Les chats ont-ils sabré la bouteille de lait ce mercredi soir? Les
chiens ont-ils aboyé de joie? Pas encore, mais ils ont désormais un
statut juridique plus glorieux que celui de «bien meuble»: mercredi
soir,
l’Assemblée
nationale a adopté définitivement le texte de simplification du droit
reconnaissant aux animaux la qualité «d’êtres vivants doués de
sensibilité». Reha Hutin, présidente de la
Fondation 30 Millions d’amis, estime que ce n’est qu’un début dans la lutte contre la maltraitance envers les animaux.
Les animaux sont désormais considérés par la loi comme des êtres vivants doués de sensibilité. Qu’est-ce que cela va changer?
Cela va
changer les mentalités et permettra de juger les cas de maltraitance
avec plus de sévérité. Auparavant, l’animal était un bien meuble et
était considéré à travers son aspect utilitaire. Par exemple, dans les
cas de divorces, seuls certains juges prenaient en compte la sensibilité
de l’animal et tentaient de déterminer de quel membre du couple il
était le plus proche. Désormais, les juges ne seront plus gênés aux
entournures et on ne pourra plus considérer l’animal comme un meuble
dans la séparation des biens.
Que va permettre juridiquement ce changement de statut de l’animal?
Nous allons pouvoir reconsidérer toute la protection animale. La
fondation 30 Millions d’amis se porte partie civile sur plus de 1.000
cas chaque année, or 4 cas sur 5 sont classés sans suite car on
défendait un bien meuble. Les juges devront maintenant prendre en compte
leur aspect sensible et la jurisprudence sur les mauvais traitements
sera plus favorable aux animaux. Cela s’appliquera dans les cas
d’éleveurs véreux qui laissent mourir les animaux,
de chats qu’on jette contre un mur, d’actes de barbarie divers…
Quel impact cela aura sur d’autres combats contre la corrida ou l’élevage intensif, par exemple?
La corrida est une question de tradition, qui est admise par la loi.
Il nous faudra, pas à pas, détricoter tout ça, mais ça ne se fera pas du
jour au lendemain. Toutefois, le fait que les élus soient maintenant
conscients qu’il y a
une demande de la société de reconsidérer l’animal
va permettre de relancer le débat sur l’élevage ou la chasse, et que
ces questions soient prises au sérieux. Nous voulons aussi aller de
l’avant sur le statut de l’animal sauvage car le Code civil ne concerne
que les animaux qui appartiennent à quelqu’un. L’animal sauvage, celui
que l’on voit dans les bois en se promenant, n’a aucun droit. On peut
lui faire les pires sévices, aucune loi ne le protège. On aimerait
étendre cette justice aux animaux qui n’ont pas de propriétaires.
Les animaux domestiques pourraient-ils être bientôt considérés comme des membres de la famille?
L’animal fait partie de la famille, mais il ne faut pas confondre
animal et être humain. Mettre l’animal dans le livret de famille n’est
pas à l’ordre du jour. D’une part je ne vois pas ce que cela lui
apporterait, et d’autre part il a déjà une identité avec son tatouage et
son passeport. Mais on peut envisager, lors des recensements, de
demander aux gens combien d’animaux ils ont. Cela aiderait à connaître
la population d’animaux en France.
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