Niederhausbergen est une petite commune résidentielle, située à 6 km au
nord-ouest de Strasbourg. Assis au pied de la colline de Hausbergen,
c'est un petit village tranquille et sans histoire. Outre son joli
clocher typique, Niederhausbergen possède une entreprise assez étonnante
: une primaterie. Il s'agit en fait d'un élevage de primates qui
servent de modèles d'expérimentation pour des pathologies humaines.
Si ce village est dans l'actualité, c'est au sujet d'un agrandissement
de la capacité d'accueil de cette primaterie afin de lui permettre de
passer de 800 primates à 1 600.
Ce doublement du nombre de primates, principalement des lemuridés (1) et
la nouvelle famille des callithricidés (2) pose problème. Un nombre
croissant d'associations s'opposent à cette extension pour des raisons scientifiques, écologiques et éthiques.
Sur le plan écologique, la nouvelle famille des callithricidés est une espèce menacée d'extinction. Sur le plan scientifique,
des questions restent en suspens. L'expérimentation sur des singes pris
comme modèles des pathologies humaines est aujourd'hui contestée par un
nombre croissant de scientifiques, pour la raison qu'aucune espèce ne
peut être le modèle biologique fiable d'une autre espèce. (3)
Sur le plan éthique, les souffrances infligées aux
primates, animaux sensibles, interpellent de plus en plus nos
concitoyens, cela d'autant plus que de nombreuses études scientifiques
et éthologiques témoignent de l'étendue des capacités sociales et
cognitives des primates et des animaux en général.
De plus, cette extension de la primaterie est en contradiction avec la règle des 3 R
de l'Union européenne (réduction, raffinement, remplacement de
l'expérimentation animale) confirmée par la directive 2010/63/UE,
imposant aux gouvernements de l'Union de réduire le nombre d'animaux
employés dans les laboratoires mais également de mettre en place des
alternatives à l'expérimentation animale.
Enfin, en 1997, le ministre de la santé avait rejeté un
projet d'ouverture identique des même requérants à Holtzeim (Bas-Rhin)
au motif que le primate n'est pas un modèle biomédical pour l'homme.
Alors pourquoi agrandir cette primaterie ? La réponse du ministère de l'agriculture est du bois dont on fait les langues...
"Les conditions d'autorisation des établissements hébergeant des
primates relèvent du code de l'environnement et de ses prescriptions
relatives à la détention des animaux non domestiques. C'est
l'association Silabe - Adueis (association pour le développement des
liens universités-entreprises dans les industries de santé) qui assure
désormais la gestion du site du centre de primatologie de
Niederhausbergen. En ce qui concerne les activités de recherche sur
animaux, ils relèvent de la compétence des services en charge du
contrôle de la réglementation relative à la protection des animaux
utilisés à des fins scientifiques (ministère de l'agriculture, de
l'agroalimentaire et de la forêt).
Les domaines de recherche autorisés à ce jour sur le site sont les suivants :
- la recherche fondamentale ;
- la recherche médicale humaine ;
- la recherche zootechnique et médicale vétérinaire ;
- les essais d'activité d'efficacité ou de toxicité des médicaments et d'autres substances biologiques et chimiques.
La demande d'extension du centre a notamment été motivée par une
réflexion concernant l'aménagement d'une zone de sanctuaire dans le
centre permettant l'accueil d'animaux en sortie de projet
expérimental..."
Aucun mot sur le doublement de la capacité...
Curieuse idée que la création d'une zone de sanctuaire dont on ne sait
rien. Est-ce un hôpital pour réparer les dégâts causés par les
expérimentations ?
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