Partis filmer des poissons, un biologiste américain et son équipe ont découvert la toute première espèce de reptile qui absorbe et réémet la lumière.
C’est l’histoire du biologiste américain David Gruber, parti en expédition sous-marine au mois de juillet dans les îles Salomon, en Océanie. Armés de caméras et de projecteurs de lumière bleue, son équipe et lui-même cherchaient à filmer des espèces de coraux et de poissons fluorescents. Une propriété encore mal connue mais partagée par de nombreuses espèces marines… La preuve : alors qu’ils espéraient voir passer des roussettes sous leur objectif, c’est sur une tortue fluo qu’ils sont tombés.La découverte fera date, explique un article publié hier dans National Geographic, car c’est le tout premier reptile fluorescent que l’on découvre. Heureusement que les plongeurs sont remontés avec une vidéo pour prouver leurs dires…
L’espèce en question est une tortue imbriquée, vivant dans les mers tropicales et se nourrissant d’éponges, aujourd’hui menacée d’extinction en raison de la pêche, de la pollution, du ramassage de ses œufs et de la pêche aux écailles – qu’elle a particulièrement belles. Mais qu’elle brille sous l’eau, c’est une surprise. «J’étudie ces tortues depuis longtemps et je crois que personne n’a encore vu ça», témoigne Alexander Gaos, directeur de l’initiative pour la protection des tortues à écailles du Pacifique-Est.
Les espèces végétales ou animales biofluorescentes ont la capacité d’absorber la lumière et de la réémettre, parfois (surtout dans l’eau) dans une longueur d’onde et donc une couleur différente. Rien à voir avec les espèces bioluminescentes comme les lucioles ou le plancton, qui produisent leur propre lumière. On ne connaissait que très peu d’animaux fluorescents il y a quelques années encore. Mais une étude publiée début 2014 a porté à 180 le nombre de poissons ayant cette capacité : requins, raies, anguilles, et même hippocampes et crevettes…
La couleur naturelle d’une tortue imbriquée : brun orangé. Photo Philippe Bourjon, CC BY SA
Notre tortue, elle, semble briller jaune sur la vidéo rapportée par
David Gruber, car la caméra était équipée d’un filtre jaune pour filmer
les organismes fluorescents dans cette couleur. Mais une fois revenu à
Terre, le biologiste a mené son enquête sur quelques tortues captives de
la région pour tester d’autres couleurs. Il s’avère qu’elles
présentaient toutes la capacité de réémettre une lumière rouge. Gruber
soupçonne que cela puisse venir des algues accrochées à la carapace. Le
jaune-vert, en revanche, «provient sans aucun doute de la tortue elle-même».Tout un champ de recherche s’ouvre à l’équipe de Gruber : les molécules fluorescentes de la tortue sont-elles fabriquées par l’animal ou absorbées via sa nourriture ? La tortue exploite-t-elle cette capacité pour attirer ses proies ou communiquer avec ses congénères ? Et surtout, va-t-on trouver d’autres espèces de tortues fluorescentes ?
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