La France puise 5,5 milliards de mètres cubes d’eau par an
Un Français consomme en moyenne 148 litres d’eau par jour, à peu près comme les autres Européens. Mais tout le monde
ne barbote pas dans le même bain : un Breton des Côtes-d’Armor en use
103 l/j, tandis qu’il en faut trois fois plus à un habitant des
Alpes-Maritimes, soit 324 l/j. C’est l’une des nombreuses données que
rapporte l’étude BIPE sur les services publics d’eau et d’assainissement réalisée pour les entreprises du secteur
et rendue publique jeudi 15 octobre. En dix ans, c’est la sixième fois
que Veolia, Suez, SAUR et quatre autres se livrent à cet exercice de
présentation de leur secteur.
La Fédération professionnelle des entreprises de l’eau (FP2E) ne manque évidemment pas une occasion de souligner les excellentes performances de ses
adhérents tout au long du rapport. Cela n’empêche pas le bilan d’être
instructif, quant à l’évolution des usages et aux efforts à fournir pour préserver une eau de bonne qualité face au stress hydrique et à un environnement qui se dégrade.
D’où vient l’eau ?
Depuis 2008, la France
métropolitaine puise en moyenne 5,5 milliards de mètres cubes d’eau
potable par an. Les deux tiers sont captés dans le sous-sol – ce qui est
plutôt un gage de qualité – dans des sources ou des nappes profondes.
Le tiers restant provient de la surface. Il est pompé dans les fleuves,
rivières ou lacs, autrement dit dans des milieux plus exposés aux contaminations diverses. Au total,
on prend dans la nature un peu plus de 85 m³ par habitant et par an,
soit 234 litres d’eau par personne et par jour. Les eaux de surface
représentent, en revanche, l’essentiel des quantités qui vont à
l’agriculture et à l’industrie.
Certaines régions prélèvent trois fois plus d’eau que d’autres. Cela ne veut pas forcément dire qu’elles sont plus gourmandes, mais bien souvent qu’elles alimentent leurs voisines. C’est le cas de la Bourgogne et du Centre, par exemple, qui comblent une partie des besoins de la consommation de l’Ile-de-France.
Globalement,
les quantités distribuées tendent à la baisse à la fois parce que les
Français font attention à leurs dépenses, se montrent plus sensibles à
la lutte contre le gaspillage des ressources, utilisent des équipements
aux technologies plus économes et parce que les performances des circuits de distribution s’améliorent.
Si l’on prélève plus d’eau potable que l’on n’en consomme, c’est
qu’il y a des déperditions entre la source et le robinet des
particuliers. La différence est essentiellement due aux rendements des
usines et des réseaux de distribution, matérialisés par environ
906 000 kilomètres de conduites. Entreprises privées et régies publiques
affichent un taux de rendement moyen de 80 %, soit 20 % de fuites donc.
L’eau est-elle rare ?
Selon
la Commission européenne, les sécheresses se sont considérablement
accrues au cours des trente dernières années dans les Etats membres, à
la fois en nombre et en intensité. Le nombre de régions et les
populations touchées ont augmenté d’environ 20 % entre 1976 et 2006. Le
sérieux épisode de 2003 a concerné plus de 100 millions de personnes et
affecté un tiers du territoire européen. Au moins 11 % de la population connaît un problème de rareté de la ressource toute l’année et 23 % pendant les périodes estivales.
Lorsque le risque de pénurie se fait sentir certains étés, les préfets prennent des arrêtés afin de limiter la consommation d’eau en interdisant notamment le lavage de voitures,
le remplissage des piscines. Ces quinze dernières années, au moins cinq
départements Charente, Charente-Maritime, Deux-Sèvres, Tarn-et-Garonne,
Vienne – ont pris des réglementations de ce type tous les ans.
Dans le même temps, les inondations sont devenues les catastrophes naturelles les plus courantes en Europe :
leur occurrence est passée d’environ 6 par an dans les années 1980 à
plus de 20 par an dans les années 2000. La situation pourrait
considérablement s’aggraver sans mesure de protection de
l’environnement, prévient l’étude de la FP2E.
La qualité de l’eau est-elle irréprochable ?
Selon
le ministère chargé de la santé, la qualité de l’eau au robinet
s’améliore. Ainsi en 2000, 8,8 % de la population avaient été alimentées
au moins une fois par de l’eau non conforme aux paramètres
microbiologiques, contre 3,3 % en 2012. Au total, en 2012 toujours, à
0,9 % près, presque tout le monde
avait reçu de l’eau respectant les seuils maximums de nitrates fixés
par la réglementation. Le bilan est moins bon sur le front des
pesticides : 4,5 % des abonnés n’ont pas eu droit en permanence à une
alimentation en eau respectant les limites.
Où l’eau va-t-elle après sa consommation ?
En France, après avoir
été traitées par les stations d’épuration, les eaux usées retournent à
88 % dans les fleuves, rivières, lacs, étangs. Le reste s’infiltre dans
les sols (10 %), ou est rejeté sur les côtes et dans les estuaires
(2 %).
Combien l’eau coûte-t-elle ?
Pour les services
d’eau potable et d’assainissement, le coût de l’eau était de 3,54 euros
par mètre cube en 2013, selon l’Insee, soit une facture annuelle de
425 euros pour une consommation de 120 m3. Mais les Français
utilisent moins d’eau, plaide la FP2E, qui fixe plutôt la dépense
moyenne par ménage à 327 euros pour un volume moyen de 102 m3. Les prix des services de l’eau ont augmenté en moyenne de 2,6 % par an entre 2000 et 2013.
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