L’interdiction
des néonicotinoïdes – ces pesticides qui contribuent notamment à
décimer les abeilles – devient un sujet récurrent à l’Assemblée
nationale. Mercredi 24 juin, Delphine Batho, Gérard Bapt et Jean-Paul
Chanteguet, trois députés socialistes à la pointe de ce combat, ont
poussé un nouveau cri d’alerte à l’occasion d’un forum citoyen réuni à
leur initiative.
Le 19 mars 2015, ils étaient déjà parvenus à faire voter dans l’hémicycle un amendement lors de l’examen du projet de loi sur la biodiversité, stipulant tout simplement que « l’usage des produits phytosanitaires de la famille des néonicotinoïdes [serait] interdit à compter du 1er janvier 2016. » Seulement, voter n’est pas adopter, surtout lorsqu’une résolution de cette nature n’est pas soutenue par le gouvernement. En février, elle n’avait, en outre, pas obtenu de majorité au Sénat, où elle était défendue par le sénateur Joël Labbé (EE-LV). Celui-ci en avait ôté sa cravate de dépit en pleine session.
En fait, on est encore loin d’une prohibition générale des néonicotinoïdes en France. Car ni la ministre de l’écologie, Ségolène Royal, ni surtout son homologue de l’agriculture, Stéphane Le Foll, n’appuient une disposition difficile à faire passer auprès des représentants des filières agricoles. En 2013, M. Le Foll avait demandé et obtenu un moratoire de deux ans dans l’Union européenne vis-à-vis de quatre substances de la famille des néonicotinoïdes : le thiaméthoxam, la clothianidine, l’imidaclopride et le fipronil.
Contre cette position molle de la France, les auteurs de l’Appel des parlementaires pour l’interdiction des néonicotinoïdes font connaître les multiples cultures qui ont encore recours à ces molécules : les céréales à paille, les betteraves, de nombreux arbres fruitiers (pêchers, abricotiers, pruniers), la vigne, les agrumes, les légumes (poivrons, concombres, pommes de terre, pois…), les rosiers, les pépinières de conifères, les plantes d’intérieur… Sans compter les usages vétérinaires de l’insecticide imidaclopride sur les chiens et les chats, dans la lutte contre les blattes et les fourmis, du thiaméthoxam et de l’acétamipride pour traiter les bâtiments d’élevage…
« La communauté internationale des scientifiques a accumulé les preuves de la neurotoxicité de ces substances actives pour les abeilles, les invertébrés, les oiseaux et les poissons », a rappelé le député Jean-Paul Chanteguet. Il a exhorté « les élus du peuple de toutes les familles politiques à se retrouver pour assumer ensemble cette responsabilité essentielle » : la défense du « bien-être des générations futures et la préservation du bien commun qu’est l’environnement. »
Le 19 mars 2015, ils étaient déjà parvenus à faire voter dans l’hémicycle un amendement lors de l’examen du projet de loi sur la biodiversité, stipulant tout simplement que « l’usage des produits phytosanitaires de la famille des néonicotinoïdes [serait] interdit à compter du 1er janvier 2016. » Seulement, voter n’est pas adopter, surtout lorsqu’une résolution de cette nature n’est pas soutenue par le gouvernement. En février, elle n’avait, en outre, pas obtenu de majorité au Sénat, où elle était défendue par le sénateur Joël Labbé (EE-LV). Celui-ci en avait ôté sa cravate de dépit en pleine session.
Plantes, sols, eau imprégnés
C’est pourquoi les trois députés fers de lance de ce combat ont voulu montrer qu’ils ne baissaient pas la garde et ont lancé un appel à l’adresse de leurs confrères parlementaires. Une quarantaine d’entre eux ont déjà apporté leur signature à ce texte qui demande de prohiber ces « substances solubles [qui] imprègnent toute la plante jusqu’à son pollen, s’infiltrent dans le sol et se répandent par les eaux de surface et souterraines ». Parmi les signataires figurent plusieurs anciens ministres de l’écologie : Philippe Martin (PS), Nathalie Kosciusko-Morizet (LR), Chantal Jouanno (UDI) et Delphine Batho, bien sûr.En fait, on est encore loin d’une prohibition générale des néonicotinoïdes en France. Car ni la ministre de l’écologie, Ségolène Royal, ni surtout son homologue de l’agriculture, Stéphane Le Foll, n’appuient une disposition difficile à faire passer auprès des représentants des filières agricoles. En 2013, M. Le Foll avait demandé et obtenu un moratoire de deux ans dans l’Union européenne vis-à-vis de quatre substances de la famille des néonicotinoïdes : le thiaméthoxam, la clothianidine, l’imidaclopride et le fipronil.
Position molle de la France
Cependant les défenseurs des butineuses, apiculteurs en tête, ont toujours dénoncé cette interdiction qui doit s’achever en décembre, ils lui reprochent de n’être que partielle en réalité. Stéphane Le Foll continue de demander publiquement à la Commission européenne de faire procéder à des évaluations supplémentaires sur la toxicité de ces substances qui déstabilisent les abeilles, les privant notamment de leurs points de repère. Mais le ministre ne se montre pas pressé de prendre des décisions radicales dans les campagnes françaises tant que les Vingt-Huit ne seront pas prêts à basculer tous ensemble dans l’après-néonicotinoïdes.Contre cette position molle de la France, les auteurs de l’Appel des parlementaires pour l’interdiction des néonicotinoïdes font connaître les multiples cultures qui ont encore recours à ces molécules : les céréales à paille, les betteraves, de nombreux arbres fruitiers (pêchers, abricotiers, pruniers), la vigne, les agrumes, les légumes (poivrons, concombres, pommes de terre, pois…), les rosiers, les pépinières de conifères, les plantes d’intérieur… Sans compter les usages vétérinaires de l’insecticide imidaclopride sur les chiens et les chats, dans la lutte contre les blattes et les fourmis, du thiaméthoxam et de l’acétamipride pour traiter les bâtiments d’élevage…
Preuves de la neurotoxicité
Des forêts aux montagnes en passant par les balcons des citadins, il en reste donc à peu près partout, distribué sous de multiples appellations de Bzyer, Syngenta, Philagro, Novartis... Sur les végétaux, il existe bien certaines limites en fonction des périodes de floraison notamment, seulement les études scientifiques ont désormais montré à quel point les néonicotinoïdes, qui traitent la semence même de la plante, persistent dans l’environnement.« La communauté internationale des scientifiques a accumulé les preuves de la neurotoxicité de ces substances actives pour les abeilles, les invertébrés, les oiseaux et les poissons », a rappelé le député Jean-Paul Chanteguet. Il a exhorté « les élus du peuple de toutes les familles politiques à se retrouver pour assumer ensemble cette responsabilité essentielle » : la défense du « bien-être des générations futures et la préservation du bien commun qu’est l’environnement. »
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Martine Valo
journaliste Planète