Cette volonté de gagner encore plus / Ce désir fou de se moquer des vies
/ Ce rêve en lui avec nos sous à nous / Quelque chose en nous de
Monsanto / Sans un éclat de voix et sans un bruit / Sans un seul amour,
sans un seul ami / Monsanto, Monsanto.
Que nos lecteurs nous excusent du détournement de la belle chanson de
Michel Berger, mais l'hydre a encore frappé. C'est le Comité de
recherche et d'information indépendantes sur le génie génétique
(CRIIGEN) qui nous alerte. (1)
Voici toute l'histoire qui commence en septembre 2012.
C'est en effet à cette date que des chercheurs de
l'université de Caen, publiaient, les résultats d'une recherche
toxicologique analysant les effets sur des rats d’un OGM (maïs NK603) et
de l’herbicide Roundup, auquel le maïs a été rendu tolérant. C'était
une première dans la mesure où cette recherche a duré 2 ans
contrairement à ce qui se pratique avant une mise sur le marché qui se
suffit d'une évaluation sur 3 mois.
Bien sûr, l'affaire fit grand bruit et le professeur Séralini
(auteur de la recherche) fut accusé d'avoir manipulé les résultats afin
de les faire correspondre avec son idée de départ, à savoir que le maïs
NK603 est nocif pour la santé. Son article a même été retiré (fait
exceptionnel) de la revue Food and Chemical Toxicology. (2)
Mais le mérite (et sans doute son objectif) du professeur Séralini a été
de faire prendre conscience de la nécessité d'une étude de long terme
visant à étudier plus en avant la toxicité chronique du maïs NK603 et du
Roundup.
Le Ministère de l’Ecologie, du Développement
Durable et de l’Energie (MEDDE) a donc débloqué un budget de 3 millions
d’euros dans le but de réaliser l'étude sous le nom de projet Risk'OGM.
Alors tout va bien dans le meilleur des monde ? Pas tout à fait...
L'appel à projets pour sélectionner les laboratoires susceptibles de
pratiquer la recherche demandée est lancé en plein été, qui est, on le
sait, une période tout à fait propice pour obtenir un grand nombre de
réponses. De ce fait, seuls l’INRA, l’INSERM et l’ANSES ont présenté
conjointement une proposition d'étude et de protocole pour répondre à
l'offre du ministère et remportent donc le marché.
3 millions d'argent public pour un appel à projets non respecté
Visiblement, ces organismes ne comprennent pas ce que le long terme veut
dire... Et l'étude proposée ne porte que sur 3 mois, éventuellement
prolongée à 6 mois, et ne concerne que le seul maïs NK603 sans
l’herbicide Roundup. Bref, le cahier des charges de l'appel à projets
n'est pas respecté, mais le ministère ne trouve rien à redire...
Plus on est de fous, plus on rit...
Imaginons un criminel invité, lors de son procès, à participer au débat
des jurés qui vont statuer sur son cas... C'est exactement ce qui se
passe avec l'étude, puisque Monsanto, en la personne de Yann Fichet qui
est directeur des Affaires Institutionnelles et Industrielles de la
firme, a été invité à participer à une instance de dialogue autour de
l'étude. Et comme si cela ne suffisait pas, le comité s'est enrichi de
la présence des semenciers pro-OGM comme Limagrain, Bayer Crop Sciences
ainsi que l’Association Nationale des Industries Agroalimentaires
(ANIA). N'en jetez plus, la coupe est pleine.
Donc, voici une étude qui démarre sous les
meilleurs auspices et dont les résultats attendus n'offrent aucun
suspens... Gageons qu'ils ne seront pas retiré de la revue Food and
Chemical Toxicology.
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