En Suède, une partie des autobus de la capitale Stockholm, roule
grâce aux eaux usées de la ville, fermentées dans une usine inaugurée en
1941, pour produire du biogaz, utilisé comme carburant.
De
l'extérieur, on aperçoit une cheminée, qui dépasse d'une colline.
Creusés dans la roche, les 20 kilomètres de galeries de l'usine
d'Henriksdal, vastes tunnels dans lesquels sont installés bassins et
réservoirs, permettent de produire l'énergie d'une partie des bus de la
ville.
Pendant 15 à 20 jours, les eaux usées de la ville, mais
aussi les graisses des restaurants, vont être triées et versées dans des
bassins pour pouvoir fermenter, être transformées en biogaz - ou
biométhane - ensuite injectées dans les réservoirs des autobus.
Plus
de 850.000 m3 y sont ainsi recyclés chaque année, initialement pour
fournir notamment du chauffage. «La priorité a été donnée aux autobus à
la fin des années 90», détaille Andreas Carlsson, ingénieur dans cette
usine.
«A Stockholm, ce sont les déchets de la ville qui
produisent le gaz pour alimenter les bus», commente Jean-Pierre
Farandou, le patron de Keolis, l'opérateur français en charge de
l'exploitation d'une partie des bus de Stockholm. 36% de leur flotte
dans cette ville roule au biogaz.
«C'est un gros investissement,
une usine de méthanisation. Sans compter les (tuyaux) éventuels. Il y a
des infrastructures à construire, on est en retard en France»,
ajoute-t-il.
«Le gaz est une énergie fossile. Il émet du carbone,
mais moins que les autres. On peut facilement passer au biogaz, car
c'est le même moteur» pour le véhicule, explique Anne-Blandine
Dassencourt, directrice adjointe environnement de Keolis.
La RATP
avait annoncé en juin le remplacement d'ici 2025 de ses 4.500 bus
franciliens par de l'électrique à 80% et du biogaz à 20%.
«A
Lille, 100% des bus roulent au gaz naturel de ville (GNV, le gaz
classique, NDLR), dont une partie est du biogaz issu de la fermentation
des déchets depuis 2014», continue Anne-Blandine Dassencourt.
Car
dans l'Hexagone, contrairement à la Suède, l'injection directe de biogaz
dans le réservoir des autobus est interdite, le gaz produit doit être
injecté dans le réseau de gaz de ville, avant d'être utilisé dans les
transports, les appartements...
A moyen terme, «la France doit
progressivement substituer le gaz naturel par du biogaz», afin de
«respecter ses objectifs de réduction de gaz à effet de serre», avait
déclaré en septembre la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal, sans
fixer d'objectifs précis pour les transports.
La loi sur la transition énergétique fixe un objectif de 10% de biogaz dans la consommation française de gaz naturel en 2030.
L'Ademe
estime que la France pourrait produire l'énergie nécessaire pour
chauffer 2,5 millions de foyers et alimenter 55.000 bus et camions,
selon GrDF, au lieu des 11.000 foyers et 580 bus actuellement concernés.
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