Alors que «Solutions COP21», qui vient d'ouvrir à Paris pour une semaine, est qualifié par les ONG de «grande fête pour les lobbies», Gilles Berhault, le président du comité de programmation de l'événement, se justifie.
Le
coup d’envoi de l’exposition «Solutions COP21» au Grand Palais, à
Paris, vient d’être donné ce vendredi. Pendant une semaine et jusqu’à
jeudi, le grand public pourra «venir dialoguer» avec plus de 200 exposants partenaires venus du monde entier et «réunis
autour d’un même objectif : faire connaître et développer les solutions
éprouvées pour lutter contre le dérèglement climatique». En tout, 50 000 personnes sont attendues. Parmi les «partenaires fondateurs»
de l’opération figurent Engie (ex-GDF-Suez), Carrefour, Veolia, Suez,
Schneider Electric ou encore Avril-Sofiprotéol, le conglomérat dirigé
par le président de la FNSEA, Xavier Beulin, très impliqué dans les
agrocarburants, les OGM ou les aliments pour l’élevage industriel. Ce
qui fait qualifier Solutions COP21 de «grande fête des lobbies»
par les ONG. Lesquelles viennent d’ailleurs d’organiser vendredi en
début d’après-midi un «lobby tour» peu apprécié des forces de l’ordre :
Entretien avec Gilles Berhault, président du Comité 21 et du Club France Développement durable, qui organisent l’événement.
Solutions COP21 est très critiqué par les ONG, qui y voient une vaste opération de lobbying et de greenwashing de la part de multinationales pas très écolos. Que répondez-vous ?
Contrairement à la Galerie des solutions, au Bourget,
organisée par une société privée anglaise, ce n’est pas une exposition
commerciale. Le Comité 21 n’a pas pour but de faire du profit, c’est une
enceinte de rencontre et de dialogue, un réseau d’acteurs engagé dans
la mise en oeuvre du développement durable en France. Et parmi les
partenaires de Solutions COP21, que je compare plutôt à l’exposition
universelle de 1900, dans le sens où elle vise à donner «envie de
l’avenir», on trouve un tiers d’associations, un tiers de collectivités
et institutions et un tiers d’entreprises, des PME aux grands groupes.
Comme on a zéro subventions et qu’on doit louer le Grand Palais, on a
une règle selon laquelle les grandes entreprises paient plus que les
autres pour y participer.
Mais parmi ces groupes, certains ne sont pas vraiment «amis du climat» et peuvent promouvoir ce qui est qualifié de «fausses solutions» par les ONG, comme les agrocarburants d’Avril ou le gaz, présenté comme une énergie propre…
La vraie question, c’est «comment sortir du charbon au plus
vite». Quand Engie dit «on arrête d’investir dans les centrales à
charbon», c’est plutôt une bonne nouvelle. Même si je suis perplexe, à
titre personnel, sur l’utilisation du gaz, à terme. Je reste aussi très
réservé sur les agrocarburants. Mais il faut pouvoir débattre de ces
questions. Il n’y a pas de solution miracle, il y a plutôt un assemblage
de solutions. Je préfère que ces acteurs soient là et qu’on en discute
plutôt que de les empêcher de montrer leurs solutions. Si on empêche les
gens de montrer ce qu’ils font, les décisions se prendront de manière
non transparente. Il faut montrer la réalité de ce qui existe
aujourd’hui. D’ailleurs, venir exposer à Solutions COP21, ça ne veut pas
dire qu’on reçoit un label. Ceci dit, nous avons refusé certaines
solutions, notamment dans le charbon, et les entreprises qui m’auraient
vraiment beaucoup gêné n’ont pas fait de demandes. On n’a pas eu de
demandes de Total, par exemple. Je pense surtout que le grand public est
déjà bien informé de ce qui est bon pour le climat et ce qui ne l’est
pas, il est capable de faire la part des choses.
Vraiment ?
Oui, j’en suis convaincu. Et puis, vous savez, en venant au
Grand Palais, ces multinationales s’exposent. Si elles font vraiment du
greenwashing, ça se verra. Elles ont tout à perdre à le faire. J’ai été
surpris qu’Avril, par exemple, ait eu envie de venir au Grand Palais,
parce qu’ils s’exposent. Il y aura des ONG à côté, il y aura débat, les
gens seront critiques et probablement, d’ailleurs, ça les fera bouger.
Quant aux accusations selon lesquelles Solutions COP21 permettrait aux
entreprises d’avoir un accès privilégié aux décideurs politiques, elles
n’ont pas besoin de Solutions COP21 pour cela : elles sont de toute
façon invitées à donner leur avis dans les négociations de la COP.
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