vendredi 4 juillet 2014

On aura tous en nous quelque chose de Monsanto

Cette volonté de gagner encore plus / Ce désir fou de se moquer des vies / Ce rêve en lui avec nos sous à nous / Quelque chose en nous de Monsanto / Sans un éclat de voix et sans un bruit / Sans un seul amour, sans un seul ami / Monsanto, Monsanto.

Que nos lecteurs nous excusent du détournement de la belle chanson de Michel Berger, mais l'hydre a encore frappé. C'est le Comité de recherche et d'information indépendantes sur le génie génétique (CRIIGEN) qui nous alerte. (1)

Voici toute l'histoire qui commence en septembre 2012.

C'est en effet à cette date que des chercheurs de l'université de Caen, publiaient, les résultats d'une recherche toxicologique analysant les effets sur des rats d’un OGM (maïs NK603) et de l’herbicide Roundup, auquel le maïs a été rendu tolérant. C'était une première dans la mesure où cette recherche a duré 2 ans contrairement à ce qui se pratique avant une mise sur le marché qui se suffit d'une évaluation sur 3 mois.

Bien sûr, l'affaire fit grand bruit et le professeur Séralini (auteur de la recherche) fut accusé d'avoir manipulé les résultats afin de les faire correspondre avec son idée de départ, à savoir que le maïs NK603 est nocif pour la santé. Son article a même été retiré (fait exceptionnel) de la revue Food and Chemical Toxicology. (2)

Mais le mérite (et sans doute son objectif) du professeur Séralini a été de faire prendre conscience de la nécessité d'une étude de long terme visant à étudier plus en avant la toxicité chronique du maïs NK603 et du Roundup.

Le Ministère de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’Energie (MEDDE) a donc débloqué un budget de 3 millions d’euros dans le but de réaliser l'étude sous le nom de projet Risk'OGM.

Alors tout va bien dans le meilleur des monde ? Pas tout à fait...
L'appel à projets pour sélectionner les laboratoires susceptibles de pratiquer la recherche demandée est lancé en plein été, qui est, on le sait, une période tout à fait propice pour obtenir un grand nombre de réponses. De ce fait, seuls l’INRA, l’INSERM et l’ANSES ont présenté conjointement une proposition d'étude et de protocole pour répondre à l'offre du ministère et remportent donc le marché.

3 millions d'argent public pour un appel à projets non respecté
Visiblement, ces organismes ne comprennent pas ce que le long terme veut dire... Et l'étude proposée ne porte que sur 3 mois, éventuellement prolongée à 6 mois, et ne concerne que le seul maïs NK603 sans l’herbicide Roundup. Bref, le cahier des charges de l'appel à projets n'est pas respecté, mais le ministère ne trouve rien à redire...

Plus on est de fous, plus on rit...
Imaginons un criminel invité, lors de son procès, à participer au débat des jurés qui vont statuer sur son cas... C'est exactement ce qui se passe avec l'étude, puisque Monsanto, en la personne de Yann Fichet qui est directeur des Affaires Institutionnelles et Industrielles de la firme, a été invité à participer à une instance de dialogue autour de l'étude. Et comme si cela ne suffisait pas, le comité s'est enrichi de la présence des semenciers pro-OGM comme Limagrain, Bayer Crop Sciences ainsi que l’Association Nationale des Industries Agroalimentaires (ANIA). N'en jetez plus, la coupe est pleine.

Donc, voici une étude qui démarre sous les meilleurs auspices et dont les résultats attendus n'offrent aucun suspens... Gageons qu'ils ne seront pas retiré de la revue Food and Chemical Toxicology.

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