Mercure au-dessus de zéro au pôle Nord, tempête en mer du Nord,
fortes chaleurs en Australie, inondations au Royaume-Uni et dans le
Missouri: le monde entre dans l'année 2016 perturbé par des événements
météo extrêmes.
Les températures au pôle Nord sont anormalement
douces. Comprises entre 0 et 2 degrés Celsius, elles sont supérieures
d'au moins 20 degrés aux normales saisonnières, en raison d'une
puissante et violente dépression qui affecte l'Atlantique nord. Elles
pourraient grimper jusqu'à 4 degrés le 1er janvier.
L'Arctique est
la région du globe la plus affectée par le réchauffement climatique,
avec des températures dorénavant supérieures de trois degrés minimum par
rapport à l'ère pré-industrielle.
Mais il ne faudrait pas
uniquement lier ces températures douces au réchauffement, a mis en garde
Natalie Hasell, météorologue au ministère canadien de l'Environnement,
notant que les scientifiques ne basaient pas leurs conclusions «sur une
seule anomalie».
En mer du Nord, un tempête a entrainé des vagues
de plus de 15 mètres. L'une d'elles a frappé une plateforme
norvégienne, faisant un mort et deux blessés. Une immense barge à la
dérive, dont l'ancre a été arrachée par la tempête, est passée tout près
d'installations du pétrolier BP, nécessitant l'évacuation 150 employés.
Trois navires dépêchés sur zone sont parvenus à l'amarrer et la
remorquaient vers les côtes norvégiennes.
La dépression qui
affecte l'Atlantique nord a également entraîné un Noël
exceptionnellement chaud à l'est du Canada: 15,9 degrés Celsius le 24
décembre à Montréal pour des moyennes souvent proches des -10 degrés
habituellement. Ensuite, d'importantes chutes de neige se sont abattues
sur la moitié est du pays.
Aux États-Unis, tornades et inondations ont fait au moins 49 morts.
Au
centre du pays, les eaux de la puissante rivière Mississippi ont déjà
dépassé de quatre mètres le niveau de débordement en certains points,
coûtant la vie à 13 personnes. Ce week-end, de spectaculaires tornades
ont dévasté une partie du Texas (sud).
Ces épisodes
météorologiques sont dus au phénomène El Niño particulièrement puissant
cette année qui s'ajoute au réchauffement climatique, selon les
scientifiques.
El Niño est un phénomène naturel mais l'épisode de
2015 est «probablement le plus puissant depuis les 100 dernières
années», souligne Jérôme Lecou, ingénieur prévisionniste à Météo-France.
«Il
n'y a pas de réponse simple» pour expliquer les phénomènes
exceptionnels, parfois meurtriers, observés aussi bien en Europe qu'aux
États-Unis, en Australie et en Amérique latine, note-t-il.
En
Australie, les fortes chaleurs ont entraîné d'importants incendies de
forêt. Et les températures devraient grimper à nouveau pour atteindre
les 38 degrés Celsius dans le sud du pays.
- Des jonquilles à Londres -
En
France, l'exceptionnelle douceur des températures déboussole la nature:
on pourra y déguster des fraises périgourdines ou des asperges
alsaciennes et les mimosas sont en fleurs sur la Côte d'Azur.
Et
plus largement en Europe, les jonquilles poussent à Londres, les
pruniers sont en fleurs à Milan, les poules pondent à nouveau en Écosse.
Les
effets d'El Niño dépassent la région pacifique et ce phénomène «a une
conséquence à l'échelle planétaire», explique à l'AFP Jean Jouzel,
l'ancien vice-président du Groupe intergouvernemental d'experts sur
l'évolution du climat (Giec) dont les travaux ont alerté le monde sur le
réchauffement.
«Généralement, les années El Niño sont des années plus chaudes que les valeurs moyennes», a-t-il ajouté.
Le
nord de l'Angleterre souffre d'inondations sans précédent qui ont
entraîné l'évacuation de centaines de personnes, notamment dans la cité
historique de York. Des pluies diluviennes ont balayé la région ces
derniers jours, submergeant villes et villages. Selon les services de la
météorologie nationale (Met Office), décembre 2015 a été le mois de
décembre le plus chaud jamais enregistré au Royaume-Uni.
Dans le
monde, les températures enregistrées entre janvier et novembre ont déjà
battu des records, laissant présager que l'année 2015 sera la plus
chaude de l'histoire moderne, d'après l'Agence américaine océanique et
atmosphérique.
«A l’échelle planétaire nous sommes vraiment dans
une année exceptionnelle puisque elle est un peu plus d'un dixième de
degré plus chaude que l'année 2014, qui elle-même était une année
record», note Jean Jouzel. «C'est un véritable saut, un dixième de
degré, d'une année sur l'autre».
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