jeudi 19 décembre 2013

Le noir de carbone, un polluant atmosphérique à prendre en compte 10/12/2013 (Par Sandra BESSON)

Le noir de carbone est un polluant atmosphérique important dans le changement climatique mondial, et il est important de le prendre en compte dans le processus de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Le noir de carbone est un polluant atmosphérique qui affecte la santé humaine et peut contribuer au changement climatique – c’est pourquoi la réduction des émissions pourrait avoir de nombreux bénéfices.

L’Agence Européenne pour l’Environnement (AEE) a publié un rapport sur la mesure du noir de carbone dans l’air.
Le rapport de l’AEE, « Statut de la surveillance du noir de carbone dans l’air ambiant en Europe » étudie les réseaux de surveillance qui mesurent actuellement le noir de carbone, les méthodes de mesures et comment ces données sont utilisées.

Le noir de carbone est particulièrement dangereux dans la mesure où il représente le mélange de particules suffisamment fines pour entrer dans les vaisseaux sanguins et atteindre d’autres organes. 

Alors que les effets de ce polluant sont de mieux en mieux compris ces dernières années, le noir de carbone est considéré comme un objectif important de contrôle environnemental.

Les auteurs du rapport de l’AEE espèrent que l’étude encouragera une surveillance plus complète de ce polluant, qui est actuellement clairsemée.

Le noir de carbone est la partie noire de suie des matières particules formées par la combustion incomplète des carburants fossiles et de la biomasse. Le noir de carbone est principalement émis par des véhicules, des machines mobiles telles que les machines pour la foresterie, les navires, les fours de combustion du bois ou du charbon dans les maisons.

Une autre source importante est le brûlage à ciel ouvert de la biomasse avec par exemple les feux de forêt et le brûlage de déchets agricole.

De tous les polluants atmosphériques, les particules fines sont les plus dangereuses pour la santé en Europe. Le noir de carbone faisant partie des particules fines est particulièrement dangereux dans la mesure où il représente le mélange de particules très fines, en partie cancérigènes, suffisamment fines pour entrer dans les vaisseaux sanguins et atteindre d’autres organes.

Il y a actuellement un vif débat pour savoir si la réduction de ce polluant pourrait avoir des gains significatifs pour réduire le changement climatique, une étude récente suggérant que l’effet du noir de carbone sur le climat est plus dangereux que ce que l’on pensait précédemment. Dans l’atmosphère, le polluant contenant du carbone absorbe efficacement les radiations solaires conduisant à un réchauffement de l’atmosphère. Quand il s’installe sur la neige ou la glace, la couleur plus sombre absorbe plus de chaleur, accélérant la fonte.























Le projet de « pipeline de la paix » Mer Rouge - Mer Morte adopté 12/12/2013 (Par Sandra BESSON)

Le projet de pipeline de la paix qui reliera la Mer Rouge et la Mer Morte, et qui implique la Jordanie, la Palestine et Israël, a été adopté cette semaine.
Dans une manifestation rare de coopération régionale, les représentants d’Israël, de Jordanie et des Autorités Palestiniennes ont signé un accord lundi pour construire un projet de gestion de l’eau entre la Mer Rouge et la Mer Morte, qui devrait être bénéfique pour les trois parties.

Le projet répond à deux problèmes : les pénuries d’eau douce dans la région, notamment en Jordanie, et la contraction rapide de la Mer Morte. Une nouvelle usine de dessalement devrait être construite à Aqaba en Jordanie, pour transformer l’eau salée de la Mer Rouge en eau douce pour utiliser dans le sud d’Israël et le sud de la Jordanie – chacun obtenant 30 à 50 milliards de litres par an. Le processus produit environ la même quantité de saumure que de déchets ; la saumure sera transférée dans la Mer Morte pour aider à faire remonter le niveau de cette étendue d’eau.
Dans le cadre de cet accord, Israël fournira aussi Amman, la capitale de la Jordanie, avec 30 à 50 milliards de litres d’eau douce transférés de la Mer de Galilée vers le nord d’Israël, et les Palestiniens espèrent être capables d’acheter jusqu’à 30 milliards de litres d’eau douce d’Israël à des taux préférentiels.

Le projet répond à deux problèmes : les pénuries d’eau douce dans la région, notamment en Jordanie, et la contraction rapide de la Mer Morte 

L’accord a été signé au siège de la Banque Mondiale à Washington.
Le niveau d’eau de la Mer Morte, un ancien lac salé dont les rives sont l’endroit sec le plus bas sur la surface de la planète, diminue de presque un mètre par an, principalement parce qu’une grande partie de l’eau dans le fleuve Jourdain –son principal fournisseur d’eau- a été détournée par Israël, la Jordanie et la Syrie pour l’irrigation ou leur usage national.

Les industries de potache des deux côtés du lac ont aussi eu un impact dévastateur.

Les responsables israéliens affirment que de nombreuses compagnies privées internationales solliciteront bientôt des propositions pour construire et exploiter une usine de dessalement à Aqaba, qui sera exploitée sur une base commerciale, en vendant de l’eau potable à la Jordanie et à Israël.

Un pipeline de saumure qui conduit à la Mer Morte, qui devrait coûter au moins 240 millions de dollars, sera financé par des pays donateurs et des organisations, la Banque Mondiale fournissant un prêt de complément.

Le pipeline traversera le territoire jordanien, parce que le processus de planification en Jordanie est plus rapide et moins susceptible d’être ralenti par les objections des écologistes et d’autres opposants, d’après des responsables israéliens. Ils ont déclaré qu’ils avaient ajouté que l’effet de la saumure supplémentaire sur la Mer Morte serait observé avec attention.

Le projet a été discuté et étudié dans ces différentes formes depuis plus de 20 ans. Interviewé par la Radio de l’Armée Israélienne lundi, Silvan Shalom, le ministre israélien responsable des projets d’eau et de la coopération régionale, a qualifié l’accord « d’historique ».

Mais les critiques affirment qu’il est bien moins ambitieux qu’une ancienne proposition pour un canal qui exploiterait aussi la différence d’altitude entre la Mer Rouge et la Mer Noire, pour générer de l’hydroélectricité.

Les tensions régionales se font ressentir sur le secteur de l’eau. Shaddad Attili, directeur de l’Autorité Palestinienne pour l’Eau, a déclaré que l’accord était essentiellement entre Israël et la Jordanie, l’Autorité Palestinienne étant impliquée parce qu’elle partage une partie de la côte de la Mer Morte. « Nous donnons notre soutien à la Jordanie » a-t-il ajouté.

L’organisation Friends of the Earth Middle East, une organisation écologiste militante, a exprimé ses inquiétudes quant à l’impact environnemental du rejet de la saumure dans la Mer Morte. Le directeur jordanien de l’organisation, Mungeth Mehyar, a déclaré dans un communiqué : Ce qui est signé aujourd’hui est un projet conventionnel de dessalement, bien que ce soit avec une perspective régionale ».

Renforcer la sûreté des installations nucléaires françaises à la suite de l’accident de Fukushima : le concept de « noyau dur » de sûreté

La potentialité d’un tsunami dévastateur de hauteur très supérieure à celle retenue à la conception des quatre premiers réacteurs du site de Fukushima Daiichi était connue de l’exploitant TEPCO et de l’autorité de sûreté japonaise NISA avant l’accident. Cependant, confronté à la problématique difficile d’une situation caractérisée par la probabilité extrêmement faible d’un tel évènement, associée à la perception d’une nécessité pour y faire face de modifications importantes des installations, le système japonais de sûreté nucléaire a tardé dans la prise en compte de ce risque.

Tirant les enseignements de cette séquence majeure de l’histoire de l’industrie électronucléaire, le système français de sûreté nucléaire a décidé d’affronter cette problématique des évènements rares, dont le niveau excède celui du dimensionnement des installations nucléaires et dont l’occurrence pourrait alors mettre en difficulté certaines d’entre-elles, avec des conséquences potentiellement lourdes pour l’environnement et la population.

Les évaluations complémentaires de sûreté des installations nucléaires françaises ont conduit à examiner leur comportement face à ces situations extrêmes. Cet examen, réalisé en 2011 à la fois par EDF et les autres exploitants nucléaires d’une part, et par l’IRSN d’autre part, a mis en évidence des scénarios de défaillances multiples si certaines circonstances exceptionnelles mais possibles se trouvaient malencontreusement réunies.

Ce constat a amené l’IRSN à proposer le concept de « noyau dur », destiné à renforcer la capacité des opérateurs à conserver la maîtrise des fonctions vitales de sûreté des installations sensibles afin d’éviter les rejets massifs. Cette démarche novatrice s’inscrit dans la logique du concept de défense en profondeur utilisé pour la conception des installations nucléaires. Elle se place également dans la continuité de l’approche française de la sûreté qui encourage une recherche continue d’améliorations de la sûreté des installations.

dimanche 15 décembre 2013

Gaz à Effet de Serre (GES) est une définition du dictionnaire environnement et développement durable

Les Gaz à Effet de Serre (GES) sont les gaz qui absorbent une partie des rayons solaires en les redistribuant sous la forme de radiations qui rencontrent d’autres molécules de gaz, répétant ainsi le processus et créant l'effet de serre, avec augmentation de la température. L'augmentation de la concentration des gaz à effet de serre dans notre atmosphère terrestre est en effet l’un des principaux facteurs à l'origine du réchauffement climatique.
Les Gaz à Effet de Serre (GES) ont pour origine première les activités humaines et les combustibles fossiles. Principaux gaz à effet de serre :

- Gaz carbonique : CO2. Durée de vie : 100 ans ; PRG : 1 ; Origines : Combustion des énergies fossiles, transport, industrie, déforestation.
- Méthane : CH4. Durée de vie : 10 ans ; PRG : 21 ; Origines : Agriculture, élevage, exploitation des hydrocarbures, déchets organiques …
- Oxyde nitreux : N2O. Durée de vie : ? ; PRG : 310 ; Origines : Engrais azotés, chimie
- Ozone troposphérique O3.
- CFC et HCFC + les substituts (HFC, PFC). PFC : Durée de vie : Quelques semaines à 50 000 ans ; PRG : 140 à 11 700 ; Origines : Liquides frigorigènes, solvants, gaz propulseurs des aérosols, climatisation …
- Hexafluorure de soufre (SF6) Durée de vie : 3 200 ans ; PRG : 23 900 ; Origines : Industrie
(PRG : pouvoir de réchauffement global exprimé en kilos équivalent CO2 par kilo de gaz concerné).
Les émissions de CO2 résultent principalement de l'utilisation de combustibles fossiles, pour la production d'énergie, le transport, le chauffage des logements, ... Pour les émissions de méthane, les élevages représentent la source principale d'émission. Toutefois, au Royaume-Uni, il a été estimé que les décharges (environ 1000 sites actifs) contribuaient pour 23% aux émissions de méthane. Les stations d'épuration des eaux usées, urbaines et industrielles émettent également du méthane.

Exemple de bilan sur les gaz à effet de serre avec le Québec :
- En 2000, les émissions totales de gaz à effet de serre (GES) au Québec se chiffraient à 88,3 millions de tonnes équivalent CO2. Cela représente 12,5 % des émissions canadiennes et environ 0,3 % des émissions mondiales. 
- Entre 1990 et 2000, les émissions de GES au Québec ont connu une hausse de 2,3 % (ou de 2 millions de tonnes). Pendant cette même période, la population québécoise s’est accrue de 6 %; son PIB, de 26 %; et sa consommation d’énergie provenant des combustibles fossiles, de 7 %. 
- Le principal gaz à effet de serre rejeté dans l’atmosphère par l’ensemble des secteurs québécois en 2000 est le dioxyde de carbone avec 75,8 % du total ; suivent le méthane avec 11,2 % et l’oxyde nitreux avec 7,2 %. 
- Les secteurs contribuant le plus aux émissions de GES en 2000 au Québec sont les transports, avec 38 % du total des émissions, et l’industrie, avec 32,5 %. 
- Les transports sont les principaux responsables de l’augmentation des émissions de GES au Québec entre 1990 et 2000. En 10 ans, les émissions dans ce secteur ont connu une hausse de 14,5 % - 4,3 millions de tonnes équivalent CO2 -, passant de 29,3 millions de tonnes équivalent CO2 à 33,6 millions de tonnes. Cet accroissement est en grande partie attribuable à la hausse du nombre de camions légers et lourds sur le réseau routier. 
- Les principaux secteurs affichant une diminution de leurs émissions entre 1990 et 2000 sont ceux de l’industrie (baisse de 4,5 %) et des déchets (baisse de 13,3 %).

Quelques références réglementaires :
- Ordonnance du 15 avril 2004 (JO du 17/04/04) sur la mise en place d’un système d’échange de quotas d’émission de gaz à effet de serre.

Quota d'émission de gaz à effet de serre 

Quota d'émission de gaz à effet de serre, dans le domaine de l’environnement, désigne la quantité de gaz à effet de serre allouée à une activité dans le cadre d'un système de plafonnement d'émission.

Bétonnés, érodés, pollués... les sols de la planète vont mal

Paris - Saviez-vous que dans une grosse cuillère de terre, il y autant de micro-organismes que d'êtres humains sur la planète? Pourtant, cette ressource vitale à maints égards se dégrade dans le monde, quand elle ne «disparaît pas sous le béton», alerte le chercheur Dominique Arrouays de l'INRA à l'occasion de la «Journée mondiale des sols».
Et l'ampleur des dégâts est importante: 60% des terres cultivées sur la planète sont «touchées par une ou plusieurs formes de dégradation», rappelle le président de l'Association française pour l'étude du sol (Afes) et expert auprès de l'organisation de l'ONU pour l'Alimentation (FAO).
Les sols sont essentiels pour la production alimentaire mondiale, mais aussi cruciaux pour le filtrage et l'épuration des eaux qui les traversent, régulent les inondations, abritent une grande biodiversité terrestre, ou encore jouent un rôle central dans la régulation du climat, en stockant et relâchant des gaz à effet de serre.
Ainsi, a souligné Dominique Arrouays lors d'un colloque organisé à Paris, les sols «sont un maillon central de nos écosystèmes» et «au coeur de grands enjeux planétaires».
Mais ils sont de plus en plus menacés, et parmi la multiplicité des dégâts -- de l'acidification à la salinisation en passant par la contamination par divers polluants ou le compactage des sols sous le poids de machines lourdes utilisées dans l'agriculture-- le chercheur en isole deux à combattre en priorité.
«Prendre le pouls de la planète»
«L'artificialisation», dit-il dans un entretien à l'AFP, «c'est-à-dire la disparition des sols sous le béton. 20 millions d'hectares par an qui disparaissent». Soit 6.350 m2 par seconde.
«Et puis l'érosion, car c'est une perte irrémédiable», poursuit-il, précisant qu'elle est essentiellement due à «la façon dont on gère les sols», avec notamment la disparition de la couverture végétale qui les protège contre la pluie et le vent.
«On fait de plus en plus de monocultures, qui laissent le sol nu à certaines période de l'année». En outre «en France, par exemple, le fait qu'on soit passé de petites parcelles avec des haies et des fossés à de grands open fields, on favorise le ruissellement et donc l'érosion».
Et d'avancer le chiffre de 24 milliards de tonnes de terres érodées par an dans le monde, soit 3,4 tonnes par habitant, quand il faut parfois jusqu'à 2.000 ans pour que la nature fabrique 10 cm de terre fertile.
En France, sur les fonctions liées à l'épuration ou encore l'écoulement de l'eau dans les rivières, on «est déjà dans l'orange ou dans le rouge, en particulier en Ile-de-France, sur le pourtour de la Méditerranée, et autour de presque toutes les grosses villes françaises».
«Mais au niveau mondial, la situation est bien plus alarmante, notamment dans les grands pays émergents, comme la Chine, l'Inde, le Brésil, la nouvelle Russie. On est dans des ordres de grandeur concernant l'érosion ou la contamination par les polluants jusqu'à 4 fois plus élevés qu'en France».
Parallèlement aux mesures d'urgence à prendre, comme repenser l'urbanisme en construisant notamment dans les friches industrielles, il faut développer, selon M. Arrouays, «des outils de surveillance à l'échelle mondiale» sur l'état des sols, ce que se propose de faire la FAO en lançant un Partenariat mondial sur les sols.
L'idéal, selon lui, serait alors «d'avoir une base de données mondiale sur les sols, de façon harmonisée, pour pouvoir prendre le pouls de la planète de la même façon qu'on le fait pour le climat, la désertification, ou la biodiversité».
 © 2013 AFP

Un gaz à effet de serre 7.000 fois plus polluant que le CO2 détecté dans l'atmosphère

SCIENCES - Les chercheurs sonnent l'alarme alors que le perfluorotributylamine est largement utilisé dans l’électronique...

Il vaut un sacré paquets de points au Scrabble, et c'est surtout le gaz à effet de serre le plus persistant et le plus polluant jamais détecté dans l'atmosphère. Son nom: le perfluorotributylamine (PFTBA), un gaz artificiel, utilisé notamment dans la fabrication d'équipements électriques et électroniques.
Une seule molécule de PFTBA dans l'atmosphère a le même effet que 7.100 molécules de CO2, remarque notamment Cora Young, une chimiste de l'Université de Toronto.
Aucun agent capable de l'éliminer
Ce gaz a une très longue durée de vie dans la basse atmosphère avant de se dissiper dans les couches les plus élevées et on ne connaît aucun agent capable de l'éliminer, affirment les cinq scientifiques responsables de cette étude.
D'après cette étude publiée dans la revue Geophysical Research Letters, le PFTBA s'inscrirait dans une nouvelle classe de gaz effet de serre persistants. Ils préconisent une étude plus approfondie pour établir leur impact réel sur le climat.
 P.B.

Fraises aux pesticides: la contamination viendrait de plants importés

Paris - Dans l'affaire de fraises cultivées notamment en France comportant des résidus de pesticides interdits, révélée cet été par une ONG, la contamination remonterait aux plants achetés à l'étranger, a rapporté mercredi le patron de la Direction générale de l'alimentation.
«Les producteurs n'ont pas été mis en cause», «la contamination vient peut-être des plants qui ont été importés de pays tiers», a expliqué Patrick Dehaumont, directeur général de la DGAL, lors d'une rencontre avec quelques journalistes.
L'enquête n'est toutefois pas terminée et il faudra attendre la prochaine récolte de fraises, au premier semestre 2014, pour avoir les résultats définitifs, a-t-il poursuivi.
En juillet, l'ONG française Générations futures révélait que des résidus de pesticides interdits avaient été retrouvés dans des fraises cultivées en France et en Espagne, après avoir fait analyser 49 échantillons.
La principale association de producteurs de fraises avait ensuite demandé qu'il soit procédé à des investigations plus approfondies. «Cette étude, il faut bien l'analyser. On ne peut que condamner l'usage de tels produits, mais plusieurs pistes d'explication sont possibles», avait alors déclaré le président de l'Association des organisations de producteurs nationale Fraise (AOPn Fraise), Xavier Masse.
Les Français consomment environ 120.000 tonnes de fraises chaque année, dont 50.000 viennent de l'Hexagone, où l'on compte environ un millier de producteurs, selon M. Masse.
 © 2013 AFP

PROPOSITION DE RÉSOLUTION PRÉSENTÉE EN APPLICATION DE L'ARTICLE 34-1 DE LA CONSTITUTION, relative à la transition énergétique,

N° 194
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2013-2014
Enregistré à la Présidence du Sénat le 4 décembre 2013
PROPOSITION DE RÉSOLUTION
PRÉSENTÉE EN APPLICATION DE L'ARTICLE 34-1 DE LA CONSTITUTION,
relative à la transition énergétique,
Par MM. Jean-Claude GAUDIN, Ladislas PONIATOWSKI
et les membres du groupe UMP,
Sénateurs
EXPOSÉ DES MOTIFS
Mesdames, Messieurs,
La raréfaction des énergies fossiles, l'insécurité dans l'approvisionnement de ces sources d'énergie, la hausse de la facture énergétique, la détérioration de l'environnement dont l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre est l'une des principales manifestations, tous ces phénomènes impliquent que la France conduise une politique publique de l'énergie empreinte de vision et de responsabilité.
Comme le souligne l'Agence internationale de l'énergie, la demande globale de combustibles fossiles aura augmenté d'un tiers d'ici à 2035. Les pays producteurs, les pays consommateurs et les zones de transit auront changé, modifiant ainsi les enjeux géopolitiques y afférents. Les projections relatives aux prix de ces matières premières n'en deviendront que plus incertaines.
À ces questions économiques et géopolitiques, s'ajoutent des préoccupations environnementales qui vont croissantes, notamment en ce qui concerne les conséquences des déperditions d'hydrocarbures dans les écosystèmes ou les émanations de gaz à effet de serre.
Face à ces incertitudes, deux objectifs doivent rassembler nos responsables publics : réduire autant que possible notre dépendance aux énergies fossiles, et limiter nos rejets de gaz à effet de serre.
Or, ces deux objectifs se rejoignent par leur cause commune : notre consommation excessive en combustibles fossiles. En effet, en limitant notre consommation en énergies fossiles, nous réduirons notre dépendance à l'égard des puissances exportatrices, nous rétablirons notre balance commerciale, et donc nous réduirons les incertitudes économiques liées à ces importations. Dans le même temps, nous contribuerons à diminuer les rejets de gaz à effet de serre dans l'atmosphère.
La réduction de notre consommation en combustibles fossiles doit ainsi être au coeur de la politique publique énergétique française pour les prochaines décennies. Pour cela, il ne peut y avoir d'autres moyens que de planifier le basculement de notre consommation en énergies fossiles vers une consommation électrique (hors thermique classique).
De cette manière, même si des économies d'énergie sont envisageables, notamment dans la consommation résidentielle et la consommation issue du secteur tertiaire qui représentent à elles deux près de 70 % de notre consommation finale d'électricité, il serait irresponsable de programmer une diminution de nos capacités de production électrique. Au contraire, il faut préparer notre pays à l'hypothèse d'une hausse de notre consommation électrique qui, contrairement aux idées reçues, ne sera pas un aveu d'échec, mais à l'inverse, le signe que la transition énergétique s'opère véritablement et que nous réalisons le basculement tant nécessaire de la part des énergies fossiles dans notre consommation primaire vers l'électricité.
Pour répondre à ce défi, il nous faudra repenser les composants du mix énergétiques, avec les contraintes liées à chaque source de production. Pour ces raisons, la présente proposition de résolution souhaite réaffirmer le rôle central des sources de production électrique qui ne sont pas issues de combustibles fossiles et qui ne sont pas émettrices de CO2.
De cette manière, notre proposition de résolution se prononce d'abord en faveur de la prolongation de la durée d'exploitation du parc nucléaire actuel et souhaite la poursuite du programme EPR et du programme sur les réacteurs de quatrième génération. Le nucléaire, filière d'excellence pour notre pays, est en effet le moyen le plus efficace pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre.
La présente proposition de résolution invite également au renouvellement rapide des concessions hydroélectriques, autre filière d'excellence, pour moderniser et valoriser cet outil de production vertueux écologiquement.
Il est aussi question de conduire l'ensemble des filières de production d'énergie issue de sources renouvelables vers l'efficience économique. Le soutien à la recherche doit dans cette optique être ciblé sur les filières compétitives.
Enfin, tous les leviers de l'amélioration de la performance énergétique doivent être mobilisés tout en tenant compte des charges induites pour les collectivités territoriales et les ménages.

PROPOSITION DE RÉSOLUTION

Le Sénat,
Vu l'article 34-1 de la Constitution,
Vu les articles 1er à 6 de la loi organique n° 2009-403 du 15 avril 2009 relative à l'application des articles 34-1, 39 et 44 de la Constitution,
Vu le chapitre VIII bis du Règlement du Sénat,
Considérant que le développement de la filière nucléaire a permis à la France de répondre aux priorités de la politique énergétique que sont la sécurité de l'approvisionnement et l'indépendance énergétique, de bénéficier de l'énergie la moins chère et la moins carbonée d'Europe, de contribuer simultanément à la compétitivité de l'appareil productif, à l'emploi, à la préservation du pouvoir d'achat des consommateurs et à la prévention du changement climatique, et enfin de développer une filière scientifique et industrielle d'excellence ;
Considérant que la production française d'énergie décarbonée s'appuie également sur l'exploitation d'un important potentiel hydroélectrique et sur une incontestable maîtrise technologique en ce domaine ;
Considérant que, dans le cadre de ses engagements internationaux et européens et à la suite du Grenelle de l'environnement, la France s'est fixé, à l'horizon 2020, des objectifs ambitieux en matière d'amélioration de l'efficacité énergétique et de développement de la part des énergies renouvelables dans la production d'énergie, objectifs qui gardent tout leur intérêt ;
Considérant toutefois que l'expérience acquise dans le cadre de l'effort important consenti, entre 2005 et 2011, pour accroître la production d'énergies nouvelles d'origine renouvelable a mis en évidence que cet effort achoppe sur des technologies encore peu matures, aussi bien en ce qui concerne la production de ces énergies que la maîtrise de leur intermittence et leur intégration dans le système électrique ;
Considérant que le renouvellement de notre capacité de production énergétique exigera, quels que soient les choix retenus, un effort important d'investissement, et qu'il importe, tout particulièrement dans le contexte économique et financier actuel, de pouvoir échelonner dans le temps cet effort, pour que son impact sur le prix de l'énergie demeure soutenable et pour permettre à la France d'acquérir dans de nouvelles filières de production d'énergie la même maîtrise technologique que dans les secteurs de l'énergie nucléaire et de l'hydroélectricité ;
Considérant que la recherche de l'efficacité énergétique doit demeurer une priorité, en particulier pour réduire notre dépendance à l'égard des importations d'énergie fossile et pour lutter contre le développement de la précarité énergétique ;
- Se prononce en faveur de la prolongation de la durée d'exploitation du parc nucléaire actuel, sous le contrôle de l'Autorité de sûreté nucléaire, afin, d'une part, d'éviter de consacrer des dépenses à la destruction d'emplois et d'un outil de production rentable et sûr et de bénéficier, d'autre part, des délais nécessaires pour effectuer des choix qui nous engageront pour plusieurs décennies ;
- Souhaite la poursuite du programme de remplacement partiel des générateurs nucléaires de deuxième génération par des EPR ainsi que celle du programme de recherche sur les réacteurs de quatrième génération ;
- Souligne que le maintien de l'excellence industrielle et du niveau de recherche français dans le secteur de l'énergie nucléaire, outre le bénéfice qu'en retirera notre pays en termes d'indépendance énergétique et de production d'une énergie de base durablement compétitive, contribuera aussi, à travers le rayonnement des technologies nationales, à soutenir l'effort international de lutte contre le changement climatique et à promouvoir la recherche du plus haut niveau de sûreté de la production d'énergie nucléaire ;
- Rappelant que l'hydroélectricité est la première source nationale d'énergie renouvelable et qu'elle présente un intérêt tout particulier en termes d'ajustement de l'offre et de stockage de l'énergie, insiste sur la nécessité d'un renouvellement rapide des concessions hydroélectriques, pour permettre de moderniser l'outil de production et d'optimiser la valorisation de la ressource hydraulique, mais aussi pour faire bénéficier les collectivités publiques d'une redevance représentative de la rente des concessions amorties ;
- Estime nécessaire de prendre en compte les interrogations relatives au coût du soutien accordé au développement de nouvelles filières de production d'énergie issue de sources renouvelables et aux modalités de son financement, d'examiner ce coût à l'aune de son impact sur le prix de l'énergie, sur la construction de nouvelles filières industrielles, sur l'emploi, sur l'équilibre de la balance commerciale, et en fonction de l'apport potentiel de ces nouvelles filières à notre indépendance énergétique ;
- Juge souhaitable de cibler l'effort nécessaire sur les filières les plus compétitives et de soutenir par ailleurs la recherche pour développer des technologies nouvelles et favoriser l'émergence de solutions innovantes et compétitives aux problèmes du stockage de l'énergie et du développement de réseaux intelligents ;
- Souhaite également que soit soutenu l'effort de production de chaleur renouvelable et que soit mise à profit l'expertise développée en ce domaine par les collectivités territoriales ;
- Estime en tout état de cause indispensable, pour éviter les pointes de consommation et dans la perspective du développement d'énergies intermittentes, de mettre en place le plus rapidement possible le mécanisme de capacité prévue par la loi n° 2010-1488 du 7 décembre 2010 portant nouvelle organisation des marchés de l'énergie ;
- Préconise une orientation prioritaire de la politique de maîtrise de la consommation d'énergie vers l'amélioration de l'efficacité énergétique des processus de production, des biens de consommation, des secteurs du bâtiment et des transports, afin que cette politique contribue aussi à la croissance économique, à la compétitivité, au développement des territoires et à l'emploi en s'appuyant sur l'innovation, la mise en place de filières industrielles, la formation professionnelle et l'information des consommateurs ;
- Attire l'attention sur la nécessité de prendre en compte les charges résultant pour les collectivités territoriales et les ménages de l'effort d'équipement nécessaire à l'amélioration de la performance énergétique des bâtiments et des transports.

Les quatre pesticides interdits qui empoisonnent toujours nos sols

Des pesticides, autorisés pendant des années, se révèlent toxiques et frappés d'interdiction. Mais pour autant, ils ne disparaissent pas forcément du territoire du fait de leur persistance dans les sols mais aussi d'utilisations frauduleuses. Les pratiques illégales sont possibles car les mailles des contrôles sont larges, les poursuites rares et les sanctions faibles. 20 Minutes fait le point sur ces pesticides interdits et toujours présents dans notre sol…

Le carbofuran

Un insecticide interdit dans l'Hexagone en 2008 et pourtant détecté en 2012 dans le Tarn à la suite d'une mortalité anormalement élevée de chevreuils. L'alerte donnée par un réseau de veille sur la faune sauvage a déclenché une enquête à Albi, qui a révélé en février 2013 un trafic avec l'Espagne. Un revendeur a été interpellé.

L’endosulfan

Au printemps 2013, l'endosulfan, un insecticide également banni depuis 2008, a lui été relevé sur deux des 26 échantillons de barquettes de fraises achetées en grandes surfaces en Picardie et Haute-Normandie et testées par Générations futures. Ce test avait aussi détecté du carbosulfan (insecticide), interdit en Europe depuis fin 2007.

Le terbuthylazine

Utilisé pour le désherbage des vignes, la présence du terbuthylazine est soulignée dans le dernier rapport annuel de l'agence de l'eau Rhône-Méditerranée.
Dans deux stations de pompage (Aude et Pyrénées-Orientales), les concentrations en terbuthylazine ont même dépassé en 2011 le seuil permettant un traitement de l'eau pour la rendre potable.

Triazines

Pour cette famille de pesticides (triazines), on note  là encore «l'existence de stocks dans les sols».
 A. Le G. Avec AFP

Déjà dans les assiettes, la viande clonée revient à l'agenda européen

Bruxelles - Les Européens devraient rester exposés à consommer, sans le savoir, de la viande ou du lait issus d'animaux clonés, aux termes de nouvelles propositions de la Commission européenne pour baliser cette pratique.
Deux ans après un premier échec de l'UE à trouver un accord pour contrôler le clonage animal et la commercialisation des aliments en dérivant, la Commission européenne proposera, en principe mercredi prochain, un nouveau «paquet législatif» sur la question, a annoncé vendredi une de ses porte-parole.
Selon une source européenne, la Commission devrait proposer d'interdire le clonage animal à but alimentaire dans l'Union européenne, où il ne se pratique quasiment pas, à l'exception du Danemark.
Mais, sauf surprise, et pour ne pas imposer à ses partenaires commerciaux américains des conditions jugées irréalistes, la Commission n'entend par contre pas proposer de bannir la viande ou lait des descendants d'animaux clonés, ni d'imposer l'étiquetage de ces produits.
«Le Parlement européen va nous sauter à la gorge», prévoyait-on déjà la Commission, tandis que France et Allemagne, partisans déclarés de la traçabilité des produits du clonage devraient aussi passer à la contre-offensive.
La viande de clones ne se mange pas, au vu du prix très élevé de ces spécimens. Mais leurs embryons et semences sont commercialisés et exportés, et leurs descendants élevés en particulier aux Etats-Unis, Argentine, au Brésil et en Uruguay.
Ces pays n'enregistrent pas cette production au niveau national, ce qu'invoque la Commission européenne pour exclure la possibilité d'une traçabilité.
Même si l'UE produit la plupart de ses produits bovins, et du matériel reproductif de ses élevages, le consommateur européen est déjà exposé à consommer des produits issus du clonage animal.
Commission, Parlement européen et gouvernements avaient échoué une première fois en 2011 à s'entendre sur un encadrement, après trois ans de négociations infructueuses, les Etats jugeant exagérées les exigences de traçabilité des eurodéputés.
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OGM: la justice européenne relance le débat sur l'autorisation

Bruxelles - La très controversée autorisation de culture donnée en mars 2010 à une pomme de terre OGM par la Commission européenne a été annulée vendredi par la justice européenne et cette décision relance les questions sur le processus d'évaluation des risques et les responsabilité données à l'exécutif bruxellois.
Le jugement rendu vendredi par le Tribunal de la Cour de Justice de l'UE constitue un cinglant désaveu pour la Commission européenne.
La Commission européenne a autorisé le 2 mars 2010 la culture et la commercialisation d'Amflora sur la base de plusieurs avis favorables, en 2005, puis en 2009, de l'autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). L'arrêt du Tribunal stipule que la Commission n'a pas respecté la procédure de consultation des Etats avant de décider le 2 mars 2010 d'autoriser la culture d'Amflora, une pomme de terre transgénique créée par le groupe allemand BASF.
Si la commission avait respecté les règles, le résultat de la procédure aurait pu être différent, car les Etats auraient pu revoir leur position et décider pour ou contre les autorisations demandées, a fait valoir le Tribunal.
L'exécutif bruxellois avait déjà été condamné le 26 septembre par ce même tribunal pour avoir mis en sommeil la demande d'autorisation de culture présentée en 2001 par le groupe américain Pionner pour le TC1507, un maïs OGM.
«La Commission prend note du jugement de ce vendredi et va analyser les conséquences potentielles de cet arrêt pour le maïs 1507», a commenté Fréderic Vincent, porte-parole de Tonio Borg, le commissaire à la Santé responsable du dossier OGM.
BASF a bataillé une décennie pour obtenir l'autorisation de commercialiser dans l'Union européenne Amflora, une pomme de terre génétiquement modifiée, élaborée pour trois usages: industriel (amidon pour la pâte à papier et engrais pour le jus) ; alimentation animale (la pulpe) et présence de résidus jusqu'à 0,9% dans les produits pour l'alimentation humaine. Amflora s'est révélée un échec commercial.
Des questions sans réponse
Mais le jugement du Tribunal ne répond pas à plusieurs questions qui empoisonnent le débat sur les OGM en Europe.
Des sources européennes regrettent ainsi l'absence de débat de fond sur l'indépendance de l'EFSA qui est chargée d'évaluer les risques que représentent les OGM. La Commission s'appuie sur les avis scientifiques de l'EFSA or certains contestent l'objectivité de l'Agence basée à Parme.
Du côté de la Commission, accusée par ses détracteurs de céder aux pressions des géants de l'industrie chimique et agroalimentaire, on tente depuis plusieurs mois de mettre un terme au jeu trouble des gouvernements européens qui refusent d'assumer leurs responsabilités pour les demandes d'autorisation de mise en culture d'OGM et lui imposent d'assumer la décision finale.
La règle en vigueur stipule que si les Etats sont incapables de s'entendre alors la Commission n'a d'autre choix que d'autoriser l'OGM dont une demande de mise en culture a été présentée. Jusqu'à présent, les Etats ne sont jamais parvenus à réunir une majorité qualifiée pour bloquer une demande.
La Commission européenne a mis sur la table une proposition pour permettre aux Etats de refuser la culture d'un OGM sur tout ou dans certaines parties de son territoire. Elle est dans l'impasse, bloquée par la France et le Royaume-Uni.
Un seul OGM est cultivé dans l'UE, le maïs MON810, essentiellement en Espagne et au Portugal. Monsanto a demandé le renouvellement de son autorisation. La décision est toujours à l'étude.
Outre le MON810, cinq autres demandes d'autorisation de mise en culture sont en suspens et attendent le feu vert de l'exécutif bruxellois.
«Rouvrir ce dossier politiquement sensible à six mois des élections européennes, c'est totalement irresponsable» en raison de l'hostilité de l'opinion publique, a confié à l'AFP un négociateur européen.
Elle est d'autant plus incompréhensible que les firmes renoncent. Monsanto a décidé de «ne plus demander d'autorisation de culture pour de nouveaux OGM en Europe» et BASF a abandonné toutes ses pommes de terre génétiquement modifiées après l'échec commercial d'Amflora.
«L’arrêt du Tribunal souligne que la décision prise en janvier 2012 par BASF de réorienter ses activités de biotechnologies végétales vers des marchés d’avenir était la bonne», a commenté vendredi Peter Eckes, président de la division du groupe consacrée à cette activité, après le jugement du tribunal de Luxembourg.
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Pollution de l’air : les solutions que la France refuse d’adopter LE MONDE | 14.12.2013

par un pic de pollution aux particules fines.

Malgré les alertes sanitaires, en dépit des menaces de sanctions financières de la cour de justice de l'Union européenne, la France ne respecte pas les normes européennes de qualité de l'air. Douze millions de Français vivent dans des zones où les limites annuelles d'émission de particules PM10, extrêmement nocives pour la santé, sont dépassées. 60 % de la population est exposée à un air dégradé, principalement dans les grandes agglomérations, mais pas seulement. La vallée de l'Arve par exemple, au pied des Alpes, entre Chamonix et Cluses (Haute-Savoie), est régulièrement en alerte, victime du trafic international des camions.
La région Ile-de-France est chroniquement concernée par les dépassements en matière de particules fines mais aussi de dioxyde d'azote. En 2012, trois millions de Franciliens ont été exposés à des niveaux de pollution trop élevés. Les mesures prises ces derniers jours par les préfectures ne sont pas à la mesure de l'enjeu. A Paris, elles se sont limitées à un abaissement de la vitesse autorisée, à l'interdiction des feux de cheminée en foyer ouvert et à l'incitation pour les poids lourds de plus de 3,5 tonnes en transit à contourner l'agglomération parisienne. 

PAS DE PÉAGES URBAINS
Ces dernières années, la France a échoué, malgré les recommandations du Grenelle de l'environnement, à instaurer des zones de protection de l'atmosphère, comme il en existe en Allemagne, au Royaume-Uni et en Italie. Deux cents villes en Europe se sont dotées de ces dispositifs d'accès restreint, où sont notamment bannis en permanence les véhicules les plus polluants.
Les Allemands, pionniers, en disposent d'une soixantaine. Berlin arrive désormais en tête des grandes villes européennes pour sa qualité de l'air, suivie de Copenhague, qui s'est fixé pour objectif d'atteindre la moitié des déplacements de ses habitants en vélo, et de Stockholm. Cette dernière, comme Londres, Oslo et Milan, a également instauré des péages urbains, une solution que la France rejette pour l'heure, au nom de la justice sociale.
« La première cause d'exposition de la population dans les grandes agglomérations est le trafic automobile; c'est donc là qu'il faut agir, en restreignant l'usage de la voiture, en développant les transports en commun propres, les plans de déplacement des entreprises », dit Jérôme Clave, le directeur d'Airparif, association chargée de la surveillance de la qualité de l'air de la région parisienne.
Décidée par le gouvernement de François Fillon en 2010, la création de « zones d'action prioritaires pour l'air » dans huit agglomérations avait été avortée en septembre 2012 par Delphine Batho. La ministre de l'écologie avait alors annoncé un « plan d'urgence », sans ambition, qui reposait principalement sur des plans locaux de protection de l'atmosphère contraignants.
FISCALITÉ AVANTAGEUSE DU DIESEL
La France se refuse par ailleurs à aligner la fiscalité avantageuse du diesel sur celle de l'essence, alors que celui-ci est un gros émetteur de particules fines et classé cancérogène par l'Organisation mondiale de la santé. Elle dispose du parc automobile le plus «diésélisé» au monde, et vieillissant.
Les trois quarts des véhicules particuliers diesel ne sont pas équipés de filtres à particules. Or, une étude d'Airparif a montré que le remplacement de tous les véhicules particuliers diesel par des véhicules essence (norme Euro) permettrait d'abaisser de 25 % à 35 % les émissions de particules fines et de 35 % les rejets d'oxyde d'azote en région parisienne. Mais ce transfert n'aurait pas que des avantages: il augmenterait de 6 % les rejets de dioxyde de carbone, principal gaz à effet de serre responsable du réchauffement climatique.
Le 18 décembre, la Commission européenne doit présenter une révision de sa législation sur la qualité de l'air. Spécialistes et associations écologistes espèrent des normes plus restrictives. Ils s'appuient sur une étude financée par l'Union européenne, publiée par la revue scientifique The Lancet le 9 décembre, qui révèle qu'une exposition prolongée aux particules fines a un effet néfaste pour la santé à des concentrations bien inférieures aux normes actuelles.