"Aujourd'hui
une station d'épuration traitant les eaux usées de 100.000 habitants
présentera une consommation énergétique équivalente à 400 habitants, situe Boris Lesjean, directeur de l'innovation pour le groupe Veolia en Allemagne.
Demain, en installant les technologies testées dans le projet
Powerstep, nous pourrons alimenter 1.400 habitants en électricité".
Lancé en juillet, ce dernier prévoit de
tester en conditions réelles différentes solutions pour rendre les
stations d'épuration (step) productrices d'énergie. Pour cela, il compte
sur l'exploitation du potentiel énergétique de la biomasse contenue
dans les eaux usées : ce dernier représenterait au niveau européen
environ 87.500 GWh/an. Coordonnée par le Centre de compétence des eaux de Berlin (Allemagne), le projet rassemble un consortium européen de 15 partenaires venant de la recherche, de l'industrie ou du secteur public.
Aujourd'hui, les stations d'épurations
consommeraient environ 1% de la demande d'électricité de l'Union
européenne. L'idée d'exploiter la biomasse des step n'est pas nouvelle.
Comme au niveau local, l'énergie consommée par les services d'eaux et
d'assainissement constitue souvent le premier poste de consommation
électrique pour les collectivités territoriales, différentes initiatives ont déjà été lancées pour réduire la facture.
Six cas d'études européens
"La nouveauté de ce projet est que pour la première fois nous passons à la phase de démonstration, explique Boris Lesjean. Nous nous sommes basés pour cela sur des projets nationaux qui existaient déjà et des infrastructures existantes". Six
cas d'études répartis en Allemagne (deux sites), en Suède, en Autriche,
en Suisse et au Danemark s'intéresseront ainsi au développement et à la
démonstration de l'efficacité de ces technologies durant les deux
premières années.
Un financement européen
D'un montant de 5.173.855 euros, le projet
bénéficie d'un financement européen de 3.997.126 euros dans le cadre du
programme Horizon 2020 (successeur du 7ème programme-cadre de recherche
et développement technologique). Ce dernier regroupe les financements
de l'Union européenne en matière de recherche et d'innovation et
s'articule autour de trois grandes priorités : l'excellence
scientifique, la primauté industrielle et les défis sociétaux.
"Le cœur du projet est d'extraire un
maximum de carbone des eaux usées que nous pourrons ensuite transformer
en biogaz par le biais de digesteur", précise Boris Lesjean. Les technologies expérimentées seront
notamment des extractions de la matière organique (carbone) par
microtamis, des procédés d'élimination de l'azote moins consommateurs
d'énergie, des technologies pour augmenter la teneur en méthane dans les
digesteurs, mais également pour transformer la chaleur résiduelle
produite par la cogénération en électricité. La dernière phase de
Powerstep intégrera l'ensemble des performances des différents procédés
testés dans un modèle virtuel.
Les step, productrices d'une énergie renouvelable ?
"Les step les plus performantes
récupèrent aujourd'hui sous forme d'électricité seulement 10% du
potentiel énergique présent dans les eaux usées. Nous passerions avec
l'ensemble des nouvelles technologies à 20%", souligne Boris
Lesjean. Verrous technologiques liés à chaque technologie, intégration
des nouveaux procédés aux technologies existantes, différentes
difficultés seront toutefois à contourner avant d'atteindre ce résultat.
"Le dernier verrou est légal et
financier : nous souhaiterions que ce type d'énergie soit reconnu comme
renouvelable au même titre que les éoliennes, le photovoltaïque et la
biomasse et puisse bénéficier des mêmes avantages en terme de taxe, de
financement des investissements etc., exposeBoris Lesjean. Nous
aimerions montrer que nous pouvons investir des euros dans des step pour
produire des kilowatts au même titre que d'autre EnR".
La méthodologie pour comparer les performances énergétiques des différentes solutions testées sera une analyse de cycle de vie. "Elle
permet d'intégrer les énergies primaires nécessaires à la station mais
aussi tous les besoins indirects induits par l'utilisation de produits
chimiques, par la construction d'infrastructure, etc.", note le
directeur de l'innovation de Veolia en Allemagne. Concernant l'agenda du
projet, l'objectif serait de démarrer les expérimentations sur les six
sites dans le courant du premier semestre 2016.
Rédactrice spécialisée
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