Un Kényan, chef présumé d'un vaste trafic d'ivoire au Kenya et l'un
des suspects de «crimes contre l'environnement» les plus recherchés par
Interpol jusqu'à son arrestation lundi en Tanzanie, a comparu mercredi
devant un tribunal kényan, selon un correspondant de l'AFP.
Feisal
Mohamed Ali, extradé dans la matinée de Tanzanie, a été inculpé par un
tribunal de Mombasa d'infraction à la législation sur le commerce des
dépouilles issues de la faune sauvage et de la possession illégale de
314 pièces d'ivoire. Ces crimes sont passibles de la prison à vie quand
il concernent des espèces protégés, à savoir des éléphants.
L'accusé,
barbe poivre et sel et chemise blanche, est arrivé menotté et sous
forte garde au tribunal, où il a plaidé non-coupable des deux chefs. Il a
été maintenu en détention jusqu'au 30 décembre, date d'une audience
devant statuer sur une mise en liberté provisoire.
«Nous étudions
la possibilité que Feisal puisse être lié à la criminalité
internationale allant du terrorisme au crime organisé. Nous savons que
les revenus du trafic d'ivoire sont utilisés pour financer le
terrorisme», a expliqué au tribunal un enquêteur de la police, Said
Kitur.
Le représentant du Parquet, Alexander Muteti, a réclamé le
maintien en détention de l'accusé, rappelant «qu'il était en fuite
depuis le 5 juin», avait «été arrêté dans un pays étranger» et
présentait «un risque de fuite le rendant inadmissible à une libération
sous caution».
Feisal Mohamed Ali, homme d'affaires de Mombasa,
principal port d'Afrique de l'Est, était visé par un mandat d'arrêt au
Kenya depuis la découverte en juin dans un entrepôt de la ville,
principal port d'Afrique de l'Est, de plus de deux tonnes d'ivoire, dont
228 défenses d'éléphants entières.
Deux de ses complices présumés
avaient été arrêtés, mais Feisal Mohamed Ali, soupçonné d'être le chef
du réseau, avait réussi à prendre la fuite. Arrêté lundi soir à Dar es
Salaam par des agents d'Interpol, il a été remis mercredi aux autorités
kényanes à un poste-frontière du sud du Kenya et transféré à Mombasa.
Feisal
figurait, avec huit autres suspects, sur un avis de recherche diffusé
publiquement en novembre par Interpol, dans le cadre de son opération
«Infra-Terra» lancée un mois plus tôt et visant 139 suspects de crimes
environnementaux en fuite.
«La capture de ces (neuf) criminels
contribuera au démantèlement de groupes organisés qui ont fait des
atteintes à l’environnement une activité professionnelle lucrative»,
avait indiqué Interpol.
Infra-Terra est la première opération
d’Interpol ciblant des individus spécifiquement recherchés pour des
crimes contre l'environnement.
Le Kényan est le deuxième individu
figurant sur cet avis de recherche à être arrêté, après l'interpellation
en Zambie début décembre de Ben Simasiku, un Zambien recherché pour
possession illégale d'ivoire au Botswana.
Les sept autres suspects
toujours en fuite sont un Italien, un Pakistanais, un Mexicain, un
Swazi, un Néerlandais, un Indonésien et un Germano-Russe. Ils sont
recherchés pour diverses infractions telles que déchargements de déchets
toxiques, trafic d'animaux sauvages, braconnage, exploitation
forestière ou pêche illégales.
Mombasa est une des principales
plate-formes d'exportation de l'ivoire et de la corne de rhinocéros,
braconnées au Kenya ou dans les pays voisins, vers les pays du Golfe ou
d'Asie.
Par ailleurs le tribunal avait plus tôt convoqué plusieurs
policiers, qui devront venir s'expliquer sur la disparition apparente
des 314 pièces d'ivoire saisies en juin et devant servir de pièces à
conviction.
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