jeudi 31 juillet 2014

Transition énergétique: les industriels globalement satisfaits mais prudents

Les industriels se sont dits mercredi globalement satisfaits par les nombreuses mesures du projet de loi sur la transition énergétique présenté en Conseil des ministres, mais ils restent prudents quant à leurs effets.
«Priorité des priorités» pour la ministre de l'Energie Ségolène Royal, le volet lié à la rénovation énergétique des bâtiments, qui comprend plusieurs mesures d'exonérations fiscales et d'aides au financement, est un bon signal pour le secteur.
«Il va permettre aux entreprises de retrouver de l'activité et une visibilité», estime auprès de l'AFP Jacques Chanut, président de la Fédération française du bâtiment (FFB). Ce dernier se félicite d'«éléments concrets» comme le crédit d'impôt (CIDD) pour les particuliers ou les aides aux collectivités territoriales pour financer des travaux.
Pour Patrick Liébus, président de la Capeb (artisans du bâtiment), le financement reste cependant en question. «Les 30% de crédit d'impôt sont importants, mais est-ce que tout est prévu en conséquence dans le budget?», s'interroge-t-il.
Sur l'augmentation de la part des énergies renouvelables (ENR) dans le mix énergétique français, la fédération France énergie éolienne (FEE) se dit dans un communiqué «largement satisfaite» du texte, saluant une ambition «forte» pour l'éolien.
Même son de cloche au Syndicat des énergies renouvelables (SER), dont le président, Jean-Louis Bal, note «des objectifs ambitieux et rationnels» avec «un pilotage régulier» via la programmation pluriannuelle de l'énergie.
Il s'interroge cependant sur les modalités concrètes du passage d'un système de tarifs de rachat de l'électricité produite par les renouvelables à un prix de marché avec une prime, proposé mercedi.
Jean-François Raux, directeur général de l'Union française de l'électricité (UFE), se dit lui «très inquiet sur le rythme de développement des ENR et de la baisse du nucléaire» qui ne lui semble «pas réaliste». En revanche, il se félicite de l'intégration dans la loi d'un objectif d'intensité énergétique (rapport entre la consommation d'énergie et le produit intérieur brut).
Autre regret pour les électriciens: le texte est peu disert sur la réduction de la part du pétrole dans le bouquet énergétique.
Concernant le nucléaire, la loi entérine la réduction de la part de cette énergie dans la production d'électricité à 50% d'ici 2025 et limite la capacité de production d'électricité d'origine nucléaire au niveau actuel.
Pour la Société française d'énergie nucléaire (SFEN), cette décision «est contraire aux objectifs de la transition énergétique». «Fixer des limites arbitraires et rigides, dans un contexte d’incertitudes énergétiques (gaz de schiste, crise en Ukraine, risque de black-out en Europe), peut forcer des décisions hâtives et affecter la compétitivité du pays autant que le pouvoir d’achat des Français», a-t-elle estimé dans un communiqué.
Citant en contre-exemple la situation actuelle en Allemagne (hausse des prix de l'électricité et des émissions de CO2) qui a décidé de sortir du nucléaire après la catastrophe de Fukushima, elle avertit: «Il ne faut pas se tromper de transition: il s’agit bien d’engager avant tout une transition énergétique, et pas une transition électrique».

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