Les émissions de CO2 de nouvelles voitures en Europe ont été de 40%
supérieures aux chiffres des constructeurs et l'écart s'accentue,
affirme un rapport de l'ONG Transport & Environment (T&E), qui
demande aux gouvernements d'être vigilants sur les moteurs essence.
«Le
système de test des voitures destiné à évaluer l'économie de carburant
et les émissions de CO2 (dommageables pour le climat) est discrédité»,
estime l'ONG, pour qui l'écart est «devenu un gouffre».
Ce rapport
sort en plein scandale Volkswagen, accusé d'avoir équipé ses véhicules
diesel de logiciels masquant leur niveau réel d'oxydes d'azote (NOx),
polluants nocifs pour l'organisme.
Selon le rapport annuel de
cette ONG basée à Bruxelles, la consommation réelle de carburant (gazole
et essence) et donc les émissions de CO2 étaient en 2012 de 31%
supérieures aux résultats des tests d'homologation des véhicules.
Pour
les voitures immatriculées en 2014, elles sont supérieures de 40% en
moyenne, selon ce bilan, qui se fonde notamment sur les déclarations de
consommation de 12.500 automobilistes sur Spritmonitor (site allemand de
calcul et de suivi de consommation de carburant).
Le rapport
relève par exemple un écart de 53% entre émissions réelles et déclarées
pour la Classe C de Mercedes (d'après un échantillon de 142 véhicules
sur Spritmonitor), de 48% pour la Peugeot 308 (73). Toyota Auris et
Renault Twingo affichent en revanche un écart modéré, de 18% et 10%.
«Les
causes de ces grosses différences doivent être clarifiées», souligne
T&E, pour qui les gouvernements européens «doivent étendre leurs
enquêtes aux tests de CO2 et aux véhicules à essence».
Interrogé
par l'AFP, PSA Peugeot Citroën n'a pas souhaité commenter cette étude,
faute d'information sur sa méthodologie. Un porte-parole a assuré que le
groupe était «engagé dans la réduction de la consommation» de ses
modèles qui «se traduit au quotidien par des niveaux de consommation en
très nette baisse d'une génération de véhicules à l'autre».
Le
constructeur allemand Daimler, dont plusieurs modèles de Mercedes sont
mis sur la sellette par l'étude, a mis en doute «le sérieux» de
celle-ci. «Les auteurs de l'étude n'ont pas indiqué combien de voitures
Mercedes ont été testées, et d'ailleurs n'importe qui peut aller ajouter
des données sur le site Spritmonitor», a déclaré à l'AFP Matthias
Brock, responsable de la communication du service de recherche et
développement du constructeur.
Pour Johan Ransquin, de l'Agence
française de la maîtrise de l'énergie (Ademe), sur le CO2, «il y a
nécessairement un écart entre ce qu'on va mesurer» dans les tests en
laboratoire et la réalité. «Mais ce qui nous gêne est que cet écart
grandit avec le temps».
«En général, on s'accorde à dire qu'il y a
entre 20 à 30% d'écart», précise à l'AFP le chef de service Transports
et mobilités de l'Agence. S'il n'est pas surpris par le chiffre de 40%,
il met toutefois en garde sur les difficultés d'une évaluation.
L'Ademe
a d'ailleurs lancé un appel à projet baptisé «Dust», pour tenter de
mesurer la consommation des véhicules via des boîtiers installés à bord.
En 2014, elle avait produit une étude montrant la sous-estimation des
émissions de NOx des diesel en situation de conduite réelle.
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