dimanche 27 octobre 2013

Peu de médicaments nouveaux pour soigner les "maladies négligées"

Parmi les 850 nouveaux médicaments ou vaccins autorisés dans le monde au cours de la période 2000-2011, seulement 4% (37 exactement) concernaient les "maladies négligées", un qualificatif hélas justifié.

Deux étudiants burkinabés ont imaginé le Fasosoap, un savon anti-paludisme.
Ces maladies, qui sévissent principalement dans les pays en développement, sont le paludisme, la tuberculose, la maladie du sommeil, la leishmaniose ou encore les maladies diarrhéiques. Autant de fléaux qui représentent 11% du poidstotal des maladies sur la planète, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). L'infection par le VIH ou les méningites ne sont pas prises en compte dans cette étude mise en ligne, jeudi 24 octobre, par la revue en accès libre The Lancet Global Health.
INITIATIVES MILITANTES
L'étude a été menée par des chercheurs de la fondation DNDi (Initiative médicaments pour les maladies négligées) de l'OMS, de Médecins sans frontières, de l'Université et du CHU de Grenoble ainsi que de l'Université d'Oxford. Lors d'un précédent travail, publié en 2002, ils avaient déjà constaté que, pour la période 1975-1999, les médicaments ou vaccins contre les maladies négligées ne représentaient que 1,1% des nouveaux médicaments autorisés. La mobilisation impulsée ces dix dernières années par des initiatives militantes a donc un peu porté ses fruits puisque l'on passe de 1,1% à 4%. Le constat n'en reste pas moins affligeant.
La plupart des 850 nouveaux médicaments parvenus sur le marché entre 2000 et 2011 dérivaient de molécules déjà existantes. Sur les 336 "nouvelles entités chimiques" autorisées, seulement quatre étaient destinées aux maladies négligées : trois contre le paludisme et une contre les maladies diarrhéiques.
PIPE-LINE DE LA RECHERCHE
La pauvreté du "pipe-line" de la recherche dans ce domaine n'a rien de surprenant. Les auteurs de l'étude nous apprennent que, sur près de 150 000 essais cliniques recensés à la date du 31 décembre 2011, à peine plus de 2000  portaient sur des maladies négligées. Pourtant, la moitié des nouveaux médicaments destinés àsoigner les maladies négligées et autorisés entre 2000 et 2011 figurent sur la liste des médicaments essentiels établie par l'OMS, contre 4% pour ceux visant les autres pathologies. Sur le total des 49 maladies négligées prises en compte dans l'étude, 11 ne présentaient pas de déficit en recherche et développement. Pour la moitié d'entre elles, des efforts ont été enregistrés.
Sans surprise, la majorité (54%) de ceux qui poussent à la recherche et au développement dans ce domaine sont issus du secteur public, tandis que 23% émanent du secteur privé (laboratoires pharmaceutiques et sociétés de biotechnologie). Le secteur privé sans but lucratif (partenariats, organismes caritatifs ou fondations) représente 15% des promoteurs, le reste (8%) est d'origine mixte.
Les six années à venir devraient voir arriver de nombreux vaccins, mais peu de médicaments nouveaux contre les maladies négligées : 28 nouveaux produits, mais seulement 5 nouvelles entités chimiques.

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