jeudi 1 janvier 2015

Miquelon, illustration inattendue de la montée des eaux

Miquelon, petite île française de l'Atlantique nord, risque de devenir une illustration inattendue du réchauffement climatique et de son corollaire de la montée des eaux qui pourrait affecter son isthme fragile et des infrastructures clés.

«On parle beaucoup de réchauffement climatique, cela apparaît comme une évocation abstraite pour beaucoup de nos compatriotes et il est très important de montrer que la France qui va organiser le sommet (sur le climat en décembre 2015) est directement concernée», a déclaré mardi François Hollande, premier président de la République à se rendre sur Miquelon.
Dans l'imaginaire collectif, le réchauffement affecte les zones tropicales avec ses exemples les plus spectaculaires: les petits Etats du Pacifique qui risquent une submersion totale, ou certaines îles des Seychelles dans l'Océan indien.
«La France a le deuxième domaine maritime du monde», a rappelé M. Hollande. Lors de la Conférence des parties sur le climat (COP 21) à Paris en décembre 2015, M. Hollande a promis aux Miquelonais qu'il «donnerait l'exemple de ce qui peut se produire ici à Miquelon-Langlade si rien n'est fait pour empêcher le réchauffement climatique».
Miquelon (110 km2) et Langlade (91 km2) sont reliées depuis le XVIIIe siècle par un isthme de sable. Les 600 habitants sont tous regroupés au nord de Miquelon sur la presqu'île du Cap. Si le point culminant est à 250 m d'altitude, une grande partie de l'île n'est pas si haute.
«Le bourg repose sur un banc de galets dont l'altitude varie entre zéro et trois mètres d'altitude. Il est bordé par le grand étang, d'est en ouest par la mer et un cordon littoral qui protège le village mais qui est fortement exposé à l'érosion éolienne et marine», a exposé Hélène Guignard, directrice adjointe de la Direction des territoires, de l'alimentation et de la mer (DTAM) de Saint-Pierre et Miquelon.
«Les experts dans leurs prévisions les plus pessimistes estiment une potentielle élévation des océans d'un mètre associée à une fréquence plus importante des tempêtes et de leur intensité», a poursuivi Mme Guignard.
- 'Isthme submergé' -

Afin de mettre en place un plan de prévention des risques littoraux, l'Etat et des partenaires ont entrepris de mesurer la topographie des zones basses, le recul du trait de cote, la hauteur de la houle, des marée et concomitamment l'élévation de la croute terrestre.
Une simulation «statique» a été réalisée en imaginant les pires conditions conjuguées à ce jour: «si le village est relativement bien situé sur son banc de sable mais quelques infrastructures comme l'aéroport, la centrale électrique, le centre médical auraient les pieds dans l'eau», a décrit la directrice adjointe de la DTAM.
Et en associant, à l'horizon 2050, l'élévation des eaux à 30 cm, «on se rend compte de la vulnérabilité du village», a-t-elle ajouté, soulignant que pour affiner ces projections il faudrait pouvoir faire une modélisation en trois dimensions associant la dynamiques de houles et des courants liés aux tempêtes.
«Le risque que l'on ait un fractionnement de Miquelon-Langlade en trois îles puisque l'isthme est un bout de terre qui peut être dans 40, 50 ans, submergé», a constaté François Hollande, du haut du promontoire où lui était exposée la situation.
Le maire de la commune, Jean de Lizzaraga, a déploré l'absence de communication de ses études préalablement aux élus et à la population qu'il ne «faut pas affoler».
«L'exercice ne consiste pas à faire peur mais à mettre, grâce à vous et avec vous, les moyens de prévenir ce type de risque», a temporisé le chef de l'Etat.
Par contre, «cela justifie le combat ou la mission confiée à la France de préparer Paris climat 2015 et de montrer combien cela est une réalité aujourd'hui», a renchéri Annick Girardin, secrétaire d'Etat à la francophonie et ex-députée de l'archipel de Saint-Pierre et Miquelon.

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