C’est une déception pour les ONG. Il y a deux jours, elles écoutaient le discours de François Hollande lors de l’Assemblée générale de l’ONU, affirmant que la France devait « montrer l’exemple » en matière d’aide publique au développement (APD). Le président de la République annonçait même une augmentation de l’enveloppe de cette aide. Aujourd’hui, elles doivent affronter le dur retour à la réalité : le gouvernement indique mercredi 30 septembre une baisse de ce budget de 170 millions d’euros.
D’après les documents officiels du ministère des Finances, le projet de loi de finances 2016 présenté ce matin en conseil des ministres prévoit en effet une enveloppe de 2,60 milliards d’euros l’an prochain pour la mission « Aide publique au développement » contre 2,77 en 2015. Les crédits écologie seront quant à eux de 6,49 milliards, contre 6,59 milliards en 2015.Volte-face après l’annonce de François Hollande à l’ONU
L’APD correspond à l’ensemble des dons et prêts accordés à conditions très favorables par des organismes publics aux pays pauvres ou en développement. En France c’est l’Agence française de développement qui est l’opérateur de ces financements.Lors de son discours le 27 septembre à l’Assemblée générale de l’ONU, lors de laquelle ont été adoptés 17 objectifs pour le développement durable, François Hollande a promis d’augmenter de 4 milliards d’euros l’aide publique au développement par an à partir de 2020. Il a également annoncé une hausse des financements de la France sur le climat de 2 milliards d’euros supplémentaires par an en 2020.
Cinquième année consécutive de baisse
« L’atterrissage est brutal », commente Christian Reboul, responsable Financement du développement chez Oxfam interrogé par Le Monde.« On sort de l’Assemblée générale de l’ONU, où a été affichée une grande ambition : celle d’éradiquer la pauvreté dans les quinze prochaines années. François Hollande a pris à son compte cet engagement, mais on ne voit pas la traduction de ses annonces dans la présentation du projet de loi de finances par le gouvernement. C’est la 5e année consécutive de baisse de l’aide publique au développement. »En 2014, la France n’a consacré que 0,36 % de son produit national brut à l’APD, soit à peine la moitié de l’objectif de 0,70 % fixé par l’ONU et respecté par seulement cinq pays, le Danemark, le Luxembourg, la Norvège, la Suède et le Royaume-Uni.
« La coupe en 2016 est deux fois plus importante que celle de l’année précédente » souligne dans un communiqué l’ONG One, fondée par le chanteur Bono, leader du groupe U2. L’association estime que ces 170 millions d’euros « sont pourtant vitaux » : « Ils pourraient financer des traitements antirétroviraux pour 500 000 personnes séropositives et des vaccins pour plus de 2 millions d’enfants. »
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