mercredi 9 décembre 2015

COP21 : un nouveau projet d’accord présenté en milieu de journée

Les grands discours terminés, les ministres de 195 pays mettaient les bouchées doubles, mardi 8 décembre, pour trouver les compromis nécessaires à un accord mondial sur le climat d’ici à vendredi.

Au programme, également, de cette neuvième journée de la COP : les femmes et le climat, des multinationales qui s’engagent sur la baisse de leurs émissions et un report de la taxe sur les transactions financières.
  • Laurent Fabius met la pression

Le président de la COP21, Laurent Fabius, a annoncé, mardi soir, qu’un nouveau projet intermédiaire d’accord serait produit mercredi à 13 heures. L’idée est d’avoir une « version nettoyée » du maximum d’options et de crochets, c’est-à-dire de formulations qu’il reste à trancher, a précisé le ministre des affaires étrangères.
« L’objectif est de présenter un texte final dans des délais compatibles avec son adoption formelle par la COP vendredi 11 décembre à 18 heures. »
Dans la ruche du parc des expositions du Bourget, les délégués se partageaient entre consultations bilatérales, groupes formels et informels et grandes réunions.
La conférence de presse la plus attendue de la journée a réuni les pays émergents dits des BASIC (Brésil, Afrique du Sud, Inde et Chine) dans une salle exceptionnellement comble. « Depuis le début de ces négociations, nos quatre pays, en coordination avec le G77 + Chine [la coalition de 134 pays qui réunit les pays en développement], ont une attitude très constructive, tout en restant inflexibles sur les positions que nous prenons », a expliqué Xie Zhenhua, le représentant spécial de la Chine sur le changement climatique. L’inflexibilité des BASIC a pu se mesurer sur la mobilisation des 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020, promise aux pays en développement en 2009. En octobre, un rapport de l’OCDE évaluait à 62 milliards les montants Nord-Sud collectés en 2014. « Je ne dis pas que les chiffres avancés par l’OCDE ne sont pas les bons. Mais nous avons besoin de transparence. Nous voulons d’un accord qui adopte des règles claires, de transparence, et qui permette de savoir quel est le montant réel » qu’atteignent les financements pour le climat, a indiqué la ministre de l’environnement du Brésil, Izabella Teixeira.
  • Le dessin du jour


La COP21 vue par les étudiants de l'école de bande-dessinée de Paris, le Cesan.
  • Le climat du point de vue des femmes

Ce 8 décembre, la COP21 a fait une petite place aux femmes au Bourget. Dans la zone officielle, une réunion « Genre et solutions pour la justice climatique » était au programme, sous l’égide des Nations unies, tandis qu’une autre, « Femmes et énergies durables », se tenait au pavillon du Maroc. De son côté, la ministre de l’écologie, Ségolène Royal, a invité plusieurs interlocutrices à venir s’exprimer au pavillon français. « L’égalité homme-femme est une condition indispensable à la réussite de la lutte contre le dérèglement climatique », a-t-elle déclaré.
Pourquoi aborder la question du réchauffement du point de vue des femmes ? « Parce que ce sont elles qui s’occupent des enfants, de l’école, qui peuvent faire passer les messages, faire admettre que nous surconsommons, surgaspillons », affirme Mary Robinson, l’ancienne présidente d’Irlande, qui a été nommée envoyée spéciale pour le climat en 2014 par le secrétaire général des Nations unies et qui a créé sa fondation, Climate Justice. « Après Paris, nous n’allons pas cesser d’agir car nous savons que sinon nous allons sacrifier nos enfants et nos petits-enfants », poursuit-elle. « La COP21 n’apportera pas toutes les solutions, a prévenu Osprey Orielle Lake, cofondatrice de Wecan (Réseau d’action des femmes sur la terre et le climat). Mais les femmes souffrent de manière disproportionnée du changement climatique, alors elles doivent s’engager maintenant contre la déforestation, pour faire cesser les industries d’extraction et trouver une myriade de réponses au quotidien pour avancer. »
  • Le malus du jour

Déception pour les ONG, comme la Fondation Nicolas-Hulot, qui espéraient que la taxe sur les transactions financières (TTF) viendrait abonder les financements alloués aux pays du Sud frappés par le dérèglement climatique. Mardi, à Bruxelles, les ministres des finances des dix pays européens encore favorables à cette taxe (Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, France, Grèce, Italie, Portugal, Slovénie et Slovaquie) ont repoussé à mi-2016 l’adoption éventuelle d’un accord complet sur sa mise en œuvre.
En 2012, la Commission européenne avait proposé une « coopération renforcée » sur la TTF à 11 Etats membres (dont l’Estonie, qui s’est retirée mardi du processus), un consensus à 27 paraissant impossible. François Hollande avait annoncé qu’une partie des recettes serait affectée « à la lutte contre les inégalités, le réchauffement climatique et les grandes pandémies ».

  • Des multinationales s’engagent sur la baisse de leurs émissions

Cent quinze multinationales se sont engagées à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, avec comme objectif de contenir à 2 °C le réchauffement climatique. Pour ne pas dépasser ce seuil, « il faut aller plus vite et plus loin », a déclaré Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU, qui ouvrait la réunion de ces dirigeants d’entreprises dans le cadre de Caring for Climate, une initiative des Nations unies regroupant 450 entreprises engagées sur le climat, provenant de 65 pays. « Il faut la participation de 100 % des entreprises », a ajouté M. Ban.
« Ces entreprises s’engagent à établir des objectifs chiffrés de réduction de leurs émissions de CO2 et à rendre des rapports chaque année sur ces engagements. La plupart des entreprises font contrôler leurs efforts de réduction des émissions par un cabinet d’audit externe, mais de toute façon, ces engagements sont accessibles au public. Depuis 2007, une cinquantaine d’entreprises ont été écartées du groupe car elles ne tenaient pas leurs engagements », explique Lila Karbassi, la responsable environnement et climat du Pacte mondial des Nations unies. Caring for Climate affirme que depuis 2013 ses signataires ont réduit leur empreinte carbone de 12 %, et souligne que ces nouveaux objectifs, s’ils sont atteints, généreront 93,6 millions de tonnes CO2 de réductions annuelles, plus que les émissions du Pérou.

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