vendredi 22 mai 2015

La planète finance s'invite dans les discussions sur le climat

«Comment réorienter les 1.000 milliards?» C'est autour de ce thème pragmatique que se réunit vendredi la sphère financière mondiale, en référence aux 1.000 milliards de dollars d'investissements annuels nécessaires pour limiter le réchauffement climatique à 2 degrés.
Le «Climate finance day», organisé au siège de l'Unesco à Paris, vient clore un «Business and Climate Summit» visant à mobiliser le secteur privé sur la thématique du climat, d'ordinaire l'apanage du monde politique.
«Le secteur financier soutient l'objectif visant à contenir le réchauffement de la planète sous la barre des deux degrés d'ici 2050», a indiqué à l'ouverture de la conférence Gérard Mestrallet, le président de l'association de promotion de la place financière parisienne Paris Europlace.
«Même si le secteur financier n'est pas directement impliqué dans les négociations sur le climat, il jouera un rôle clé dans la lutte contre le changement climatique en orientant les capitaux et l'économie vers un modèle plus sobre en carbone», a poursuivi le PDG de Engie (GDF Suez).
A l'heure des politiques d'austérité et des restrictions budgétaires, les financements publics ne pourront pas assurer seuls les investissements nécessaires à la réalisation des objectifs, d'où l'idée de ce sommet financier.
Plus de 1.000 participants, banquiers, assureurs, fonds d'investissements ou investisseurs institutionnels, assistent à cet événement auquel participent les ministres français des Finances Michel Sapin et des Affaires étrangères Laurent Fabius, et labellisé COP21, la conférence internationale sur le climat qui se déroulera à Paris début décembre.
«Désormais, l'ensemble du système financier doit prendre en compte les risques climatiques dans ses activités et non plus uniquement les pionniers comme vous qui avez montré la voie», a appelé de ses voeux Michel Sapin.
Pour accélérer le mouvement, le gouvernement français vient de proposer, dans le cadre de la discussion du projet de loi relatif à la transition énergétique pour la croissance verte, que les investisseurs institutionnels publient les modalités de prise en compte de l'exposition aux risques climatiques dans leurs politiques d'investissements, selon M. Sapin.
Gérard Mestrallet a pour sa part regretté que le financement de projet émettant moins de carbone soit confronté à des obstacles réglementaires: il a notamment pointé la directive européenne Solvabilité 2, qui «bride la capacité des investisseurs institutionnels à s'engager sur des projets de long terme», et le projet de taxe sur les transactions financières.

- Une plateforme d'engagements -

Le forum met en avant plusieurs initiatives du secteur en faveur du climat comme la réallocation d'actifs, qui consiste à investir vers des entreprises plus vertes et sortir du capital des mauvais élèves (charbon ou pétrole, par exemple).
Pour montrer l'exemple, la Caisse des dépôts, bras financier de l'Etat français et initiatrice de l'événement, a annoncé qu'elle allait désormais prendre en compte l'aspect «transition énergétique» dans ses prises de participation et militer en faveur du respect de certains objectifs dans les entreprises où elle est actionnaire.
La banque française Crédit Agricole a également récemment annoncé son intention de «ne plus financer les projets de mines de charbon ni les exploitants spécialisés dans cette activité».
Autre type d'initiative: le développement d'outils de financement spécifiques comme les obligations vertes, ou green bonds, qui permettent aux industriels ou aux collectivités de trouver sur les marchés les financements de leurs projets d'énergie renouvelable. Sur ce secteur en développement, la France est au premier rang mondial des émissions.
Le secteur de l'assurance se mobilise lui autour de la couverture et de l'analyse des risques climatiques.
Les engagements pris par les acteurs, leur empreinte carbone et celle de leur portefeuille, seront répertoriés sur une plateforme commune, lancée vendredi: investorsonclimatechange.org.
En France, les fédérations d'investisseurs se sont en outre engagées à favoriser les financements vers des technologies bas carbone et intensifier la recherche et le développement.
Ils attendent en échange un cadre réglementaire favorable, avec des mesures incitatives, comme la mise en place d'un prix du carbone.

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