Les industriels se sont dits mercredi globalement satisfaits par les
nombreuses mesures du projet de loi sur la transition énergétique
présenté en Conseil des ministres, mais ils restent prudents quant à
leurs effets.
«Priorité des priorités» pour la ministre de
l'Energie Ségolène Royal, le volet lié à la rénovation énergétique des
bâtiments, qui comprend plusieurs mesures d'exonérations fiscales et
d'aides au financement, est un bon signal pour le secteur.
«Il va
permettre aux entreprises de retrouver de l'activité et une visibilité»,
estime auprès de l'AFP Jacques Chanut, président de la Fédération
française du bâtiment (FFB). Ce dernier se félicite d'«éléments
concrets» comme le crédit d'impôt (CIDD) pour les particuliers ou les
aides aux collectivités territoriales pour financer des travaux.
Pour
Patrick Liébus, président de la Capeb (artisans du bâtiment), le
financement reste cependant en question. «Les 30% de crédit d'impôt sont
importants, mais est-ce que tout est prévu en conséquence dans le
budget?», s'interroge-t-il.
Sur l'augmentation de la part des
énergies renouvelables (ENR) dans le mix énergétique français, la
fédération France énergie éolienne (FEE) se dit dans un communiqué
«largement satisfaite» du texte, saluant une ambition «forte» pour
l'éolien.
Même son de cloche au Syndicat des énergies
renouvelables (SER), dont le président, Jean-Louis Bal, note «des
objectifs ambitieux et rationnels» avec «un pilotage régulier» via la
programmation pluriannuelle de l'énergie.
Il s'interroge
cependant sur les modalités concrètes du passage d'un système de tarifs
de rachat de l'électricité produite par les renouvelables à un prix de
marché avec une prime, proposé mercedi.
Jean-François Raux,
directeur général de l'Union française de l'électricité (UFE), se dit
lui «très inquiet sur le rythme de développement des ENR et de la baisse
du nucléaire» qui ne lui semble «pas réaliste». En revanche, il se
félicite de l'intégration dans la loi d'un objectif d'intensité
énergétique (rapport entre la consommation d'énergie et le produit
intérieur brut).
Autre regret pour les électriciens: le texte est peu disert sur la réduction de la part du pétrole dans le bouquet énergétique.
Concernant
le nucléaire, la loi entérine la réduction de la part de cette énergie
dans la production d'électricité à 50% d'ici 2025 et limite la capacité
de production d'électricité d'origine nucléaire au niveau actuel.
Pour
la Société française d'énergie nucléaire (SFEN), cette décision «est
contraire aux objectifs de la transition énergétique». «Fixer des
limites arbitraires et rigides, dans un contexte d’incertitudes
énergétiques (gaz de schiste, crise en Ukraine, risque de black-out en
Europe), peut forcer des décisions hâtives et affecter la compétitivité
du pays autant que le pouvoir d’achat des Français», a-t-elle estimé
dans un communiqué.
Citant en contre-exemple la situation actuelle
en Allemagne (hausse des prix de l'électricité et des émissions de CO2)
qui a décidé de sortir du nucléaire après la catastrophe de Fukushima,
elle avertit: «Il ne faut pas se tromper de transition: il s’agit bien
d’engager avant tout une transition énergétique, et pas une transition
électrique».
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