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170 bébés tortues étoilées de Madagascar, une espèce menacée de
disparition et prisée par les collectionneurs pour ses motifs de
carapace uniques, ont été saisis à l'aéroport de Roissy, cachés dans des
caisses de concombres de mer en transit, a annoncé la douane lundi.
Ces 170 tortues Astrochelys radiata, une espèce en danger critique
d'extinction selon l'Union internationale pour la conservation de la
nature (UICN), venaient de Madagascar et étaient destinées au Laos, a
précisé la douane.
Enveloppées de scotch, elles étaient
dissimulées dans les doubles fonds de caisses qui contenaient des
concombres de mer, un moyen de dissimulation rappelant le trafic
d'autres biens et produits très coûteux, comme les stupéfiants, a relevé
le secrétaire général des douanes de Roissy, Sébastien Tiran.
Le
transport de spécimens de cette espèce très menacée et protégée par
l'annexe 1 de la Convention de Washington est totalement interdit, sauf
permis spécial. Une telle saisie à Roissy est rare, les douaniers
tombant plus souvent, en matière d'animaux vivants, sur des tortues du
Maghreb, moins menacées, ou des oiseaux tropicaux.
S'agissant
d'une saisie «sèche», sans interpellation, il est peu probable que
l'affaire ait des suites judiciaires. Sur les 170 bébés reptiles saisis
le 14 décembre, 15 avaient succombé du fait de «conditions de transport
particulièrement inadaptées», a précisé la douane. Les survivants ont
été remis à une association spécialisée, le Village des tortues à
Gonfaron (Var).
Là, «on les a mis au chaud et on les a baignés
dans un produit désinfectant», a relaté le directeur de ce centre,
Bernard Devaux. «Elles ont manqué d'eau, mais il faut les réhydrater
doucement pour éviter un nouveau choc», a-t-il ajouté.
Les tortues
juvéniles, «magnifiques mais très fragiles, avec chacune un motif de
carapace différent», sont dans un premier temps nourries «de fanes de
radis et d'herbes sauvages. On pourra ensuite leur donner des fruits de
leur pays, comme de la mangue», a-t-il poursuivi. Au printemps, elles
seront assez solides pour êtres présentées, en extérieur, aux visiteurs
du Village.
Trop jeunes, avec leur poids de 20 g et leur 3 à 4 cm
de diamètre, pour supporter immédiatement un deuxième vol
transcontinental, ces tortues pourraient cependant, après quelques
années de convalescence, retourner à Madagascar, a-t-il ajouté.
Vivant
à l'état naturel dans les forêts sèches du sud de Madagascar, ces
herbivores, également appelés «tortues radiées» et qui peuvent vivre 100
ans, sont proches de l'extinction. Selon les spécialistes de l'UICN,
ces tortues pourraient disparaître totalement d'ici une quarantaine
d'années.
M. Devaux estime que chaque année, 30.000 à 50.000
tortues sont ramassées dans la nature, une partie gagnant les pays
asiatiques par l'Afrique du Sud.
«Elles sont considérées comme les
plus belles tortues de la planète. On les voit en vente à 10.000
dollars à New York ou à Tokyo, et la pression s'accroît car les riches
Chinois aussi se mettent à la terrariophilie», se désole-t-il. «Elles
représentent trop d'argent. Elles sont belles, donc elles sont chassées.
A la limite, il vaudrait mieux qu'elles soient laides»,
philosophe-t-il.
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