dimanche 18 octobre 2015

Les défenseurs du milieu marin lancent la nation de l’océan

La « nation de l’océan » lève son drapeau samedi 17 octobre, à la Seyne-sur-Mer, dans le Var. Plusieurs artistes, dont Matthieu Chedid et Sergent Garcia, se produiront bénévolement sur la scène des Chapiteaux de la mer lors de cette journée, destinée à célébrer la naissance d’un concept nouveau porté par des défenseurs du milieu marin. L’« eco-warrior » Paul Watson, fondateur de l’ONG Sea Shepherd et fameux défenseur des baleines et des dauphins, fait partie des fondateurs aux côtés de Pierre Rabhi, pionnier de l’« agroécologie » et initiateur du mouvement des Colibris.

« Nous voulons que l’océan acquière le rang de nation afin qu’il soit enfin reconnu comme un bien commun, explique Olivier Dubuquoy, à l’origine du projet The Ocean Nation (la Nation Océan). Personne ne l’avait revendiqué avant nous. L’idée est un peu folle, mais elle nous paraît un bon moyen de rallier l’opinion publique à cette cause et, nous l’espérons, d’inciter des chefs d’Etat à s’engager », ajoute ce géographe de l’université de Toulon, militant notamment du combat contre le déversement des boues rouges en plein parc national marin des Calanques.
Fraîchement matérialisée par une association, la Nation Océan se fait connaître depuis quelques semaines sur la côte méditerranéenne. Le 1er octobre, ses promoteurs sont allés agiter leur drapeau blanc lors des régates des Voiles de Saint-Tropez. Ces jours-ci, amarré à la Seyne-sur-Mer, le Columbus – l’ex-voilier de course devenu navire ambassadeur de Sea Shepherd – a reçu à son bord des classes d’écoliers et de collégiens pour les sensibiliser à la préservation du milieu marin.

Bien commun

Actualité oblige, à quelques semaines de la tenue à Paris de la COP 21, la conférence mondiale sur le climat, la nouvelle ONG rappelle, en préambule de la déclaration universelle qu’elle entend promouvoir, l’importance de l’océan face au réchauffement de la planète, son rôle fondamental dans la captation du dioxyde de carbone. Mais ce n’est pas son unique préoccupation. Face aux appétits croissants que suscitent ses ressources, l’océan doit être définitivement considéré comme un bien commun, insistent les rédacteurs de cette déclaration universelle de la nation océan. « A ce titre, si l’humanité en fait usage, elle ne le possède pas et aucune partie de cet espace n’est susceptible d’appropriation au profit de qui que ce soit ou de quoi que ce soit », proclame le texte.

Citant plusieurs traités internationaux, « les citoyens de la Nation Océan demandent l’engagement systématique de poursuites pénales à l’encontre des braconniers de la mer, des entités, légales ou non, à l’origine de pollutions, et les acteurs favorisant les prospections illégales (…) ».

Richesses minières

Leur initiative, délibérément politique, intervient au moment où de nombreux Etats veulent étendre leur emprise sur des espaces de plus en plus vastes et sur les richesses minières de leurs sous-sols au large de leurs côtes, au-delà de la limite des 200 milles marins (environ 370 km) admise jusqu’à présent. Après avoir peaufiné son dossier pendant des années, la France, par exemple, vient d’accroître ses droits sur un domaine sous-marin plus vaste de 579 000 kilomètres carrés. Quatre décrets publiés fin septembre au Journal officiel fixent de nouveaux contours en s’appuyant sur l’étendue du plateau continental autour de la Martinique, de la Guadeloupe, de la Guyane, des îles Kerguelen et de la Nouvelle-Calédonie.
Du côté de la Méditerranée, le feuilleton du permis d’exploration d’hydrocarbures accordé à la société Melrose comme le futur centre d’essai en mer profonde destiné à l’industrie pétrolière et minière près de l’île du Levant ont servi de détonateur dans la mobilisation d’Olivier Dubuquoy. En Bretagne, c’est un projet, apparemment plus modeste, d’extraction de sable coquiller dans la baie de Lannion qui suscite la colère d’opposants depuis des années. Réunis sous la bannière du Peuple des dunes, ils se rassembleront une fois encore le 17 octobre, devant la préfecture du Finistère, pour réclamer une étude environnementale du site, en principe promise avant que ne débute son exploitation.

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