La société SPSE, poursuivie pour une pollution aux hydrocarbures en
2009, en pleine réserve naturelle de la Crau, a été condamnée mardi à
environ 77.000 euros d'amendes et 400.000 euros de dommages et intérêts,
des montants nettement inférieures aux demandes du parquet et des
parties civiles.
Le tribunal de Tarascon (Bouches-du-Rhône) s'est
appuyé sur «les manquements retenus comme constitutifs d’une négligence»
imputés à la société, qui n'a pas remplacé un tube du pipeline
traversant la réserve protégée de la Crau, dont la fragilité avait été
signalée en 2003 et qui s'est finalement rompu 6 ans plus tard, pour
condamner SPSE.
La peine, composée d'une amende de 75.000 euros
pour «déversement de substance nuisible dans les eaux souterraines,
superficielles ou de la mer» et de plusieurs amendes plus faibles pour
un total de 76.950 euros, est cependant nettement inférieure aux
réquisitions du parquet.
Lors de l'audience de juin, le
vice-procureur de Tarascon Julien Ecuer avait pointé les «négligences
persistantes» de cette filiale de majors du pétrole -- comme Total,
ExxonMobil, Shell ou BP -- qui alimente cinq raffineries sur l'axe
Rhin-Rhône depuis le terminal pétrolier de Fos-sur-Mer.
Il avait
également estimé que «la SPSE a la culture du respect de la
réglementation, mais n'a pas celle du risque» et demandé 250.000 euros
d'amendes.
Dans ses attendus, le tribunal a justifié les amendes
«nettement inférieures» aux réquisitions en invoquant «le principe de
l'individualisation de la peine», soulignant «la prudence de la SPSE
dans la gestion de ses oléoducs» et la collaboration de la société aux
divers travaux de dépollution.
- 4.500 tonnes déversées -
Les
dommages et intérêts sont également bien plus faibles que ceux demandés
par les 12 parties civiles (les collectivités locales, le syndicat
mixte, le Conservatoire d'espaces naturels, la chambre d'agriculture et
des associations environnementales), qui s'élevaient à plusieurs
millions d'euros.
Les parties civiles avaient notamment dénoncé à
l'audience d'importants préjudices écologiques: atteinte à la faune, à
la flore et à la nappe phréatique, dont la «contamination» va toucher
les «générations futures», selon l'un de leurs avocats.
Des
accusations repoussées par la SPSE, qui avait affirmé que la nappe
n'était pas touchée et qui avait mis en avant les quelque 48 millions
d'euros consacrés à la dépollution.
Lors du rendu du délibéré, le juge a relevé le caractère «excessif» de ces demandes.
«Je
ne sais pas encore si nous ferons appel, tout dépendra de l'attitude du
parquet. S'il ne fait pas appel, on étudiera très sérieusement le fait
d'en rester là, eu égard à la fois aux montants des amendes et aux
motivations du jugement», a réagi l'avocat de SPSE, Éric Morain.
«Il
est souligné le travail de SPSE dans la gestion de crise», s'est réjoui
Me Morain, tout en regrettant que le juge ne soit pas allé «au bout du
raisonnement» en exonérant complètement la société.
Interrogé par l'AFP, le parquet a annoncé son intention de ne pas faire appel du jugement.
Au
matin du 7 août 2009, la rupture d'une canalisation de pétrole de la
Société du Pipeline Sud-Européen (SPSE), avait provoqué le déversement
de 4.500 tonnes de pétrole dans la réserve naturelle nationale des
Coussouls, un sanctuaire de 7.500 hectares, seule steppe sèche d'Europe.
Faune,
flore et nappe phréatique avaient été immédiatement pollués sur cinq
hectares. Environ 45 hectares supplémentaires avaient ensuite été
endommagés par un vaste chantier de dépollution qui a duré jusqu'en
avril 2011.
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