samedi 13 décembre 2014

Catastrophes naturelles: le casse-tête de la gestion des déchets


Des personnes trient leurs effets le 7 octobre 2014 à Grabels, près de Montpellier, après une nuit d'inondation
Des personnes trient leurs effets le 7 octobre 2014 à Grabels, près de Montpellier, après une nuit d'inondation - Sylvain Thomas AFP
© 2014 AFP
En cas de catastrophe naturelle, si les dégâts humains et matériels sont la première priorité des habitants et des collectivités touchées, la gestion des déchets produits par ces évènements exceptionnels est un vrai casse-tête, que les acteurs de la filière tentent d'améliorer.
Une inondation ou une tempête charrient des végétaux arrachés du sol ou des boues, endommagent de manière irrémédiable des véhicules et des objets du quotidien (électroménager, meubles, outils, etc...) et dispersent des produits chimiques et des médicaments dans la nature, entraînant des risques de pollution.
«Les inondations du 17 septembre ont coûté à Alès 500.000 euros uniquement pour l'élimination des déchets», témoigne à l'AFP Alain Martinez, directeur général des services techniques de la commune et de son agglomération, deux fois touchées cet automne par des inondations.
«Ces déchets non planifiés dépassent les capacités de gestion normale; leur volume, leur hétérogénéité, leur caractère dégradé par rapport à un gisement habituel dictent des urgences de collecte et des choix techniques de traitement qui sortent de l’ordinaire», affirme ainsi l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) dans un mémo publié fin 2013 et intitulé «Intégration des déchets en situations exceptionnelles».
Pour les professionnels de la gestion des déchets - éco-organismes, recycleurs, collecteurs - la prévention est le meilleur moyen de réduire l'impact de ces catastrophes.
«Aujourd'hui, sachant qu'un foyer a en moyenne une soixantaine d'équipements électroniques, nous sommes capables de déterminer le volume de déchets qui pourrait être sujet à récupération après une catastrophe», explique Guillaume Duparay, responsable de la collecte d'Eco-systèmes, l'éco-organisme en charge des déchets de produits électriques et électroniques.
Les industriels du traitement des déchets rassemblés au sein du Groupement d'expertise et d'intervention post-catastrophe (Geide), ont relancé cette association un peu en sommeil et tentent d'harmoniser les pratiques sur tout le territoire.
Le Geide a ainsi publié fin 2013 plusieurs guides disponibles sur internet consacrés à chaque type de catastrophe naturelle (inondations, incendies, tempêtes, etc.) et à chaque public concerné (collectivités, professionnels et particuliers).
Ces guides détaillent la marche à suivre avant, pendant et après l'évènement climatique exceptionnel pour réduire le nombre de déchets potentiels et mieux les traiter le jour d'après.
- L'électrochoc Xynthia -

La prise de conscience est finalement assez récente en France et se manifeste réellement depuis 2010 et la tempête Xynthia, véritable électrochoc: jusqu'alors il n'existait pas de plan de gestion spécifique des déchets produits par des évènements naturels exceptionnels.
«Xynthia a produit près de 9.000 tonnes de déchets sur les trois communes les plus touchées, soit l'équivalent en quelques heures de douze fois la production annuelle», explique Jackie Bonnemains, président de l'association Robin des Bois qui est intervenue sur place à l'époque et a publié un rapport sur la gestion des déchets provoqués par la catastrophe.
Dans l'urgence, les déchets étaient entassés dans des zones qui n'étaient pas forcément adaptées. Dans certains endroits, d'anciennes pratiques interdites ont refait surface comme le brûlage à l'air libre ou des décharges sauvages. Sans parler d'un entreposage temporaire qui dépassait les durées habituelles et pouvait entraîner l'apparition de rats et d'insectes nuisibles à proximité.
«Après des inondations, les déchets sont parfois trop humides pour être incinérés et le plus souvent les incinérateurs ne sont pas en capacité de gérer cet apport exceptionnel», explique aussi Vincent Le Blan, directeur général de la Fnade, une des principales fédérations d'entreprises de recyclage.
Après Xynthia, les pouvoirs publics ont donc pris des mesures. Un arrêté datant de 2012 réglemente les installations de regroupement temporaires des déchets, que les communes sont désormais dans l'obligation de mettre en place.
Cette problématique fait aussi désormais partie des plans départementaux et régionaux de gestion des déchets.
L'enjeu est notamment d'assurer une collecte la plus rationnelle possible et de maintenir le tri des déchets par catégorie: bois, plastiques, électroménager, déchets mous (tapis, matelas, canapés), ferrailles, produits chimiques, etc.
La collecte de la plupart de ces filières est gérée par des éco-organismes. En cas de catastrophe, ils réalisent désormais ce tri sur les aires de regroupement temporaires.
«Nous sommes en contact direct avec les municipalités et nous mettons à disposition des bennes par type d'appareil (froid, cuisson, téléviseurs, etc...) qui sont mobilisables en cas d'alerte météo», explique Guillaume Duparay.
L'objectif est de pouvoir assurer un recyclage et une valorisation maximale de ces déchets.

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