samedi 22 novembre 2014

Antibiotiques : trop de consommation, pas assez de nouvelles molécules

La Journée européenne d’information sur les antibiotiques a lieu mardi 18 novembre. Avec une préoccupation : la multiplication des cas d’infections dits « difficiles » à traiter avec des antibiotiques courants. La situation tient à trois facteurs : les antibiotiques ont été trop utilisés; les bactéries ont développé leur résistance à ces médicaments; et les industriels ont levé le pied en matière de recherche, laissant les médecins dans des impasses thérapeutiques face aux « superbactéries » qui ont émergé. En France, par exemple, la consommation d’antibiotiques reste supérieure à la moyenne en Europe et aux Etats-Unis. Et « même si [elle] a diminué à partir des années 2000, une tendance à la hausse, observée depuis 2010, s’est confirmée en 2013 », constate l’Agence nationale de sécurité du médicament. Depuis 2010, le recours aux antibiotiques a bondi de près de 6 %.

  • La résistance s’accroît
Rares, il y a dix ans, les cas d’infections impliquant des batéries qui résistent même aux antibiotiques les plus puissants se multiplient depuis environ quatre ans. En France, par exemple, on recense plus de 1 200 cas dans les hôpitaux. De simples escherichia coli ou staphylocoque doré peuvent tuer : 25 000 personnes y succombent chaque année en Europe et 23 000 aux Etats-Unis.

  • La recherche s’en désintéresse
Une vingtaine de nouveaux antibiotiques ont été lancés depuis 2000, mais sans « aucune découverte phénoménale », selon Stephan Harbarth, spécialiste des maladies infectieuses aux Hôpitaux universitaires de Genève. La recherche de nouveaux médicaments s’est quasiment éteinte, les laboratoires préférant cibler les maladies dites « de civilisation » (diabète, hypertension, excès de cholestérol), plus génératrices de chiffre d’affaires. Le marché mondial des antibiotiques est d’environ 40 milliards de dollars (31,9 milliards d’euros) et devrait rester stable dans les prochaines années. À titre de comparaison, les ventes d’antidiabétiques s’élèvent à 38 milliards de dollars, mais devraient avoisiner 70 milliards en 2020.

 Les Etats réagissent
En Europe, l’Innovative Medicines Initiative (IMI) a débloqué une enveloppe de 224 millions d’euros pour financer le programme « New Drugs for Bad Bugs » (Nouveaux médicaments contre les bactéries). Aux Etats-Unis, le gouvernement finance depuis 2010 plusieurs programmes.

 Cet engagement commence à payer. En 2013, le suisse Roche, qui avait abandonné toute recherche à la fin des années 1990, est revenu dans les antibiotiques avec plusieurs acquisitions, dont celle de son compatriote Polyphor.
























Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire