions de personnes dans le monde n'ont déjà pas accès à une source sûre et régulière d'eau.
D'autant qu'il ne va pas seulement être question de quantité. La variabilité et la qualité de la ressource, autres critères majeurs de l'accès à l'eau, devraient aussi changer dans un monde plus chaud, explique à l'AFP, Blanca Jimenez-Cisneros, directrice de la division des sciences de l'eau à l'Unesco.
La fonte accélérée des glaciers peut par exemple avoir des impacts sur le débit des fleuves mais aussi avoir un effet trompeur en fournissant plus d'eau à court terme aux populations mais moins à long terme, ajoute-t-elle.
En termes de qualité, une température plus élevée provoquera un développement plus important de plantes aquatiques, qui peuvent produire des toxines difficiles à éliminer par les traitements conventionnels de l'eau.
Et là où les pluies seront plus intenses, on s'attend aussi à voir davantage de polluants apportés vers les usines de traitement.
Autre effet moins connu du réchauffement climatique: la salinisation des nappes d'eau douce souterraines sur les littoraux et les îles en raison de la hausse du niveau de la mer. Ce qui impliquera, dans certaines régions, une désalinisation particulièrement coûteuse.
Une nouvelle donne en perspective alors que la demande en eau pourrait croître, à l'échelle mondiale, de 55% d'ici à 2050 pour cause de croissance démographique - environ 9,6 milliards de Terriens estimés en 2050 pour 7,2 milliards aujourd'hui - mais aussi de développement économique, rappelait en mars un rapport de l'ONU.

- 'Compétition' pour l'eau -

Une demande que le réchauffement devrait lui-même contribuer à doper: en toute logique, une usine de production d'énergie utilise par exemple plus d'eau pour refroidir ses installations si l'eau est plus chaude. De même, la consommation d'eau pour boire ou se doucher augmente aussi quand le mercure grimpe, rappelle Blanca Jimenez-Cisneros.
D'où cette nécessité: s'adapter.
D'abord en questionnant nos usages de l'eau, en promouvant les technologies peu consommatrices pour les chasses d'eau et les lave-linge. Mais aussi en réutilisant l'eau quand c'est possible et en optimisant certaines utilisations, l'irrigation par exemple.
Il faudra également, dans certains cas, bâtir des digues et des barrages et amender les codes de construction.
La notion de risque «ne doit pas être prise à la légère», insiste le climatologue Hervé Le Treut.
«Quand les sismologues disent qu'il y a un risque de tremblement de terre, les gens l'acceptent généralement et ne construisent pas de maisons. Quand on dit qu'il y a des risques de sécheresse ou d'inondations, ils ont tendance à moins en tenir compte parce que la météorologie et la climatologie sont souvent associées à la notion de prévision plutôt qu'à celle de risque», ajoute-t-il.
Or, la question de l'eau est particulièrement sensible, rappelle le Giec dans son rapport, s'attendant dans certaines régions à une «compétition» exacerbée entre utilisateurs : agriculteurs, industriels, habitants, énergéticiens.
Mais la compétition peut aussi exister entre pays, comme c'est déjà le cas par exemple entre l'Egypte et l'Ethiopie au sujet du Nil.
Parler de futures «guerres de l'eau» serait exagéré, estime Richard Connor, spécialiste de l'eau chez Unisféra, un cabinet de conseil pour les gouvernements et les ONG. Mais on peut éventuellement s'attendre, à l'avenir, à des conflits «dans lesquels l'eau est la cause première, bien que souvent cachée.»

Méduses: «Il va falloir s’habituer à vivre avec»


INTERVIEW - La spécialiste des méduses Jacqueline Goy nous explique pourquoi les méduses sont les nouveaux «seigneurs des mers»…

La menace est transparente, urticante et gélatineuse. Les mers et océans du globe pourraient bientôt être envahis par les méduses, ces animaux primitifs en passe de reprendre le pouvoir dans les eaux du globe. Jacqueline Goy, maître de conférences au Muséum national d’Histoire naturelle de Paris dans le laboratoire d’ichtyologie, tient ce mercredi à Paris une conférence durant laquelle elle expliquera, avec Robert Calcagno, le directeur de l’Institut océanographique de Monaco, pourquoi les méduses nous envahissent.

Pourquoi les méduses sont-elles considérées comme une menace pour les mers?

Elles sont en augmentation dans toutes les mers. En se basant sur des données collectées pendant deux siècles, on a observé que les cycles de douze ans que suivait leur densité étaient rompus. Elles se sont installées depuis 1999 en Méditerranée et ne sont pas reparties. Cela nous indique qu’il s’est passé quelque chose, non seulement en Méditerranée mais partout ailleurs. La quantité de méduses est un indicateur du fonctionnement de l’océan, harmonieux ou non.

Quelles sont les raisons de la recrudescence des méduses?

Nous avons plusieurs pistes. Il est évident que la surpêche a modifié l’équilibre des océans: en prélevant les gros poissons prédateurs, on laisse de la nourriture disponible pour les autres animaux et parmi eux les méduses, très opportunistes, qui se jettent dessus. Ensuite, l’acidification des océans, due à l’augmentation du CO2 dans l’atmosphère, a un effet sur tous les animaux qui ont carapaces: quand elles deviennent plus souples, ils deviennent plus digestes et les méduses peuvent alors manger des petits mollusques pélagiques qu’elles ne mangeaient pas avant et les assimiler complètement. Enfin, la hausse de la température des eaux favorise leur reproduction.

Comment enrayer la prolifération des méduses?

Il faudrait arrêter la surpêche et freiner la concentration de CO2 dans l’atmosphère, ce n’est pas simple! Il va falloir s’habituer à vivre avec.

Quels sont les impacts pour l’homme de la présence de méduses dans les mers?

C’est d’abord très gênant quand on va se baigner sur la plage. Elles bloquent aussi certaines arrivées d’eau de mer pour le refroidissement des centrales nucléaires et des usines de dessalement. Mais elles ont aussi des avantages: on a trouvé du collagène dans les méduses qui est le même que celui de l’épiderme et du cœur humain. On peut l’utiliser dans des crèmes antirides et en médecine pour faire des cultures de peau et de cellules. Les méduses ont également un gène de la bioluminescence qui pourrait être utilisé pour fabriquer les microscopes du futur: ces protéines peuvent être introduites dans des cellules cancéreuses pour en voir la progression, les divisions et multiplications. Ce serait un test biologique extraordinaire.

La fonte des glaciers d'Antarctique occidental a atteint un point de non-retour


Washington - La fonte des grands glaciers de l'Ouest de l’Antarctique, qui contiennent assez d'eau pour faire monter les océans d'au moins un mètre, s'accélère sous l'effet du réchauffement climatique et paraît irréversible, selon les conclusions de deux études séparées publiées lundi.
La première s'appuie sur de nombreuses données incorporant 40 années d'observations qui indiquent que le recul des plus grands glaciers de la mer d'Amundsen, dans l'Antarctique de l'ouest, «a atteint un point de non-retour», explique Eric Rignot, un glaciologue de l'université de Californie à Irvine et de la Nasa, principal auteur de cette recherche à paraître dans la revue Geophysical Research Letters.
La fonte des six plus grands glaciers de cette région, Pine Island, Thwaites, Haynes, Smith, Pope et Kohler, contribue déjà de façon importante à la montée des océans, lâchant presque autant de glace annuellement dans l'océan que toute la banquise du Groenland.
Ils contiennent suffisamment d'eau pour faire grimper le niveau des océans de 1,2 mètre et fondent plus vite que ne le prévoyaient la plupart des scientifiques. Cette fonte pourrait aussi déstabiliser d'autres plaques de glace de cette partie de l'Antarctique et entraîner potentiellement une montée de trois mètres et plus au total des océans au cours des prochains siècles, estime ce scientifique.
Selon lui, cette situation, nécessite de réviser à la hausse les projections du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) selon qui les océans pourraient s'élever de 90 centimètres d'ici la fin de ce siècle sans mesures pour réduire les émissions de gaz à effets de serre, affectant des dizaines de millions de personnes vivant dans des régions côtières.
«Ces glaciers seront un contributeur majeur à la montée des océans au cours des décennies et des siècles à venir», insiste-t-il.
L'accélération de l'écoulement de l'eau et le recul des glaciers sur le socle rocheux se renforcent mutuellement, expliquent ces chercheurs. En fondant, les glaciers s'allongent et leur épaisseur diminue, ce qui réduit leur masse et les séparent de plus en plus du socle rocheux et les fait glisser plus vite.
«L'effondrement des masses de glace de cette partie de l'Antarctique paraît ainsi être irréversible», conclut Eric Rignot.
«Le fait que ce recul des glaciers se produit simultanément sur une vaste zone laisse penser que ce phénomène a résulté d'une seule cause: un réchauffement de l'eau de l'océan dans laquelle flotte une partie de ces masses de glace», souligne-t-il.
- Disparition du glacier Thwaites -

La deuxième étude, parue dans la revue américaine Science, s'est concentrée sur le glacier Thwaites, le plus massif de l'Antarctique occidental, large de 120 kilomètres.
Les chercheurs ont établi des cartes topographiques détaillées et utilisé un modèle informatique sophistiqué montrant que la désintégration de ce glacier a déjà commencé.
Le glacier Thwaites va ainsi probablement disparaître d'ici quelques siècles, faisant monter le niveau des océans de près de 60 centimètres, prédisent les auteurs de ces travaux.
«Cette étude fournit une estimation des taux auxquels le glacier disparaît dans l'océan», précise Ian Joughin, un glaciologue de l'université de Washington, un des auteurs de cette recherche.
«Les simulations dans notre modèle informatique semblent indiquer une accélération dans le futur, sans aucun mécanisme de stabilisation en vue», explique-t-il.
Selon ce modèle, l'effondrement du glacier Thwaites pourrait intervenir au plus tôt dans 200 ans, et au plus tard dans plus d'un millénaire selon la rapidité du réchauffement de la planète.
Mais le scénario le plus probable se situe entre 200 et 500 ans, précise Ian Joughin.
«Toutes nos simulations montrent que la fonte du glacier fera monter le niveau de l'océan de moins d'un millimètre par an pendant 200 ans, avant de commencer à se désintégrer et à disparaître», ajoute-t-il.
A certains endroits, le glacier de Thwaites perd plusieurs mètres d'altitude par an alors qu'il avait connu une période de quasi-stabilité jusqu’en 2006, avant de se déplacer vers l'océan à une vitesse de 0,8 kilomètre par an, soit 33% plus rapidement que précédemment, selon une précédente recherche.
La topographie du glacier a été réalisée dans le cadre du programme «IceBridge» de la Nasa, qui vise, par des observations aériennes et satellites, à mesurer la hauteur de la glace et à déterminer la fonte en surface.