vendredi 1 janvier 2016

L'île de Trindade: un sanctuaire écologique et laboratoire à ciel ouvert du Brésil


Des crabes aratu sur l'île de Trindade, entre le Brésil et l'Afrique, le 29 novembre 2015 
Quand l'astronome britannique Edmond Halley a débarqué en 1700 avec des chèvres et des brebis sur l'île de Trindade, il a voué cette île paradisiaque de l'Atlantique sud à la dévastation.
Il aura fallu plus de 300 ans pour que les autorités brésiliennes décident d'en finir avec ces animaux qui s'étaient reproduits à outrance sur cette petite île située entre le Brésil et l'Afrique. Ils ont ravagé la forêt qui la recouvrait, affectant les cours d'eau et la reproduction des espèces locales comme les tortues vertes.
A 1.167 km du littoral de l’État d'Espirito Santo (sud-est), Trindade est aujourd'hui un relief accidenté et rocheux couvert d'une végétation basse.
Mais peu à peu, grâce à l'intervention de scientifiques, de volontaires et de l'armée, la nature reprend ses droits et l'île est en passe de retrouver son étiquette de «paradis de la biodiversité».
L'île, où l'on n'arrive que par bateau, est un point stratégique de défense pour le Brésil. Témoin d'une bataille entre Anglais et Allemands en 1914, pendant la Première guerre mondiale, elle est sous le contrôle de la marine brésilienne et accueille des dizaines d'expéditions scientifiques. Elle est interdite aux touristes.
«L'île peut rapidement devenir un poste de soutien d'actions militaires», explique à l'AFP le capitaine de frégate Mauro Medeiros Santos, qui dirigeait encore récemment le Poste océanographique de l'île (Poit), inauguré en 1957.
Aujourd'hui, 30 militaires y travaillent en permanence et se relaient tous les deux ou quatre mois.
- Chasse de chèvres et de brebis -
Bien que l'île eût été découverte en 1501 par le Portugal, Halley aurait été le premier à y débarquer en 1700, cinq ans avant de découvrir la célèbre comète qui porte son nom.
En arrivant, Halley a déclaré l'archipel «territoire britannique», déclenchant un conflit diplomatique qui n'a été résolu qu'à la fin du 19e siècle quand le Brésil -colonisé en 1500 par les Portugais - a déclaré son Indépendance.
En 1994, des scientifiques du Musée national de Rio ont recommandé d'éliminer les quelque 800 chèvres, 600 brebis et centaines de porcs redevenus sauvages sur l'île. La solution a été de les chasser. La dernière chèvre a été abattue en 2005 et 10 ans après, Trindade donne des signes de récupération.
«Lors de ma première mission en 1994, l'île était dévastée. Je pense que maintenant la couverture végétale est en franche récupération. Nous l'avons vérifié sur les images satellite», affirme Ruy Valka Alves, professeur de Botanique du Musée National qui a fait plus de 20 missions à Trindade.
- Crabes, tortues et 'chameau' -
La station scientifique de Trindade fonctionne depuis 2011 sur l'île et a déjà reçu 500 chercheurs. Il y a également une station météorologique - la seule du pays sur une île - qui contribue aux prévisions météo dans le monde entier.
Trindade est un lieu de reproduction de divers oiseaux marins qui commencent à revenir avec le retour progressif de la végétation. Elle abonde en coraux, poissons et crustacés, dont le crabe jaune en voie de disparition. Elle possède aussi la deuxième plus grande communauté de tortues vertes de l'Atlantique sud, abritant chaque année quelque 3.600 nids.
Au cours de la dernière saison reproductive la population des tortues a augmenté avec la naissance de 134.000 spécimens, selon des données du projet de préservation des tortues Tamar qui travaille depuis plus de 30 ans dans l’île.
Dans ce paradis, cependant, personne ne peut se promener seul et les bains de mer sont restreints à quelques plages.
Les pluies forment en haute mer, à une très grande profondeur, une immense vague baptisée «chameau» qui en arrivant à la côte balaye tout sur son passage, comme un tsunami.
Depuis que l'armée brésilienne s'est installée sur l'île en 1957, plus d'une dizaine de personnes sont mortes noyées par la vague traître.

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