mercredi 30 septembre 2015

Les agriculteurs économisent un milliard... Grâce aux chauves-souris

Les petits mammifères sont les meilleurs amis des agriculteurs. En dévorant des larves herbivores, elles permettent d'accroître le rendement des productions, en limitant les dégâts.

En dévorant des parasites qui ravagent les cultures, les chauves-souris permettent à l'agriculture mondiale de réaliser une économie estimée à plus d'un milliard de dollars, selon une étude menée aux Etats-Unis et publiée lundi. Ces chercheurs ont recouvert de filets 400 m2 d'un champ de maïs dans l'Illinois (nord des Etats-Unis) en 2013 et 2014 pour empêcher les chauves-souris de venir la nuit se nourrir de vers de l'épi du maïs (helicoverpa zea), une larve particulièrement dévastatrice de cette culture.
Les scientifiques ont analysé les dégâts provoqués par ces vers, présents dans le monde entier, dont sont friands ces petits mammifères nocturnes volants, comme la chauve-souris du nord-est de l'Amérique (Lasiurus borealis).

Un rendement accru de 1,4%

Le maïs du champ étudié n'était pas génétiquement modifié pour produire son propre insecticide contre ces larves. Aux Etats-Unis, 84% du maïs cultivé est génétiquement modifié pour résister à ces parasites mais ce n'est pas le cas pour 68% du maïs cultivé dans le reste du monde. Les épis de maïs situés sous les filets -donc non accessibles aux chauves-souris- avaient subi 56% plus de dégâts causés par ces vers que le reste du champ, ont déterminé ces scientifiques, dont l'étude paraît dans les Comptes rendus de l'Académie américaine des Sciences (PNAS).
Au total, les chauves-souris ont permis d'accroître le rendement de 1,4% en moyenne ce qui, au cours actuel du maïs, génère environ 7,88 dollars supplémentaires par hectare et plus d'un milliard de dollars au niveau mondial, ont calculé les chercheurs. Un gain attribué aux seules chauves-souris car les filets étaient retirés pendant la journée pour permettre l'accès au champ étudié aux agriculteurs et aux oiseaux qui mangent aussi les insectes.
Selon l'étude, les épis de maïs sur lesquels les chauves-souris ont mangé ces larves avaient une moindre concentration de fumonisine, une toxine produite par certains champignons qui est dangereuse pour le bétail et réduit fortement la valeur des récoltes. Cette étude n'a en revanche pas estimé le bénéfice de l'action des chauves-souris sur d'autres cultures également touchées par ces parasites, comme le coton et le soja.

Le nombre de déchets spatiaux en orbite a atteint un seuil critique

Le scientifique qui avait prévu à la fin des années 1970 le danger que ferait peser les collisions de déchets spatiaux, estime que l'on a atteint aujourd'hui le "seuil critique".

L'un des éléments du scénario du film Gravity est de plus en plus plausible. "Nous avons atteint ce que nous appelons la 'densité critique', celle où il y a tant de grands objets dans l'espace qu'ils entrent en collision les uns avec les autres et créent, par effet domino, de nouveaux débris qu'on ne peut éliminer", avertit le scientifique Donald Kessler, ancien responsable du bureau des débris orbitaux de la Nasa.
Comme on le voit dans Gravity, plus que leur taille, c'est leur vitesse qui rend ces débris si dangereux. A 300km de la surface du globe, les objets peuvent se déplacer à plus de 28 000 km/h. Aujourd'hui, la Nasa dépense près de 7 million de dollars par an pour tenter d'éliminer ces fameux débris, selon le site MarketPlace.
Plus d'un million de déchets spatiaux tournent actuellement autour de la Terre, précise le site Business Insider qui révèle que Donald Kessler a renoncé à sa retraite pour reprendre du service face à ce danger. "Environ 23 000 de ces objets ont au moins la taille d'une grosse balle de baseball."

Une menace pour les satellites de communication

Donald Kessler est l'homme qui a théorisé, en 1978, le risque de "densité critique" et lui a donné son nom: on parle de "syndrome de Kessler. Le scientifique craint qu'au-delà d'un certain seuil, l'augmentation des débris freinera l'exploration spatiale et mettra en danger les satellites artificiels sur certaines orbites.
Ce qui posera un sérieux problème dans les orbites entre 900 et 1000 km au dessus de la terre, où circulent la plupart des satellites de communications, ceux qui pilotent nos GPS et nos télévisions" a expliqué Donald Kessler. "Sans ces engins dans l'espace, beaucoup de choses que les gens prennent pour acquis seraient menacées de disparition."

Sans commentaire - hélas !

La Commission Européenne refuse que des experts indépendants aient accès au rapport établi par l'Institut Fédéral Allemand pour l'évaluation des risques à propos du glyphosate.. par contre Monsanto et autres fabricants de glyphosate auraient eu accès au projet avancé du rapport en janvier 2015.....

Le premier bilan international indépendant de l'herbicide Roundup montre qu'il produit des effets toxiques en-dessous des taux réglementaires

Mardi 22 Septembre 2015
/user/image/communiquePicture_393181.pngL’équipe du Pr. Séralini publie le premier bilan scientifique indépendant des effets toxiques du Roundup, le pesticide le plus utilisé au monde, et du glyphosate déclaré comme son principe actif, alors que la toxicité du Roundup est réévaluée cette année par l’agence européenne de sécurité des aliments (EFSA) et son autorisation de mise sur le marché éventuellement prolongée jusqu’à 2030. Et si l’agence internationale de recherche contre le cancer classe le glyphosate « cancérogène probable », l’agence réglementaire en charge de son évaluation européenne recommande au contraire une augmentation des doses journalières admissibles. Ce bilan, travail important et indépendant des producteurs de pesticides traitant de la question, montre que des dizaines d’études contenant des preuves d’effets toxiques du Roundup et du glyphosate  en dessous des limites réglementaires ont été négligées pour des raisons non scientifiques.

Le Pr. Séralini et ses collègues ont ainsi passé au crible la totalité des études de toxicité du Roundup pour réévaluer de façon indépendante la pertinence des seuils de toxicité établis par les autorités réglementaires. Ils révèlent l’existence d’une vingtaine d’études académiques montrant des effets toxiques à des doses auxquelles les agences réglementaires déclarent une absence d’effets. Des effets toxiques négligés sont même retrouvés dans les expériences réalisées par les industriels eux-mêmes.

Cette nouvelle recherche est publiée dans la revue Food and Chemical Toxicology. Cela signe ainsi la reconnaissance par l’édition scientifique du Prof. Séralini et de son équipe comme les spécialistes mondiaux des effets du Roundup et des OGM qui y sont associés. Ceci est d’autant plus remarquable qu’il s’agit de la revue qui avait retiré en 2012 la publication de l’étude de toxicité à long terme d’un OGM et du Roundup sur des rats de laboratoire effectuée par la même équipe. Cette étude avait subi des attaques féroces de l’industrie des biotechnologies et des agences de règlementation car elle remettait profondément en cause l’innocuité de l’herbicide le plus vendu au monde et des OGM associés, et avait été retirée après le recrutement d’un collaborateur de Monsanto au bureau éditorial de la revue. Depuis, la composition de son bureau éditorial a été remaniée. Par ailleurs, il est rappelé que l’article retiré a été republié dans une autre revue scientifique, Environmental Science Europe, et fait donc à nouveau part du corpus des publications scientifiques auxquelles on peut se référer.

Les résultats de ce bilan montrent que le Roundup est toxique à des doses bien en-dessous des doses règlementaires. Il est incompréhensible que l’agence de sécurité sanitaire allemande (BfR), en charge de l’évaluation européenne du glyphosate, le principe actif déclaré du Roundup, recommande une augmentation de la dose journalière admissible, ouvrant la porte à des expositions aux résidus de Roundup de plus en plus fortes. C’est d’autant plus grave que l’équipe du Pr. Séralini a montré que le Roundup était bien plus toxique que le seul glyphosate, et que les formulations commerciales du Roundup n’ont jamais été testées sur les animaux avec analyses sanguines, sous les considérations fallacieuses que les adjuvants n’étaient pas toxiques. Le CRIIGEN recommande la suspension immédiate des autorisations de mise sur le marché des herbicides à base de glyphosate comme le Roundup. Les données sur leur toxicité sont aujourd’hui suffisantes pour le réclamer.


Citation : Mesnage R, Defarge N, Spiroux de Vendômois J, Séralini GE. Potential toxic effects of glyphosate and its commercial formulations below regulatory limits. Food Chem Toxicol. 2015 Aug 14. doi: 10.1016/j.fct.2015.08.012

Contact : Pr. Gilles-Eric Séralini - criigen@criigen.info

Colloque international "OGM & Pesticides" à la Faculté des Sciences d'Orsay les 12 & 13 nov. 2015

Le colloque "Evaluation et réglementation des OGM et Pesticides" réalisé en partenariat entre l'Université Paris-Sud, Générations Futures et le CRIIGEN est ouvert à tout public (avec un système de traduction Français/Anglais). Il est organisé dans le cadre du projet de recherche participative (PICRI) sur le thème de l'équivalence en substance (principe sur lequel s'appuie l'évaluation des OGM agricoles dans le Monde) et financé par la Région Ile de France. Il se tiendra les 12 et 13 novembre 2015 à la Faculté des Sciences d'Orsay.


Inscriptions  - Elles sont ouvertes et nous vous informons que le nombre de places est limité !

JEUDI 12 NOVEMBRE APRES-MIDI - 13H-18H30

13h : Accueil
13h30-14h : Introduction  
  • Christian Vélot, coordinateur scientifique du projet et du colloque
  • Etienne Augé, vice-président de l’UPSud en charge de la recherche et de la valorisation
  • Marc Lipinski, Conseiller régional Ile-de-France, ex Vice-Président du Conseil régional  en charge de l’enseignement supérieur et de la recherche 
  • François Veillerette, coordinateur sociétal du projet
  • Joël Spiroux de Vendomois, Président du Criigen 

14h-16h : Session scientifique 1 — Equivalence en substance 
Animateur: Dr. Robin Mesnage, King’s College, Londres, Royaume-Uni,  

  • 14h00-14h30 – Dr. Christian Vélot, UPSud, Orsay, France 
Données expérimentales des effets du Roundup sur un champignon du sol : en quoi remettent-elles en question le principe d’équivalence en substance ?
  • 14h30-15h00 - Dr. Thomas Bohn, GenØk,  TromsØ, Norvège  
Contamination par le glyphosate de soja GM destiné à l’alimentation humaine et animale
  • 15h00-15h30 - Pr. Rubens Nodari, Université de Santa Catarina, Florianopolis, Brésil
OGM : les risques biologiques et les analyses comparatives de protéomique vont à l’encontre de l’équivalence en substance

15h30-16h00 : Questions — Echanges avec le public

16h-16h15 : Pause-café  

16h15-18h15 : Table Ronde 1 — Recherche participative 
Animatrice : Nadine Lauverjat, Générations Futures, France

François Veillerette (Générations Futures, France); Dr. Isabelle Goldringer (Directeure de recherche Inra, Fondation Science Citoyennes, France); Pr. Louise Vandelac (Institut des sciences de l'environnement et département de sociologie, UQAM, Canada) ; Dr. Marc Lipinski (Directeur de recherche CNRS, Conseiller régional Ile-de-France)

 VENDREDI 13 NOVEMBRE MATIN – 8H00- 12H45

8h00 : Accueil

8h30-10h30 : Session scientifique 2 — Evaluation toxicologique des OGM et pesticides 
Animateur : Dr. Christian Vélot, UPSud, Orsay, France  

  • 8h30-9h00 - Pr. Gilles-Eric Séralini, Université de Caen -Basse Normandie, Caen, France
Vingt années de pesticides dans les OGM  
  • 9h00-9h30 – Dr. Robin Mesnage, King’s college, Londres, Royaume-Uni,
Effets toxiques des herbicides à base de glyphosate à des doses admissibles  
  •  9h30-10h00 – Dr. Jean-Baptiste Fini, Museum National d’Histoire Naturelle, Paris, France
L’embryon de Xénope comme modèle pour tester l’effet perturbateur thyroidien potentiel des pesticides  

10:00-10:30 - Questions — Echanges avec le public  

10h30-10h45 :  Pause-café 


10h45-12h45 : Table Ronde 2 — Règlementation des OGM et pesticides : évolution des normes / évaluation 
Animateur : Hervé Kempf (journaliste)
Corinne Lepage (ex ministre et députée européenne, France); Dr. Christoph Then (TestBiotech, Allemagne); Arnaud Apoteker (ex Greenpeace et conseiller OGM auprès du Groupe Vert du Parlement européen, France); Hans Muillerman (Pesticide Action Network Europe, Pays-Bas); Dominique Gombert (Directeur de l’évaluation des risques ANSES, France)

12h45-14h00 : Déjeuner (sur place)

VENDREDI 13 NOVEMBRE APRES-MIDI – 14H00-18H15

14h-16h : Session scientifique 3 —  Impact des pesticides et OGM sur les microbes et le sol
 Animateur: Dr. Nicolas Defarge, Université de Caen-Basse Normandie, Caen, France


  • 14h00-14h30 : Pr. J.-M. Panoff, Université de Caen-Basse Normandie, Caen, France  
Alimentation, micro-organismes et pesticides
  • 14h30-15h00 : Dr Johann Zaller, Université des Ressources naturelles et des Sciences de la Vie, Vienne, Autriche
Effets des herbicides à base de glyphosate sur la biologie du sol
  • 15h00-15h30 : Dr Andreas Szekacs, Institut de Recherche Agro-environnementale, Budapest, Hongrie
Les effets de la toxine Bt sur le sol

15h30-16h00 :  Questions — Echanges avec le public   

16h-16h15 : Pause-café 


16h15-18h15 : Table Ronde 3 : Quelles alimentation et agriculture demain ? Animateur : Hervé Kempf
François Dufour (Vice-Président de la Région Basse-Normandie en charge de l’agriculture, France) ; Dr. Joël Spiroux de Vendomois (médecin, spécialiste des questions de santé environnementale, France) ; Pr. Marc Dufumier (Agronome, AgroParisTech, France) ; Maria Pelletier (PDG du Moulin Marion, France

Une tortue fluorescente découverte en Océanie

Partis filmer des poissons, un biologiste américain et son équipe ont découvert la toute première espèce de reptile qui absorbe et réémet la lumière.

C’est l’histoire du biologiste américain David Gruber, parti en expédition sous-marine au mois de juillet dans les îles Salomon, en Océanie. Armés de caméras et de projecteurs de lumière bleue, son équipe et lui-même cherchaient à filmer des espèces de coraux et de poissons fluorescents. Une propriété encore mal connue mais partagée par de nombreuses espèces marines… La preuve : alors qu’ils espéraient voir passer des roussettes sous leur objectif, c’est sur une tortue fluo qu’ils sont tombés.
La découverte fera date, explique un article publié hier dans National Geographic, car c’est le tout premier reptile fluorescent que l’on découvre. Heureusement que les plongeurs sont remontés avec une vidéo pour prouver leurs dires…
L’espèce en question est une tortue imbriquée, vivant dans les mers tropicales et se nourrissant d’éponges, aujourd’hui menacée d’extinction en raison de la pêche, de la pollution, du ramassage de ses œufs et de la pêche aux écailles – qu’elle a particulièrement belles. Mais qu’elle brille sous l’eau, c’est une surprise. «J’étudie ces tortues depuis longtemps et je crois que personne n’a encore vu ça», témoigne Alexander Gaos, directeur de l’initiative pour la protection des tortues à écailles du Pacifique-Est.
Les espèces végétales ou animales biofluorescentes ont la capacité d’absorber la lumière et de la réémettre, parfois (surtout dans l’eau) dans une longueur d’onde et donc une couleur différente. Rien à voir avec les espèces bioluminescentes comme les lucioles ou le plancton, qui produisent leur propre lumière. On ne connaissait que très peu d’animaux fluorescents il y a quelques années encore. Mais une étude publiée début 2014 a porté à 180 le nombre de poissons ayant cette capacité : requins, raies, anguilles, et même hippocampes et crevettes…
La couleur naturelle d'une tortue imbriquée : brun orangé.
La couleur naturelle d’une tortue imbriquée : brun orangé. Photo Philippe Bourjon, CC BY SA
Notre tortue, elle, semble briller jaune sur la vidéo rapportée par David Gruber, car la caméra était équipée d’un filtre jaune pour filmer les organismes fluorescents dans cette couleur. Mais une fois revenu à Terre, le biologiste a mené son enquête sur quelques tortues captives de la région pour tester d’autres couleurs. Il s’avère qu’elles présentaient toutes la capacité de réémettre une lumière rouge. Gruber soupçonne que cela puisse venir des algues accrochées à la carapace. Le jaune-vert, en revanche, «provient sans aucun doute de la tortue elle-même».
Tout un champ de recherche s’ouvre à l’équipe de Gruber : les molécules fluorescentes de la tortue sont-elles fabriquées par l’animal ou absorbées via sa nourriture ? La tortue exploite-t-elle cette capacité pour attirer ses proies ou communiquer avec ses congénères ? Et surtout, va-t-on trouver d’autres espèces de tortues fluorescentes ?

Actualité Sciences & Nature Environnement ONU : un repas conçu à partir de déchets servi aux chefs d'état

Pour dénoncer le gâchis alimentaire, deux chefs américains ont imaginé un repas entièrement composé d'ingrédients qui auraient sans cela été jetés. 

 

Les dirigeants du monde, habitués aux meilleurs restaurants, ont eu une délicieuse surprise dimanche aux Nations unies : un repas entièrement conçu à partir de déchets alimentaires. Deux chefs leur avaient concocté un déjeuner entièrement fait de nourriture qui autrement serait partie à la poubelle, une façon de souligner le gâchis incroyable de l'alimentation moderne et son rôle dans le changement climatique. Le menu du déjeuner, au siège de l'ONU à New York, était composé d'un hamburger végétarien fait à partir de la pulpe de fruits pressés, qui est habituellement jetée. Le hamburger était accompagné de frites, créées avec le maïs riche en amidon qui sert généralement à nourrir les animaux.
« C'est le repas typique américain, mais complètement bouleversé. Au lieu du boeuf, nous allons manger le maïs qui nourrit le boeuf », a expliqué Dan Barber, un chef new-yorkais qui possède le restaurant Blue Hill. « Le défi est de créer quelque chose de vraiment délicieux, à partir de ce que nous aurions autrement jeté », a-t-il ajouté. Dan Barber avait conçu le menu avec Sam Kass, ancien chef de la Maison-Blanche, à la tête de la campagne anti-obésité « Bougeons » de la première dame Michelle Obama. Sam Kass avait réfléchi à ce concept d'un menu fait de déchets dans la perspective de la grande conférence sur le climat prévue à Paris à la fin de l'année. « Tout le monde, de façon unanime, décrit ces négociations comme les plus importantes de notre vie », dit-il. Mais les déchets alimentaires « n'étaient pas discutés à ce stade, à part dans de petits cercles restreints », ajoute-t-il.

Des pertes annuelles équivalentes à 3,3 milliards de tonnes carbone

Des dizaines de dirigeants mondiaux ont participé à ce déjeuner, coprésidé par les présidents français François Hollande et péruvien Ollanta Humala, dans le cadre du sommet sur le développement organisé sur trois jours à l'ONU, avant les discussions à Paris. L'ONU invite rarement des chefs extérieurs, mais avait dérogé à cette habitude pour Sam Kass et Dan Barber, en dépit des mesures de sécurité renforcées pour l'Assemblée générale. Selon des chiffres de l'ONU, 28 % des terres agricoles dans le monde servent à produire de la nourriture qui est jetée ou gâchée. Les pertes chaque année sont équivalentes à 3,3 milliards de tonnes carbone, ce qui, si les déchets alimentaires étaient un pays, en feraient le plus gros émetteur après la Chine et les États-Unis. « C'est juste impensable, l'inefficacité de notre système, quand vous pensez à quelque chose de cette magnitude », ajoute Sam Kass.
Plus tôt cette année, Dan Barber a ouvert un restaurant éphémère, à New York, basé sur des déchets alimentaires. « L'idée d'un repas à base de déchets n'aurait pas pu exister au XVIIIe siècle », estime-t-il. « La conception d'une assiette de nourriture dans le monde occidental génère beaucoup de gaspillage parce que nous avons les moyens de ce gaspillage », ajoute-t-il. Ce gaspillage est encore plus important aux États-Unis, qui a de grandes ressources agricoles. Dan Barber espère que des événements comme ce déjeuner pour les chefs d'État feront graduellement évoluer la culture alimentaire. « Le but à long terme serait de ne plus [pouvoir faire] un repas à partir de déchets », juge le chef. « Vous n'y arrivez pas en faisant la leçon, vous le faites par hédonisme, en préparant à ces dirigeants un repas délicieux, qui les fera réfléchir et passer le mot », conclut-il.

 

L'OCDE stigmatise les subventions aux énergies fossile

Le soutien public à la production et à la consommation de combustibles fossiles est encore considérable dans les pays de l'OCDE et les grandes économies émergentes, puisqu'il représente 160 à 200 Mds$/an, même si des signes annoncent un déclin.


En Indonésie, les subventions à la consommation des énergies fossiles et de l'électricité représentaient 20% des dépenses publiques en 2011, somme équivalente à celle des dépenses allouées à l'éducation, et supérieure aux investissements accordés au secteur de la santé et aux infrastructures réunis. Dans son budget 2015, le gouvernement indonésien a annoncé éliminer les subventions à l'essence, afin de libérer les investissements dans les infrastructures. Le pays gagne ainsi 14 milliards de dollars entre 2014 et 2015. En Inde, le gouvernement central s'est engagé dans la réduction des subventions au diesel en 2012, et a cessé son soutien au gazole en septembre 2014. Les économies réalisées entre 2012 et 2014 se chiffrent ainsi à 10 milliards de dollars (Mds$), soit l'équivalent de 10% des recettes annuelles de l'Etat. Le Mexique a supprimé son système d'aides variables aux carburants, économisant 16 Mds$ entre 2012 et 2014. Au total, ces trois pays ont économisé 40 milliards de dollars. Aux Etats-Unis, l'administration fédérale a proposé à plusieurs reprises de supprimer les allègements fiscaux aux compagnies pétrolières, ce qui ajouterait chaque année quatre milliards de dollars aux caisses de l'Etat.
L'Inventaire 2015 des mesures de soutien pour les combustibles fossiles de l'OCDE présenté à Paris le 21 septembre, recense près de 800 programmes de dépenses et allégements fiscaux mis en œuvre dans les 34 pays de l'OCDE et six grandes économies émergentes du G20 (Brésil, Chine, Inde, Indonésie, Russie et Afrique du Sud) qui incitent à produire ou à consommer des combustibles fossiles. L'ensemble de ces pays représente 80% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES). Il s'agit notamment de mesures qui réduisent les prix pour les consommateurs ainsi que les coûts d'exploration et d'exploitation pour les compagnies pétrolières et gazières. Cet inventaire se veut un outil au service de la transparence.
Un consensus émergent
Selon une étude citée par cet inventaire, une réponse multilatérale et coordonnée visant à supprimer les subventions sur les énergies fossiles dans les pays émergents et en développement aurait pour effet de réduire de 3% les émissions globales de GES d'ici à 2020 par rapport à un scénario business as usual. Reste que ces réformes ne doivent pas léser les plus pauvres. Si ce ne sont pas les plus gros consommateurs d'essence, ils sont exposés au renchérissement des coûts des carburants, dès lors que ceux-ci ne sont plus défiscalisés. En Indonésie, ce sont principalement les classes les plus aisées qui profitaient de ces allègements, mais les populations plus modestes voyaient leur pouvoir d'achat diminuer. D'où l'importance d'assortir la réforme d'un volet redistributif, souligne le rapport, en compensation financière directement allouée aux plus modestes, et sous la forme de construction d'infrastructures de première nécessité.
Depuis 2009, un consensus a commencé à se faire jour sur la nécessité d'éliminer les subventions aux énergies fossiles. Les enceintes du G20 et du Forum pour la coopération des économies de l'Asie et du Pacifique (APEC) ont mis le sujet sur la table, mais lors d'une conférence de presse, le 21 septembre, le secrétaire général de l'OCDE a estimé que la situation restait largement "schizophrène" : d'un côté, les citoyens veulent éviter le changement climatique, de l'autre, les gouvernements continuent de subventionner les énergies fossiles. "L'heure est venue, pour les pays, de démontrer qu'ils prennent au sérieux la lutte contre le changement climatique, et la réforme des mesures dommageables de soutien aux combustibles fossiles est un bon départ", a déclaré Angel Gurría. "Les États dépensent, pour soutenir les combustibles fossiles, quasiment le double du montant nécessaire pour atteindre les objectifs de financement de la lutte contre le changement climatique définis par la communauté internationale, qui appelle à mobiliser 100 milliards USD par an d'ici à 2020. Nous devons changer le cours des choses. Ce nouvel Inventaire de l'OCDE propose une feuille de route pour transformer des politiques qui sont héritées d'une époque révolue où l'on considérait la pollution comme une conséquence tolérable de la croissance économique."
Saisir l'opportunité de la baisse du prix du baril
Les deux tiers environ des mesures recensées dans l'inventaire de l'OCDE ont été adoptées avant l'an 2000, dans un contexte économique et environnemental très différent. "Or les priorités d'action changent et obligent les gouvernements à réévaluer la pertinence et l'efficacité de politiques qui perpétuent notre dépendance à l'égard des combustibles fossiles avec l'argent du contribuable", estime l'Organisation, qui rassemble les 34 pays les plus industrialisés de la planète.
L'inventaire met en évidence la persistance d'un soutien global considérable en faveur des combustibles fossiles, en dépit des légers progrès réalisés depuis trois ans, et confirme que des efforts de réforme soutenus doivent être déployés. "La baisse des cours du pétrole offre une occasion unique pour les gouvernements de cesser progressivement de soutenir la production et la consommation de combustibles fossiles. Dans les pays qui l'ont saisie, les décideurs publics doivent conforter les acquis de la réforme et résister à la pression de réintroduire du soutien si les prix des combustibles fossiles augmentent à l'avenir", a martelé Angel Gurria.
Le mouvement Divest-Invest prend de l'ampleur
La Fondation Nicolas Hulot a salué ce nouveau rapport de l'OCDE : "Si le niveau des subventions aux combustibles fossiles reste très élevé (500 Mds$/an au niveau mondial), la tendance semble à la baisse. Cette diminution, bienvenue, est surtout due à trois pays émergents : le Mexique, l'Inde, l'Indonésie". La FNH appelle la France et les autres pays de l'OCDE à prendre exemple sur ces trois pays et à accélérer la réduction des subventions aux énergies fossiles. "En France, le projet de loi de finances 2016 doit acter la montée en puissance jusqu'en 2020 de la contribution climat énergie, dont le rapport OCDE montre l'impact positif ; et réduire progressivement certaines subventions néfastes : kérosène détaxé, avantage fiscal du gazole pour les particuliers et les transporteurs routiers, etc.".
Le rapport de l'OCDE arrive dans un contexte où le mouvement de désinvestissement prend de l'ampleur. À ce jour, 436 institutions et 2.040 personnes physiques dans 43 pays qui représentent 2.600 milliards de dollars (2.300 milliards d'euros) d'actifs sous gestion ont pris la décision de désinvestir des compagnies dans le secteur des énergies fossiles, annonce le mouvement Divest-Invest le 22 septembre lors d'une conférence de presse à New York. "Le mouvement de désinvestissement a connu une croissance exponentielle depuis Climate Week en septembre 2014. Arabella Advisors avait annoncé à l'époque que 181 institutions et 656 personnes physiques représentant 50 milliards de dollars (44 milliards d'euros) d'actifs s'étaient engagées à désinvestir des énergies fossiles. Le but des militants en faveur du désinvestissement était alors de tripler ce chiffre avant la COP21 en décembre 2015. Trois mois avant cette date, nous constatons déjà une multiplication par cinquante des actifs sous gestion avec un mandat à désinvestir", estiment les porte-parole de Divest-Invest.
En 2014, ce mouvement était dominé par des fondations, des universités, des communautés religieuses, des ONG et des organisations philanthropiques. Aujourd'hui, grandes caisses de retraite et secteur privé constituent 95% des actifs sous gestion en cours de désinvestissement des énergies fossiles. Corrélativement, les flux de capitaux orientés vers les solutions climatiques sont à la hausse.

Projet de loi santé : les sénateurs réintroduisent la notion d'exposome

Les sénateurs ont débuté l'examen en séance publique du projet de loi de modernisation du système de santé. A noter parmi les modifications apportées : le retour de la notion d'exposome dans le texte.

Le projet de loi de modernisation du système de santé a retrouvé un peu de sa couleur lors de l'examen en séance publique au Sénat, lundi 14 septembre : le concept d'exposome a finalement été réintroduit dans le texte. Cette notion vise la mesure des expositions environnementales cumulées de la période in utero jusqu'à la fin de vie.
Parmi les autres petites avancées, les sénateurs ont impliqué les élus locaux dans la protection des habitants contre l'amiante : les organismes réalisant les repérages et les opérations de contrôle communiquent au maire de la commune les informations nécessaires à l'observation de l'état du parc immobilier. "Le chantier du désamiantage, gigantesque et très complexe, concerne tous les ministères, tous les secteurs, des écoles aux bureaux, souligne Dominique Watrin, sénateur communiste républicain et citoyen (CRC) du Pas-de-Calais, co-auteur d'un rapport sur la question en juillet 2014. Il est urgent que le Gouvernement définisse une stratégie coordonnée".
Amiante : une feuille de route interministérielle d'ici la fin de l'année
Des amendements identiques écologistes et CRC demandaient que l'Agence nationale chargée de la sécurité sanitaire (Anses) élabore une méthodologie pour estimer le coût du désamiantage par secteur et qu'elle évalue l'organisation des services administratifs dans la mise en œuvre d'une stratégie nationale ainsi que la réglementation liée à l'amiante. Ils n'ont pas été adoptés.
"Nous devons donner un élan nouveau à cette politique, a toutefois reconnu Marisol Touraine, ministre de la santé. Désigner un chef de file n'est pas du niveau de la loi. Ce ne peut en tout cas être l'Anses. A la fin de l'année, le Gouvernement présentera une feuille de route interministérielle, en s'appuyant sur les recommandations du comité de suivi du Sénat". Petite avancée dans la diffusion de l'information : la direction générale de la santé devra s'assurer que la liste des rapports annuels d'activité des diagnostiqueurs amiante transmis par les représentants de l'État dans les départements ainsi que les résultats de leur analyse, sont mis à disposition du public sur un site internet en accès libre.
Les sénateurs dans un nouvel article ont imposé que des travaux contre l'insalubrité soient réalisés avant toute nouvelle occupation d'un logement. "Ce point devait être clarifié pour mettre fin aux pratiques de certains propriétaires indélicats qui poussent leurs locataires dehors pour s'éviter des travaux, relouent ou vendent à des tiers sans que les autorités en soient informées", a détaillé Marisol Touraine.
Une étude de la présence des nano dans les médicaments
Les sénateurs ont également introduit la remise d'un rapport par l'Anses sur l'identification des perturbateurs endocriniens ainsi que sur la mesure de leurs effets cumulatifs.
Un amendement du Gouvernement est venu compléter l'interdiction du bisphénol A dans les jouets et les amusettes à travers la fixation par un arrêté du ministère de la santé d'une limite de concentration (ou limite de migration). "Depuis le vote de cet article à l'Assemblée nationale, il est apparu que l'absence de limite de concentration et de migration du produit rendrait difficile son application", a expliqué Marisol Touraine.
Les sénateurs n'ont pas souhaité rétablir le rapport sur l'application des règlements européens en matière d'étiquetage sur la présence de nanomatériaux. En revanche ils ont acté la remise d'une étude sur les nanomatériaux dans les médicaments et les dispositifs médicaux.
 
La santé en cohérence avec la recherche et la prévention des risques Un amendement adopté du groupe écologiste reprécise que l'analyse des risques environnementaux et leur réduction, en lien avec les objectifs définis dans la stratégie nationale de santé, s'inscrivent dans le plan national de prévention des risques liés à l'environnement. "Nous voulons garantir la place de la santé environnementale au coeur de la stratégie nationale de santé, avant la définition du quatrième PNSE, a expliqué Aline Archimbaud. Les outils contribuant à la santé environnementale doivent être partie prenante de la stratégie de santé".

Un nouvel article du projet de loi demande enfin au ministre de la recherche de veiller à la cohérence de la stratégie nationale de la recherche avec la stratégie nationale de santé notamment pour ce qui concerne les risques pour la santé liés à des facteurs environnementaux.
 
Concernant la qualité de l'air, un amendement du groupe écologiste étend à l'ensemble des causes de la pollution atmosphérique, qu'elle soit domestique ou non, la possibilité pour le Gouvernement de fixer par décret des dispositions pour assurer la protection de la santé publique. La demande d'un rapport analysant la méthode de mise en place d'une expertise technique indépendante relative à la mesure des émissions de polluants par les voitures a été en revanche rejetée. "Les normes et méthodes de mesure de la pollution de l'air due à l'automobile peuvent aussi bien concourir à révéler la pollution qu'à la dissimuler, a dénoncé Aline Archimbaud, sénatrice du groupe écologiste. Les cycles de conduite qui servent de référence aux tests d'émissions polluantes ne sont, par exemple, pas représentatifs des conditions réelles de circulation, les particules fines reformées quelques mètres derrière le véhicule ne sont pas prises en compte par les tests, et la discrimination entre les différentes tailles de particules fines est sujette à caution. Or, la seule expertise technique aujourd'hui disponible est celle du lobby industriel". Le développement de l'expérimentation des zones blanches rejeté
Le projet de loi n'intègre toujours pas les questions liées aux ondes électromagnétiques : un amendement écologiste qui souhaitait développer les expérimentations de zones à rayonnement électromagnétique limité, les zones blanches, a finalement été retiré. " Scientifiquement, le lien entre l'exposition aux ondes et les symptômes associés à l'électro-hypersensibilité n'a pas été établi, a pointé Marisol Touraine. Toutefois, nous avons le devoir d'entendre ceux qui nous parlent des troubles qui les affectent. L'Anses nous aidera à progresser, un rapport sera rendu au Parlement début 2016".
Un amendement du Gouvernement a également supprimé la création d'une mission de protection de l'environnement de l'Anses : elle devait évaluer l'impact des produits réglementés sur les milieux, la faune et la flore. Elle aurait également pu jouer un rôle dans la délivrance, la modification et le retrait des autorisations préalables à la mise sur le marché et à l'expérimentation pour les produits biocides. La raison de ce retrait ? "Un problème de cohérence juridique entre différents textes de loi", selon la ministre de la santé.
Concernant les pesticides, la question de l'interdiction des néonicotinoïdes a été soulevée. "Ces substances sont en cours de réévaluation au niveau européen. La question, pour la France, est de savoir si cette réévaluation se fait dans des conditions satisfaisantes, en pesant les bénéfices et les risques, a rappelé Marisol Touraine. Avec la ministre de l'écologie et le ministre de l'agriculture, j'ai saisi le 24 juin dernier le directeur général de l'Anses. Dans notre courrier, très détaillé, nous lui demandions un suivi des travaux de la Commission européenne dont les conclusions doivent être rendues avant la fin de l'année".
Les sénateurs reprendront l'examen du projet de loi de modernisation du système de santé à partir du lundi 28 septembre.

Déchets plastique : 160 nouvelles collectivités retenues pour l'extension du tri

Cent-soixante collectivités ont finalement été sélectionnées par Eco-Emballages dans le cadre de son appel à candidatures pour prolonger l'expérimentation de l'extension du tri des emballages plastique. Quarante départements sont concernés.


Implantées dans des territoires ruraux ou urbains, de diverses tailles, 160 collectivités figurent finalement dans la sélection d'Eco-Emballages suite au lancement de son appel à candidatures concernant l'extension du tri à tous les emballages plastique.
Aujourd'hui, le taux de recyclage des plastiques ne dépasse pas les 23%, pour un million de tonnes d'emballages ménagers en plastique. L'éco-organisme espère doubler ce taux à l'horizon 2030.  Il doit également répondre à l'objectif d'un élargissement des consignes à l'ensemble du territoire en 2022, prévu par la loi de transition énergétique.
Une première expérimentation a été lancée en 2012 : près de 80 collectivités ont testé le recyclage de l'ensemble des plastiques. Après ce retour d'expérience, Eco-Emballages a planifié un déploiement de l'extension en plusieurs étapes, avec une première phase jusqu'en 2016, puis une seconde ouverture progressive de 2017 à 2022.
Au total, 243 collectivités, pour 58 bassins de collecte, ont candidaté pour cet appel à candidatures pour le tri de tous les plastiques d'ici 2016. Les 160 retenues se répartissent dans 40 départements.
Population qui pourra trier tous les emballages en plastique d'ici fin 2016 © Eco-Emballages
 

Près d'1/4 de la population triera l'ensemble des plastiques fin 2016
La population correspondante s'élèvera au final à 11,6 millions de Français. Ces derniers s'ajouteront aux 3,7 millions déjà impliqués dans le cadre de l'expérimentation initiale, ce qui portera à 15,3 millions le nombre d'habitants qui pourront trier tous leurs emballages plastique fin 2016, soit près de 25% de la population. "Sur une année pleine, cette nouvelle phase d'extension devrait permettre de recycler environ 20.000 tonnes par an d'emballages ménagers en plastique en plus", projette Eco-Emballages.
Cette montée en puissance implique que les 37 bassins de tri retenus s'adaptent aux nouveaux flux de déchets dans un délai court : avant mi-2016. La phase d'expérimentation avait montré que seuls 15% des centres de tri pouvaient aujourd'hui trier - à un coût raisonnable - tous les emballages en plastique. "Les régions concernées ont avancé dans la rationalisation du réseau de centres de tri, un des pré-requis définis dans le cadre de l'expérimentation pour mettre en oeuvre progressivement les nouvelles consignes d'ici 2022", assure Eco-Emballages.
 
Une opération de relance de la collecte des emballages ménagers Eco-Emballages a également sélectionné 110 collectivités (soit 2/3 des collectivités candidates) dans le cadre de son appel à candidatures en novembre dernier, pour améliorer la collecte dans les zones à moindre performance. Les 239 projets portés concernent majoritairement le développement de la collecte en apport volontaire et la sensibilisation des habitants. L'objectif visé au final ? Six kilogrammes d'emballages ménagers recyclés en plus par an et par habitant. Ce plan est financé à hauteur de 40 millions d'euros par Eco-Emballages et sa filiale Adelphe.
 

Ces centres de tri devront répondre à différentes problématiques : améliorer leurs équipements et leur organisation pour trier les films, automatiser le tri des différentes résines et adapter les conditions de travail des opérateurs. "La carte du niveau technologique des centres de tri ressemble aujourd'hui à une carte des aides de l'Ademe", avait, quant à lui, plaisanté Jean-François Blot, ingénieur au service prévention et gestion des déchets de l'Ademe, lors d'un colloque sur les produits hors d'usage, en octobre 2012. Eco-Emballages prévoit donc d'accompagner ces centres de tri à travers une enveloppe de 45 millions d'euros sur deux ans et financer l'extension du tri des emballages à hauteur de 800 euros par tonne de plastique triée.

Du chardon dans nos sacs plastiques !

En Sardaigne, plusieurs centaines d'hectares de chardons sont mis au service de la chimie verte. La bioraffinerie Matrica-Novamont a en effet mis au point un procédé qui lui permet de s'affranchir encore plus des compléments fossiles dans la fabrication des bioplastiques. Explication en images.


C'est sur les côtes de la Sardaigne, à Porto Torres que Novamont a ouvert en 2011 la bioraffinerie Matrica où l'on fabrique un bioplastique de nouvelle génération grâce à la culture du chardon. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, cette plante n'a rien d'une mauvaise herbe. Sa graine a en effet la capacité de produire une huile d'où est extrait l'acide azelaïque, une substance permettant de remplacer des compléments d'origine pétrolière dans la conception des bioplastiques à base d'amidon fabriqués par l'entreprise. Grâce à une structure chimique simple et une combinaison adaptée, ce composé d'origine végétale favorise la biodégradation du plastique.
En partenariat avec des agriculteurs, 500 hectares de chardons sont cultivés au service de la chimie verte mais aussi pour l'alimentation énergétique de l'usine grâce aux tiges de ces plantes. Novamont souhaite aller jusqu'à 4.000 hectares pour augmenter sa production et être autonome en énergie grâce à la biomasse. Si l'on pourrait croire à une concurrence avec les cultures alimentaires, l'entreprise, elle, affirme développer cette production sur des terres abandonnées en raison de leur manque de rentabilité.
Les bioplastiques comme alternative aux emballages classiques ?
Alors que les déchets plastique mettent des centaines d'années à se dégrader dans l'environnement, et que la France s'apprête à interdire les sacs plastique à usage unique, certains bioplastiques d'origine végétale permettent eux de fabriquer des sacs ou des emballages biodégradables et compostables. A Milan, où l'on pratique la collecte des biodéchets, ils sont utilisés comme sacs poubelles pour les déchets organiques.
Mais pour le moment, ces produits représentent moins d'1% du marché du plastique traditionnel en raison de leur coût, deux à trois fois plus cher que leur équivalent d'origine fossile.

La Ville de Paris entend valoriser le réseau d'eau non potable dans la capitale

C'est une singularité parisienne : la capitale a hérité d'un double réseau, potable et non potable, ce qui permet d'optimiser les usages et de réserver l'eau de Seine au rafraichissement des rues en cas de canicule.

Paris a la particularité de disposer, depuis le XIXème siècle et depuis la construction des égouts par Eugène Belgrand, d'un double réseau garantissant la fourniture d'eaux de qualité différente : l'eau potable, destinée à la consommation humaine et l'eau non potable, eau brute prélevée en Seine et dans le Canal de l'Ourq, utilisée principalement pour le lavage et l'arrosage du domaine public. Pour autant, la réduction tendancielle des besoins en eau non potable depuis ces vingt dernières années, ainsi que la vétusté relative des installations qui sont dédiées à sa distribution, ont conduit la Ville de Paris à s'interroger sur l'évolution de ce double réseau et à organiser une Conférence de consensus à ce sujet en décembre 2009.
Certaines pratiques d'entretien dans la ville peuvent se satisfaire d'une eau de qualité moindre, non alimentaire : arrosage des parcs et jardins et des cimetières, remplissage des rivières et des lacs artificiels, nettoyage des rues par quelque 17.000 bouches de lavage, activités industrielles… L'eau utilisée à ces fins n'a pas besoin de passer par les filières de potabilisation, plus complexes. Or il existe à Paris un deuxième réseau complet d'eau non potable, en plus du réseau d'eau potable, avec ses trois usines de pompage (Auteuil, Austerlitz, La Villette), ses huit réservoirs et ses 1.700 kilomètres de canalisations en galeries souterraines.
Un réseau à multiples usages réhabilité par la Ville
L'avantage du réseau d'eau non potable tient aussi à sa simplicité. Beaucoup moins onéreuse en termes de coût de traitement, l'eau non potable est filtrée simplement par dégrillage afin de bloquer les gros déchets flottants, puis tamisée pour filtrer les déchets plus fins : c'est une eau économique. C'est aussi une eau écologique qui demande peu d'énergie pour circuler dans le réseau du fait qu'elle bénéficie d'un système gravitaire. Enfin, son développement permet d'économiser l'eau potable. Ce réseau est utilisé principalement par les services techniques municipaux, mais il a vocation à s'étendre aux usages des opérateurs privés, afin de ménager la ressource en eau : nettoyage des terrasses de café, des voitures, des parkings. Les communes limitrophes de Paris sont également concernées par cette extension des usages.
Inspirée du modèle danois de démocratie participative, une conférence de consensus a aidé la Ville à définir sa position et sa stratégie quant aux évolutions possibles en matière de consommation d'eau non potable et d'usages de son réseau. A l'issue de cette conférence, le jury, composé de quatorze personnes, a recommandé de maintenir la pluralité des ressources, des usages et des réseaux. Par une délibération du 19 mars 2012, le Conseil de Paris, prenant acte des résultats de ce débat, a décidé de maintenir et d'optimiser le réseau d'eau non potable. Ainsi, Eau de Paris a engagé  un  programme  d'investissements  de plus de 10 millions d'euros pour remettre en exploitation ce réseau d'eau non potable et en préparer la mutation pour d'autres usages.
Ce travail sur les nouveaux usages de l'eau non potable s'est amorcé avec l'Atelier parisien d'urbanisme (Apur), et ces usages potentiels se sont avérés nombreux : la remise en service des réservoirs de chasse en fait partie, pour des raisons sanitaires évidentes dans les égouts. Les réservoirs de chasse sont des réservoirs situés à intervalle régulier dans les galeries des égouts. Ils se remplissent et se vident automatiquement, plusieurs fois par jour, libérant ainsi une "chasse" qui nettoie les égouts en aval. Ce dispositif est le seul à même de garantir un état sanitaire satisfaisant des égouts, sans lequel les boues, les gaz et nuisibles se développent.
L'eau non potable, nouveau vecteur d'énergie
Dans la perspective de la COP 21 et dans le contexte du Plan Climat de Paris, trois sites pilotes - l'Hôtel de Ville, un centre médical rue Boudreau et un immeuble d'habitations et de bureaux avenue Victor Hugo - testent le raccord du réseau d'eau non potable afin de développer des systèmes de climatisation et de chauffage innovants. L'eau non potable est prélevée dans le réseau. L'énergie issue de la fraîcheur naturelle de l'eau non potable est transmise à un fluide colporteur par un échangeur thermique à plaques. La pompe à chaleur produit de l'eau chaude et de l'eau glacée si elle est réversible. Le circuit d'eau glacée climatise le bâtiment. L'eau non potable est restituée au réseau.
L'eau non potable pourra également être utilisée pour rafraîchir les rues et les îlots de chaleur lors des épisodes de canicules par système de jet directionnel sur les trottoirs, afin de permettre à la ville de perdre quelques degrés, comme des expérimentations en cours le montrent dans la capitale. Le Conseil de Paris du 29 septembre devrait entériner le Schéma directeur de l'eau non potable, aboutissement des délibérations prises il y a trois ans. Doté de 60 millions d'euros d'investissements, ce schéma fixe, pour la période 2015-2020, le cadre stratégique des actions de collaboration entre la Ville de Paris et l'entreprise publique Eau de Paris en charge de la gestion de ce réseau essentiel à l'adaptation de la Ville au changement climatique. "Il intervient à un moment crucial car jamais l'urgence de repenser la ville et l'adapter face au défi du changement climatique n'a été aussi grande", estime Célia Blauel, maire adjointe chargée de l'environnement, du développement durable,
de l'eau, de la politique des canaux et du plan climat énergie territorial.

“ Une décision de la COP n'a pas la même valeur juridique qu'un traité ”

La question de la nature juridique de l'accord qui pourrait sortir de la Conférence de Paris sur le climat est au cœur des interrogations. Marion Lemoine, chargée de recherche au CNRS, décrypte les enjeux pour Actu-Environnement.

 Actu-Environnement.com : Quelle forme juridique pourrait prendre un accord issu de la Conférence de Paris ?
Marion Lemoine : A deux mois de la COP 21 à Paris, de nombreuses interrogations subsistent concernant la forme juridique de l'accord qui doit être conclu. Les Parties semblent prêtes aujourd'hui à s'engager sur un ensemble de textes constituant un accord de Paris au sens large, constitué d'un accord "socle" auquel viendraient s'ajouter des décisions adoptées par la Conférence des Parties (COP). L'enjeu des négociations actuelles est de répartir les thèmes entre ces deux supports juridiques : l'objectif de 2°C se trouverait dans l'accord socle tandis que les contributions nationales (INDC) seraient consignées dans les décisions de la COP ou dans une annexe à l'accord socle. Plusieurs sujets majeurs oscillent entre les deux supports selon les positions divergentes des Parties : le financement, l'adaptation, la révision périodique des INDC.
AE : La phase de ratification d'un traité international est-elle indispensable ?
ML : Il existe deux types d'accords. D'une part, le traité international classique, quelle que soit sa dénomination (accord, protocole, amendement à la convention par exemple), qui nécessite une signature et une ratification. Le traité est alors signé au niveau des chefs d'Etat. D'autre part, les accords en forme simplifiée, signés au niveau gouvernemental, pour lesquels la seule étape de la signature suffit. Ces derniers peuvent intéresser des pays comme les Etats-Unis qui cherchent à éviter de soumettre un accord sur le climat à leur Parlement mais ils sont rarement utilisés car moins légitimes. Quant aux premiers, ils présentent le risque de rester inapplicables faute d'atteindre le seuil de ratifications nécessaire ou de ne pas être suivis d'effet si ce seuil est fixé à un niveau trop bas.
AE : Quelles sont les conséquences juridiques d'un traité international ?
ML : Les Etats parties sont tenus de respecter le contenu du traité. Ils doivent en assurer le suivi en adaptant leur comportement et peuvent être soumis à un contrôle du respect de leurs engagements. Le traité peut enfin prévoir des sanctions pour les Etats contrevenants. A ce titre, le Protocole de Kyoto a favorisé des mécanismes d'accompagnement et de facilitation avant d'envisager des sanctions.
Une décision de la COP n'emporte pas les mêmes conséquences juridiques qu'un traité : elle n'est pas obligatoire et ne sera pas contrôlée. En revanche, elle peut avoir un pouvoir d'incitation ou de recommandation très efficace en pratique auprès des acteurs.
AE : Un Etat peut-il se retirer sans dommage d'une convention internationale, comme le Canada l'a fait avec le Protocole de Kyoto ?
ML : Cela dépend des clauses du traité. Le Protocole de Kyoto en prévoyait la possibilité. Le Canada s'était engagé au titre du Protocole à réduire ses émissions de GES de 6% en 2012 par rapport au niveau de 1990, mais ses émissions ont au contraire fortement augmenté. Il risquait de payer une amende à ce titre. C'est pourquoi il a décidé de dénoncer le traité en décembre 2011. Son retrait a été effectif un an plus tard, comme le prévoyait le Protocole, juste avant la fin de la période d'engagement. Finalement, il n'a pas été sanctionné.
AE : La réussite de la COP 21 passe-t-elle forcément par la signature d'un traité international ?
ML : L'approche des négociations internationales avec une opposition pays développés/pays en développement en vigueur dans le Protocole de Kyoto n'est plus valable aujourd'hui. Elle a laissé la place à une approche unilatérale "bottom up" avec une mise en commun des contributions nationales à l'effort climatique déterminé par chaque Etat. L'enjeu de la conférence est d'aboutir à un support juridique suffisamment fort pour répondre à l'objectif des 2°C mais suffisamment souple pour que le maximum d'Etats accepte de s'y engager. Ce grand écart entre l'ambition environnementale, l'inclusion de tous les Etats à l'échelle planétaire et la transparence du processus décisionnel est difficile à opérer. Il est envisageable que soit signé un accord obligatoire contenant seulement les grands principes et l'objectif de 2°C.
AE : L'accord peut-il prendre d'autres formes ?
ML : Oui, d'autant que plusieurs Etats, comme ceux formant le groupe de l'Ombrelle (Note : Etats-Unis, Canada, Australie, Nouvelle-Zelande, Norvège, Russie et Japon) sont opposés à l'adoption d'un traité international qui contiendrait les contributions nationales. L'accord pourrait donc également prendre la forme d'une série de décisions de la COP. Il pourrait aussi donner lieu à un document de simple information du secrétariat de la Convention cadre des Nations unies pour le climat (Ccnucc), comme dans le cas des promesses de réduction des émissions faites par les Etats à la suite de la conférence de Copenhague.
AE : Des clauses de révision peuvent-elles être prévues dans l'accord ?
ML : C'est le grand défi. Afin d'augmenter graduellement le niveau d'ambition de l'accord de Paris, les engagements des Etats devraient être adaptables au fur et à mesure de l'évolution des connaissances scientifiques, en particulier des rapports du groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), et de leur engagement politique et économique sur le sujet. Les contributions nationales pourraient être révisées périodiquement selon un nombre déterminé de périodes pluriannuelles ou par cycle de cinq ans de façon plus pérenne. Le format de cette flexibilité temporelle de l'accord n'a pas encore été arrêté.
AE : Comment le respect de l'accord peut-il être contrôlé ?
ML : L'autorité de contrôle peut être mise en place par le traité international lui-même. Le contrôle est une question épineuse : s'agira-t-il d'un mécanisme de contrôle à l'échelle internationale ou d'un système moins contraignant de vérification et rapports établis au niveau national (MRV) ? De nombreux Etats souhaitent limiter l'étendue de ce contrôle et refusent tout mécanisme de sanction. Il passera donc plutôt par un système de reporting auprès du secrétariat de la Ccnucc. La Cour internationale de Justice peut aussi trancher les différends entre Etats, mais il s'agit d'une juridiction non spécialisée, dont les jugements ne sont obligatoires que pour les Etats qui y ont consenti. A ce jour, la CIJ n'a jamais été saisie d'un différend basé sur les traités internationaux sur le climat.
AE : Comment s'articulent les accords bilatéraux, tels que celui signé par la Chine et les Etats-Unis, avec les accords multilatéraux ?
ML : Il n'y a pas d'articulation obligatoire au niveau international. En revanche, chaque Etat signataire doit s'assurer au niveau national qu'il n'existe pas de contradiction entre les différents traités qu'il signe.
AE : Peut-on faire appel à d'autres mécanismes que les relations interétatiques ?
ML : Le processus de négociations n'est plus seulement interétatique. Il existe des initiatives parallèles, dans le cadre du G8, du G20, de l'OMC, lors de sommets du FMI, ou des ententes politiques, des partenariats public/privé qui concourent à la prise de conscience collective. On se dirige vers une approche polycentrique plutôt qu'impulsée par le seul cadre Onusien. La diversité des participants à la Conférence de Paris illustre cette diversification, avec l'implication des entreprises et des acteurs territoriaux infra-étatiques dans le processus de négociation par exemple.

Domaine maritime: Comment la France a (à peu près) étendu ses frontières

OCEANS Le domaine maritime français, le deuxième plus grand du monde, s’est officiellement étendu lundi de 500.000 kilomètres carrés… 


C’est arrivé très discrètement : les frontières de la France se sont étendues lundi de 500.000 kilomètres carrés. Non, nos armées n’ont pas envahi un malheureux voisin : en fait, c’est sous l’eau que ça se passe, comme 20 Minutes va vous l’expliquer avec l’aide de l’océanographe Benoît Loubrieu, l’un des responsables auprès de l’Ifremer du programme français d’extension du plateau continental (Extraplac).

Qu’est-ce que c’est qu’un plateau continental ?

Quand on parle frontières maritimes, on pense généralement aux Zones économiques exclusives (ZEE), qui disent quel pays a le droit de naviguer et de pêcher à tel ou tel endroit. Le plateau continental, lui, n’a rien à voir avec ces considérations diplomatico-économiques. Il « n’inclut que le sol et le sous-sol marin, définit Benoît Loubrieu. Il est délimité en respectant des critères de continuité du relief sous-marin et de géologie. »

Comment un pays peut décider de l’étendre ?

A la base, chaque pays ayant une façade maritime a une ZEE s’étendant à 200 milles marins au-delà de ses côtes. La France, grâce à l’outre-mer, a le 2e plus grand domaine maritime, derrière les Etats-Unis. Les ZEE sont bloquées à cette frontière de 200 milles, mais « la Convention internationale du droit de la mer prévoit pour les pays signataires la possibilité de solliciter une extension du plateau continental au-delà des 200 milles marins », explique l’océanographe de l’Ifremer. Si un Etat peut prouver scientifiquement la prolongation naturelle de ses terres émergées, une commission d’experts rattachée à l’ONU émet un avis favorable à sa demande : il y aura alors dans l’ordre les terres émergées, puis 200 milles marins de ZEE, puis le plateau continental étendu jusqu’à 350 milles marins. C’est ce qui s’est passé pour la France lundi.

A quoi ça sert ?

On l’a vu, un plateau continental, ce n’est que du sol et du sous-sol. Pas question d’en profiter pour pêcher plus loin ou surveiller de plus grandes zones. Alors, quel intérêt ? « C’est une extension de souveraineté, indique Benoît Loubrieu, et d’un territoire pour lequel on a des droits et des devoirs, comme celui de gérer l’éventuelle exploitation des ressources présentes dans le sous-sol marin ». Sauf que ces ressources sont largement inaccessibles : « Ces extensions au-delà des 200 milles marins se situent loin des côtes, dans des espaces très profonds, encore peu explorés », précise l’expert. Et donc encore moins exploités. Pour l’instant, on est surtout dans le symbole.
(c) Ifremer/Géosciences Marines/Extraplac

Alors à quoi bon ?

Ces 500.000 km2 gagnés lundi ne servent donc à rien ? Sans aller jusque-là, Benoît Loubrieu admet qu’on est « dans le fait de prendre acte ». Et de respecter des délais : « La France devait faire ses demandes à temps, plus tard ça n’aurait plus été possible, indique l’océanographe. Et elle avait fait le choix politique que des demandes d’extension seraient faites sur l’ensemble des zones pour lesquelles l’argumentation est possible ». D’ailleurs, d’autres demandes françaises sont en cours de traitement. Si elles étaient toutes validées, la France pourrait augmenter son domaine maritime d’un million de km2. Ce n’est peut-être pas très utile, mais ça a le mérite d’être impressionnant.

Automobile: des émissions de CO2 supérieures de 40% aux chiffres officiels

Les émissions de CO2 de nouvelles voitures en Europe ont été de 40% supérieures aux chiffres des constructeurs et l'écart s'accentue, affirme un rapport de l'ONG Transport & Environment (T&E), qui demande aux gouvernements d'être vigilants sur les moteurs essence.
«Le système de test des voitures destiné à évaluer l'économie de carburant et les émissions de CO2 (dommageables pour le climat) est discrédité», estime l'ONG, pour qui l'écart est «devenu un gouffre».
Ce rapport sort en plein scandale Volkswagen, accusé d'avoir équipé ses véhicules diesel de logiciels masquant leur niveau réel d'oxydes d'azote (NOx), polluants nocifs pour l'organisme.
Selon le rapport annuel de cette ONG basée à Bruxelles, la consommation réelle de carburant (gazole et essence) et donc les émissions de CO2 étaient en 2012 de 31% supérieures aux résultats des tests d'homologation des véhicules.
Pour les voitures immatriculées en 2014, elles sont supérieures de 40% en moyenne, selon ce bilan, qui se fonde notamment sur les déclarations de consommation de 12.500 automobilistes sur Spritmonitor (site allemand de calcul et de suivi de consommation de carburant).
Le rapport relève par exemple un écart de 53% entre émissions réelles et déclarées pour la Classe C de Mercedes (d'après un échantillon de 142 véhicules sur Spritmonitor), de 48% pour la Peugeot 308 (73). Toyota Auris et Renault Twingo affichent en revanche un écart modéré, de 18% et 10%.
«Les causes de ces grosses différences doivent être clarifiées», souligne T&E, pour qui les gouvernements européens «doivent étendre leurs enquêtes aux tests de CO2 et aux véhicules à essence».
Interrogé par l'AFP, PSA Peugeot Citroën n'a pas souhaité commenter cette étude, faute d'information sur sa méthodologie. Un porte-parole a assuré que le groupe était «engagé dans la réduction de la consommation» de ses modèles qui «se traduit au quotidien par des niveaux de consommation en très nette baisse d'une génération de véhicules à l'autre».
Le constructeur allemand Daimler, dont plusieurs modèles de Mercedes sont mis sur la sellette par l'étude, a mis en doute «le sérieux» de celle-ci. «Les auteurs de l'étude n'ont pas indiqué combien de voitures Mercedes ont été testées, et d'ailleurs n'importe qui peut aller ajouter des données sur le site Spritmonitor», a déclaré à l'AFP Matthias Brock, responsable de la communication du service de recherche et développement du constructeur.
Pour Johan Ransquin, de l'Agence française de la maîtrise de l'énergie (Ademe), sur le CO2, «il y a nécessairement un écart entre ce qu'on va mesurer» dans les tests en laboratoire et la réalité. «Mais ce qui nous gêne est que cet écart grandit avec le temps».
«En général, on s'accorde à dire qu'il y a entre 20 à 30% d'écart», précise à l'AFP le chef de service Transports et mobilités de l'Agence. S'il n'est pas surpris par le chiffre de 40%, il met toutefois en garde sur les difficultés d'une évaluation.
L'Ademe a d'ailleurs lancé un appel à projet baptisé «Dust», pour tenter de mesurer la consommation des véhicules via des boîtiers installés à bord. En 2014, elle avait produit une étude montrant la sous-estimation des émissions de NOx des diesel en situation de conduite réelle.

L’infernale spirale du plutonium

Retraçant l’histoire de cette matière, Kenichi Watanabe en révèle les enjeux scientifiques, militaires et géopolitiques.

Mieux qu’un polar angoissant ou qu’un film d’anticipation bien ficelé, ce documentaire, aussi sobre dans la forme que solide sur le fond, fait froid dans le dos. Son auteur, Kenichi Watanabe, s’était déjà fait remarquer en 2013 avec Le Monde après Fukushima (2013). Cette fois, en retraçant l’histoire du plutonium et de ses usages, il ouvre en quelque sorte les portes de l’enfer. Car le plutonium, matière artificielle très dangereuse, est beaucoup plus nocif que l’uranium.
Découvert au début des années 1940, il est produit à des fins militaires avec des moyens industriels considérables. Si la bombe atomique qui frappa Hiroshima était constituée d’uranium, celle qui ravagea Nagasaki contenait du plutonium. Depuis, le civil s’en est emparé mais, lorsqu’il s’agit d’un tel produit qui fait croire à l’homme qu’il peut maîtriser la matière, les enjeux ou projets militaires ne sont jamais loin.
A l’aide de nombreux témoignages, de documents d’archives inédits, notamment américains, et en délimitant son enquête à trois terrains judicieusement choisis (le désert de Hanford, aux Etats-Unis, le site nucléaire de Rokkasho, au Japon, la pointe de la Hague, en France), Watanabe révèle les énormes enjeux scientifiques, industriels et géopolitiques liés au plutonium. Le réalisateur s’interroge également sur le passage du nucléaire militaire au nucléaire civil. « Je voulais faire de la géopolitique en partant de la question du nucléaire. Je me suis concentré sur le plutonium, de sa mise au point pendant la seconde guerre mondiale aux Etats-Unis pour la création de bombes atomiques jusqu’à son utilisation dans la production d’énergie. C’était aussi une manière d’alerter l’opinion sur son utilisation et son recyclage. »

Le recyclage au cœur des débats

Tout au long du film, la délicate question du recyclage est au cœur des débats. « Le plutonium est une matière diabolique, du fait de son extrême dangerosité. Selon moi, plus généralement, il y a urgence à reconnaître que le “recyclage” du combustible nucléaire est une technologie du passé et un système absurde qu’il faut combattre », estime Watanabe. Notamment parce que le recyclage produit une grande quantité de déchets qu’il faut enfouir. En polluant les mers, l’air, la terre, les déchets provoquent des drames humains et environnementaux. Très nocif, le plutonium émet plusieurs milliers de fois plus de radioactivité dans la nature qu’un réacteur nucléaire.
A eux trois, le Japon, les Etats-Unis et la France possèdent plus de la moitié du parc nucléaire mondial. Hanford, situé dans l’Etat de Washington, est le plus grand site de stockage de déchets radioactifs du pays. Son histoire, débutée dans les années 1940, est passionnante. Mais pour celles et ceux qui vivent dans les environs, et dont certains témoignent face caméra, cancers et maladies graves sont au rendez-vous, rappelant qu’on ne voisine pas impunément avec le diable plutonium.
A la Hague, dans le Cotentin, près de cinq mille personnes vivent du nucléaire. Composée de citoyens et de scientifiques et créée après le drame de Tchernobyl, en 1986, l’Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest (ACRO) effectue des prélèvements dans la région. « Dans les cours d’eau, sur terre, dans l’air, la contamination est permanente », souligne un scientifique. Au Japon, pays de l’apocalypse nucléaire et de Fukushima, l’usine de retraitement de Rokkasho n’a jamais fonctionné et symbolise l’impasse dans laquelle se trouve l’industrie nucléaire japonaise aujourd’hui.

Budget 2016 : la France prévoit une baisse de l’aide publique au développement

C’est une déception pour les ONG. Il y a deux jours, elles écoutaient le discours de François Hollande lors de l’Assemblée générale de l’ONU, affirmant que la France devait « montrer l’exemple » en matière d’aide publique au développement (APD). Le président de la République annonçait même une augmentation de l’enveloppe de cette aide. Aujourd’hui, elles doivent affronter le dur retour à la réalité : le gouvernement indique mercredi 30 septembre une baisse de ce budget de 170 millions d’euros.

D’après les documents officiels du ministère des Finances, le projet de loi de finances 2016 présenté ce matin en conseil des ministres prévoit en effet une enveloppe de 2,60 milliards d’euros l’an prochain pour la mission « Aide publique au développement » contre 2,77 en 2015. Les crédits écologie seront quant à eux de 6,49 milliards, contre 6,59 milliards en 2015.

Volte-face après l’annonce de François Hollande à l’ONU

L’APD correspond à l’ensemble des dons et prêts accordés à conditions très favorables par des organismes publics aux pays pauvres ou en développement. En France c’est l’Agence française de développement qui est l’opérateur de ces financements.
Lors de son discours le 27 septembre à l’Assemblée générale de l’ONU, lors de laquelle ont été adoptés 17 objectifs pour le développement durable, François Hollande a promis d’augmenter de 4 milliards d’euros l’aide publique au développement par an à partir de 2020. Il a également annoncé une hausse des financements de la France sur le climat de 2 milliards d’euros supplémentaires par an en 2020.

À deux mois de l’organisation par la France de la 21e conférence mondiale sur le climat, dite COP 21 et qui doit aboutir à l’adoption d’un nouvel accord mondial de lutte contre le changement climatique, la nouvelle de cette réduction dans le projet de loi de finances 2016 déçoit les ONG.

Cinquième année consécutive de baisse

« L’atterrissage est brutal », commente Christian Reboul, responsable Financement du développement chez Oxfam interrogé par Le Monde.
« On sort de l’Assemblée générale de l’ONU, où a été affichée une grande ambition : celle d’éradiquer la pauvreté dans les quinze prochaines années. François Hollande a pris à son compte cet engagement, mais on ne voit pas la traduction de ses annonces dans la présentation du projet de loi de finances par le gouvernement. C’est la 5e année consécutive de baisse de l’aide publique au développement. »
En 2014, la France n’a consacré que 0,36 % de son produit national brut à l’APD, soit à peine la moitié de l’objectif de 0,70 % fixé par l’ONU et respecté par seulement cinq pays, le Danemark, le Luxembourg, la Norvège, la Suède et le Royaume-Uni.
« La coupe en 2016 est deux fois plus importante que celle de l’année précédente » souligne dans un communiqué l’ONG One, fondée par le chanteur Bono, leader du groupe U2. L’association estime que ces 170 millions d’euros « sont pourtant vitaux » : « Ils pourraient financer des traitements antirétroviraux pour 500 000 personnes séropositives et des vaccins pour plus de 2 millions d’enfants. »

Biodiversités des outre-mer et changement climatique

Rapport d'information de MM. Jérôme BIGNON et Jacques CORNANO, fait au nom de la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable et de la Délégation sénatoriale à l'outre-mer n° 698 (2014-2015) - 18 septembre 2015

 

Dans la perspective de la Conférence internationale sur le climat à Paris en décembre 2015, la Commission de l'aménagement du territoire et du développement durable et la Délégation sénatoriale à l'outre-mer ont constitué un groupe de travail commun sur la situation des outre-mer confrontés aux dérèglements climatiques afin de mener une réflexion sur l'adaptation des politiques publiques à ces contraintes de plus en plus prégnantes, en mettant l'accent sur les projets innovants ou emblématiques. Cette initiative s'inscrit dans un ensemble de travaux menés par le Sénat sur les enjeux du changement climatique, privilégiant une approche territoriale en adéquation avec sa mission constitutionnelle.
Enjeu de première importance pour le développement des outre-mer, la biodiversité est au coeur de la plupart des recherches et des réalisations déjà parvenues au stade industriel, comme finalité en termes de préservation ou comme levier d'action pour l'innovation. Aussi le groupe de travail a-t-il souhaité mettre à l'honneur, par l'organisation de deux tables rondes réunissant les meilleurs experts, la question de la sauvegarde et de la valorisation des biodiversités ultramarines.