Paris a la particularité de disposer, depuis le XIXème
siècle et depuis la construction des égouts par Eugène Belgrand, d'un
double réseau garantissant la fourniture d'eaux de qualité différente
: l'eau potable, destinée à la consommation humaine et l'eau non
potable, eau brute prélevée en Seine et dans le Canal de l'Ourq,
utilisée principalement pour le lavage et l'arrosage du domaine public.
Pour autant, la réduction tendancielle des besoins en eau non potable
depuis ces vingt dernières années, ainsi que la vétusté relative des
installations qui sont dédiées à sa distribution, ont conduit la
Ville de Paris à s'interroger sur l'évolution de ce double réseau et
à organiser une Conférence de consensus à ce sujet en décembre 2009.
Certaines pratiques d'entretien dans la ville peuvent se satisfaire d'une eau de qualité moindre, non alimentaire : arrosage des parcs et jardins et des cimetières, remplissage des rivières et des lacs artificiels, nettoyage des rues par quelque 17.000 bouches de lavage, activités industrielles… L'eau utilisée à ces fins n'a pas besoin de passer par les filières de potabilisation, plus complexes. Or il existe à Paris un deuxième réseau complet d'eau non potable, en plus du réseau d'eau potable, avec ses trois usines de pompage (Auteuil, Austerlitz, La Villette), ses huit réservoirs et ses 1.700 kilomètres de canalisations en galeries souterraines.
Un réseau à multiples usages réhabilité par la Ville
L'avantage du réseau d'eau non potable tient aussi à sa simplicité. Beaucoup moins onéreuse en termes de coût de traitement, l'eau non potable est filtrée simplement par dégrillage afin de bloquer les gros déchets flottants, puis tamisée pour filtrer les déchets plus fins : c'est une eau économique. C'est aussi une eau écologique qui demande peu d'énergie pour circuler dans le réseau du fait qu'elle bénéficie d'un système gravitaire. Enfin, son développement permet d'économiser l'eau potable. Ce réseau est utilisé principalement par les services techniques municipaux, mais il a vocation à s'étendre aux usages des opérateurs privés, afin de ménager la ressource en eau : nettoyage des terrasses de café, des voitures, des parkings. Les communes limitrophes de Paris sont également concernées par cette extension des usages.
Inspirée du modèle danois de démocratie participative, une conférence de consensus a aidé la Ville à définir sa position et sa stratégie quant aux évolutions possibles en matière de consommation d'eau non potable et d'usages de son réseau. A l'issue de cette conférence, le jury, composé de quatorze personnes, a recommandé de maintenir la pluralité des ressources, des usages et des réseaux. Par une délibération du 19 mars 2012, le Conseil de Paris, prenant acte des résultats de ce débat, a décidé de maintenir et d'optimiser le réseau d'eau non potable. Ainsi, Eau de Paris a engagé un programme d'investissements de plus de 10 millions d'euros pour remettre en exploitation ce réseau d'eau non potable et en préparer la mutation pour d'autres usages.
Ce travail sur les nouveaux usages de l'eau non potable s'est amorcé avec l'Atelier parisien d'urbanisme (Apur), et ces usages potentiels se sont avérés nombreux : la remise en service des réservoirs de chasse en fait partie, pour des raisons sanitaires évidentes dans les égouts. Les réservoirs de chasse sont des réservoirs situés à intervalle régulier dans les galeries des égouts. Ils se remplissent et se vident automatiquement, plusieurs fois par jour, libérant ainsi une "chasse" qui nettoie les égouts en aval. Ce dispositif est le seul à même de garantir un état sanitaire satisfaisant des égouts, sans lequel les boues, les gaz et nuisibles se développent.
L'eau non potable, nouveau vecteur d'énergie
Dans la perspective de la COP 21 et dans le contexte du Plan Climat de Paris, trois sites pilotes - l'Hôtel de Ville, un centre médical rue Boudreau et un immeuble d'habitations et de bureaux avenue Victor Hugo - testent le raccord du réseau d'eau non potable afin de développer des systèmes de climatisation et de chauffage innovants. L'eau non potable est prélevée dans le réseau. L'énergie issue de la fraîcheur naturelle de l'eau non potable est transmise à un fluide colporteur par un échangeur thermique à plaques. La pompe à chaleur produit de l'eau chaude et de l'eau glacée si elle est réversible. Le circuit d'eau glacée climatise le bâtiment. L'eau non potable est restituée au réseau.
L'eau non potable pourra également être utilisée pour rafraîchir les rues et les îlots de chaleur lors des épisodes de canicules par système de jet directionnel sur les trottoirs, afin de permettre à la ville de perdre quelques degrés, comme des expérimentations en cours le montrent dans la capitale. Le Conseil de Paris du 29 septembre devrait entériner le Schéma directeur de l'eau non potable, aboutissement des délibérations prises il y a trois ans. Doté de 60 millions d'euros d'investissements, ce schéma fixe, pour la période 2015-2020, le cadre stratégique des actions de collaboration entre la Ville de Paris et l'entreprise publique Eau de Paris en charge de la gestion de ce réseau essentiel à l'adaptation de la Ville au changement climatique. "Il intervient à un moment crucial car jamais l'urgence de repenser la ville et l'adapter face au défi du changement climatique n'a été aussi grande", estime Célia Blauel, maire adjointe chargée de l'environnement, du développement durable, de l'eau, de la politique des canaux et du plan climat énergie territorial.
Agnès Sinaï, journalisteCertaines pratiques d'entretien dans la ville peuvent se satisfaire d'une eau de qualité moindre, non alimentaire : arrosage des parcs et jardins et des cimetières, remplissage des rivières et des lacs artificiels, nettoyage des rues par quelque 17.000 bouches de lavage, activités industrielles… L'eau utilisée à ces fins n'a pas besoin de passer par les filières de potabilisation, plus complexes. Or il existe à Paris un deuxième réseau complet d'eau non potable, en plus du réseau d'eau potable, avec ses trois usines de pompage (Auteuil, Austerlitz, La Villette), ses huit réservoirs et ses 1.700 kilomètres de canalisations en galeries souterraines.
Un réseau à multiples usages réhabilité par la Ville
L'avantage du réseau d'eau non potable tient aussi à sa simplicité. Beaucoup moins onéreuse en termes de coût de traitement, l'eau non potable est filtrée simplement par dégrillage afin de bloquer les gros déchets flottants, puis tamisée pour filtrer les déchets plus fins : c'est une eau économique. C'est aussi une eau écologique qui demande peu d'énergie pour circuler dans le réseau du fait qu'elle bénéficie d'un système gravitaire. Enfin, son développement permet d'économiser l'eau potable. Ce réseau est utilisé principalement par les services techniques municipaux, mais il a vocation à s'étendre aux usages des opérateurs privés, afin de ménager la ressource en eau : nettoyage des terrasses de café, des voitures, des parkings. Les communes limitrophes de Paris sont également concernées par cette extension des usages.
Inspirée du modèle danois de démocratie participative, une conférence de consensus a aidé la Ville à définir sa position et sa stratégie quant aux évolutions possibles en matière de consommation d'eau non potable et d'usages de son réseau. A l'issue de cette conférence, le jury, composé de quatorze personnes, a recommandé de maintenir la pluralité des ressources, des usages et des réseaux. Par une délibération du 19 mars 2012, le Conseil de Paris, prenant acte des résultats de ce débat, a décidé de maintenir et d'optimiser le réseau d'eau non potable. Ainsi, Eau de Paris a engagé un programme d'investissements de plus de 10 millions d'euros pour remettre en exploitation ce réseau d'eau non potable et en préparer la mutation pour d'autres usages.
Ce travail sur les nouveaux usages de l'eau non potable s'est amorcé avec l'Atelier parisien d'urbanisme (Apur), et ces usages potentiels se sont avérés nombreux : la remise en service des réservoirs de chasse en fait partie, pour des raisons sanitaires évidentes dans les égouts. Les réservoirs de chasse sont des réservoirs situés à intervalle régulier dans les galeries des égouts. Ils se remplissent et se vident automatiquement, plusieurs fois par jour, libérant ainsi une "chasse" qui nettoie les égouts en aval. Ce dispositif est le seul à même de garantir un état sanitaire satisfaisant des égouts, sans lequel les boues, les gaz et nuisibles se développent.
L'eau non potable, nouveau vecteur d'énergie
Dans la perspective de la COP 21 et dans le contexte du Plan Climat de Paris, trois sites pilotes - l'Hôtel de Ville, un centre médical rue Boudreau et un immeuble d'habitations et de bureaux avenue Victor Hugo - testent le raccord du réseau d'eau non potable afin de développer des systèmes de climatisation et de chauffage innovants. L'eau non potable est prélevée dans le réseau. L'énergie issue de la fraîcheur naturelle de l'eau non potable est transmise à un fluide colporteur par un échangeur thermique à plaques. La pompe à chaleur produit de l'eau chaude et de l'eau glacée si elle est réversible. Le circuit d'eau glacée climatise le bâtiment. L'eau non potable est restituée au réseau.
L'eau non potable pourra également être utilisée pour rafraîchir les rues et les îlots de chaleur lors des épisodes de canicules par système de jet directionnel sur les trottoirs, afin de permettre à la ville de perdre quelques degrés, comme des expérimentations en cours le montrent dans la capitale. Le Conseil de Paris du 29 septembre devrait entériner le Schéma directeur de l'eau non potable, aboutissement des délibérations prises il y a trois ans. Doté de 60 millions d'euros d'investissements, ce schéma fixe, pour la période 2015-2020, le cadre stratégique des actions de collaboration entre la Ville de Paris et l'entreprise publique Eau de Paris en charge de la gestion de ce réseau essentiel à l'adaptation de la Ville au changement climatique. "Il intervient à un moment crucial car jamais l'urgence de repenser la ville et l'adapter face au défi du changement climatique n'a été aussi grande", estime Célia Blauel, maire adjointe chargée de l'environnement, du développement durable, de l'eau, de la politique des canaux et du plan climat énergie territorial.
Rédactrice spécialisée
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