dimanche 23 novembre 2014

L’ONU révèle d’importantes lacunes en matière d’approvisionnement en eau et d’assainissement, surtout dans les zones rurales

D’après un nouveau rapport publié par l’Organisation mondiale de la Santé au nom de l’ONU-Eau, les efforts mondiaux pour améliorer l’approvisionnement en eau et l’assainissement pour tous prennent de l’ampleur mais d’importantes lacunes dans le financement continuent de freiner les progrès.
L’analyse et l’évaluation mondiales sur l’assainissement et l’eau potable (GLAAS 2014) publiées par l’ONU-Eau tous les deux ans présentent des données en provenance de 94 pays et 23 organismes d’aide extérieure. Ce rapport propose une analyse exhaustive des points forts et des difficultés en matière d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’hygiène selon les pays.
«L’eau et l’assainissement sont essentiels à la santé humaine. La volonté politique d’assurer l’accès universel à ces services vitaux n’a jamais été aussi forte», a déclaré le Dr Maria Neira, Directeur du Département Santé publique et environnement à l’OMS. «L’aide internationale pour le secteur est en augmentation mais nous continuons à observer d’importantes lacunes en matière de financement au niveau des pays, en particulier dans les zones rurales.»

Un engagement politique renforcé

Les deux tiers des 94 pays participant à l'enquête reconnaissent l’accès à l’eau potable et à l’assainissement comme un droit de l’homme universel dans leur législation nationale. Plus de 80% ont déclaré avoir mis en place une politique nationale pour l’eau potable et l’assainissement et plus de 75% pour l’hygiène.
Cet engagement politique renforcé au niveau national est perceptible dans les discussions menées au niveau mondial autour des objectifs de développement durable (ODD) pour l’après-2015. L’accès universel et équitable à l’eau, à l’assainissement et à l’hygiène a été proposé comme cible mondiale par le Groupe de travail des États Membres chargé d’élaborer les ODD.
«C’est maintenant qu’il faut agir», a déclaré Michel Jarraud, Président de l’ONU-Eau et Secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale. «Nous ne savons peut-être pas encore de quoi sera fait le programme de développement durable pour l’après-2015 mais ce que nous savons c’est que l’eau et l’assainissement doivent être clairement des priorités si nous voulons créer un avenir qui permette à chacun de vivre une vie digne, prospère et en bonne santé.»

Une aide accrue, des ressources mieux ciblées

L’aide internationale en faveur de l’eau et de l’assainissement est en augmentation: selon le rapport, les engagements financiers en faveur de l’approvisionnement en eau, de l’assainissement et de l’hygiène ont augmenté de 30% entre 2010 et 2012 – passant de 8,3 milliards de dollars (US $) à 10,9 milliards.
L’aide est de plus en plus dirigée sur les régions mal desservies, notamment l’Afrique subsaharienne, l’Asie du Sud et l’Asie du Sud-Est. Le rapport GLAAS 2014 met également en lumière l’augmentation des ressources en faveur des plus pauvres: plus de 75% des pays ont déclaré avoir mis en place des mesures spécifiques dans leurs plans nationaux pour l’approvisionnement en eau et l’assainissement en faveur des populations à faible revenu.
«Pour nos partenaires, surtout au niveau des pays, le rapport GLAAS est essentiel pour une prise de décisions rationnelle et fondée sur des données factuelles», déclare le Président John Ageykum Kufuor, Président de Sanitation and Water for All. «Le rapport permet aux gouvernements de savoir où ont lieu les progrès et où il faudrait allouer davantage de ressources.»
«En mettant en évidence les lacunes financières et en ressources humaines, nous permettons aux gouvernements comme aux donateurs d’apporter un appui plus stratégique aux politiques et de mettre en œuvre des programmes durables pour garantir un accès équitable à l’eau et à l’assainissement pour tous», estime Chris Williams, Directeur exécutif du Conseil de concertation pour l’approvisionnement en eau et l’assainissement (WSSCC).

D’importantes lacunes subsistent

Malgré ces progrès, 2,5 millions d’hommes, de femmes et d’enfants dans le monde sont dépourvus d’accès à des services d’assainissement de base. Près d’un milliard de personnes continuent de pratiquer la défécation à l’air libre; 748 millions d’autres n’ont pas facilement accès à une source améliorée d’eau potable. Et des centaines de millions de personnes n’ont ni eau propre ni savon pour se laver les mains, ce qui favorise la propagation de maladies diarrhéiques, deuxième cause de mortalité chez les enfants de moins de cinq ans.
Beaucoup d’autres maladies à transmission hydrique comme le choléra, la typhoïde et l’hépatite peuvent donner lieu à des flambées explosives. Un assainissement et une hygiène médiocres peuvent également entraîner des maladies débilitantes qui touchent un grand nombre de personnes dans les pays en développement, telles que les parasitoses intestinales, le trachome cécitant et la schistosomiase.
Le rapport cite un certain nombre de difficultés majeures, comme:
Un financement insuffisant
Même si l’aide internationale en faveur du secteur de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène a augmenté, les besoins financiers au niveau national restent supérieurs aux ressources disponibles. 80% des pays ont déclaré que les niveaux actuels de financement étaient insuffisants pour atteindre des cibles en matière d’eau potable et d’assainissement.
Un déficit de financement dans les zones rurales
Si la grande majorité des personnes dépourvues d’accès à l’assainissement de base vivent en milieu rural, l’essentiel du financement continue de bénéficier aux habitants des villes. Les dépenses pour l’assainissement en milieu rural représentent moins de 10% du total de financement du secteur.
Faible capacité nationale à exécuter les plans du secteur de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène
Malgré un appui politique important en faveur de l’accès universel à l’eau et à l’assainissement, moins d’un tiers des pays enquêtés pour le rapport sont dotés de plans nationaux pour le secteur entièrement mis en œuvre et financés et régulièrement passés en revue.
Des lacunes essentielles en matière de suivi
Des données fiables sont essentielles pour repérer les lacunes dans l’accès aux services d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’hygiène et infléchir les décisions politiques. Même si de nombreux pays ont élaboré des cadres de suivi du secteur, une majorité font état d’une collecte de données irrégulière ou fragmentaire et de faibles capacités d’analyse.
Les services négligés dans les écoles et les établissements de santé
Dans les écoles, les services d’approvisionnement en eau et d’assainissement peuvent faire en sorte que les enfants, et en particulier les filles, restent scolarisés et acquièrent des habitudes d’hygiène qu’ils garderont toute leur vie. Dans les centres de santé, ces services permettent de garantir l’intimité et la sécurité des patients, en particulier celles des mères pendant l’accouchement, et sont essentiels pour prévenir des flambées de maladies et lutter contre celles-ci. Or les données du rapport GLAAS montrent que moins de 30% des pays enquêtés sont dotés de plans nationaux d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’hygiène en milieu institutionnel pleinement mis en œuvre et financés et régulièrement passés en revue.

Les investissements rapportent

Les investissements dans l’approvisionnement en eau et l’assainissement produisent des bénéfices substantiels pour la santé et le développement humains. Selon les estimations de l’OMS, pour chaque dollar investi, le retour est de 4,3 dollars (US $) sous forme de réduction des dépenses de santé aussi bien au plan individuel qu’au niveau de la société dans son ensemble. Des millions d’enfants peuvent être sauvés d’un décès prématuré ou de maladies à transmission hydrique. Les adultes peuvent vivre plus longtemps et en meilleure santé.
Ces avantages touchent à de nombreux secteurs. Les gains économiques et environnementaux portent par exemple sur une productivité accrue sur le lieu de travail et une baisse de la pollution de l’eau et des sols. Les gains de qualité de vie portent sur une fréquentation scolaire accrue, une plus grande sécurité – surtout pour les femmes, les enfants et les personnes âgées - et une dignité accrue pour tous.

Note aux rédacteurs

On entend par source d’eau «améliorée» une installation ou un point d’eau protégé contre la contamination extérieure, en particulier des matières fécales. Cela peut être l’adduction d’eau sous canalisation jusqu’à l’habitation du ménage, sa parcelle ou sa cour), les robinets publics ou bornes-fontaines, les puits tubés ou forés, les sources protégées et la collecte des eaux pluviales.Une installation d’assainissement « améliorée » est une installation hygiénique qui permet d’éviter le contact entre l’homme et ses excreta.
Les 23 organismes d’aide extérieure comprennent des gouvernements donateurs et d’autres bailleurs de fonds/sources d’appui (organisations non gouvernementales et fondations, par exemple).
Le 20 novembre, l’ONU célèbrera le vingtième anniversaire de la Convention relative aux droits de l’enfant, qui reconnaît «le droit de l’enfant de jouir du meilleur état de santé possible» et «le droit de tout enfant à un niveau de vie suffisant pour permettre son développement physique, mental, spirituel, moral et social».


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