Miquelon, petite île française de l'Atlantique
nord, risque de devenir une illustration inattendue du réchauffement
climatique et de son corollaire de la montée des eaux qui pourrait
affecter son isthme fragile et des infrastructures clés.
«On parle beaucoup de réchauffement climatique, cela apparaît comme
une évocation abstraite pour beaucoup de nos compatriotes et il est très
important de montrer que la France qui va organiser le sommet (sur le
climat en décembre 2015) est directement concernée», a déclaré mardi
François Hollande, premier président de la République à se rendre sur
Miquelon.
Dans l'imaginaire collectif, le réchauffement affecte
les zones tropicales avec ses exemples les plus spectaculaires: les
petits Etats du Pacifique qui risquent une submersion totale, ou
certaines îles des Seychelles dans l'Océan indien.
«La France a le
deuxième domaine maritime du monde», a rappelé M. Hollande. Lors de la
Conférence des parties sur le climat (COP 21) à Paris en décembre 2015,
M. Hollande a promis aux Miquelonais qu'il «donnerait l'exemple de ce
qui peut se produire ici à Miquelon-Langlade si rien n'est fait pour
empêcher le réchauffement climatique».
Miquelon (110 km2) et
Langlade (91 km2) sont reliées depuis le XVIIIe siècle par un isthme de
sable. Les 600 habitants sont tous regroupés au nord de Miquelon sur la
presqu'île du Cap. Si le point culminant est à 250 m d'altitude, une
grande partie de l'île n'est pas si haute.
«Le bourg repose sur un
banc de galets dont l'altitude varie entre zéro et trois mètres
d'altitude. Il est bordé par le grand étang, d'est en ouest par la mer
et un cordon littoral qui protège le village mais qui est fortement
exposé à l'érosion éolienne et marine», a exposé Hélène Guignard,
directrice adjointe de la Direction des territoires, de l'alimentation
et de la mer (DTAM) de Saint-Pierre et Miquelon.
«Les experts dans
leurs prévisions les plus pessimistes estiment une potentielle
élévation des océans d'un mètre associée à une fréquence plus importante
des tempêtes et de leur intensité», a poursuivi Mme Guignard.
- 'Isthme submergé' -
Afin
de mettre en place un plan de prévention des risques littoraux, l'Etat
et des partenaires ont entrepris de mesurer la topographie des zones
basses, le recul du trait de cote, la hauteur de la houle, des marée et
concomitamment l'élévation de la croute terrestre.
Une simulation
«statique» a été réalisée en imaginant les pires conditions conjuguées à
ce jour: «si le village est relativement bien situé sur son banc de
sable mais quelques infrastructures comme l'aéroport, la centrale
électrique, le centre médical auraient les pieds dans l'eau», a décrit
la directrice adjointe de la DTAM.
Et en associant, à l'horizon
2050, l'élévation des eaux à 30 cm, «on se rend compte de la
vulnérabilité du village», a-t-elle ajouté, soulignant que pour affiner
ces projections il faudrait pouvoir faire une modélisation en trois
dimensions associant la dynamiques de houles et des courants liés aux
tempêtes.
«Le risque que l'on ait un fractionnement de
Miquelon-Langlade en trois îles puisque l'isthme est un bout de terre
qui peut être dans 40, 50 ans, submergé», a constaté François Hollande,
du haut du promontoire où lui était exposée la situation.
Le maire
de la commune, Jean de Lizzaraga, a déploré l'absence de communication
de ses études préalablement aux élus et à la population qu'il ne «faut
pas affoler».
«L'exercice ne consiste pas à faire peur mais à
mettre, grâce à vous et avec vous, les moyens de prévenir ce type de
risque», a temporisé le chef de l'Etat.
Par contre, «cela justifie
le combat ou la mission confiée à la France de préparer Paris climat
2015 et de montrer combien cela est une réalité aujourd'hui», a renchéri
Annick Girardin, secrétaire d'Etat à la francophonie et ex-députée de
l'archipel de Saint-Pierre et Miquelon.
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