jeudi 1 janvier 2015

2015, l'heure de vérité dans la lutte contre le changement climatique

L'année 2015 marquera-t-elle un tournant historique dans la lutte contre le réchauffement climatique, un phénomène toujours plus largement documenté, visible et menaçant? Il reste moins d'un an à 195 pays pour négocier et sceller à Paris un accord mondial.
«2015 décidera des conditions de vie de nos petits-enfants et de leurs petits-enfants», prévient Hans Joachim Schellnhuber, directeur du Postdam institute, spécialisé dans les questions climatiques.
«Au sommet de Paris, presque 200 nations ont l'objectif de mettre la planète sur une trajectoire de réduction des émissions qui permette de limiter le réchauffement à 2°C», par rapport à l'ère pré-industrielle, rappelle-t-il.
Pays hôte, la France présidera les débats et aura à ce titre «une responsabilité historique», estiment les écologistes français. D'intenses efforts diplomatiques sont déjà en cours.
Au delà de 2°C, les climatologues redoutent un emballement du système climatique, sachant que la température moyenne de la planète s'est déjà réchauffée de 0,8°C.
En l'absence de mesures nouvelles, la trajectoire actuelle file vers +4 à 5°C à la fin du siècle. Une perspective synonyme d'évènements climatiques extrêmes plus fréquents, de dangers pour la sécurité alimentaire et de phénomènes migratoires de grande ampleur.
Six ans après le retentissant échec de Copenhague, décembre 2015 est la date butoir que la communauté internationale s'est fixée pour trouver un consensus sur un texte. Le futur accord doit prendre, à partir de 2020, le relais du protocole de Kyoto, qui n'engageait que les pays riches dans la réduction des gaz à effet de serre (GES).
Depuis 2009, chaque année, une COP (conférence des parties) a tenté de préparer le futur texte qui engagerait tous les pays de la planète.
Cancun, Durban, Doha, Varsovie et tout récemment Lima ont été le théâtre de négociations toujours extrêmement laborieuses pour que 195 pays parviennent à un consensus.
L'action climatique est un défi car elle touche le coeur même des économies: la production et la consommation d'énergie.
Selon les économistes, il est possible de parvenir à réduire drastiquement les émissions de GES sans altérer la croissance, mais cela nécessite un changement radical dans les investissements pour laisser notamment deux tiers des réserves fossiles connues dans le sol.

- Nouvelle donne ? -

Quelques signaux permettent de penser que la donne a changé depuis Copenhague.
En novembre, Barack Obama a annoncé un nouvel objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour 2025 et la Chine, fortement exposée aux risques climatiques et en proie à de gros problèmes de pollution de l'air à cause du charbon, a promis un pic de ses émissions d'ici 2030.
L'Union européenne s'est elle engagée à réduire de 40% ses émissions en 2030 par rapport à 1990.
«Les économies les plus puissantes sont aussi les plus gros pollueurs», souligne Hans Joachim Schellnhuber, manière de rappeler qu'une poignée de pays détient les clés de l'avenir climatique. Les cinq plus gros émetteurs - Chine (27%), Etats-Unis (14%), Union européenne (9,6%), Inde (5,8%), Russie (5%) - représentent plus de 60% des émissions actuelles.
Dans la perspective du rendez-vous parisien, 2015 verra deux dynamiques à l'oeuvre: des négociations onusiennes intermédiaires et les annonces des pays sur l'adaptation de leur politique énergétique.
Pour ces dernières, l'accord de méthode trouvé à Lima laisse une grande latitude sur la forme que pourront prendre les engagements (durée, secteurs, base de référence, etc.).
«Ce qui se passe en dehors de la négociation est au moins aussi important que la négociation elle-même», estime Pascal Canfin, ex-ministre français et expert auprès du World ressource institute (WRI). L'accord sino-américain de novembre sur leurs futurs engagements en est un exemple.
Le processus onusien reste toutefois la colonne vertébrale de l'action collective. A Genève en février, puis à Bonn à deux reprises, des délégations restreintes des 195 pays se retrouveront avant Paris.
De nombreux sujets sont en suspens: l'accord sera-t-il légalement contraignant? Comment parvenir à mobiliser 100 milliards de dollars annuels en 2020 pour aider les pays du Sud dans la lutte contre le réchauffement? Et surtout comment partager équitablement les efforts à faire, notamment entre pays émergents et riches?
Pour Elliot Diringer du Center for climate and energy solutions (C2ES), «parvenir à trouver un équilibre entre pays développés et en voie de développement sera clairement l'une des plus grandes difficultés l'an prochain à Paris».

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