vendredi 3 juillet 2015

Espaces verts: «Il faut multiplier toutes les formes de verdissement des villes»

La chaleur, il va falloir s’y habituer. D’après les climatologues, le dérèglement climatique devrait nous exposer de plus en plus fréquemment à des températures extrêmes, comme celles qui touchent la France en ce moment. Des canicules plus longues et peut-être plus intenses obligeront les villes à s’adapter pour ne pas étouffer. Gilles Antier, urbaniste et géographe, auteur de Comment vivrons-nous en ville demain ? (éd. Le Pommier), nous dresse le portrait de la ville du futur, plus verte et plus fraîche.

Quels aménagements devraient être faits dans les villes pour anticiper des canicules plus fréquentes ?

La première chose à faire est de s’occuper de l’habitat : l’isolation des logements est cruciale. Il y a déjà beaucoup de dispositions prévues dans ce sens dans la loi sur la transition énergétique. Mais il faudra aussi aller vers un verdissement urbain. On s’est contenté pendant des années de parcs, de jardins et de boulevards plantés, mais cela ne suffit plus. Il faut multiplier toutes les formes de verdissement, notamment avec les toitures végétalisées.

Est-ce vraiment efficace dans la lutte contre la chaleur ?

C’est une petite action parmi beaucoup d’autres, mais des villes comme Berlin ont des résultats intéressants. Ce que les urbanistes prônent avant tout, c’est l’installation de trames vertes et bleues. Le vert, ce sont des îlots de froid, des coupures dans la minéralité de la ville, qui sont en moyenne de 2 à 7 degrés moins chaudes que les autres zones. En combinant ces îlots verts avec l’élément bleu de la trame, à savoir l’eau fraîche des bassins, des lacs, des rivières, on rafraîchit les villes, on favorise les courants d’air et on brasse aussi la pollution en altitude. Montréal et Berlin par exemple ont mis cela en pratique.

Y a-t-il de la place dans Paris pour ces îlots de fraîcheur ?

Il faut penser au niveau de toute la région : même si les jardins du Luxembourg ou des Tuileries sont loin de pouvoir rivaliser avec l’immense parc qui est en plein centre de Berlin, Paris a quand même les bois de Vincennes et de Boulogne et des quartiers très urbains ont été remplacés par des jardins. Je pense notamment aux entrepôts de Bercy, à l’ancienne usine Citroën dans le XVe arrondissement… La région a mené une vraie politique de verdissement depuis une quarantaine d’années.

Ce seront donc moins de routes, moins de logements, moins de bureaux dans les villes ?

Tout le problème est là : il faudrait faire des villes compactes pour réduire les déplacements, éviter l’étalement urbain et le grignotage de la ceinture verte de la ville, mais, en faisant cela, on risque de fortifier les îlots de chaleur urbains, où il fait plus chaud que dans le reste de la métropole, ou d’en créer de nouveaux. Comment résoudre le conflit entre le principe de densification des villes et ce que nous impose aujourd’hui le dérèglement climatique ? Cette question n’est pas encore résolue.

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