dimanche 27 octobre 2013

Lamya Essemlali: «La haute-mer est une zone d'impunité idéale pour les crimes»

INTERVIEW - La présidente française de Sea Shepherd est venue au Festival du vent porter le combat pour les océans de son association...

Derrière les aventures du «pirate écolo» Paul Watson se cache une association mondiale qui mise sur l’action musclée pour sauver les océans. Lamya Essemlali est la présidente de Sea Shepherd en France. Elle est au Festival du vent pour parler de la nécessité de protéger les océans, par tous les moyens.

Le mode d’action de Sea Shepherd a souvent été critiqué pour sa radicalité. Pensez-vous que c’est le moyen le plus efficace de lutter contre la chasse à la baleine?

C’est le minimum vital. Notre cœur de métier, c’est l’action anti-braconnage. Or le braconnage est une activité illégale, motivée par le seul profit. Nous devons donc parler leur langage, celui des pertes et profits. L’an dernier, les baleiniers japonais sont rentrés de leur campagne de pêche en Antarctique avec seulement 9% de leur quota de chasse, qu’ils se sont d’ailleurs auto-attribué. Ils sont donc en déficit. S’ils continuent, c’est malheureusement grâce aux subventions du gouvernement japonais.  

Des organismes internationaux, comme la Commission baleinière, ne peuvent rien faire?

La Commission baleinière condamne tous les ans le prétexte scientifique utilisé par les Japonais pour partir en chasse mais elle n’a pas de moyen de coercition. Sur le terrain, il lui est impossible de faire respecter le moratoire. La haute-mer est une zone d’impunité idéale pour les crimes et il y a énormément de profit à y faire.

Pourquoi défendre les baleines en particulier?

La campagne contre la chasse à la baleine est symbolique car elle a un fort potentiel de sympathie pour le grand public. Mais nous avons aussi des campagnes pour les requins ou les concombres de mer! Nous partons simplement du principe que si on n’arrive pas à sauver les baleines, on n’arrivera pas à sauver les océans.

Le président de Sea Shepherd, Paul Watson, a une image de héros. Pensez-vous qu’il est important d’avoir des personnalités fortes pour incarner la lutte écologique?

Paul Watson est très charismatique, convaincu donc convaincant et il a entraîné beaucoup de monde dans son sillage. C’est un atout indispensable car il est difficile de sensibiliser les gens sur des choses qu’on ne voit pas parce qu’elles se passent en haute mer. Il personnalise le combat et donne une impression de proximité par rapport à des organisations plus nébuleuses qui ne sont pas incarnées. Cela donne aux gens le sentiment de faire partie d’une grande famille.
 Propos recueillis par Audrey Chauvet, à Calvi

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