mercredi 3 juin 2015

Que sait-on sur le MERS-Coronavirus ?


L'Organisation mondiale de la santé (OMS) avait annoncé le 7 septembre que 54 personnes dans le monde étaient mortes à cause du coronavirus, sur un total de 114 cas confirmés.
Le MERS-Coronavirus (MERS-CoV), qui sévissait jusqu'ici essentiellement au Moyen-Orient, touche à présent la Corée du Sud, où un total de trente personnes étaient atteintes le 3 juin – deux d'entre elles sont décédées. C'est l'épidémie la plus importante hors d'Arabie saoudite, où la grande majorité des cas y ont été recensés. Proche de celui du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), responsable d'une épidémie internationale en 2003, cet infectieux n'a pas encore livré tous ses secrets.
  • Qu'est-ce qu'un coronavirus ?
Les coronavirus forment un groupe de virus dont les premiers représentants ont été identifiés au milieu des années 1960. Leur nom vient des prolongements en forme de couronne situés à leur surface. Les virus du genre coronavirus provoquent des infections respiratoires chez l'homme et chez l'animal, ainsi que des atteintes gastro-entériques dans le cas de ce dernier. Selon le type de virus ces infections sont d'une gravité très variable puisqu'elles vont du simple rhume à des syndromes provoquant une détresse respiratoire et la mort.
  • Pourquoi parle-t-on de MERS-coronavirus ?
Le virus a été identifié dans un échantillon de crachat recueilli le 13 juin 2012 chez un malade hospitalisé à Djedda (Arabie saoudite). Le génome du virus a été analysé : il présente des caractéristiques génétiques différentes de tous les autres coronavirus. Compte tenu du caractère régional marqué de l'épidémie, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a baptisé la pathologie provoquée par ce virus « syndrome respiratoire du Moyen-Orient », dont l'acronyme anglais est « MERS ». On lui accole l'acronyme « CoV », l'abréviation de « coronavirus ».
  • Le MERS-CoV est-il proche de celui du SRAS ?
Les cinq coronavirus, dont celui responsable de l'épidémie de SRAS (SARS-CoV) qui avait infecté 8 000 personnes et fait 800 morts en 2002-2003, sont répartis en deux types : alpha et bêta. Comme celui du SRAS, le MERS-CoV est un bêta coronavirus et comme lui, il est très proche de ceux que l'on peut trouver chez les chauves-souris. Les manifestations cliniques de l'infection sont similaires dans les deux cas. Cependant, l'analyse du matériel génétique du MERS-CoV montre qu'il s'agit bien d'un virus différent de celui du SRAS.
  • D'où vient-il ?
Le MERS-CoV dérive vraisemblablement d'un coronavirus détecté chez des chauves-souris à Hongkong, en Chine, car c'est avec lui que son matériel génétique présente le plus de similitudes. Cependant, comme dans le cas du SRAS, il pourrait être parvenu jusqu'à l'homme par l'intermédiaire d'un autre animal. Des recherches ont montré que les chameaux de la région ont fréquemment été en contact avec le MERS-CoV et une étude a mis en évidence le fait que ces animaux constituent un réservoir majeur pour ce coronavirus, et la possibilité de transmission de celui-ci entre chameaux et du chameau à l'homme. Des souches de MERS-CoV similaires à celle retrouvée chez l'homme ont été isolées sur des chameaux dans plusieurs pays, dont l'Arabie saoudite, l'Egypte, Oman et le Qatar.
Les premiers cas d'infection par le MERS-CoV se sont produits en Jordanie en avril 2012, survenus chez des personnels soignants. Puis, en juin 2012, le virus a été identifié et son génome séquencé. En avril et mai 2014, beaucoup des cas recensés en Arabie saoudite et dans les Emirats arabes unis se sont produits dans des établissements de santé. Le virus a par la suite été retrouvé dans différents pays, chez des malades qui avaient séjourné dans la péninsule Arabique.
  • Combien de cas d'infections recense-t-on ?
Au 1er juin , 1 152 cas d'infection par le MERS-CoV, confirmés en laboratoire, avaient été notifiés à l'OMS, et 434 personnes en sont mortes.
L'OMS précise que 24 pays lui ont notifié des cas : l'Arabie saoudite, l'Egypte, les Emirats arabes unis, l'Iran, la Jordanie, le Koweït, le Liban, Oman, le Qatar et le Yémen, pour le Moyen-Orient ; l'Algérie et la Tunisie, en Afrique ; l'Allemagne, l'Autriche, la France (deux cas confirmés dont un mortel), la Grèce, l'Italie, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Turquie, pour l'Europe ; la Corée du Sud, la Malaisie et les Philippines, en Asie ; et les Etats-Unis, pour l'Amérique du Nord.
  • Quels sont les symptômes de l'infection ?
Les signes typiques comprennent la fièvre, la toux et un essoufflement. Il existe fréquemment une pneumonie mais elle n'est pas systématique. Des symptômes gastro-intestinaux, notamment une diarrhée, sont également possibles. Certaines personnes infectées ne présentent pas de symptômes ou ne développent que des signes modérés. D'autres ont une atteinte sévère avec des signes aigus allant jusqu'à la détresse respiratoire, qui conduisent au décès malgré la réanimation. Un peu plus de 37 % des cas confirmés ont abouti au décès.
Il est recommandé de consulter son médecin en cas de symptômes d'infection respiratoire de modérée à sévère apparus dans les dix jours suivant un voyage dans la péninsule Arabique ou les pays voisins ou après des contacts étroits avec une personne infectée par le MERS-CoV.
  • Ce virus est-il contagieux ?
Le MERS-CoV est contagieux. Cependant, indique l'OMS, « le virus ne semble pas passer facilement d'une personne à une autre à moins qu'il y ait un contact proche, comme cela se produit lorsqu'on délivre des soins à un patient sans porter de protections ». Contrairement au SARS-CoV pour lequel existait une transmission aéroportée (lors d'éternuements ou de toux), le MERS-CoV nécessite une grande proximité.
Le mode de transmission de l'animal – du chameau – à l'homme n'est pas totalement élucidé. Les soins sans protection efficace ou avec de mauvaises pratiques ont fréquemment été à l'origine d'une transmission interhumaine, avec des cas groupés dans des établissements de soins. En revanche, il n'y a pas eu une profusion de transmissions entre des individus au sein de la population générale. Cela explique que le nombre de cas depuis 2012 soit resté limité.
  • Existe-t-il des moyens de prévention de l'infection ?
Les mesures d'hygiène classiques (lavage des mains) sont importantes pour les personnes se rendant dans les pays touchés du Moyen-Orient, en particulier en cas de contact avec des animaux. L'OMS recommande d'y éviter la consommation de viande crue ou peu cuite ou de lait de chamelle non pasteurisé ou chauffé. Les personnes souffrantes de diabète, d'insuffisance rénale, de pathologie pulmonaire chronique ou immunodéprimées semblent exposées à un risque élevé d'atteinte sévère en cas d'infection par le MERS-CoV.
  • Existe-t-il un traitement ?
Il n'y a aucun traitement contre ce virus pour l'instant. La prise en charge consiste en des soins de supports et une réanimation en milieu spécialisé. En utilisant des singes comme modèle de l'infection, des chercheurs américains ont pour l'instant démontré, sur des cultures de cellules, la capacité de deux antiviraux : la ribavirine et l'interféron-alpha 2b. Ils pourraient empêcher le virus de se reproduire, mais la démonstration reste à faire chez l'homme.
  • Peut-on voyager vers les pays où les premiers cas ont été recensés ?
L'OMS et les autorités nationales n'ont pas émis de restrictions aux voyages vers l'Arabie saoudite et les autres pays de la péninsule Arabique ou vers la Jordanie, ni même de restrictions commerciales.

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