Avoir gratuitement et en un clic de souris l'ensemble des données sur
les océans du monde: Mercator Océan, une PME toulousaine, filiale de
grands organismes scientifiques publics français, a créé pour le compte
de l'Europe «Copernicus Marine Service»
Après une phase
d'étude-démonstration qui a duré six ans, le programme a été lancé
lundi, en marge d'un colloque à Toulouse organisé dans le cadre de la
Journée mondiale des océans.
«Avant, on ne savait pas à qui
s'adresser parmi les multiples fournisseurs de données. On récupérait
des informations non décodées qu'il fallait traduire et c'était parfois
payant. Aujourd'hui, il y a un endroit où on trouve tout et c'est
totalement gratuit», explique Pierre Bahurel, directeur de Mercator
Océan.
«Copernicus Marine Service» (CMEMS), financé par l'Union
européenne à hauteur de 114 millions d'euros jusqu'en 2021, constitue le
volet maritime du programme européen d'observation de la Terre, baptisé
Copernicus et doté d'un budget de 4,29 milliards d'euros.
«C'est
très simple d'usage», explique le numéro un de Mercator, qui a remporté
l'appel d'offres européen pour piloter CMEMS. «On clique et on a la
température de l'eau à tel endroit, la salinité au fond de la
Méditerranée, les courants en mer Baltique...»
Pour ce faire,
l'entreprise toulousaine de 60 employés a interconnecté une quarantaine
de fournisseurs de données sur l'ensemble des continents (satellites,
bouées, prévisions météos...) et développé un «outil d'intérêt général»
facilement exploitable par tous.
«Il n'y a aucun équivalent dans
le monde, à ce niveau d'intégration. Nous sommes jalousés aux
Etats-Unis. Les Chinois coopèrent avec nous et les Japonais sont venus
nous voir», ajoute M. Bahurel.
- Déjà 5.000 abonnés -
Cinq
mille utilisateurs sont déjà abonnés et leur nombre grimpe de 150 par
mois depuis que le système est opérationnel, le mois dernier.
Majoritairement européens, ils proviennent de 110 pays. Ils sont pour
moitié des chercheurs et des universitaires, appartiennent aux secteurs
public comme privé, mais également au grand public.
Les usages
sont multiples : industries off-shore (Total notamment), marine
marchande, sauveteurs en mer, pêcheurs mais aussi navigateurs au long
cours.
«Cela nous permettra d'avoir des informations de meilleure
qualité», explique le navigateur Arnaud Boissières, qui a fini
plusieurs Vendée Globe et Transat Jacques-Vabre. «Les prévisions sont
souvent moyennes. Avec Copernicus, nous serons rassurés et ça nous
permettra d'être en confiance».
Les climatologues peuvent aussi en
tirer bénéfice. «Il n'y a pas de climatologie sans l'océan qui recouvre
les deux tiers de la planète», rappelle M. Bahurel, tandis qu'approche
la conférence sur le climat (COP 21) qui doit se tenir à Paris en
décembre.
Ainsi, le CMEMS peut être un «indicateur précurseur» des
catastrophes naturelles, comme les cyclones: «On peut dire si l'océan
est chargé en énergie», ce qui peut alimenter un cyclone, explique le
directeur.
Le centre français de prévisions océaniques Mercator
Océan est une filiale conjointe du CNRS, de l'Ifremer, de l'Institut de
recherche pour le Développement (IRD), de Météo-France et du Service
hydrographique et océanographique de la marine (Shom).
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