Les habitants de 27 communes des Bouches-du-Rhône sont invités à
partir de lundi à donner leur avis, lors d'une enquête publique, sur le
renouvellement de l'autorisation de rejets des déchets de l'usine
d'alumine de Gardanne qui déverse depuis des dizaines d'années des
«boues rouges» issues du traitement de la bauxite au large des
calanques.
Cette enquête doit se dérouler jusqu'au 25 septembre
dans les 27 communes traversées par la conduite d'évacuation des
effluents, qui débouche dans la fosse de Cassidaigne, à 7 km au large de
Cassis par 320 m de fond. Durant cette période, le dossier de la
demande d'autorisation et des synthèses des principaux éléments sont mis
à la disposition du public qui peut déposer des observations. Des
réunions publiques sont également organisées.
Depuis près de
cinquante ans, l'usine de Gardanne - un ancien site de production
d'alumine de Péchiney, acquis en 2012 par le fonds d'investissement
américain HIG et renommé Alteo - bénéficie d'un droit à expédier en mer
ces résidus au milieu du Parc national des calanques, qui expire au 31
décembre 2015.
Depuis l'annonce en septembre 2014 de la décision
du conseil d'administration du Parc national de prolonger de trente ans
la dérogation accordée à l'industriel pour rejeter en mer des résidus
liquides, la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal et l'industriel Alteo
se livrent à une bataille d'expertises et de communication sur la
nocivité des «boues rouges».
L'usine emploie 700 personnes et est
dédiée aux alumines de spécialité, notamment pour les applications de
haute technologie (écrans plats, LCD).
Une fois l'alumine
extrait, les autres constituants de la bauxite, dont divers métaux,
majoritairement du fer (qui donne sa couleur, généralement rouge, à la
bauxite), ainsi qu'une partie de la soude dans laquelle est dissoute
l'alumine dans le procédé, forment les boues rouges.
Contraint par
les engagements internationaux de la France, Alteo s'est engagé à
stopper, au 31 décembre, tout rejet solide dans la Méditerranée. Mais
l'industriel a demandé à poursuivre les rejets liquides - inévitables
selon lui -, par la même conduite qui lui sert aujourd'hui à évacuer ses
boues rouges.
La préfecture avait programmé une première enquête
publique au printemps sur ce sujet sensible avant de faire machine
arrière et d'ordonner des études complémentaires sur le milieu à la
demande du ministère de l’Ecologie.
Après clôture de l'enquête
publique et remise du rapport de la commission d’enquête, le dossier
sera soumis à l’avis du conseil départemental de l’environnement et des
risques sanitaires et technologiques (CoDERST) ainsi qu’au conseil
supérieur de la prévention des risques technologiques (CSPRT), avant
décision du préfet des Bouches-du-Rhône.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire