La cour administrative d'appel de Nantes a débouté le ministère de
l'Ecologie qui défendait la pertinence d'arrêtés préfectoraux dans la
lutte contre les algues vertes en Bretagne, jugés insuffisants en
première instance, a-t-on appris jeudi.
Dans une décision de 23
pages dont l'AFP a eu connaissance, particulièrement argumentée au plan
technique et juridique, la cour relève des carences dans les programmes
de lutte contre les marées vertes.
La cour d'appel, qui a formulé
une décision similaire pour chacun des quatre départements bretons, fait
valoir que, dans le cas des Côtes-d'Armor, l'arrêté procède «sur de
nombreux points, d'une sous-estimation importante de l'ampleur et de la
nature des mesures qu'il appartenait au préfet des Côtes d'Armor de
décider» pour atteindre l'objectif visé de réduction des algues vertes.
La
cour rejette en conséquence les recours déposés par le ministère de
l'Ecologie et décide également que «ne sont pas admises (...) les
interventions» déposées par plusieurs organismes syndicaux ou
professionnels, dont la Fédération régionale des syndicats d'exploitants
agricoles (FRSEA) qui contestaient le jugement de première instance.
Les
arrêtés préfectoraux en cause -un pour chacun des quatre départements
bretons- entraient dans le cadre du 4e plan d'action contre la pollution
des eaux par les nitrates d'origine agricole, massivement en cause dans
la prolifération des algues vertes sur les côtes.
L'Etat est également condamné à verser 1.000 euros à plusieurs associations environnementales.
«Très
souvent, en matière d'environnement, on a des juges qui se contentent
d'annuler sur la forme. Là, les juges sont allés plus loin. Ils sont
entrés dans les détails et ont voulu indiquer aux autorités ce qu'on
devrait trouver dans ces plans», a commenté Gilles Huet, délégué général
d'Eau et Rivières de Bretagne.
«Les observations des juges
portent sur le 4è plan anti-algues vertes mais elles sont intégralement
valables pour le 5è plan, lancé en mars 2014, qui ne les intègrent
pourtant pas», a-t-il déploré.
Enfin, depuis deux ans, la
règlementation a été assouplie par décret. «Il est à craindre que ce qui
était considéré comme insuffisant précédemment risque d'être encore
davantage insuffisant demain» du fait de cet assouplissement, a-t-il
ajouté.
Depuis le 1er janvier 2014, les élevages de moins de 2.000
porcs sont dispensés d'enquête publique, portant principalement sur
l'impact environnemental, pour toute ouverture ou extension (contre 450
porcs auparavant). Au-delà de 2.000 animaux, une autorisation reste
requise.
Le tribunal administratif de Rennes avait annulé ces
arrêtés préfectoraux en mars 2013, donnant trois mois aux préfets pour
compléter leur programme d'action, notamment par une mesure
d'allongement de la période d'interdiction d'épandage des lisiers.
Fin
décembre, la cour administrative d'appel de Nantes avait également
confirmé une décision du tribunal administratif de Rennes, condamnant
l'Etat à verser quelque 7 millions d'euros aux Côtes-d'Armor, le premier
département touché par le phénomène des algues vertes il y a plus de 30
ans, pour l'indemniser des sommes engagées jusqu'en 2009 dans la lutte
contre les algues vertes.
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