Le gouvernement belge a annoncé jeudi un nouvel aménagement de son
plan de sortie du nucléaire en décidant de prolonger de dix ans,
jusqu'en 2025, la durée de vie de deux de ses sept réacteurs, exploités
par Electrabel, filiale du Français GDF Suez.
Confronté à des
risques de pénurie d'électricité, le gouvernement du libéral Charles
Michel a décidé de «prolonger les unités de Doel 1 et Doel 2 pour une
période de 10 ans», sous réserve d'un feu vert de l'agence belge de
sécurité nucléaire, l'AFCN, a indiqué la ministre de l'Energie,
Marie-Christine Marghem.
L'AFCN a souligné que plusieurs étapes
devaient encore être franchies, dont une modification de la loi
prévoyant la fermeture des deux réacteurs l'an prochain. Electrabel
devra également apporter des garanties renforcées en matière de sûreté
de ces deux réacteurs, qui comptent parmi les plus vieux du pays.
En
2003, le gouvernement Verhofstadt, où siégeaient les écologistes, avait
décidé d'un calendrier de sortie progressive du nucléaire entre 2015 et
2025, lorsque les réacteurs atteindraient l'âge de 40 ans.
Cela
devait être le cas en février 2015 pour le réacteur numéro 1 de Doel,
dans la région d'Anvers (nord), et en décembre 2015 pour Doel 2. Les
deux réacteurs ont une capacité de 433 MW chacun.
Le gouvernement
du socialiste Elio Di Rupo avait une première fois modifié ce plan en
2012 en reportant de 2015 à 2025 la fermeture du réacteur numéro 1 de la
centrale de Tihange (sud, 962 MW), mais avait confirmé la fermeture de
Doel 1 et 2 en 2015.
Depuis, la Belgique, où le nucléaire fournit
environ 55% de l'électricité, a été confrontée à la fermeture de trois
réacteurs, ce qui la prive de 3.000 MW sur une capacité totale de 5.700
MW.
Deux réacteurs, Doel 3 (1.006 MW) et Tihange 2 (1.008 MW) sont
à l'arrêt depuis mars à la suite de la découverte de microfissures dans
leurs cuves. Doel 4 est fermé depuis août en raison d'une fuite d'huile
due à un sabotage. Ce réacteur d'une capacité de 1.038 MW devrait
toutefois être relancé la semaine prochaine.
Selon Greenpeace, qui
a qualifié jeudi le gouvernement belge d'«esclave d'Electrabel», la
prolongation des deux réacteurs devrait coûter entre 600 et 700 millions
d'euros.
Une somme que la filiale de GDF Suez n'acceptera de débourser que si elle a de sérieuses garanties de retour financier.
«Nous
savons que c'est techniquement faisable de prolonger de dix ans les
deux réacteurs. Nous pourrons le faire qu'à la seule condition que le
cadre économique et juridique soit stable», a expliqué la porte-parole
d'Electrabel, Anne-Sophie Hugé.
Elle a relevé que 600 millions
d'euros avaient été investis pour prolonger Tihange 1. Pour Doel 1 et 2,
il sera également question de «centaines millions d'euros», a-t-elle
estimé.
Le premier électricien belge devrait notamment continuer à
contester, comme il le fait depuis des années devant les tribunaux, une
taxe annuelle de plusieurs centaines de millions d'euros imposée sur ce
que le gouvernement belge a appelé sa «rente nucléaire».
«En
clair, les citoyens financeront via des augmentations sur leurs factures
cette prolongation des vieux réacteurs nucléaires. GDF Suez peut dire
merci au gouvernement», a lancé le député écologiste Kristof Calvo.
«Pourquoi
ne pas investir ces sommes importantes dans des solutions d'avenir? »,
comme les énergies renouvelables, a déploré le Parti socialiste.
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