samedi 13 décembre 2014

Climat: négociations tous azimuts à Lima pour poser les bases de l'accord de Paris

Les négociations internationales sur le climat s'intensifiaient vendredi à Lima au 12e et dernier jour de la Conférence de l'Onu, pays industrialisés et en voie de développement butant toujours sur le contour des engagements qu'ils doivent prendre avant le grand accord espéré à Paris fin 2015.


«En tant que pays hôte, nous voulons une décision très claire ici à Lima sur les contributions nationales», a lancé Manuel Pulgar Vidal, ministre de l'Environnement du Pérou, qui préside les débats.
Il a alors précisé que les consultations se poursuivaient sur la base d'un texte de négociation distribué la veille, et qu'une vingtaine de pays - sur quelque 190 délégations - voulaient encore commenter cette nouvelle version.
«Nous y sommes presque, nous avons besoin d'un dernier effort», a-t-il assuré en séance plénière.
Il a ensuite invité les pays à reprendre les travaux à huis clos dans les grandes tentes blanches provisoires qui ont été dressées sur le site du «Pentagonito», le ministère de la Défense.
Les contributions sont les engagements que les pays prendront courant 2015 pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, en vue de limiter à 2°C la hausse de la température de la planète.
A Lima doit être décidé un cadre pour ces contributions (type d'objectifs, méthodologie, période de référence et d'engagement, évaluation, plan d'action, etc.).
Le projet d'accord sur ce point doit être formellement adopté par consensus, faute de quoi la 20e conférence de l'Onu sur le climat - qui pourrait se prolonger au moins jusqu'à samedi - n'aura pas tenu ses promesses.
Etablir maintenant des règles communes sur les engagements que les pays prendront en 2015 et leur évaluation est une étape cruciale en vue de l'accord multilatéral espéré dans un an à Paris.
En leur absence, chaque pays fera comme bon lui semble, ce qui ne présage pas d'un accord ambitieux à Paris.

- Message de soutien du Pape -

Pour limiter la température mondiale comme prévu, il faut réduire d'ici 2050 les émissions de GES de 40 à 70%, selon les experts. Cela suppose que tous les pays se détournent peu à peu des énergies fossiles - le charbon en premier lieu - et investissement massivement dans d'autres énergies.
Depuis 12 jours, les débats ont porté «à 80% sur les sujets récurrents» que sont la différentiation entre pays développés et en voie de développement, le soutien à l'adaptation au réchauffement et les financements, a indiqué à l'AFP Pascal Canfin, expert auprès du World ressources institute (WRI) et ancien ministre français chargé du développement.
La Convention de l'Onu sur le climat de 1992 reconnaît «une responsabilité commune mais différenciée» pour deux catégories de pays (développés et en voie de développement) et cette question vient régulièrement compliquer les débats. Chine et Inde en tête, désormais le 1er et le 4e émetteurs de gaz à effet de serre, plaident pour un statu quo, considéré comme inacceptable par les Etats-Unis, l'Union européenne, etc.
En 2010, la part des pays développés dans les émissions totales est tombé à 40%, selon le Programme de l'ONU pour l'environnement.
Les pays du Sud - surtout groupe Afrique, petits Etats insulaires, Arabie saoudite, Brésil et Philippines veulent aussi assurer une place de choix dans l'accord de 2015 à la question de l'adaptation aux impacts inévitables au changement climatique.
A Lima, ils ont exigé que le soutien aux actions d'adaptation (via des financements, de l'expertise, des transferts de technologie) apparaisse déjà dans les contributions, ce qui reste en débat.
Question corolaire et dernier sujet épineux: l'aide financière aux pays du Sud pour faire face au réchauffement.
Certains pays, notamment Chine, Brésil, Mexique, Arabie saoudite, Bolivie (qui préside le groupe G77) exigent plus de visibilité sur la manière de tenir la promesse que le Nord a faite en 2009 d'atteindre 100 milliards de dollars d'aide annuelle en 2020.
Le Pape François a envoyé jeudi un message de soutien au ministre péruvien, Manuel Pulgar, disant qu'il ne pouvait y avoir «de solutions adéquates que si nous agissons ensemble» sur le climat. Le réchauffement a un impact sur tous, «en particulier les pauvres et les générations futures», a-t-il rappelé.

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