vendredi 1 janvier 2016

Au Cambodge, la mafia du bois prospère impunément


Coupe illégale de bois de rose au Cambodge, en novembre 2015.
Sur le mur du bar du club des correspondants étrangers de Phnom Penh, les photographies en noir et blanc évoquent une des périodes les plus tragiques du Cambodge, le conflit qui aboutit en 1975 à la prise de pouvoir des Khmers rouges et à leur expérience tragique et sanguinaire.
Le militant écologiste rencontré en ce lieu chargé d’histoire, qui donne sur l’embouchure du Mékong et de la rivière Tonlé Sap, parle, lui, d’un fléau qui ravage le nouveau Cambodge en pleine expansion économique : une déforestation rapide, à un rythme qui le place aux premiers rangs mondiaux. Des hommes d’affaires proches de Hun Sen, le premier ministre en place depuis trente ans, mettent en coupe réglée les forêts tropicales et font fi des espaces protégés pour assouvir les envies en meubles de bois rares – notamment le bois de rose – des riches Chinois.
Pour dénoncer cette situation, le militant préfère rester dans l’ombre. Avec l’Inde, le Cambodge a été classé comme le pays le plus dangereux pour les journalistes qui travaillent sur les questions d’environnement par l’ONG Reporters sans frontières, dans un rapport publié peu avant l’ouverture de la COP21 à Paris, fin novembre 2015, intitulé « Climat hostile contre les journalistes environnementaux ». Quatre d’entre eux y ont été tués entre 2012 et 2014 – trois enquêtaient sur des sujets liés à la déforestation. Parmi eux, un ancien militaire, Chut Wutty, assassiné en avril 2012 par des militaires, est devenu le symbole de la lutte contre un système parrainé par le pouvoir.

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