Les
diplomates ont transmis aux ministres un projet d'accord simplifié.
Cette première réussite ne doit pas masquer le difficile travail à
accomplir. L'essentiel des points clés reste à trancher et la
négociation politique s'annonce délicate. 05 décembre 2015
© Sophie Fabregat
Site de la COP21
Les
délégués ont bien avancé en première semaine. Ils ont adopté ce samedi 5
décembre un projet d'accord plus clair qui a été transmis à la
présidence française à midi, comme prévu initialement. Ce projet de 43 pages
est assorti d'une note de réflexion de quatre pages et demi qui
synthétise, article par article, les premières remarques des Etats. Il
reste beaucoup de sujets épineux à régler et la bataille s'annonce rude
tant ces sujets cristallisent les oppositions. La présidence française,
en suivant au plus près les débats et en exhortant les négociateurs
à avancer le plus rapidement possible, a joué son rôle et s'est mise en
condition d'obtenir un texte plus simple et mieux articulé. Chose rare,
certains observateurs estiment qu'il n'est pas impossible que la
conférence s'achève vendredi soir en temps et en heure.
Vendredi en fin de journée, les diplomates ont validé le texte soumis par les facilitateurs des groupes thématiques. Initialement, ce texte ne devait pas être adopté en tant que tel, mais servir à améliorer le projet d'accord. C'est une bonne nouvelle, car "nous n'avons pas besoin de plan B", a expliqué Laurence Tubiana en clôture des travaux de de la Plate-forme de Durban pour une action renforcée (ADP), appelant à "[ne pas laisser] retomber le vent d'optimisme" qui souffle sur cette COP. La première semaine de travail des diplomates a donc porté ses fruits et les négociations restent sur les rails.
Le texte transmis aux ministres est "deux fois plus simple", selon Matthieu Orphelin, porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot. Les options, comme le nombre de crochets, a été divisé par deux, explique l'ONG. Néanmoins, rien ne garantit que le texte final sera ambitieux. "Les délégués n'attendaient pas autant", analyse Teresa Ribera, directrice de l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), qui estime toutefois que la négociation politique sera difficile.
Quel objectif se fixeront les Etats ?
Il faudra notamment dépasser l'opposition de certains pays qui refusent les objectifs de long terme les plus ambitieux. Le sujet est essentiel car il touche à la raison d'être des négociations climat. L'Arabie Saoudite "fait de son mieux pour supprimer toute allusion à la limite des 1,5°C dans l'accord", rapporte le Réseau Action Climat (RAC). Le Royaume est soutenu, plus ou moins explicitement dans cette lutte par la Chine, l'Inde et les pays arabes, explique le RAC. Les pays vulnérables défendent pour leur part l'objectif de 1,5°C, expliquant que se contenter de limiter la hausse des températures à 2°C ne serait pas suffisant pour éviter des impacts disproportionnés. En ouverture de la COP21, ils ont adopté une déclaration commune en ce sens et, depuis, l'Allemagne et la France se sont dites favorables à cet objectif, portant à plus de 110 le nombre de pays soutenant l'initiative.
Même constat lorsqu'il s'agit de transcrire cet objectif de limitation de la hausse des températures en termes concrets. Faut-il orienter les économies mondiales vers décarbonisation totale (zéro émissions à une date donnée) ou vers une neutralité carbone (des émissions compensées par l'absorption des puits carbone) ? Ni l'un ni l'autre, plaide le Venezuela, appuyé par l'Arabie Saoudite. Ils défendent une stabilisation des émissions de gaz à effet de serre (GES), un objectif incompatible avec une limitation de la hausse des températures à 2°C.
Comment les traduire sous forme d'engagement ?
L'opposition est tout aussi forte concernant la révision des contributions des Etats (INDC). Ce sujet est tout aussi important que le précédent car il fixe la méthode qu'adopteront les Etats pour rehausser progressivement leur ambition jusqu'au niveau permettant d'atteindre l'objectif qu'ils se seront fixés. Parmi les sujets clés figure la date de la première révision, sachant que les 183 contributions remises au secrétariat de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (Ccnucc), impliquent une élévation des températures supérieure à 2°C. Etablir un mécanisme de révision robuste pour les améliorer progressivement est donc essentiel. Reste à savoir quand débutera cette révision et si elle imposera une amélioration des engagements pris. A priori, l'accord pourrait prévoir une révision quinquennale qui s'appuierait sur un état des lieux de la mise en œuvre des engagements pris précédemment. L'Union européenne plaide pour que ce processus débute en 2021.
Enfin, reste à savoir quels seront les financements disponibles pour que les pays du Sud réalisent les réductions d'émissions de GES annoncées dans leurs INDC et qu'ils s'adaptent aux impacts des changements climatiques. Outre la prévisibilité des financements, qui reste particulièrement floue, en particulier pour l'après 2020, la question centrale est de savoir qui apportera les fonds. Les pays industrialisés plaident pour élargir la liste des contributeurs (composée actuellement des seuls pays développés soumis au protocole de Kyoto) à ceux qui peuvent ou souhaitent le faire. Pour leur part les pays en développement s'y opposent. Que les pays développés concrétisent leur promesse faite en 2009 à Copenhague de soutenir les pays du Sud à hauteur de 100 milliards de dollars par an à partir de 2020, expliquent en substance les 143 pays du G77+Chine. Mais, paradoxalement, certains pays émergents se distinguent sur le sujet, à l'image de la Chine qui est prête à contribuer aux 100 milliards de dollars à hauteur de 3,1 milliards. Mais, s'ils participent de facto à l'aide financière, ils refusent que cet acte volontaire se transforme en obligation. Il sera très difficile de progresser sur ce point capital sans une feuille de route qui fixe des objectifs clairs, assure un contrôle du respect des engagements, détermine le périmètre et la pérennité des flux financiers et répartisse les fonds à part plus ou moins égale entre l'atténuation et l'adaptation. "Beaucoup de choses restent ouvertes", avertit Teresa Ribera.
Philippe Collet, journalisteVendredi en fin de journée, les diplomates ont validé le texte soumis par les facilitateurs des groupes thématiques. Initialement, ce texte ne devait pas être adopté en tant que tel, mais servir à améliorer le projet d'accord. C'est une bonne nouvelle, car "nous n'avons pas besoin de plan B", a expliqué Laurence Tubiana en clôture des travaux de de la Plate-forme de Durban pour une action renforcée (ADP), appelant à "[ne pas laisser] retomber le vent d'optimisme" qui souffle sur cette COP. La première semaine de travail des diplomates a donc porté ses fruits et les négociations restent sur les rails.
Le texte transmis aux ministres est "deux fois plus simple", selon Matthieu Orphelin, porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot. Les options, comme le nombre de crochets, a été divisé par deux, explique l'ONG. Néanmoins, rien ne garantit que le texte final sera ambitieux. "Les délégués n'attendaient pas autant", analyse Teresa Ribera, directrice de l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), qui estime toutefois que la négociation politique sera difficile.
Quel objectif se fixeront les Etats ?
Il faudra notamment dépasser l'opposition de certains pays qui refusent les objectifs de long terme les plus ambitieux. Le sujet est essentiel car il touche à la raison d'être des négociations climat. L'Arabie Saoudite "fait de son mieux pour supprimer toute allusion à la limite des 1,5°C dans l'accord", rapporte le Réseau Action Climat (RAC). Le Royaume est soutenu, plus ou moins explicitement dans cette lutte par la Chine, l'Inde et les pays arabes, explique le RAC. Les pays vulnérables défendent pour leur part l'objectif de 1,5°C, expliquant que se contenter de limiter la hausse des températures à 2°C ne serait pas suffisant pour éviter des impacts disproportionnés. En ouverture de la COP21, ils ont adopté une déclaration commune en ce sens et, depuis, l'Allemagne et la France se sont dites favorables à cet objectif, portant à plus de 110 le nombre de pays soutenant l'initiative.
Même constat lorsqu'il s'agit de transcrire cet objectif de limitation de la hausse des températures en termes concrets. Faut-il orienter les économies mondiales vers décarbonisation totale (zéro émissions à une date donnée) ou vers une neutralité carbone (des émissions compensées par l'absorption des puits carbone) ? Ni l'un ni l'autre, plaide le Venezuela, appuyé par l'Arabie Saoudite. Ils défendent une stabilisation des émissions de gaz à effet de serre (GES), un objectif incompatible avec une limitation de la hausse des températures à 2°C.
Comment les traduire sous forme d'engagement ?
L'opposition est tout aussi forte concernant la révision des contributions des Etats (INDC). Ce sujet est tout aussi important que le précédent car il fixe la méthode qu'adopteront les Etats pour rehausser progressivement leur ambition jusqu'au niveau permettant d'atteindre l'objectif qu'ils se seront fixés. Parmi les sujets clés figure la date de la première révision, sachant que les 183 contributions remises au secrétariat de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (Ccnucc), impliquent une élévation des températures supérieure à 2°C. Etablir un mécanisme de révision robuste pour les améliorer progressivement est donc essentiel. Reste à savoir quand débutera cette révision et si elle imposera une amélioration des engagements pris. A priori, l'accord pourrait prévoir une révision quinquennale qui s'appuierait sur un état des lieux de la mise en œuvre des engagements pris précédemment. L'Union européenne plaide pour que ce processus débute en 2021.
Enfin, reste à savoir quels seront les financements disponibles pour que les pays du Sud réalisent les réductions d'émissions de GES annoncées dans leurs INDC et qu'ils s'adaptent aux impacts des changements climatiques. Outre la prévisibilité des financements, qui reste particulièrement floue, en particulier pour l'après 2020, la question centrale est de savoir qui apportera les fonds. Les pays industrialisés plaident pour élargir la liste des contributeurs (composée actuellement des seuls pays développés soumis au protocole de Kyoto) à ceux qui peuvent ou souhaitent le faire. Pour leur part les pays en développement s'y opposent. Que les pays développés concrétisent leur promesse faite en 2009 à Copenhague de soutenir les pays du Sud à hauteur de 100 milliards de dollars par an à partir de 2020, expliquent en substance les 143 pays du G77+Chine. Mais, paradoxalement, certains pays émergents se distinguent sur le sujet, à l'image de la Chine qui est prête à contribuer aux 100 milliards de dollars à hauteur de 3,1 milliards. Mais, s'ils participent de facto à l'aide financière, ils refusent que cet acte volontaire se transforme en obligation. Il sera très difficile de progresser sur ce point capital sans une feuille de route qui fixe des objectifs clairs, assure un contrôle du respect des engagements, détermine le périmètre et la pérennité des flux financiers et répartisse les fonds à part plus ou moins égale entre l'atténuation et l'adaptation. "Beaucoup de choses restent ouvertes", avertit Teresa Ribera.
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