vendredi 1 janvier 2016

Ségolène Royal accuse Manuel Valls d’avoir donné l’ordre d’autoriser les boues rouges




Vue générale prise le 08 octobre 2010 du site de MangeGarri à Gardanne où des résidus de bauxite produisant des boues rouges sont stockés sous forme solide par l'unique usine française de traitement de minerai de bauxite exploitée par la société Rio Tinto.
Les boues rouges de Gardanne (Bouches-du-Rhône) constituent une atteinte à l’environnement mais elles sont aussi un vrai poison pour le gouvernement. Ségolène Royal avait mis tout son poids dans ce dossier pour mettre un terme au déversement de résidus de bauxite en Méditerranée, au cœur du parc national des Calanques, quitte à envisager une reconversion du site. La ministre de l’écologie se plaint de ne pas avoir été entendue et accuse Manuel Valls d’avoir poussé le préfet des Bouches-du-Rhône et de Provence-Alpes-Côte d’Azur à donner son feu vert, mardi 29 décembre, à l’entreprise Alteo pour poursuivre son activité.
« L’ordre est venu du premier ministre au préfet, en direct, a-t-elle déclaré à l’AFP. Je n’ai pas du tout changé d’avis, je pense que c’est une mauvaise décision qui est essentiellement suscitée par le chantage à l’emploi. » Matignon a rétorqué dans la soirée en niant son implication, assurant que le préfet n’avait fait que suivre l’avis indépendant du Conseil supérieur de la prévention des risques technologiques rendu le 22 décembre. Celui-ci proposait d’autoriser l’usine de Gardanne non pas à se débarrasser de ses boues rouges solides en mer comme elle le fait depuis 1966, mais à y envoyer ses eaux résiduelles, pendant encore six ans, comme le demandait Alteo.
Du côté des services de l’Etat comme chez les élus locaux des Bouches-du-Rhône, une issue positive semblait acquise depuis l’avis favorable de l’enquête publique menée cet été. Certains espéraient même un délai de dix ans assorti d’une autorisation d’occupation...


Boues rouges: EELV dénonce une décision annoncée «dans le silence des fêtes»

Europe Ecologie-Les Verts a dénoncé jeudi la décision «dans le silence des fêtes» du préfet de la région Paca d'autoriser pour six ans de plus le rejet de boues rouges dans le Parc national des Calanques.
La décision du préfet d'autoriser la société Altéo à continuer de rejeter en Méditerranée des effluents résultant de sa production d'alumine pour six ans supplémentaires a été annoncée mardi et aussitôt «désapprouvée» par la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal.
«Le chantage à l'emploi réalisé aujourd'hui est malhonnête de la part de cette entreprise au comportement irresponsable», a estimé EELV dans un communiqué. Le parti écologiste a également qualifié ce «permis de polluer» de «scandale environnemental et sanitaire».
Altéo affirme avoir amélioré son procédé de production et ne plus avoir besoin de déverser des rejets solides (les boues rouges) mais uniquement des effluents liquides.
«La toxicité de ces boues atteint les poissons et menace les consommateurs», a-t-il ajouté, jugeant que ces rejets menaçaient «des milliers d'emplois» selon lui dans la pêche et le tourisme local «qui vivent grâce à la préservation de la qualité des eaux et de l'environnement».
«La France se montre encore une fois bien trop sensible aux arguments des entreprises et incapable de privilégier l'intérêt général», a conclu EELV.
Depuis près de 50 ans, le site de production d'alumine (qui sert à fabriquer de l’aluminium) situé à Gardanne, près d'Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), bénéficie d'un droit d'expédier en mer des résidus, à 7 km au large de Marseille et Cassis. Plus de 20 millions de tonnes de boues rouges ont été ainsi déversées sur les fonds marins de la fosse de Cassidaigne. L'autorisation prenait fin au 1er janvier 2016.


Boues rouges: décision du préfet fondée sur l'avis d'une commission indépendante

 

Vue aérienne en date du 30 juin 2015 du Parc national des Calanques dans les Bouches-du-Rhône 
Le préfet de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur a fondé sa décision d'autoriser le rejet de boues rouges dans le Parc national des Calanques (Bouches-du-Rhône) sur l'avis d'une commission indépendante et non sur intervention du Premier ministre Manuel Valls, a indiqué mardi soir Matignon à l'AFP.
«Le Conseil supérieur de prévention des risques technologiques (CSPRT) - un conseil indépendant composé d'experts rattaché administrativement au ministère de l'Ecologie - a planché le 22 décembre et a soumis l'arrêté d'autorisation au vote», a expliqué Matignon.
La réunion s'est conclue par «un vote assez large d'une autorisation pour six ans du processus industriel proposé par Altéo» et le rejet en mer, pour 6 ans, d'effluents résultant de la production d'alumine dans le Parc national des Calanques.
Le préfet a suivi cet «avis consultatif».
Plus tôt dans la soirée, la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal a «désapprouvé» cette décision. «L'ordre est venu du Premier ministre au préfet, direct», a déclaré la ministre l'AFP.
«Il n'y a pas eu d'ordre du Premier ministre au préfet. La procédure est claire. Matignon, qui suit ce type de dossier complexe, a confirmé au préfet qu'il n'y avait pas d'objection à suivre l'avis de la commissions d'experts», a répliqué Matignon.
Pour les services du Premier ministre, il s'agit d'«un cas relativement classique de désaccord entre deux cabinets ministériels, ceux de l'Economie et de l'Ecologie».
«La décision du préfet se fait sur le fondement d'avis de commissions dans ce genre de dossiers», a-t-on précisé.

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